On le sait. Sortir de sa zone de confort, ce n’est pas un concept théorique ou un mantra de développement personnel. C’est une vraie tension intérieure. Celle que l’on ressent quand on sait que quelque chose ne nous convient plus… mais que l’on reste quand même.
Rester dans une relation vide, dans un poste sans saveur, dans une routine usante. Par peur, loyauté ou inertie.
Ce comportement n’est pas un manque de courage. C’est souvent le résultat d’un biais cognitif puissant : le biais d’aversion à la perte.
Le biais d’aversion à la perte : le véritable piège qui empêche de sortir de sa zone de confort
Formalisé par les psychologues Daniel Kahneman et Amos Tversky, le biais d’aversion à la perte désigne notre tendance naturelle à accorder plus de poids aux pertes qu’aux gains équivalents. Autrement dit, nous préférons ne rien gagner que de risquer de perdre ce que nous avons.
C’est ce mécanisme invisible qui nous pousse à rester dans un environnement qui ne nous épanouit plus. À résister à un changement qui nous attire, simplement parce qu’il implique de lâcher quelque chose — même si ce quelque chose n’a plus de valeur réelle.
C’est le “oui mais…” qui surgit à chaque fois qu’on pense à sortir de sa zone de confort : à démissionner, partir, oser dire non ou tout recommencer. Oui mais… et si je le regrettais ? Et si je perdais ce que j’ai mis des années à construire ? Et si je me trompais ?
Ce biais agit comme une alarme interne mal réglée. Il nous avertit d’un danger… même quand il n’y en a pas.
Ce que tu protèges peut te coûter plus cher que ce que tu redoutes de perdre
La grande difficulté avec le biais d’aversion à la perte, c’est qu’il est socialement validé. Il ressemble au bon sens. Il s’appuie sur des phrases bien ancrées : “on sait ce qu’on perd, pas ce qu’on gagne”, “mieux vaut un tien que deux tu l’auras”, “ce n’est pas le moment”.
Mais en restant là où l’on n’est plus à sa place, on paye un prix silencieux. Celui du temps perdu. De l’énergie gaspillée. De l’élan bridé.
Sortir de sa zone de confort, ou sortir de sa zone de confiance, ce n’est pas se jeter dans le vide. C’est, dans un premier temps, prendre conscience de ce que l’on sacrifie en restant immobile. Et ensuite, accepter de faire un pas, même minime, vers autre chose.
Le biais d’aversion à la perte ne disparaît pas. Mais on peut apprendre à le reconnaître, à le questionner et à le contourner. Pour faire de la place, respirer et avancer.
Quelques pistes concrètes pour sortir en douceur de sa zone de confort
Sortir de sa zone de confort n’est pas un sprint. C’est souvent une succession de micro-libérations. Voici quelques pistes, directement inspirées de l’épisode 27 du podcast, pour commencer à avancer :
- Retourner la peur : Et si perdre du confort permettait de gagner en liberté ? Pose-toi la question : Qu’est-ce que je rends possible en lâchant ce qui me pèse ?
- Le test du choix présent : Si tu devais faire ce choix aujourd’hui, sans tenir compte du passé, est-ce que tu le referais ? Et si c’était un ami dans ta situation, que lui conseillerais-tu ?
- L’exercice des 3 scénarios : Écris noir sur blanc le pire scénario, le scénario réaliste et le meilleur. Tu verras que dans 90 % des cas, même le pire n’est pas insurmontable.
- Avancer par petits pas : Pas besoin de tout changer. Un “non” posé. Une conversation ouverte. Un jour de recul. Un dossier de candidature lancé. Ce sont ces petits gestes qui amorcent les grands changements.
Pour aller plus loin
Dans l’épisode 27 du podcast Les Biais Dans Le Plat, je te parle de cette peur du changement et de cette résistance inconsciente qui peuvent littéralement nous coûter notre vie. Pas au sens dramatique du terme. Mais au sens de tout ce qu’elle pourrait contenir, et qu’on met de côté pour préserver un équilibre factice.
Écoutez cet épisode si vous vous posez la question : « Est-ce que je reste ici parce que c’est juste… ou parce que j’ai peur de partir ? »
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