Catégorie : Biais au quotidien

Tout savoir sur les biais cognitifs aux noms insolites

Tout savoir sur les biais cognitifs aux noms insolites

Introduction : Découvrez les biais cognitifs aux noms insolites qui défient la logique

Biais cognitifs aux noms insolites

Les biais cognitifs aux noms insolites sont aussi fascinants qu’amusants : ils dévoilent les subtilités de notre cerveau, parfois à nos dépens. 

Nous aimerions croire que nos choix et jugements sont toujours le fruit d’une logique impeccable. Et pourtant, nos cerveaux se révèlent parfois être de véritables illusionnistes, influencés par des biais cognitifs plus étranges les uns que les autres. Aujourd’hui, attardons-nous sur ces biais aux noms intrigants qui, en plus de nous manipuler discrètement, méritent qu’on s’y intéresse… avec un sourire en coin.

1. L’effet pom-pom girl : Quand l’union fait la séduction

Biais insolites - Effet Pom-Pom Girl

Qu’est-ce que c’est ?

Ce biais cognitif au nom insolite nous pousse à trouver des individus plus attrayants lorsqu’ils se présentent en groupe. Pourquoi ? Notre cerveau tend à « lisser » les différences en créant une moyenne visuelle des visages, ce qui leur donne une allure globalement plus plaisante.

Illustration du quotidien :

Lors d’une soirée, vous repérez un groupe qui semble particulièrement rayonnant. Quelques jours plus tard, vous croisez l’un des membres seul et constatez, à votre grande surprise, qu’il ne correspond pas tout à fait à vos souvenirs. Non, il n’a pas changé ; votre perception, elle, l’a fait.

Moralité :

L’effet pom-pom girl, ou l’art de prouver que l’habit ne fait pas le moine… mais qu’une bande d’amis bien entourée peut séduire plus facilement qu’un solitaire.

Question pour vous :

Vous est-il déjà arrivé de surestimer l’aura d’un groupe, pour être ensuite légèrement déçu ? Si oui, comment l’avez-vous vécu ?

Ma réponse : 

Je me suis re-penchée récemment sur des photos de classe. J’ai retrouvé la trace d’une petite bande de “belles gueules branchées”. Si je vous dis que les années passées n’ont pas laissé grand-chose ni du branché, ni du “belles gueules” ! Vous me croyez ? 😉

2. L’effet Woozle : Répéter, c’est convaincre (à tort)

Biais insolites Effet Woozle

Qu’est-ce que c’est ?

L’effet Woozle est un parfait exemple de ces biais cognitifs aux noms insolites qui intriguent autant qu’ils amusent. Ce biais montre que lorsqu’une information est répétée plusieurs fois, elle finit par sembler vraie, même si elle est fausse. Le nom provient de Winnie l’Ourson, où les personnages, en suivant leurs propres traces, se persuadent qu’un personnage imaginaire nommé Woozle les pourchasse. À force de tourner en rond en laissant de traces, ils sont convaincus que de nombreuses personnes sont aussi pourchassées par Woozle ! 

Illustration du quotidien :

Prenons un exemple simple : « Les carottes rendent aimable. » Tout le monde a entendu cette phrase au moins une fois dans sa vie. Pourtant, rien de scientifique ne le prouve. Mais à force d’entendre cette maxime, vous l’avez peut-être répétée vous-même… comme si elle était vraie.

Moralité :

L’effet Woozle nous rappelle que tout ce qui est souvent dit n’est pas forcément vrai. Alors, avant de devenir le relai d’une idée douteuse, posez-vous cette question : est-ce moi, ou le Woozle qui parle ?

Question pour vous :

Quelle « vérité » répétée mille fois avez-vous découverte être fausse ? Partagez votre anecdote, on a tous croisé un Woozle.

Ma réponse : 

J’ai récemment remarqué dans mon environnement professionnel la répétition par de multiples personnes d’un terme que je ne comprenais pas et surtout qui n’avait aucun sens. J’ai remonté la piste et trouvé la source 😉 Cela m’a aussi permis de résoudre le mystère de cette théorie qui m’agaçait ! Mais, oui, j’ai aussi trouvé mon Woozle !

3. L’effet Bouba-kiki : Des formes et des sons

Biais cognitifs aux noms insolites Effet Bouba-Kiki

Qu’est-ce que c’est ?

Cet autre biais cognitif au nom insolite nous montre notre tendance naturelle à associer certains sons à des formes spécifiques. Dans une expérience, des participants associent spontanément « Bouba » à une forme arrondie et « Kiki » à une forme anguleuse. Une association universelle, semble-t-il.

Illustration du quotidien :

Pourquoi certaines marques de produits de soin choisissent-elles des noms doux et arrondis, comme « Dove » ou « Oasis » ? Parce que votre cerveau relie instinctivement ces sons à des sensations agréables et fluides. En revanche, un produit nommé « Krash » ou « Zork » serait plus adapté à un concept technologique.

Moralité :

Avec l’effet Bouba-kiki, on comprend pourquoi « Calinéa » vend mieux des oreillers qu’un produit nommé « Tranchinox ». Le cerveau décide avant vous.

Question pour vous :

Essayez : si vous deviez nommer une marque de chocolat ou de perceuses, quel son choisiriez-vous ? Faites-nous rêver… ou trembler.

Ma réponse : 

Si vous pensez meuble vous pensez IKEA mais si vous pensez bibliothèque, à part la Billy (j’avoue c’est mon contre-exemple 😉) , vous pouvez citer la Skruvby, la Oxberg ou la Kallax ?! Pas sûre qu’aucun client au monde de la marque – en dehors peut-être des suèdois… – puisse citer plus de 2 à 3 marques de meubles chez eux 😉

4. L’effet Zeigarnik : Les tâches inachevées qui nous obsèdent

Biais cognitifs aux noms insolites Effet Zeigarnik

Qu’est-ce que c’est ?

Ce biais, découvert par la psychologue Bluma Zeigarnik, explique pourquoi une tâche non terminée reste ancrée dans notre esprit, nous hantant jusqu’à son achèvement. Les actions achevées, elles, disparaissent beaucoup plus facilement de notre mémoire.

Illustration du quotidien :

Vous commencez une liste de tâches, mais une seule reste incomplète. Résultat : malgré tout ce que vous avez accompli, cette omission vous trotte dans la tête jusqu’à ce que vous la résolviez. Ou bien cet email que vous n’avez pas encore envoyé et auquel vous pensez même en pleine nuit.

Moralité :

L’effet Zeigarnik, ou pourquoi nos cerveaux préfèrent ruminer plutôt que de lâcher prise. Solution ? Mieux vaut finir vite, ou apprendre à oublier.

Question pour vous :

Quel projet non terminé vous hante en ce moment ? Promis, on ne vous jugera pas (même si votre cerveau le fait déjà).

Ma réponse (ou plutôt mon astuce !) : 

Je suis sûre que des biais cognitifs c’est celui-là qui me fait le plus de mal au fond. Et, même si je n’arrive pas à me l’appliquer tous les jours, je vous suggère de supprimer de votre todo liste tout ce qui ne peut pas être VRAIMENT fait dans des temps raisonnable mais de les noter quelque part pour tranquilliser votre cerveau. Vous aurez ainsi une liste à court-terme propre et une liste à moyen terme explicite. Cela tranquillisera votre inconscient et vous permettra d’être plus efficace au quotidien !

Conclusion : Le biais cognitif au nom insolite, cet intrus familier

Ces biais cognitifs aux noms insolites prouvent que comprendre notre cerveau peut être aussi instructif qu’amusant. Les biais cognitifs, bien que parfois agaçants, nous offrent un fascinant miroir de nos mécanismes mentaux. Ils influencent notre façon de voir le monde, mais aussi nos choix, souvent sans que nous nous en rendions compte. La prochaine fois que vous vous surprenez à être victime de l’un de ces biais, prenez un instant pour en rire… ou pour en parler ici.

Question finale :

Parmi ces biais cognitifs aux noms insolites, lequel vous a le plus surpris ? Partagez votre expérience en commentaire


Dans notre prochaine exploration, nous verrons comment certains biais nous piègent dans des raisonnements absurdes, malgré notre volonté de bien faire. Préparez-vous à rencontrer l’effet Semmelweis et d’autres surprises…

En savoir plus :

Les biais d’ego au cinéma : Plongée dans The Prestige

Les biais d’ego au cinéma : Plongée dans The Prestige

Biais d'ego dans The Prestige

Introduction : Les biais d’ego en pleine lumière dans The Prestige

Quand on pense aux biais cognitifs, on imagine souvent des distorsions subtiles, presque invisibles, qui influencent nos choix. Mais dans le cas des biais d’ego, ces mécanismes sont tout sauf discrets. Ils s’affichent avec éclat, surtout lorsqu’ils alimentent des rivalités enflammées. Et quoi de mieux qu’une scène de magie pour les voir à l’œuvre ?

Dans The Prestige, les biais d’ego prennent une place centrale, influençant les décisions et la rivalité entre deux magiciens prêts à tout pour triompher. Christopher Nolan choisit de nous plonger dans l’univers fascinant des illusionnistes de la fin du XIXᵉ siècle. Mais derrière les tours de passe-passe et les machines spectaculaires, c’est un autre combat qui se joue : celui de deux hommes prisonniers de leur ego. Robert Angier et Alfred Borden, magiciens de talent, se livrent une guerre acharnée. Chaque tour devient une bataille et chaque illusion, une attaque contre l’autre. Leur quête d’excellence se transforme rapidement en une spirale de vengeance et d’obsession. Elle révèle ainsi une facette sombre et irrationnelle de leur personnalité.

Dans cet article, nous allons examiner comment les biais d’ego influencent leurs décisions. Comment ils alimentent leur rivalité et, finalement, façonnent leur destin. L’excès de confiance, le biais d’attribution hostile ou encore le refus de lâcher prise ne sont pas seulement des concepts abstraits : ils sont incarnés avec intensité par ces deux protagonistes. À travers cette analyse, découvrons comment The Prestige met en scène des biais aussi puissants que destructeurs.

Prêt à démêler les fils des illusions mentales ? Suivez le guide ! 🎩✨

1. L’illusion de l’excès de confiance

Le biais d’excès de confiance est l’un des biais d’ego les plus fréquents. Il se manifeste lorsqu’une personne surestime ses compétences, son jugement ou sa compréhension d’une situation. Dans The Prestige, ce biais est omniprésent . Il alimente la rivalité entre les protagonistes et joue un rôle central dans leurs décisions les plus fatales.

Définition et manifestation du biais d’excès de confiance

L’excès de confiance est l’un des biais d’ego les plus frappants dans The Prestige, influençant chaque choix des magiciens. Il pousse les deux illusionnistes à croire qu’ils détiennent une supériorité incontestable, non seulement dans leur art, mais aussi dans leur capacité à déjouer les tours de l’autre. Leur conviction inébranlable d’avoir raison les enferme dans des comportements risqués et irréfléchis. Ils se persuadent que leurs choix mèneront nécessairement à la victoire.

Illustration dans le film

Un exemple frappant de ce biais est la manière dont chacun des magiciens interprète les succès de l’autre. Angier est convaincu que le tour de Borden, L’Homme Transporté, repose sur une technologie secrète ou une machination complexe. Il néglige d’envisager des explications plus simples, persuadé que sa compréhension de la magie est plus aiguisée. Cette quête obsessionnelle de l’explication parfaite le pousse à des extrêmes, quitte à risquer sa carrière et sa vie.

De son côté, Borden fait preuve d’un excès de confiance dans sa capacité à maintenir son secret. Il sous-estime l’intensité de la rivalité avec Angier et ne mesure pas pleinement les conséquences de ses provocations répétées. Cette assurance excessive contribue à creuser davantage le fossé entre eux. Il les rend ainsi vulnérable à des attaques qu’il n’avait pas anticipées.

Conséquences destructrices

L’excès de confiance devient un moteur de l’escalade des conflits. Les deux magiciens prennent des décisions irréversibles, convaincus qu’elles les mèneront à la reconnaissance ultime. Pourtant, ce biais les aveugle : ils ne perçoivent pas les pièges qu’ils se tendent mutuellement, ni les sacrifices qu’ils imposent à leur entourage.

Un miroir pour le spectateur

Ce biais n’est pas seulement un trait de caractère des protagonistes ; il est également une clé pour comprendre notre propre psychologie. En tant que spectateurs, nous sommes invités à réfléchir à la manière dont l’excès de confiance peut influencer nos choix. Combien de fois surestimons-nous nos capacités? Ou combien de fois persistons-nous dans une voie par orgueil au détriment de notre bien-être ou de nos relations ?

Dans The Prestige, l’excès de confiance n’est pas seulement un biais d’ego : il devient une illusion, aussi dangereuse que captivante, qui finit par dévorer ses victimes. Ce biais cognitif est un moteur essentiel dans The Prestige. Les deux protagonistes sont manipulés par leur propre esprit autant que par leurs illusions.

2. L’ego face à la vengeance : le biais d’attribution hostile

Le biais d’attribution hostile désigne la tendance à interpréter les actions des autres comme intentionnellement malveillantes, même lorsque les preuves en sont absentes. Ce biais est profondément enraciné dans l’ego, car il transforme toute interaction ou rivalité en une attaque personnelle. Dans The Prestige, il est au cœur de la haine féroce qui oppose les héros. Il joue un rôle déterminant dans leur descente aux enfers.

Définition et manifestation du biais d’attribution hostile

Ce biais se manifeste souvent dans des situations de conflit. Quand une personne attribue à l’autre des intentions hostiles pour expliquer un échec ou un tort perçu. Au lieu d’envisager des causes accidentelles ou extérieures, l’ego préfère blâmer un adversaire supposé. Cette réaction amplifie les rancunes, renforce les rivalités et empêche toute forme de réconciliation.

Illustration dans le film

L’exemple le plus marquant de ce biais est la mort tragique de Julia, la femme d’Angier, lors d’un numéro de magie. Angier est convaincu que Borden a intentionnellement noué un mauvais nœud, provoquant sa noyade. Cette attribution hostile devient le point de départ de leur rivalité. Pourtant, rien dans le film ne prouve que Borden ait agi avec malveillance. Lui-même semble incertain du nœud qu’il a utilisé, et la scène suggère que l’accident résulte davantage d’une combinaison de facteurs que d’une intention délibérée.

Mais pour Angier, accepter une autre explication reviendrait à abandonner une partie de son ego. En imputant la responsabilité à Borden, il alimente un besoin de vengeance qui devient le moteur de sa carrière et de sa vie. Chaque décision qu’il prend par la suite – espionner Borden, saboter ses tours, ou encore risquer sa propre vie – est motivée par ce biais d’attribution hostile.

Cet exemple illustre comment The Prestige met en lumière les conséquences des biais d’ego dans des situations extrêmes.

Les ravages du biais

Ce biais a des conséquences dévastatrices, non seulement sur les héros, mais aussi sur les personnes qui gravitent autour d’eux. Leur rivalité ne se limite pas à un simple conflit professionnel. Elle contamine leurs relations personnelles, leurs collaborateurs et même leur public. Le besoin de revanche d’Angier détruit peu à peu tout ce qu’il chérit, tandis que Borden, incapable de comprendre l’ampleur de la haine d’Angier, se retrouve piégé dans une guerre qu’il aurait pu éviter.

Une réflexion sur nos propres conflits

Le biais d’attribution hostile est particulièrement parlant pour les spectateurs. Combien de fois avons-nous supposé qu’un collègue ou un ami agissait avec une intention négative, simplement parce que notre ego en souffrait ? Dans The Prestige, ce biais sert d’avertissement sur la manière dont il peut amplifier les malentendus et transformer de simples désaccords en querelles ingérables.

En opposant Angier et Borden, Christopher Nolan illustre brillamment comment ce biais peut transformer une tragédie en une obsession destructrice. Ce n’est pas seulement une histoire de magie. C’est une parabole sur l’incapacité de l’ego à pardonner, et sur le coût psychologique de cette rigidité.

3. La quête de reconnaissance : le biais de statu quo et le biais égocentrique

Le biais de statu quo et le biais égocentrique sont deux facettes complémentaires de l’ego. Le premier décrit la tendance à préférer maintenir une situation existante par peur du changement, tandis que le second reflète la propension à attribuer les succès à soi-même et les échecs à des causes externes. Ces biais nourrissent le besoin de validation et d’autoprotection de l’ego. Dans The Prestige, ils jouent un rôle clé dans l’obsession des deux magiciens pour la reconnaissance.

Définitions et mécanismes des biais

  • Biais de statu quo : Une réticence au changement, particulièrement lorsque celui-ci implique de questionner des croyances ou habitudes profondément ancrées.
  • Biais égocentrique : Une tendance à voir le monde à travers le prisme de soi-même, en exagérant sa contribution aux succès et en minimisant sa responsabilité dans les échecs.

Ces biais, en tandem, renforcent un attachement au passé et une perception déformée de la réalité. L’ego occupe alors une place centrale et valorisée.

Illustration dans le film

Dans The Prestige, Angier et Borden se montrent incapables de s’éloigner de leur quête de domination. Chaque étape de leur rivalité est alimentée par ces deux biais cognitifs.

  • Angier :
    • Biais de statu quo : Angier reste enfermé dans son obsession de surpasser Borden, refusant d’imaginer d’autres chemins vers la réussite. Il s’attarde sur des méthodes coûteuses et risquées, convaincu que sa vision initiale est la seule voie possible.
    • Biais égocentrique : Il attribue ses échecs aux actions supposées malveillantes de Borden ou à des circonstances extérieures, mais jamais à ses propres erreurs ou limites. Par exemple, lorsqu’il échoue à égaler le tour de L’Homme Transporté, il blâme immédiatement le secret de Borden et non son propre manque de créativité.
  • Borden :
    • Biais de statu quo : Il est également prisonnier de son rôle de magicien mystérieux. Plutôt que d’abandonner une rivalité toxique, il choisit de s’y enfoncer davantage, incapable de concevoir une autre manière d’exister.
    • Biais égocentrique : Borden ne reconnaît pas la responsabilité de ses actions dans l’escalade du conflit. Par exemple, il ne considère pas que son entêtement et ses provocations constantes contribuent à intensifier la haine d’Angier.

Conséquences destructrices

Ces biais les empêchent d’évoluer ou de trouver une issue à leur rivalité. Leur attachement à leur rôle respectif et leur tendance à rejeter la responsabilité sur l’autre les enferment dans un cercle vicieux. Chaque nouvelle attaque est justifiée par un besoin de validation, chaque escalade nourrie par l’incapacité d’admettre ses propres erreurs.

Une leçon sur l’ego et la perception

Pour le spectateur, ces biais résonnent avec des comportements universels. Combien de fois attribuons-nous nos réussites à notre talent ou nos efforts, tout en blâmant des facteurs extérieurs pour nos échecs ? Et combien de fois restons-nous figés dans une situation par peur de reconnaître nos torts ou de changer de direction ? The Prestige illustre les dangers de ces distorsions mentales, non seulement sur la psyché individuelle, mais aussi sur les relations humaines.

Dans The Prestige, le biais de statu quo et le biais égocentrique ne sont pas simplement des traits de caractère. Ils sont des pièges invisibles. Ils enferment Angier et Borden dans une illusion bien plus pernicieuse que celles qu’ils créent sur scène.

4. La défaite de l’ego : le coût des biais cognitifs dans The Prestige

Dans The Prestige, les biais cognitifs liés à l’ego ne sont pas de simples caractéristiques des personnages. Ce sont des forces motrices qui dictent leurs choix, alimentent leur rivalité et, finalement, scellent leur destin. Cette dernière partie explore comment la combinaison des biais – excès de confiance, attribution hostile, statu quo et biais égocentrique – conduit à une spirale de destruction pour les deux protagonistes.

L’escalade irréversible

Les biais cognitifs agissent comme des engrenages qui s’emboîtent pour piéger Angier et Borden dans une compétition acharnée. Leur incapacité à s’arrêter ou à remettre en question leurs propres actions reflète une défaite totale de la rationalité face à l’ego. Chaque choix qu’ils font pour surpasser l’autre les pousse un peu plus loin dans une logique de sacrifice absolu.

  • Angier : Sa quête pour percer le secret de L’Homme Transporté l’amène à franchir des limites qu’il n’aurait jamais envisagées au départ. Son excès de confiance et son biais égocentrique le convainquent que chaque action, aussi immorale soit-elle, est justifiée pour atteindre la reconnaissance ultime. Mais à quel prix ? La conclusion de son arc révèle une victoire creuse, marquée par l’isolement et la perte de son humanité.
  • Borden : Si Borden conserve une part de mystère et une certaine maîtrise de son secret, son incapacité à s’éloigner de la rivalité avec Angier finit par briser tout ce qu’il a cherché à protéger. Les sacrifices qu’il accepte de faire pour préserver son art et son ego surpassent l’entendement, et ses gains apparaissent eux aussi teintés d’amertume.

Les victimes collatérales

Le film met également en lumière les conséquences des biais cognitifs sur leur entourage. Les proches des deux magiciens subissent les effets dévastateurs de cette guerre de l’ego. Ces biais, en amplifiant la rivalité, créent un environnement toxique où personne ne sort indemne.

La morale de l’histoire : l’ego comme illusion

À travers la conclusion tragique de The Prestige, Christopher Nolan nous montre que l’ego est une illusion bien plus dangereuse que les tours de magie des protagonistes. Les biais cognitifs liés à l’ego façonnent leur réalité, les empêchent de voir au-delà de leur rivalité et les enferment dans une course sans fin.

Pour les spectateurs, cette histoire offre une réflexion universelle. Combien de fois notre ego nous pousse-t-il à agir contre nos propres intérêts ? Combien de relations avons-nous mises en péril par excès de confiance, par refus de changer ou par besoin de préserver notre image ?

Une invitation à dépasser les biais

La véritable leçon de The Prestige réside peut-être dans cette idée : reconnaître nos biais est le premier pas pour s’en libérer. Sans cette prise de conscience, nous risquons, comme Angier et Borden, de devenir les artisans de notre propre chute.

Le film montre comment les biais d’ego ne se contentent pas de nuire aux relations entre les personnages. Ils façonnent toute la dynamique du film, jusqu’à sa conclusion tragique. L’illusion, ici, n’est pas seulement un artifice de scène, mais une prison mentale dans laquelle chacun des protagonistes est enfermé.

Conclusion : The Prestige, mise en abîme des biais d’ego

The Prestige ne se limite pas à une rivalité entre deux magiciens : il est une véritable mise en abîme des mécanismes cognitifs qui façonnent nos choix et notre rapport aux autres. En explorant l’excès de confiance, le biais d’attribution hostile, le statu quo et le biais égocentrique, le film de Christopher Nolan illustre avec brio la manière dont l’ego peut non seulement guider nos actions, mais aussi nous enfermer dans des spirales destructrices.

Au-delà des tours de magie et des révélations finales, ce sont ces biais, profondément enracinés dans l’esprit des personnages, qui créent la véritable illusion. Ils les poussent à la surenchère, les aveuglent sur les conséquences de leurs actes et transforment une quête de reconnaissance en une tragédie inévitable.

Ainsi, The Prestige nous tend un miroir, nous révélant que les illusions les plus puissantes ne se jouent pas sur scène, mais dans nos esprits. À travers les biais d’ego dans The Prestige, Christopher Nolan nous montre combien ces distorsions mentales peuvent devenir des illusions aussi destructrices que fascinantes. C’est une réflexion subtile et nécessaire sur les dangers d’un ego incontrôlé, et sur l’importance de reconnaître nos propres biais pour ne pas devenir, à notre tour, prisonniers de nos illusions.

Le cinéma, en abordant ces thèmes, devient un véritable miroir de nos propres mécanismes mentaux. Il nous rappelle à quel point il est facile de se laisser piéger par nos perceptions et combien il est essentiel de questionner notre manière de voir le monde. Ce film, tout comme les biais explorés ici, nous pousse finalement à mieux comprendre les rouages de notre esprit pour gagner en liberté dans nos décisions.

Et vous, avez-vous en tête d’autres films qui vous ont offert des leçons similaires sur la nature humaine et nos biais inconscients ?

En savoir plus : 

  • Tout comme les biais d’ego explorés dans cet article, d’autres mécanismes psychologiques, comme la résilience, jouent un rôle fascinant dans le cinéma. Découvrez mon article ici.
  • Une autre analyse du film
7 clés pour maîtriser votre communication contre biais et marées

7 clés pour maîtriser votre communication contre biais et marées

Identifier et gérer les biais cognitifs dans la communication

Introduction : Comment vos biais cognitifs influencent votre communication ?

Cet article vous propose 7 clés pour identifier et gérer les biais cognitifs dans votre communication, afin de surmonter les malentendus et améliorer vos échanges.

Je l’avais abordé dans cet article, chaque jour, dans vos échanges professionnels ou personnels, vos intentions semblent claires, vos messages précis. Vous vous attendez donc à ce qu’ils soient compris comme tels. Pourtant, la réalité est souvent bien différente. Les biais cognitifs, ces mécanismes inconscients du cerveau, influencent subtilement vos propos et la façon dont vous percevez ceux des autres. Ils peuvent transformer une communication en un terrain fertile pour les malentendus et les frustrations.

Ces biais, s’ils ne peuvent être éliminés, peuvent néanmoins être identifiés et atténués. Les 7 clés que je vous propose dans cet article vous aideront à les repérer, dans vos messages comme dans ceux de vos interlocuteurs. De la déconstruction des attentes implicites à l’évaluation des émotions dans un échange, en passant par l’analyse des premières impressions, ces méthodes vous permettront d’apporter clarté et justesse à vos interactions.

identifier et gérer ses biais cognitifs, c’est retrouver une communication plus authentique et efficace, tout en respectant les perspectives des autres. Alors, prêt à affiner votre regard et vos échanges ? Découvrons ensemble ces outils pour reprendre le contrôle de votre communication.

1. Clarifiez les formulations implicites, la clé pour éviter l’illusion de transparence et ses biais cognitifs.

Identifier et gérer les biais cognitifs dans la communication L'illusion de transparence

Dans une communication, il est tentant de supposer que nos pensées et intentions sont évidentes pour nos interlocuteurs. Pourtant, ce n’est souvent pas le cas. Une phrase aussi simple que « Comme vous le savez », fréquemment utilisée dans les emails ou réunions, illustre bien ce problème. Elle repose sur l’illusion de transparence. Ce biais cognitif nous pousse à croire que nos idées ou connaissances sont partagées et comprises de manière évidente par les autres.

En réalité, nos interlocuteurs ne disposent pas des mêmes informations ou contextes que nous. Cette supposée transparence crée des attentes implicites : 

  • Un collaborateur peut se sentir jugé pour ne pas savoir ce qu’il était censé « déjà savoir »
  • Un manager risque de penser à tort que ses instructions ont été parfaitement comprises

Comment identifier ce biais cognitif dans sa communication ? Portez attention à vos formulations. Les phrases qui supposent un savoir partagé, comme « Évidemment », « Comme nous l’avons vu » ou « C’est logique », sont des indices. Elles traduisent une projection de votre propre compréhension sur celle des autres.

Comment le gérer ? Prenez le temps de clarifier vos propos. Reformulez pour expliciter les points importants, même si cela vous semble redondant. Par exemple, remplacez « Comme vous le savez » par « Pour rappel, voici les éléments clés ». Posez des questions ouvertes pour vérifier la compréhension : « Cela fait-il sens pour vous ? » ou « Y a-t-il des précisions nécessaires ? »

Ce travail de clarification réduit les malentendus et crée un cadre d’échange où chacun peut s’exprimer sans crainte de jugement. En dépassant l’illusion de transparence, vous encouragez des échanges plus fluides et une meilleure compréhension mutuelle.

2. Maîtriser ses émotions, la clé pour déjouer le biais de négativité

Lors d’un échange, les émotions jouent un rôle crucial, souvent bien plus que les mots eux-mêmes. Une critique constructive, par exemple, peut être perçue comme une attaque personnelle, déclenchant une réponse défensive ou une fermeture au dialogue. Ce phénomène est amplifié par le biais de négativité, qui nous pousse à accorder plus de poids aux éléments perçus comme négatifs qu’aux aspects positifs d’une situation ou d’un message.

Ce biais agit comme une loupe déformante : une formulation maladroite ou une intonation involontaire peut prendre des proportions démesurées, occultant le reste de l’échange. Résultat ? Les émotions dominent la communication, et le contenu essentiel passe au second plan.

Identifier et gérer les biais cognitifs dans la communication Le biais de négativité

Comment identifier ce biais cognitif dans sa communication ? Soyez attentif à vos réactions émotionnelles et à celles de vos interlocuteurs. Vous sentez-vous agacé, blessé ou sur la défensive face à un message ? Remarquez si votre attention se focalise uniquement sur un détail négatif, comme un mot précis ou un ton particulier, au détriment du reste du propos.

Comment le gérer ?

  1. Prenez du recul. En cas de réaction émotionnelle, respirez et reformulez mentalement ce que vous avez entendu : est-ce réellement une attaque, ou est-ce votre interprétation ?
  2. Posez des questions. Clarifiez les intentions derrière le message : « Pouvez-vous préciser ce que vous voulez dire par là ? » ou « Comment puis-je améliorer cet aspect ? »
  3. Reconnaissez vos émotions. Plutôt que de les ignorer, identifiez-les : « Je ressens de la frustration, est-ce lié à ce que j’ai compris, ou à la manière dont cela a été dit ? »

En prenant conscience du biais de négativité, vous pourrez dépasser les premières réactions émotionnelles pour vous concentrer sur le message réel. Cette démarche favorise une communication plus apaisée et centrée sur les faits, où les émotions ne viennent plus parasiter les échanges.

3. Prendre en compte les perspectives des autres, la clé pour contrer le biais égocentrique

Identifier et gérer les biais cognitifs dans la communication Le biais égocentrique

Quand nous communiquons, il est naturel de partir de notre propre point de vue. Cependant, cette tendance peut devenir un piège si elle nous empêche de considérer les besoins, les attentes ou les connaissances de nos interlocuteurs. Ce phénomène est connu sous le nom de biais égocentrique, qui nous pousse à projeter nos priorités ou notre compréhension sur les autres, en supposant qu’ils partagent notre cadre de référence.

Par exemple, lors d’une présentation, un intervenant peut insister sur des détails techniques qui lui paraissent essentiels, sans vérifier si son audience dispose des mêmes bases ou s’intéresse réellement à ces éléments. Résultat : une perte d’attention ou une incompréhension qui freine l’impact de la communication.

Comment identifier ce biais cognitif dans sa communication ? Observez si vos messages partent systématiquement de ce qui vous paraît évident ou important, sans vous demander ce que votre interlocuteur attend ou connaît. Posez-vous des questions : « Est-ce que j’explique suffisamment ? » ou « Est-ce que cela répond à leurs besoins, et pas seulement aux miens ? »

Comment le gérer ?

  1. Adoptez une posture d’écoute active. Avant de formuler vos idées, prenez le temps de comprendre le point de vue de votre interlocuteur. Posez des questions comme : « Quels sont vos objectifs ? » ou « Que savez-vous déjà sur ce sujet ? »
  2. Clarifiez votre message. Évitez le jargon ou les raccourcis qui pourraient ne pas être compris. Reformulez si nécessaire pour vous assurer que votre propos est adapté à leur niveau de compréhension.
  3. Cherchez des retours. Sollicitez des réactions pendant l’échange : « Est-ce que cela vous semble clair ? » ou « Souhaitez-vous que je développe un point précis ? »

En dépassant le biais égocentrique, vous adaptez votre communication à vos interlocuteurs, ce qui renforce la compréhension et l’impact de vos messages. Vous construisez ainsi des échanges réellement interactifs et équilibrés, où chaque point de vue est pris en compte.

4. Maîtriser chaque mot, la clé pour éviter le biais de cadrage

La manière dont une information est présentée influence directement la perception qu’en ont vos interlocuteurs. Ce phénomène, connu sous le nom de biais de cadrage, joue un rôle majeur dans la communication : il oriente les décisions et interprétations en fonction des mots ou des contextes utilisés, plutôt que du contenu lui-même. Ce biais est particulièrement fréquent dans les discussions stratégiques ou commerciales.

Par exemple, un manager pourrait dire : « Ce projet a 70 % de chances de réussir », ce qui donne une impression optimiste. Mais reformulé comme « Ce projet a 30 % de chances d’échouer », le message, bien que factuellement identique, paraît soudain plus risqué. Ce biais agit comme un prisme, influençant la perception et la prise de décision.

Identifier et gérer les biais cognitifs dans la communication Le biais de cadrage

Comment identifier ce biais cognitif dans sa communication ?

  • Repérez les formulations qui mettent en avant certains aspects tout en en minimisant d’autres.
  • Soyez attentif aux réactions disproportionnées des interlocuteurs face à des données identiques présentées différemment.

Comment le gérer ?

  1. Présentez une vision équilibrée. Lorsque vous exposez une idée ou des chiffres, montrez les deux faces de la médaille. Par exemple : « Ce projet a 70 % de chances de réussir, mais cela signifie aussi 30 % de risques d’échec. »
  2. Posez des questions ouvertes. Interrogez vos interlocuteurs sur leur perception pour identifier si le cadrage influence leurs réactions : « Comment interprétez-vous ces résultats ? »
  3. Recadrez si nécessaire. Si vous sentez que l’attention se concentre sur un aspect biaisé, reformulez pour recentrer : « Cela peut paraître risqué, mais voici pourquoi cela reste une opportunité. »

En prenant conscience de l’effet de cadrage, vous permettez des échanges plus objectifs et évitez les décisions prises sous l’influence d’une présentation biaisée. Vous favorisez ainsi une communication transparente et une meilleure évaluation des informations échangées.

5. Identifier les jugements hâtifs, la clé pour limiter le biais d’attribution fondamentale

Identifier et gérer les biais cognitifs dans la communication Le biais d'attribution fondamentale

Dans une conversation, il est facile de tirer des conclusions rapides sur les intentions ou les comportements des autres. Le biais d’attribution fondamentale nous pousse à attribuer les actions des autres à leur personnalité ou à leurs traits intrinsèques, tout en ignorant les facteurs contextuels qui pourraient expliquer leur comportement. Ce biais peut nuire à la communication en créant des jugements erronés et des malentendus.

Par exemple, si un collègue arrive en retard à une réunion, on peut immédiatement penser : « Il est négligent », plutôt que de considérer des circonstances extérieures comme un imprévu ou un problème de transport. Ce type de jugement hâtif peut générer des tensions inutiles et biaiser la suite des échanges.

Comment identifier ce biais cognitif dans sa communication ?

  • Faites attention à vos réflexions immédiates face au comportement de quelqu’un. Si vous vous surprenez à émettre un jugement global (ex. : « Elle est toujours comme ça »), il pourrait s’agir d’un biais d’attribution.
  • Observez si vous appliquez un traitement différent pour vous-même : êtes-vous plus indulgent avec vos propres erreurs, en les justifiant par des circonstances extérieures ?

Comment le gérer ?

  1. Prenez le temps d’explorer le contexte. Avant de conclure, demandez-vous : « Quelles raisons extérieures pourraient expliquer ce comportement ? »
  2. Posez des questions plutôt que d’assumer. Par exemple : « Est-ce que tout va bien ? Y avait-il un empêchement ? »
  3. Développez l’empathie. Imaginez-vous à la place de l’autre pour mieux comprendre ses contraintes ou priorités.

En limitant le biais d’attribution fondamentale, vous développez une communication plus bienveillante et nuancée. Vous évitez de projeter des jugements négatifs qui pourraient compromettre la qualité de vos échanges et favorisez un climat de compréhension mutuelle.

6. Identifier les influences sociales, la clé pour contrer le biais de conformisme

Dans un groupe, il est souvent plus facile de suivre l’avis dominant que de défendre un point de vue différent. Ce phénomène, appelé biais de conformisme, pousse les individus à aligner leurs opinions sur celles de la majorité, même lorsqu’ils ne sont pas totalement convaincus. Ce biais peut limiter la diversité des idées et freiner les discussions constructives.

Par exemple, lors d’un brainstorming, si une idée est rapidement validée par plusieurs personnes influentes, d’autres participants peuvent hésiter à exprimer des opinions contraires, de peur d’être perçus comme conflictuels. Cela donne l’illusion d’un consensus, mais masque en réalité une diversité d’opinions non exprimées.

Identifier et gérer les biais cognitifs dans la communication Le biais de conformisme

Comment identifier ce biais cognitif dans sa communication ?

  • Soyez attentif aux silences ou aux non-dits dans un groupe. Les participants qui évitent de s’exprimer ou qui acquiescent systématiquement pourraient être influencés par ce biais.
  • Repérez les situations où une décision semble acceptée trop rapidement, sans débat ou analyse approfondie.

Comment le gérer ?

  1. Encouragez l’expression individuelle. Demandez à chaque participant de partager son point de vue avant qu’un consensus ne soit formé. Par exemple : « Que pensez-vous de cette proposition avant de décider ? »
  2. Donnez de la légitimité aux avis divergents. Insistez sur l’importance des opinions minoritaires pour enrichir le débat : « Des perspectives différentes pourraient nous aider à identifier des risques ou des opportunités. »
  3. Créez un environnement de confiance. Rassurez le groupe en précisant que remettre en question une idée n’est pas un conflit, mais une contribution précieuse.

En prenant conscience du biais de conformisme, vous favorisez une communication plus ouverte et équilibrée. Vous encouragez ainsi la diversité des points de vue, ce qui enrichit les échanges et améliore la qualité des décisions collectives.

7. Approfondir l’analyse des faits, la clé pour contrer le biais rétrospectif

Identifier et gérer les biais cognitifs dans la communication Le biais rétrospectif

Une fois une situation passée, il est tentant de penser qu’elle était prévisible ou inévitable. Ce biais rétrospectif nous pousse à croire, après coup, que les événements étaient évidents ou que les décisions prises allaient de soi. Ce biais peut limiter notre capacité à apprendre des expériences et à ajuster nos comportements pour l’avenir.

Par exemple, après une réunion où un désaccord a éclaté, vous pourriez conclure : « C’était évident que cela allait arriver », sans avoir identifié les signaux avant qu’ils ne se manifestent. Cette tendance empêche une véritable réflexion sur ce qui aurait pu être anticipé ou géré différemment.

Comment identifier ce biais cognitif dans sa communication ?

  • Faites attention aux phrases comme : « Je le savais » ou « Ça ne pouvait pas se passer autrement », qui minimisent la complexité des événements ou des décisions.
  • Notez si vous avez tendance à simplifier les résultats en ignorant les incertitudes ou informations manquantes avant que l’événement ne se produise.

Comment le gérer ?

  1. Documentez vos hypothèses. Avant une réunion, une présentation ou une décision importante, notez vos attentes ou prédictions. Cela vous permettra de comparer vos anticipations avec ce qui s’est réellement passé.
  2. Faites une analyse objective. Après un événement, identifiez les éléments concrets qui ont influencé l’issue : « Quelles informations manquaient au moment de la décision ? » ou « Qu’est-ce qui aurait pu être fait différemment ? »
  3. Partagez les retours avec les autres. Une discussion ouverte sur ce qui a bien fonctionné et ce qui pourrait être amélioré aide à limiter l’impact du biais rétrospectif.

En pratiquant l’analyse rétrospective de manière consciente, vous transformez chaque situation en une opportunité d’apprentissage. Vous développez ainsi une communication et une prise de décision plus éclairées, tout en encourageant un regard lucide et constructif sur vos expériences passées. Avec ces outils, vous pourrez non seulement identifier vos biais cognitifs, mais aussi apprendre à les gérer pour transformer vos interactions.

Conclusion : De la prise de conscience à l’action, une communication plus lucide

Nos biais cognitifs sont des compagnons invisibles de chaque interaction. Ils influencent ce que nous disons, ce que nous entendons, et même ce que nous pensons comprendre. Loin d’être des failles, ils sont une conséquence naturelle du fonctionnement de notre cerveau. Pour autant, leurs effets peuvent altérer nos échanges de manière subtile et parfois délétère.

Les clés présentées ici ne sont pas des solutions magiques. Elles demandent un effort conscient, un entraînement régulier pour passer du réflexe au choix. Cependant, chaque petite prise de conscience est une victoire. En identifiant une illusion de transparence dans vos formulations, en repérant un biais émotionnel ou en questionnant un consensus trop rapide, vous ouvrez la porte à des échanges plus authentiques, plus nuancés, et surtout plus efficaces.

Alors, la prochaine fois que vous rédigez un email, prenez la parole en réunion, ou écoutez une critique, posez-vous cette question : « Quels biais peuvent influencer cet échange ? » Car mieux identifier vos biais, c’est déjà commencer à les maîtriser. En apprenant à identifier et gérer vos biais cognitifs, vous poserez les bases d’une communication plus fluide, respectueuse et efficace.

Et si ce travail vous semble ambitieux, souvenez-vous : comme pour un muscle, chaque réflexion consciente renforce votre capacité à mieux communiquer. Avec du temps et de la pratique, ces outils deviendront des alliés naturels dans vos échanges. Et si cela ne change pas le monde, cela peut transformer vos conversations. Ce qui, à bien y réfléchir, est déjà un excellent début !

J’attends vos commentaires avec impatience ! 

Et toujours, à lire absolument : 

Tout pour déjouer l’effet et la pensée de groupe

Tout pour déjouer l’effet et la pensée de groupe

Illustration Déjouer l'effet de groupe et la pensée de groupe

Introduction : Le collectif, cet allié parfois trompeur

« Penser contre son temps, c’est de l’héroïsme. Mais le dire, c’est de la folie. » – Eugène Ionesco

Dans un groupe, nous avons souvent l’impression que les décisions seront meilleures, plus rationnelles et équilibrées. Pourtant, certaines dynamiques collectives, comme l’effet de groupe et la pensée de groupe, peuvent biaiser nos choix. Ces mécanismes inhibent l’action ou favorisent une conformité irrationnelle. Savoir reconnaître et déjouer ces pièges est essentiel pour préserver notre lucidité. Cet article vous propose des outils concrets pour dépasser ces biais et reprendre le contrôle.


1. Effet de groupe : comprendre pourquoi la responsabilité se dilue en groupe

Cas d’école : Kitty Genovese et l’effet du témoin

En 1964, Kitty Genovese est agressée à New York. Plus de 30 témoins auraient assisté à la scène sans intervenir, un comportement qui choque l’opinion publique. Cet événement inspire les psychologues John Darley et Bibb Latané, qui mènent une série d’expériences marquantes en 1968. Ils démontrent que plus une situation critique est observée par un grand nombre de personnes, moins chaque individu se sent responsable. Ce phénomène, connu sous le nom d’effet du témoin, est une manifestation typique de l’effet de groupe.

Dans leurs expériences, les chercheurs observent que lorsqu’une urgence est simulée (par exemple, un individu qui s’écroule), une personne seule intervient rapidement. En revanche, lorsque plusieurs témoins sont présents, l’inaction prédomine. 

Statistiquement, c’est imparable, lorsqu’un individu est seul, il intervient dans 85 % des cas. Mais en présence de trois témoins ou plus, ce chiffre chute à 31 %.

Les mécanismes de l’effet de groupe

  1. Dilution de la responsabilité :
    La responsabilité d’agir semble partagée entre tous. En réalité, chacun pense que quelqu’un d’autre agira, ce qui aboutit à une paralysie collective.
  2. Désindividualisation :
    Dans une foule, les individus adoptent souvent des comportements conformes à ceux des autres, même lorsqu’ils vont à l’encontre de leurs propres valeurs ou instincts.

Exemples quotidiens des effets de groupe

  • Dans la vie publique : Lorsqu’une personne est témoin d’un acte d’intimidation dans un espace public, elle peut hésiter à intervenir, croyant que d’autres prendront les devants.
  • Au travail : Lors d’une réunion, un problème technique majeur est ignoré. Chacun pense que les autres, mieux qualifiés, vont le résoudre. Cette passivité peut entraîner des erreurs coûteuses.

>> Vous êtes-vous déjà retrouvé dans une situation où vous avez l’impression de ne pas avoir eu le courage de faire ce qui aurait été juste ou bien de faire  ? Que s’est-il passé ?

Exercices pratiques pour déjouer l’effet de groupe et agir efficacement

Illustration pratique pour déjouer l'effet de groupe

  1. Attribuez des responsabilités claires
    Pour briser l’inertie collective, attribuez des rôles précis : “Marie, appelle les secours”, “Ahmed, surveille les alentours.” Cette technique, enseignée dans les formations de premiers secours, est simple et efficace. Elle peut aussi s’appliquer en entreprise lors de réunions d’équipe ou projet. L’attribution de responsabilités rassure les participants. Elle leur donne la vision mais aussi le cadre de légitimité nécessaire pour agir. 
  2. Posez-vous la question : « Et si j’étais seul(e) ? »
    Imaginez que vous êtes le seul témoin de la situation. Cet exercice mental vous oblige à agir selon vos valeurs, sans vous reposer sur les autres.
  3. Simulez des situations d’urgence
    Participez à des ateliers collaboratifs ou des formations en gestion de crise. Ces exercices renforcent votre capacité à réagir efficacement dans des contextes où l’effet de groupe est présent. Dans certains métiers de l’entreprise, la gestion de crise est désormais encadrée et organisée. Encore une fois, dans la grande majorité des cas, elle rassure plus qu’elle n’inhibe les comportements des collaborateurs. 

2. Pensée de groupe : éviter la pression sociale et stimuler la pensée critique

« Dès que les bêtes sont en nombre, l’homme d’esprit n’est plus qu’un sot » – Antoine-Pierre Dutramblay, Apologues, V, XX1 (1810)

Cas d’école : L’expérience des lignes de Solomon Asch

En 1951, Solomon Asch montre à quel point la pression sociale peut influencer nos choix. Dans son expérience, des participants doivent comparer des lignes de longueurs différentes. La tâche est simple… mais lorsque des complices de l’expérimentateur donnent intentionnellement une réponse incorrecte, 75 % des sujets finissent par se conformer, même s’ils savent que cette réponse est fausse. Ce phénomène, caractéristique de la pensée de groupe, illustre comment la peur d’être isolé ou jugé peut altérer nos décisions.

Les symptômes de la pensée de groupe

  1. Illusion d’unanimité :
    Le silence est interprété comme un accord, même si certains membres du groupe ont des objections.
  2. Rationalisation collective :
    Les signaux d’alerte sont minimisés ou ignorés pour préserver la cohésion.

C’est le “Paradoxe d’Abilène” :
Par peur de se distinguer, les membres d’un groupe peuvent consentir à des décisions qu’ils désapprouvent personnellement, tout en croyant que les autres sont d’accord.

  1. Autocensure :
    Les individus hésitent à exprimer leurs désaccords, de peur de briser l’harmonie ou d’être marginalisés.
  2. Pression sur les dissidents :
    Ceux qui osent critiquer la décision collective sont souvent perçus comme des perturbateurs.

Exemples quotidiens des effets de la pensée de groupe

  • Dans un groupe d’amis : Une activité collective est organisée (un voyage, un restaurant), mais personne n’en est réellement satisfait. Par crainte de déranger, tous se taisent.
  • En entreprise : Une équipe persiste dans un projet défaillant, malgré des retours négatifs, parce que personne n’ose contredire une décision initiale.

>> Vous êtes-vous déjà retrouvé dans une situation où vous avez suivi une décision collective que vous désapprouviez  ? Que s’est-il passé  ?

Exercices pratiques pour déjouer la pensée de groupe et agir mieux 

Illustration pratique pour déjouer la pensée de groupe

  1. Nommer un « avocat du diable »
    Désignez une personne pour contester systématiquement les décisions du groupe. Ce rôle institutionnalisé favorise un débat critique et aide à détecter les failles dans les idées proposées.
  2. Encouragez les votes anonymes
    Lors des prises de décision, proposez un vote à bulletin secret. Cela permet à chacun d’exprimer son avis sans subir la pression sociale.
  3. Travaillez en sous-groupes
    Divisez le groupe principal en petites équipes qui réfléchissent indépendamment au même problème. Les conclusions divergentes permettent d’identifier des biais ou des angles morts.
  4. Prenez des pauses avant de conclure
    Laissez du temps entre les discussions et les décisions finales. Cela donne à chacun la possibilité de réfléchir individuellement et d’apporter des arguments supplémentaires.

3. Stratégies concrètes pour éviter ces biais au quotidien

3 stratégies pour contrer l’effet de groupe

  1. Responsabilisez vos équipes :
    Lors de projets collaboratifs, attribuez des rôles précis et définissez clairement les attentes. Cela réduit la dilution de la responsabilité et favorise l’action.
  2. Valorisez l’initiative individuelle :
    En milieu professionnel, encouragez les employés à proposer des solutions ou à prendre des initiatives, même si elles ne sont pas toujours parfaites.
  3. Favorisez les retours d’expérience :
    Intégrez des débriefings réguliers après des projets ou des situations critiques pour discuter de ce qui a fonctionné ou non. Ces retours permettent de prévenir l’inertie future.

3 stratégies pour contrer la pensée de groupe

« Les bonnes idées viennent du choc des opinions. » – Steve Jobs

Faites-en une règle d’or.

  1. Installez une culture de la critique constructive :
    Mettez en place des processus où les idées et les décisions sont systématiquement remises en question, sans crainte de jugement.
  2. Faites appel à des experts extérieurs :
    Sollicitez des points de vue externes pour évaluer des décisions importantes. Ces avis impartiaux peuvent mettre en lumière des biais que le groupe ne perçoit pas.
  3. Élaborez une checklist pour vos réunions :
    Avant toute prise de décision, posez ces questions :
    • « Avons-nous considéré les objections ? »
    • « Quels risques ignorons-nous ? »
    • « Que penserait une personne extérieure ? »

Exemple inspirant : Pixar et la diversité des idées

Chez Pixar, chaque idée est soumise à une critique collective rigoureuse avant d’être validée. Ce processus permet d’affiner les concepts tout en valorisant la diversité des perspectives. Les employés sont encouragés à remettre en question les propositions, même celles de leurs supérieurs.


Conclusion : Pourquoi est-il essentiel de déjouer ces biais ?

Ces biais ne se limitent pas aux salles de réunion ou aux urgences. Ils façonnent nos décisions au quotidien, dans nos relations personnelles, nos engagements citoyens et nos choix professionnels. En apprenant à déjouer l’effet de groupe et la pensée de groupe, nous devenons plus autonomes, plus réfléchis et mieux armés pour agir en accord avec nos valeurs.

Comme le disait Émile-Auguste Chartier, dit Alain : « Penser, c’est dire non. »

Déjouer ces biais demande du courage, mais les résultats en valent la peine : des décisions plus éclairées et une capacité accrue à rester fidèle à soi-même, même au sein d’un groupe.

Avez-vous déjà été témoin d’un effet de groupe ou d’une pensée de groupe  ? Partagez votre histoire dans les commentaires.

« Le plus grand des maux et le pire des crimes est la pauvreté de l’esprit. » – Albert Einstein

Autre articles utiles : 

5 exercices faciles pour gérer et piloter vos biais cognitifs

5 exercices faciles pour gérer et piloter vos biais cognitifs

Illustration article exercices pour gérer les biais cognitifs

Introduction : Puisque “vite fait, bien fait” ça n’existe pas, il faut apprendre à piloter vos biais cognitifs

Une fois entendu que les biais cognitifs sont l’artefact ultime de votre cerveau pour remplir atteindre SES propres objectifs. Une fois entendu qu’il mettra toujours votre “survie” au-dessus de tout autre objectif. Maîtriser ses biais cognitifs au quotidien est essentiel pour prendre des décisions plus éclairées et éviter des pièges mentaux.

Or, notre cerveau a fabriqué, au cours de ses dizaines de milliers d’années de sa construction, toutes sortes de stratégies qui nous dépassent à chaque instant.

  • Pour la survie individuelle : la construction de nos émotions (peur, stress, etc.) derrière nos besoins primaires (dormir, manger, etc.) 
  • Pour la survie collective : les règles qui régissent nos sociétés (instinct grégaire, sociabilité, etc.)

Notre cerveau, aujourd’hui plus qu’hier est contraint à traiter, un nombre inimaginable d’informations par secondes. Son credo “Vite fait, bien fait” Enfin c’est ce qu’il essaie de nous faire croire 😉

Maintenant que tous ces faits sont établis… Que faire de ces données ? Car, oui, il y a des solutions ! Que peut-il y avoir de plus puissant que notre cerveau me direz-vous ? Et bien, notre cerveau entraîné à se déjouer lui-même ! 😇

Je vous propose aujourd’hui 5 premiers exercices pour apprendre à gérer et à piloter vos biais cognitifs. 


Partie 1 : Comment s’assurer de ne pas aller trop vite à la conclusion ?

Dans un monde où les informations affluent à un rythme effréné, notre cerveau se fie à des raccourcis pour traiter rapidement les données. Ces automatismes sont souvent utiles, mais ils nous conduisent aussi à des conclusions hâtives, guidées par des biais inconscients. Que ce soit le biais de disponibilité, qui nous fait donner trop d’importance à ce qui est frais dans notre mémoire, ou le biais d’ancrage, qui nous attache à la première information reçue, notre cerveau nous pousse à décider avant même d’avoir pleinement exploré toutes les options.

Les exercices suivants sont conçus pour ralentir ce processus et donner à notre esprit le temps d’examiner les informations de manière plus complète et réfléchie. En appliquant ces techniques, vous apprendrez à contourner ces pièges mentaux et à prendre des décisions qui sont véritablement alignées avec vos objectifs, et non dictées par des réflexes immédiats.

#1. Exercice de la “réflexion en deux temps” : piloter ses biais cognitifs en prenant du recul

Cet exercice de réflexion permet d’éviter certains biais cognitifs comme le biais de disponibilité.

Exercice gérer biais cognitif _ réflexion en 2 temps
  • Biais visé : Biais de disponibilité et biais d’impulsivité.
  • Problèmes courants : Tendance à se baser sur des informations récentes ou émotionnelles, décisions rapides et superficielles.
  • Timing idéal : 15 à 20 minutes, lors de situations de prise de décision. (Nota : une pratique régulière aide à mieux maîtriser ses biais cognitifs.)

  • Mode opératoire :
    1. Première étape : Notez la première réaction ou idée qui vous vient en tête face à une décision.
    2. Recul nécessaire : Laissez passer un intervalle de temps (minimum 15 minutes, idéalement quelques heures).
    3. Retour critique : Revenez à la question et relisez vos premières impressions. Posez-vous des questions : “Était-ce basé sur des faits ?” ; “Est-ce influencé par mes émotions immédiates ?”
  • Résultats attendus : Renforcement de la prise de recul, réduction des décisions prises par automatisme, et jugement plus équilibré.

#2. Exercice de la “décision différée” pour éviter le biais de confirmation et d’ancrage

  • Biais visé : Biais de confirmation et biais d’ancrage.
  • Problèmes courants : Attachement excessif à une première information reçue, difficulté à intégrer des perspectives nouvelles.
  • Timing idéal : Minimum 24 heures.
Exercice piloter biais cognitif _ décision différée

  • Mode opératoire : (Cette méthode est idéale pour développer une pensée plus objective, en limitant les biais mentaux habituels comme le biais de confirmation.)
    1. Formulation du problème : Écrivez le problème ou la décision à prendre ainsi que les options envisagées.
    2. Pause nécessaire : Mettez de côté la décision pendant 24 heures. Profitez de ce délai pour explorer des informations complémentaires ou demander l’avis d’autres personnes.
    3. Reconsidération de la décision : Après 24 heures, revenez à la décision en vous demandant si votre perspective initiale a changé et en intégrant les nouvelles informations recueillies.
  • Résultats attendus : Décisions plus informées, diminution de l’attachement aux premières impressions, et ouverture à des perspectives diversifiées. Ce processus renforce la maîtrise de soi et aide à surmonter les biais cognitifs dans la prise de décision.

#3. Exercice du “débat interne” : développer sa pensée critique pour mieux décider

Cet exercice de débat interne permet de développer la pensée critique, essentielle pour surmonter les biais cognitifs.

Exercice biais cognitif _ débat interne
  • Biais visé : Biais de surconfiance.
  • Problèmes courants : Prise de décisions unilatérales, difficulté à envisager des alternatives, absence de prise de recul.
  • Timing idéal : 15 à 20 minutes.

  • Mode opératoire :
    1. Construction d’arguments : Notez trois arguments “pour” et trois arguments “contre” la décision que vous envisagez.
    2. Questionnement : Posez-vous des questions pour tester chaque argument. Exemple : “Que manque-t-il à cet argument ?”, “Pourquoi cette option pourrait-elle ne pas fonctionner ?”.
    3. Bilan : Comparez les deux colonnes d’arguments et demandez-vous si vous auriez pris la même décision sans cet exercice.
  • Résultats attendus : Prise de conscience des angles morts, amélioration de la capacité à nuancer les décisions, et atténuation du biais de surconfiance. En renforçant sa capacité de réflexion, on apprend à limiter les biais et à mieux décider dans des contextes variés.

Partie 2 : Comment garantir d’avoir challengé les points de vue ?

Si nos biais cognitifs influencent la vitesse de nos décisions, ils influencent aussi notre capacité à apprécier et intégrer les points de vue des autres. Nous avons tendance à juger rapidement les intentions d’autrui, ou à voir le monde à travers le prisme de notre optimisme ou pessimisme personnel. Or, dans un monde interconnecté, savoir élargir notre vision et considérer les perspectives divergentes est essentiel pour éviter les erreurs de jugement.

Les exercices de cette partie vous aideront à développer une pensée plus inclusive, ouverte et équilibrée. En travaillant sur l’empathie, le questionnement et la visualisation des scénarios opposés, vous renforcerez votre capacité à voir au-delà des évidences et à intégrer des éléments que vous auriez pu négliger. C’est une compétence clé pour prendre des décisions plus avisées et mieux appréhender les défis, car elle vous permet d’analyser des situations de manière plus complète et nuancée.

#4. Exercice de “l’empathie active” : reconnaître et piloter les biais d’attribution

Cet exercice favorise la réflexion et aide à reconnaître et piloter les biais cognitifs liés à nos jugements sur autrui.

  • Biais visé : Biais d’attribution.
  • Problèmes courants : Jugements rapides sur les intentions d’autrui, manque de compréhension des perspectives divergentes.
  • Timing idéal : Au cours d’une interaction (5 à 10 minutes de réflexion).
Biais cognitif exercice _ empathie active

  • Mode opératoire :
    1. Réflexion sur le point de vue de l’autre : Reformulez mentalement ou par écrit l’opinion de l’autre personne de façon neutre (exemple : “Si j’étais à sa place…”).
    2. Questions ouvertes : Posez des questions comme “Qu’est-ce qui t’a amené à cette conclusion ?” ou “Quels sont les éléments que tu considères les plus importants ?”.
    3. Validation : Reformulez en confirmant votre compréhension, puis posez-vous la question de savoir si votre propre réaction initiale était influencée par un jugement rapide.
  • Résultats attendus : Augmentation de la capacité d’empathie, réduction du biais d’attribution, et développement d’un meilleur dialogue. Il s’agit d’un moyen simple pour renforcer l’empathie et limiter les biais mentaux dans les interactions sociales.

#5. Exercice de la “visualisation du scénario opposé” : éviter le biais d’optimisme ou de négativité

La visualisation de scénarios opposés est une technique efficace pour équilibrer nos perceptions et mieux décider.

Piloter ses biais cognitif _ visualisation du scénario opposé
  • Biais visé : Biais d’optimisme ou biais de négativité.
  • Problèmes courants : Tendance à exagérer les risques ou les avantages, manque de planification pour les imprévus.
  • Timing idéal : 15 à 30 minutes en phase de planification de projet.

  • Mode opératoire :
    1. Visualisation positive : Imaginez le scénario idéal et listez les facteurs de succès.
    2. Visualisation négative : Imaginez le pire scénario et identifiez les facteurs d’échec possibles.
    3. Planification des risques/opportunités : Rassemblez les éléments des deux visualisations pour construire un plan qui tient compte des aspects positifs et des imprévus.
  • Résultats attendus : Vision équilibrée et réaliste des projets, amélioration des capacités de planification, et réduction du biais d’optimisme ou de négativité. Cet exercice permet de contrer des biais comme le biais d’optimisme ou de négativité, et de renforcer une vision plus critique et objective.

Conclusion : Reprenez le Pouvoir sur vos biais cognitifs. Faites du critique un atout !

Avec ces exercices pratiques pour surmonter vos biais cognitifs, vous êtes mieux armé pour aborder les décisions de façon éclairée. Essayez de les intégrer dans votre quotidien pour voir les effets ! 

Ces exercices sont comme des “entraînements” pour notre cerveau : ils visent à affiner notre capacité à reconnaître nos biais et à les piloter. En répétant ces pratiques, nous pouvons, petit à petit, nous détacher de nos réflexes automatiques et prendre des décisions plus justes et plus équilibrées. Comme un muscle, la pensée critique et la prise de recul se renforcent avec l’entraînement, nous permettant de reprendre le contrôle sur nos réactions.

Prendre conscience de nos biais cognitifs est un premier pas, mais les piloter exige de la pratique et de la persévérance. En vous entraînant régulièrement avec ces exercices, vous renforcez votre esprit critique et votre objectivité, vous permettant de prendre des décisions plus éclairées et de mieux comprendre les autres.
Alors, mettez-vous au défi d’intégrer ces pratiques dans votre quotidien professionnel et personnel. Prenez quelques minutes chaque jour pour l’un de ces exercices, et observez l’évolution de votre capacité à penser de manière plus objective. Essayez-le dès aujourd’hui et faites un premier pas vers un cerveau mieux entraîné et une prise de décision plus consciente !

À lire absolument :

Cerveau, biais cognitifs et manipulation : effets explosifs garantis

Cerveau, biais cognitifs et manipulation : effets explosifs garantis

Notre cerveau : un allié...imparfait

Introduction : les biais cognitifs de notre cerveau en font un proie facile des manipulations

Comme je l’ai déjà partagé dans mon article sur l’effet Barnum, notre cerveau aime être flatté et conforté. Une vraie aubaine pour ceux qui savent comment s’y prendre ! Plus qu’un simple “préféré”, être influencé peut même sembler naturel à notre cerveau, tant il est structuré pour rechercher des indices, des validations  et des raccourcis. Voilà pourquoi la manipulation des perceptions et décisions est souvent facilitée par nos biais cognitifs qui exploitent ces failles subtiles de notre esprit.

À partir d’aujourd’hui, il vous faudra toujours vous poser cette question : “Puis-je faire confiance à mon cerveau ?”  Pour la question : “Puis-je faire confiance aux autres ?” Je vous laisse juge 😂 Personnellement, j’ai ma petite idée mais je me soigne 😉

La manipulation, qu’elle soit douce ou insidieuse, tire parti de failles naturelles de notre cerveau et de nos biais cognitifs. Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi certaines informations paraissent plus vraies, juste parce qu’elles sont répétées ? Ou pourquoi nous prêtons facilement attention à certains discours ? La réponse réside souvent dans nos biais et le conditionnement subtil auquel notre cerveau est sensible.

Avec une question bonus : Et si votre cerveau, au-delà d’être influençable, aimait ça ?

Partie 1 : La toute puissance des mots

Les mots que nous recevons au quotidien façonnent notre perception du monde, influençant nos croyances et nos comportements. La manière dont ils sont formulés, répétés et présentés par des figures d’autorité peut orienter nos jugements sans que nous en soyons conscients. Explorons comment ces biais peuvent devenir des outils de manipulation et comment les surmonter.

1.1. Comment ils sont employés ?

Rappelons-nous que l’humain, par nature, préfère réfléchir le moins possible pour économiser son énergie. Cette économie mentale rend notre cerveau particulièrement vulnérable aux biais cognitifs qui facilitent la manipulation des informations. 

Biais de cadrage

  • Définition : Le biais de cadrage signifie que la manière dont une information est présentée change notre perception, même si le contenu reste identique. Le cadrage offre un moyen simple et rapide de traiter de l’information.
  • Exemple : Présenter un risque médical en disant “10 % des patients décèdent” suscite plus de crainte que “90 % des patients survivent”.
  • Astuce : Questionnez les formulations, reformulez l’information différemment pour voir si la perception change, et recherchez des données complètes pour avoir une vue plus globale.

Effet Boomerang

“Certains humains feraient n’importe quoi juste pour voir s’il est possible de le faire. Si vous placiez un gros bouton dans une grotte quelque part avec un panneau “FIN DU MONDE – VEUILLEZ NE PAS TOUCHER”, la peinture n’aurait pas le temps de sécher.” Terry Pratchet

  • Définition : L’effet Boomerang nous pousse à renforcer nos convictions quand une information contraire est perçue comme menaçante ou rigide. Utiliser la technique de la psychologie inversée pour faire agir selon votre souhait les personnes qui présentent un fort esprit de contraction ! 
  • Exemple : Face à des arguments radicaux sur la réduction de viande, certains consommateurs augmentent même leur consommation.
  • Astuce : Adoptez une approche d’ouverture en vous demandant : “Quelles preuves me feraient changer d’avis ?” Cela aide à tempérer le renforcement de vos convictions.

Effet de choix par défaut

  • Définition : Nous avons tendance à accepter les options présélectionnées sans les remettre en question, car elles sont perçues comme les plus pratiques.
  • Exemple : Lors de l’inscription en ligne, laisser la case cochée pour une newsletter par défaut incite de nombreuses personnes à s’abonner sans vraiment le vouloir. C’est d’ailleurs pour ça que des lois sont parfois mises en place pour que la case soit décochée par défaut et non l’inverse.
  • Astuce : Avant de suivre une option par défaut, demandez-vous si vous feriez ce choix s’il n’était pas présélectionné. Cela vous encourage à prendre des décisions plus réfléchies.
BONUS MACHINE À CAFÉ 😂
La théorie Nudge (ceci n’est pas un jeu !)

Nous avons vu fleurir dans les lieux publics ces dernières années des initiatives ludiques – empreintes de pas au sol, marches musicales dans les escaliers ou mouche dans les urinoirs. Et bien, c’est l’application de la théorie du NUDGE.
Incroyable mais vrai ! La mouche dans les urinoirs c’est 80% d’économie sur le ménage des sanitaires de l’aéroport d’Amsterdam ! 

1.2. Combien de fois ils vous sont répétés ?

La mémoire est une machinerie complexe. Il y a un stock de surface et un stock en profondeur 😉 Les techniques de répétition s’appuient directement sur les biais cognitifs de notre cerveau, créant une illusion de vérité et renforçant ainsi le potentiel de manipulation

La vérité illusoire

  • Définition : Ce biais consiste à croire qu’une information est vraie simplement parce qu’elle est souvent répétée. La familiarité peut l’emporter sur la rationalité. 
  • Exemple : Un slogan publicitaire, répété fréquemment, peut finir par être perçu comme vrai, même sans fondement solide. 

“Renforce les défenses immunitaires grâce à notre formule enrichie en vitamines et minéraux.”

C’est aussi le cas de nombreuses idées reçues, comme

  • “On utilise que 10% de notre cerveau” 

Faux ! On utilise toutes les zones de notre cerveau mais chaque zone pour des fonctions différentes ! 

  • “Le rouge énerve les taureaux.”

Faux ! Ils voient en noir et blanc. C’est le mouvement de la cape qui les excite. Si la cape du torero est rouge, c’est pour cacher le sang.

  • Astuce : Diversifiez vos sources d’information et vérifiez les faits. Si une affirmation vous paraît “trop belle pour être vraie”, creusez davantage avant d’y adhérer.

L’effet d’influence continue

  • Définition : L’effet d’influence continue, c’est la tendance à croire une information même si elle a été démontrée comme fausse. 
  • Exemple : Olivier Besancenot, plusieurs fois candidat à la présidence de la république française, se faisait passer pour un facteur. Il était certes facteur mais occupé à 100% sur des activités syndicales et pas sur un vélo. Il a pourtant été filmé, à plusieurs reprises et de campagne en campagne, faisant des tournées. À chaque campagne son marketing, à chaque campagne son mea-culpa et ça recommençait….
  • Astuce : Cherchez la source initiale d’une information. Si elle est difficile à retracer ou provient d’une source douteuse, la crédibilité de l’information est probablement surévaluée.

1.3. Et surtout, … par qui ?

Je l’ai déjà abordé dans l’article “Comprendre les biais inconscients dans le monde du travail”, Stanley Milgram a mis au jour l’importance du donneur d’ordre sur la puissance de la demande à laquelle nous obtempérons. L’influence d’une figure d’autorité utilise à plein les failles de notre cerveau et ses biais cognitifs, facilitant une manipulation parfois inconsciente.

Biais d’autorité

  • Définition : Nous faisons davantage confiance aux informations provenant de figures perçues comme des autorités, même si leur expertise dans le domaine est limitée.
  • Exemple : Une personnalité médiatique sans formation scientifique qui parle de nutrition peut convaincre des foules, car elle est perçue comme fiable. Et votre chef bien sûr ! 😉
  • Astuce : Évaluez l’expertise spécifique de la source en vous demandant : “Cette autorité a-t-elle la légitimité nécessaire pour parler de ce sujet particulier ?”

Mais le biais d’autorité s’étend à la façon dont est habillé votre interlocuteur. Il a été démontré à de nombreuses reprises que vous obéirez plus spontanément à une personne qui porte un uniforme.  Nous en arrivons même à nous soumettre à l’autorité des machines ! J’en vois déjà certains qui s’offusquent 😁 N’avez-vous jamais suivi votre GPS alors qu’il vous semblait évident qu’il vous proposait une option “idiote” ?!

Dans son livre “Intelligence relationnelle et inclusion” que je vous ai résumé dans cet article, Laurent Depond confirmait que la majorité des gens est d’accord avec l’idée que pour maintenir une société fonctionnelle et éviter l’anarchie, un certain degré de choix individuel doit être abandonné à des figures d’autorités. Nous l’avons tous expérimenté pendant la pandémie de 2020. 

1.4. Les effets de groupe et l’influence sociale

Nos décisions et comportements sont également influencés par la présence des autres et la dynamique de groupe. La présence d’un groupe exerce une forte influence sur notre cerveau, car ses biais cognitifs tendent à accepter la majorité. Cette manipulation collective guide souvent nos décisions sans véritable analyse personnelle. Souvent, nous adoptons des comportements sans même en être conscients, que ce soit pour éviter les responsabilités ou pour maintenir l’harmonie. Ces effets de groupe montrent comment notre cerveau, loin d’être indépendant, est réceptif à la pression sociale.

Biais de groupe

  • Définition : Le biais de groupe, ou effet de dilution de responsabilité, se manifeste lorsqu’on se repose sur les autres pour agir, pensant que quelqu’un d’autre prendra la responsabilité.
  • Exemple : Lors d’une urgence, chacun peut attendre qu’un autre passe à l’action, ce qui ralentit la prise de décision.
  • Astuce : Engagez-vous activement en situation de groupe pour éviter cette dilution de responsabilité et encourager les autres à faire de même.

Pensée de groupe

  • Définition : La pensée de groupe pousse les membres à éviter les désaccords pour préserver la cohésion du groupe, ce qui peut nuire à la qualité des décisions.
  • Exemple : Lorsqu’une idée est proposée, les membres peuvent l’accepter sans discuter pour éviter des tensions, même s’ils ont des objections.
  • Astuce : Créez un environnement propice à l’expression des avis divers, en incitant chaque membre à partager des opinions opposées.

Biais de conformité

  • Définition : Ce biais nous pousse à aligner nos opinions ou comportements sur ceux du groupe, souvent pour éviter de se démarquer.
  • Exemple : Lorsqu’une idée est largement approuvée dans une réunion, les autres peuvent acquiescer sans partager leur point de vue réel.
  • Astuce : Exercez votre esprit critique et évaluez les idées indépendamment de la majorité.
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Le biais de futilité de Parkinson

Si dans une réunion budgétaire vous passez plus de temps à parler de la ligne café mais très peu sur votre projet le plus complexe et qui nécessitera le plus gros investissement c’est normal ! Votre organisation est, comme beaucoup d’autres, victime du biais de futilité de Parkinson, ou « loi de la trivialité ». Il est tellement plus simple d’accorder plus d’attention aux détails simples ou moins importants qu’à des sujets complexes ou essentiels. Pourquoi ? parce qu’une majorité de personnes aura un avis sur les sujets simples et qu’une minorité pourra s’exprimer sur les sujets techniques ! 

Effet de faux consensus

  • Définition : Ce biais nous fait croire que nos opinions sont partagées par la majorité, ce qui nous pousse à les renforcer.
  • Exemple : Une personne convaincue que “tout le monde pense pareil” est souvent surprise par des avis différents dans un groupe plus large.
  • Astuce : Variez vos interactions et soyez ouvert aux perspectives différentes pour éviter cet effet de consensus erroné.

Ces biais de groupe influencent nos choix en nous poussant vers des décisions collectives sans réelle évaluation individuelle. En prenant conscience de ces mécanismes, vous pouvez renforcer votre capacité de jugement en restant vigilant face à l’influence sociale.

Partie 2 : Le conditionnement par les biais

Nos biais cognitifs ne façonnent pas seulement notre perception de la réalité, ils conditionnent également nos réactions et interprétations de manière quasi-automatique. Cette activation peut être exploitée, pour le meilleur comme pour le pire. D’un côté, nos biais peuvent fausser notre jugement et nous pousser vers des erreurs d’interprétation. De l’autre, certains biais peuvent être des leviers puissants qui, bien utilisés, nous aident à nous dépasser et à tirer le meilleur de nous-mêmes. Explorons ensemble ce double potentiel.

2.1. Pour le pire

Biais de croyance

  • Définition : Ce biais consiste à privilégier les informations qui confirment nos croyances et à ignorer celles qui les contredisent.
  • Exemple : Une personne croyant fermement en une théorie va filtrer les données pour ne retenir que celles qui la renforcent.
  • Astuce : Exercez votre esprit critique en recherchant des informations contradictoires et posez-vous la question : “Qu’est-ce qui pourrait prouver que j’ai tort ?”

Biais de l’expérimentateur

  • Définition : Le biais de l’expérimentateur survient lorsqu’un chercheur ou expérimentateur influence involontairement les résultats d’une étude ou interprète les données en fonction de ses attentes. Cela peut fausser les conclusions en orientant subtilement l’expérience ou la collecte de données.
  • Exemple : Dans une étude sur l’efficacité d’un médicament, un expérimentateur qui croit fortement en son efficacité pourrait inconsciemment encourager certains comportements chez les participants, modifiant ainsi les résultats.
  • Astuce : Adopter des méthodes d’objectivation rigoureuses, comme le double aveugle, pour réduire l’influence des attentes de l’expérimentateur.

Biais de disponibilité et Fake News

  • Définition : Ce biais nous pousse à juger la fréquence ou la probabilité d’un événement en fonction de la facilité avec laquelle nous nous en souvenons. Les biais cognitifs influencent notre cerveau en le rendant plus réceptif à la désinformation. Cette manipulation subtile par les fake news et les informations alarmantes affecte nos croyances et décisions
  • Exemple : Puisque les attaques de requins sont plus médiatisées que les attaques de chiens, les requins sont devenus dans l’imaginaire collectif nos plus redoutables prédateurs.  

Les fake news sur des sujets alarmants semblent crédibles et marquent davantage notre mémoire, influençant notre jugement.

  • Astuce : (Je sais je l’ai déjà écrite plus haut mais celle-là est importante 😀) Rappelez-vous que la visibilité d’une information ne prouve pas sa véracité. Diversifiez vos sources d’information pour éviter les pièges de la désinformation.

2.2. Pour le meilleur

Utilisés de façon positive, les biais cognitifs de notre cerveau peuvent devenir des outils pour renforcer notre confiance et développer notre potentiel, prouvant que la manipulation mentale n’est pas toujours négative.

Effet Pygmalion

  • Définition : Les attentes que l’on a vis-à-vis de quelqu’un influencent ses performances, de manière positive ou négative.
  • Exemple : Un enseignant qui croit en les capacités d’un élève peut encourager celui-ci à exceller.
  • Astuce : Adoptez des attentes positives vis-à-vis de vous-même et des autres ; cela peut influencer favorablement les résultats.

Biais d’attention

  • Définition : Ce biais nous amène à porter attention aux éléments qui correspondent à nos intérêts, souvent au détriment des autres informations.
  • Exemple : si notre esprit est concentré sur une consigne, il peut passer à côté d’un fait pourtant majeur. Des cobayes devant compter le nombre de passe entre basketteurs n’ont pas vu un clown passé dans le champ de la caméra.
  • Astuce : Nous pouvons donc utiliser ce biais à notre avantage : pensez positif et vous ne verrez plus que le positif !
BONUS MACHINE À CAFÉ 😂 
L’effet Benjamin Franklin

Imaginez un collègue avec qui les relations sont froides. Et si vous lui demandiez un petit service ? L’effet Benjamin Franklin montre que cela pourrait renforcer votre lien ! Étonnamment, nous avons tendance à mieux apprécier une personne après lui avoir rendu un service. Pourquoi ? Parce que notre cerveau cherche à justifier nos actes : « si j’ai aidé cette personne, elle doit finalement me plaire ». En demandant un petit coup de main, vous pourriez voir des relations s’améliorer subtilement.

Pour conclure, nos biais cognitifs peuvent être des moteurs ou des freins selon la manière dont ils sont activés. D’un côté, ils renforcent certaines croyances et nous poussent parfois à mal interpréter la réalité. De l’autre, ils peuvent nous aider à développer notre potentiel. Prendre conscience de ce double rôle est essentiel pour les gérer avec discernement et maximiser leur impact positif au quotidien.

Conclusion : De la manipulation à la maîtrise de soi

Notre cerveau, loin d’être une forteresse de rationalité, est en réalité friand d’influences et de manipulations. Il peut être influencé subtilement à chaque instant, pour le meilleur comme pour le pire. 

Tout au long de cet article, nous avons exploré comment les mots, les influences et nos biais peuvent subtilement orienter nos choix et perceptions. Nos biais cognitifs, parfois des freins, peuvent devenir des moteurs d’amélioration si nous apprenons à les repérer. En appliquant les astuces partagées ici, vous disposez d’outils pour détecter ces influences dans votre quotidien.

Challenge final : Essayez de repérer un biais aujourd’hui, que ce soit au travail, dans vos lectures ou interactions. Qui sait ? Vous pourriez découvrir combien votre cerveau aime être manipulé ! 😉 J’attends vos résultats en commentaire ! 

Notre cerveau est fainéant… mais c’est pour notre bien !

Notre cerveau est fainéant… mais c’est pour notre bien !

Introduction : Un cerveau en mode économie d’énergie – nos biais cognitifs font de lui un fainéant.

Notre cerveau ne cherche qu'à économiser de l'énergie

Je vous le partageais dans mon article “Les biais cognitifs, ou comment notre cerveau joue d’abord pour lui” : les études prouvent que le cerveau humain est conçu pour la survie.

Pour fonctionner efficacement, il minimise l’effort. L’usage qu’il fait des biais cognitifs vise d’abord à éviter la surcharge cognitive. Ces biais nous permettent de prendre des décisions rapidement, mais souvent de manière imparfaite. Ce système économique en énergie rend notre cerveau « fainéant ». Il préfère les solutions simples plutôt que de traiter en profondeur chaque situation. C’est pourquoi nous devons être conscients de ces biais pour ne pas tomber dans leurs pièges au quotidien.

Dans son ouvrage : Notre cerveau nous mène en bateau, Chris Pavone recense les 190 biais cognitifs auxquels on ne peut échapper. Je me permets de rassembler sous trois catégories, les raccourcis mentaux utilisés par notre cerveau pour simplifier son travail de mémoire.

Partie 1 : les biais liés à notre “auto-centrisme”

Biais autocentré et égocentrique de notre cerveau

je ne sais pas si comme moi vous avez connu la collection : Les livres dont vous êtes le héros 😉 Je viens peut-être seulement de comprendre pourquoi ce titre de collection me faisait autant d’effet. 

Pour notre cerveau, il y aura toujours une grande différence entre vous, son héros, et les autres ! Et, si vous pensez que cela joue majoritairement contre vous, dans une lutte sans fin de comparaison, détrompez-vous. C’est même souvent le contraire. Je vous en dis plus !

1. Le biais égocentrique :

Nous avons tendance à surestimer notre importance dans les événements. Par exemple, lorsque quelque chose se passe mal, nous pensons souvent que c’est de notre faute, même lorsque d’autres facteurs entrent en jeu. Ce biais nous pousse à nous voir comme le centre de l’univers et à ignorer le rôle des autres ou des circonstances.

En fait, c’est bien un moyen qu’à trouver notre cerveau pour simplifier son travail de mémoire. Stocker des données de façon égocentrique, c’est se donner plus de place dans une histoire. Au fond, c’est une organisation “rationnelle” que notre cerveau utilise pour cataloguer nos souvenirs. Et notre cerveau va plus loin. Il va jusqu’à nous convaincre que nous savons ce que pense les autres – biais de faux consensus et bais de projection. “Nous” sommes dans le vrai et rationnels, “eux” sont victimes de leur environnement.

2. L’illusion de transparence :

Nous pensons souvent que nos pensées et émotions sont évidentes pour les autres. Pourtant, en réalité, ils sont bien moins conscients de ce que nous ressentons que nous ne le croyons. Cette illusion peut entraîner des malentendus, car nous présumons que nos émotions sont visibles et comprises.

Un exemple idiot mais tellement parlant pour comprendre ce biais. Vous devez faire deviner une chanson en la fredonnant. Quelle frustration lorsque personne ne reconnaît la mélodie pourtant si simple que vous entendez à l’intérieur de vous. Vous ne comprenez pas pourquoi personne ne le retrouve ! 

Breaking news : vous êtes seul(e) à l’intérieur de votre tête ! 😁

Vous êtes donc seule à savoir à quoi vous pensez, ce que vous ressentez et ce qu’une situation vous fait ressentir. Le seul moyen de briser cette chaîne : parler ! 

3. L’effet acteur / observateur :

Nous avons tendance à attribuer nos propres comportements à des circonstances extérieures (« j’étais stressé »), tandis que nous expliquons les actions des autres par des traits de personnalité (« il est simplement paresseux »). Cela reflète notre biais à nous excuser nous-mêmes tout en jugeant les autres plus sévèrement.

Pas très éloigné du biais égocentrique mais tellement symptomatique. Mon exemple préféré tant je m’y suis retrouvée. Vous tombez dans la rue ! Au-delà de ce sentiment de honte et de l’impression que tout le monde vous a vu et à profiter d’un spectacle gratuit 😂 Si vous êtes tombé, c’est bien de la faute du trottoir qui glissait ou du fait que vous étiez pressé. Si vous observez quelqu’un tomber. D’abord, pas sûr que ça vous fasse rire… Mais aussi, dans votre tête, c’est “sûrement” quelqu’un de maladroit

4. L’erreur fondamentale d’attribution

Dans le même esprit, nous avons tendance à ignorer les facteurs contextuels dans les actions des autres et à surestimer les traits de caractère. Nous blâmons facilement les autres pour leurs échecs, mais minimisons l’impact de leur environnement ou de la situation dans laquelle ils se trouvent.

Notre cerveau est par nature plus complaisant avec nous-même qu’avec l’autre. 

Piste d’amélioration #1 : Il faut apprendre à se détacher de son histoire individuelle et à observer les situations en y intégrant un ensemble plus large de preuves. Ne plus croire tout ce qu’on pense naturellement. 

Partie 2 : Notre mémoire exploite nos émotions

Gestion des émotions par notre cerveau - biais cognitifs

Aux impacts moins “négatifs” mais tout aussi réels, notre cerveau est très perméable à nos émotions. Il les utilise aussi pour simplifier son travail. 

Notre cerveau exploite nos émotions pour choisir quelles informations mémoriser en se basant sur leur intensité émotionnelle. Les événements qui génèrent des émotions fortes, positives ou négatives, sont plus susceptibles d’être mémorisés que les événements neutres. Des études ont prouvé que ce phénomène est lié à l’activation de l’amygdale, une région du cerveau impliquée dans le traitement des émotions, qui renforce la consolidation des souvenirs en fonction de leur charge émotionnelle. De plus, des expériences émotionnellement marquantes sont souvent associées à une meilleure rétention en raison de la règle du PIC/FIN, qui privilégie les moments d’intensité et la conclusion d’une expérience.

1. La règle PIC / FIN :

Nous ne retenons pas toute une expérience de manière égale. Nous nous souvenons principalement des moments forts (pic émotionnel) et de la fin de l’expérience. Cela explique pourquoi certaines expériences médiocres avec une bonne fin sont mieux perçues rétrospectivement que celles globalement positives avec une fin décevante.

Une grosse journée de pluie le dernier jour des vacances et c’est l’impression qui pourra l’emporter malgré les 14 autres jours 🙁 

Dorénavant, en organisant, un événement pensez toujours à organiser un moment de Pic et à faire de la fin un moment privilégié si vous voulez marquer les esprits de vos convives à tout jamais 😇

2. Le biais mnésique congruent à l’humeur :

Aussi puissant que le sentiment vécu au moment de l’événement, votre cerveau utilise aussi votre état d’esprit au moment où vous vous remémorez quelque chose. 

Si nous sommes tristes, nous avons tendance à nous souvenir d’événements passés tristes. Notre mémoire n’est donc pas objective, mais fortement liée à l’émotion ressentie au moment de la remémoration.

Nous sommes des créatures profondément émotionnelles. Pour retrouver un souvenir, notre cerveau le code en l’associant à une émotion. Plus l’émotion est forte, plus le souvenir sera vivace. 

3. L’écart d’empathie chaud / froid :

Ce biais illustre la difficulté que nous avons à maîtriser les impacts de facteurs physiques sur nos réactions émotionnelles. La faim et la soif sont les deux principales causes de fluctuation d’humeur dans la journée

Lorsqu’on est en colère, il est difficile de se rappeler à quoi ressemble le calme, et inversement. Notre capacité à prévoir nos émotions dans d’autres contextes (froid vs chaud) est souvent faussée. Notre capacité à nous mettre à la place des autres dans ce contexte est, elle aussi, très altérée. 

Des études ont montré que c’étaient rarement les personnes qui avaient vécu des difficultés comparables qui étaient le plus empathiques. Une personne qui s’est sortie d’une situation difficile aura spontanément cherché à “oublier”. Elle jugera plus durement les personnes qui sont dans la même situation. Considérant que, si elle a réussi à s’en sortir, les autres le pourrait également. C’est souvent le cas des anciens fumeurs par exemple. 

Piste d’amélioration #2 : Prenez l’habitude de vous poser la question de votre réaction. Si vous le pouvez, ne réagissez pas à chaud et ne jugez pas la situation par le prisme de vos émotions. 

Partie 3 : Gestion de la temporalité

1. Effet de récence

Vu déjà dans “Votre cerveau ne sait pas compter”, l’effet de récence désigne notre tendance à mieux mémoriser les dernières informations d’une séquence. Ce sont les plus fraîches dans notre esprit. 

Lorsqu’une expérience ou une liste d’événements se termine, les éléments récents sont encore en mémoire à court terme, ce qui leur permet d’être facilement accessibles et mieux mémorisés que ceux du milieu. Dans des situations comme une réunion ou une présentation, cet effet peut influencer la manière dont les informations finales sont perçues et retenues, souvent au détriment des premières informations.

2. Effet de télescopage :

Gestion du temps par notre cerveau

Nous avons tendance à confondre la temporalité des événements. Nous croyons parfois que des événements lointains se sont produits plus récemment ou, inversement, que des événements récents sont plus éloignés dans le temps. Cela est dû à la manière dont notre mémoire code le temps. Cela est dû aussi à la manière dont notre mémoire est sollicitée ou exposée à des informations. 

Les médias contribuent pour beaucoup à cette fabrication télescopée de nos souvenirs. Saurez-vous dire si Mère Teresa est morte avant ou après Lady Diana ?… Si je vous dis que Mère Teresa est morte une semaine après Lady Diana… La nouvelle de sa mort est passée tellement inaperçue malheureusement que nous ne sommes pas capables de la positionner dans le temps alors que nous savons plus, plus ou moins, ce que nous faisions le 31 août 1997.

3. Biais rétrospectif :

Finalement, notre cerveau a vite fait d’oublier qu’il connaissait la réponse avant de se faire un avis. C’est l’effet : “Je le savais”. Une distorsion des souvenirs de ce que l’on savait ou croyait savoir avant qu’un événement ne se produise.

Après qu’un événement se soit produit, nous avons tendance à croire qu’il était prévisible. Ce biais nous fait penser qu’avec le recul, nous « savions » que quelque chose allait arriver, ce qui fausse notre évaluation de nos capacités à prévoir les événements.

Nous sommes tous sujets à l’effet de fausse mémoire autobiographique. À force de nous raconter des anecdotes sur notre enfance, nos parents nous ont permis de reconstruire dans notre tête des souvenirs. Mais, la caractéristique de l’immense majorité des enfants c’est qu’ils ne naissent pas égocentriques 😂 et c’est ce qui fait que nous n’avons que très peu de “vrais” souvenirs de notre petite enfance 😉

Piste d’amélioration #3 : Remettez en cause vos impressions de “je le savais” ou vos souvenirs flous concernant la temporalité des événements. Revenez sur des faits objectifs. Se fier à des sources externes peut vous aider à vérifier ce que vous saviez vraiment et quand

Conclusion : Reconnaître un cerveau “fainéant” pour mieux s’en servir

En prenant conscience de ces différents biais, nous pouvons mieux comprendre les mécanismes par lesquels notre cerveau simplifie la réalité. Cela nous permet de reprendre le contrôle sur nos décisions, nos jugements et nos souvenirs. L’objectif n’est pas de lutter contre tous ces biais, mais de les connaître pour mieux naviguer dans notre quotidien et éviter de tomber dans leurs pièges, souvent invisibles mais influents.

Notre cerveau, en quête perpétuelle d’efficacité, nous conduit à adopter des raccourcis qui simplifient la complexité du monde, mais qui peuvent aussi fausser nos perceptions et nos décisions. En comprenant mieux ces biais cognitifs, liés à l’auto-centrisme, aux émotions et à la temporalité, nous sommes mieux armés pour ne pas tomber dans leurs pièges. Cela demande un effort de conscience, mais c’est une clé essentielle pour améliorer nos interactions, nos choix et, en fin de compte, notre qualité de vie.

Prenez le temps d’identifier vos propres biais. Comment influencent-ils vos décisions quotidiennes ? Quels biais avez-vous le plus remarqué dans votre propre expérience ? Testez-vous, remettez en question vos premières impressions et partagez vos réflexions avec moi dans les commentaires ou sur les réseaux sociaux pour continuer la conversation ! 🙂

Pourquoi votre cerveau ne sait pas compter ?

Pourquoi votre cerveau ne sait pas compter ?

Introduction : notre cerveau « buggé » par ses biais cognitifs ne sait pas gérer les probabilités

Notre cerveau nous trompe par manque de capacité

Nous pensons souvent que notre cerveau est une machine bien huilée. Il peut analyser des données complexes et de prendre des décisions éclairées. Pourtant, lorsque nous nous retrouvons confrontés à des situations qui impliquent des chiffres notre cerveau montre rapidement ses limites. Nos biais cognitifs embarqués rendent les probabilités peu lisibles pour notre cerveau. Que ce soit pour évaluer les chances de gagner à la loterie ou prendre une décision d’investissement, nous sommes sujets à des erreurs récurrentes.

Ces erreurs ne sont pas seulement le fruit d’une mauvaise compréhension des chiffres. Elles sont profondément ancrées dans la manière dont notre cerveau est câblé. Conçu pour survivre dans des environnements simples, il est mal adapté à la complexité des probabilités. C’est ainsi que des biais cognitifs s’immiscent dans nos jugements et nous poussent à faire des erreurs de calcul.

Il est important de comprendre que c’est un phénomène en deux temps auquel nous devons faire face :

  1. Notre cerveau ne sait pas “vraiment” compter
  2. mais, en plus, il cherche constamment des axes de rationalisation quitte à nous tromper malgré nous. 

Dans cet article, je vous propose d’explorer plusieurs de ces biais. Ils illustrent à quel point notre cerveau « ne sait pas compter ». Comprenez ces mécanismes. Vous serez mieux armés pour identifier les pièges que ces biais tendent dans vos prises de décisions, personnelles ou professionnelles.

Partie 1. Les biais d’analyse des probabilités

1. Le biais d’évaluation des probabilités

Biais d'évaluation des probabilités

Notre cerveau, contrôlé par ses biais cognitifs, ne sait pas bien évaluer les probabilités des événements. C’est encore plus vrai pour ceux qui déclenchent des émotions fortes comme les accidents ou les événements rares. Ce biais est renforcé par les médias et notre perception intuitive des risques.

1.1. Le meilleur exemple : la probabilité d’un accident d’avion

La probabilité d’être impliqué dans un accident mortel en avion est d’environ 1 sur 12 millions de vols. Cependant, de nombreuses personnes surestiment ce risque. Cela s’explique en partie par la couverture médiatique disproportionnée des accidents d’avion. Celle-ci renforce l’impression que ces événements sont plus fréquents qu’ils ne le sont réellement.

Cette distorsion est un exemple classique de biais d’évaluation des probabilités, où l’émotion prend le pas sur la rationalité.

1.2. La loi de Weber-Fechner et la perception des risques

Notre difficulté à estimer correctement les risques est aussi due à la loi de Weber-Fechner. Celle-ci décrit comment la perception humaine des variations d’intensité n’est pas linéaire. Nous ne percevons pas une augmentation de probabilité de manière proportionnelle.

Par exemple, si vous augmentez le risque de 1 sur 10 à 1 sur 5, cela semble énorme pour notre cerveau. Mais si on passe de 1 sur 10 millions à 1 sur 5 millions, bien que la différence soit proportionnellement identique, notre cerveau ne perçoit pas une telle augmentation comme étant aussi significative. Cette loi psychophysique explique pourquoi nous avons tendance à sous-estimer des événements très improbables (comme une panne d’avion) tout en surestimant des risques émotionnellement marquants (comme les accidents d’avion après un crash médiatisé).

1.3. Biais connexes : Effet d’ancrage et probabilité conditionnelle

L’effet d’ancrage influence également nos jugements probabilistes. Si nous sommes exposés à un premier chiffre erroné, cela influence nos futures estimations. Par exemple, si on vous dit d’abord que le risque d’un crash aérien est de 1 sur 1 000 (ce qui est incorrect), votre évaluation future sera biaisée même après avoir reçu les vraies statistiques.

Nous avons aussi des difficultés à comprendre les probabilités conditionnelles. Par exemple, imaginons un test pour une maladie qui touche 1 % de la population, avec une précision de 90 %. Si le test est positif, la plupart des gens pensent qu’ils ont 90 % de chances d’être malades. La probabilité réelle est bien plus faible car il faut combiner la rareté de la maladie avec la fiabilité du test.

2. La négligence de la taille de l’échantillon

Nous avons tendance à tirer des conclusions hâtives à partir de petits échantillons. Il faudrait pourtant tenir compte de l’importance de la taille « nécessaire » pour obtenir des résultats statistiquement fiables. Ce biais se produit lorsque nous extrapolons des résultats d’un petit groupe à une population plus large. Il conduit à des erreurs de jugement significatives.

Biais de la taille de l'échantillon

2.1. Un exemple significatif : Interpréter les résultats de petites études

Prenons un exemple dans le domaine de la santé publique. Imaginons qu’une petite étude de 30 patients montre qu’un nouveau médicament semble avoir un effet positif. Les médias et le public pourraient sauter à la conclusion que le médicament est efficace. En réalité, un échantillon aussi réduit ne permet pas de tirer des conclusions solides. 

La fiabilité des résultats dépend de la taille de l’échantillon. Une petite taille accroît le risque que les résultats soient dus à la chance plutôt qu’à une véritable corrélation.

De manière similaire, les performances d’une équipe de football sur trois matchs ne suffisent pas à prédire leur performance sur une saison complète. Ce biais est particulièrement dangereux lorsqu’il est appliqué dans des contextes professionnels où des décisions importantes sont prises sur la base de peu de données.

2.2. Les principaux biais connexes à la négligence de la taille de l’échantillon :

  • Le biais de conjonction est l’idée fausse selon laquelle la combinaison de deux événements est plus probable que l’un des deux événements pris séparément. Un exemple classique est de penser qu’une personne est plus susceptible d’être une « banquière féministe » qu’une « banquière ». Or, statistiquement, la probabilité d’un seul événement est toujours plus élevée que celle de la combinaison des deux.
  • L’erreur de la main chaude, souvent observée dans le sport, est la croyance que si une personne réussit plusieurs fois de suite, elle a plus de chances de continuer à réussir. Par exemple, si un joueur de basket marque plusieurs paniers d’affilée, on croit souvent qu’il a plus de chances de réussir son prochain tir, alors que statistiquement, chaque tir est un événement indépendant. Des études ont montré que cette perception est fausse et que les séries sont souvent dues au hasard.
  • L’erreur du parieur (ou illusion des séries) est une autre manifestation du biais de négligence de la taille de l’échantillon. Ce biais se produit lorsque nous croyons que des événements indépendants influencent les résultats futurs. Par exemple, après plusieurs pertes successives au casino, un joueur pourrait croire qu’il est « dû pour gagner », alors qu’en réalité, chaque tour de roulette est indépendant et la probabilité de gagner reste la même à chaque tour.

2.3. Impact du biais de négligence de l’échantillon sur la prise de décision

Dans un cadre professionnel, ce biais peut se manifester de plusieurs façons. Par exemple, une entreprise pourrait décider d’investir dans une stratégie basée sur quelques succès anecdotiques, sans prendre en compte un échantillon plus large et représentatif. Cela peut conduire à des décisions fondées sur des données insuffisantes et à des investissements mal orientés.

Il est essentiel de comprendre que les petits échantillons sont intrinsèquement plus sujets aux variations dues au hasard. En d’autres termes, les petites séries peuvent donner l’impression de tendances significatives alors qu’il ne s’agit que de bruit statistique.

Ces biais montrent combien il est difficile pour notre cerveau de traiter des échantillons de petite taille de manière correcte. D’autant plus lorsque des événements aléatoires ou indépendants entrent en jeu. Une meilleure compréhension de ces phénomènes peut nous aider à éviter les erreurs de jugement dans nos décisions.

Partie 2 : L’impact des biais dans la construction de fausses probabilité 

Pousser par un besoin irrépressible d’aller vite et d’économiser de l’énergie, notre cerveau ne sert souvent que ces intérêts. Pour cela il peut nous imposer des conclusions simplistes et trompeuses. 

1. Illustration de biais “probabilistes”

On recense un certain nombre de biais qui visent à donner à notre cerveau un sentiment de sécurité. Il lui propose des raccourcis mentaux qui lui permettent de ne pas “trop” se poser de question. Dans ces cas, le cerveau cherche à établir une probabilité sans prendre en considération l’ensemble. Je me permets d’appeler ces biais cognitifs « probabilistes » par extension de leur conséquence.

1.1. Le biais du survivant

survivant

Le biais du survivant est un biais cognitif qui consiste à se concentrer uniquement sur les exemples qui ont « survécu » à un processus quelconque. On néglige les autres cas : disparus ou échoués. Cela entraîne une distorsion dans la compréhension des probabilités de succès. Seules les réussites sont prises en compte, alors que les échecs, souvent plus nombreux, sont ignorés.

Exemple : Les startups et le mythe du succès

Prenons l’exemple des startups technologiques. Il est facile de penser que les entreprises qui réussissent, comme Google ou Facebook, sont des modèles que tout le monde peut suivre. Ce que nous oublions souvent, c’est que pour chaque startup qui atteint un succès phénoménal, des milliers d’autres échouent. Se concentrer uniquement sur les startups qui ont « survécu » fausse notre vision de la réalité. Cela nous conduit à surestimer les chances de succès. Ce biais se manifeste souvent lorsque les histoires de réussite sont sur-représentées dans les médias, tandis que les échecs passent sous silence.

Impact du biais du survivant

Le biais du survivant est particulièrement dangereux dans les décisions d’investissement, en stratégie d’entreprise ou en évaluation de performance. Par exemple, se concentrer uniquement sur les employés « survivants » peut conduire à des erreurs dans la gestion des talents. Si les entreprises sous-estiment les facteurs qui mènent à l’échec ou à la démission de certains employés, elles ne progresseront pas.

1.2. L’effet Baader-Meinhof (ou biais de fréquence)

L’effet Baader-Meinhof, également appelé illusion de fréquence, est un biais cognitif qui se manifeste lorsqu’un nouvel élément (idée, mot, concept) que vous venez de découvrir semble soudain apparaître partout autour de vous. Cette illusion résulte d’un mécanisme de sélection cognitive. Votre cerveau accorde plus d’attention à cet élément simplement parce que vous venez de le rencontrer.

Exemple : L’achat d’une nouvelle voiture

Un exemple classique de cet effet est lorsque vous achetez une nouvelle voiture. Immédiatement après l’achat, vous remarquez soudainement le même modèle de voiture partout sur la route. Bien sûr, ces voitures étaient déjà présentes avant. Mais, maintenant que vous y prêtez attention, elles semblent avoir « surgi » de nulle part. Cet effet repose sur la tendance de notre cerveau à repérer des schémas ou des répétitions, même lorsqu’ils ne sont que des coïncidences.

Impact de l’effet Baader-Meinhof

Cet effet peut influencer la prise de décision dans de nombreux domaines, notamment en marketing, en politique ou dans la vie professionnelle. Par exemple, lorsqu’une entreprise introduit une nouvelle marque ou un nouveau produit, les consommateurs qui en entendent parler pour la première fois peuvent avoir l’impression que ce produit est soudainement omniprésent, influençant ainsi leur perception de son succès ou de sa popularité. En politique, un candidat ou un sujet peut sembler dominer les médias après avoir attiré votre attention une première fois, créant une impression biaisée de son importance.

1.3. Le biais régressif (ou biais de régression vers la moyenne)

Le biais régressif ou biais de régression vers la moyenne est un phénomène statistique qui se produit lorsque des événements extrêmes (très positifs ou très négatifs) sont naturellement suivis par des événements plus proches de la moyenne, même si aucune autre variable n’a changé. Cependant, notre cerveau tend à attribuer ces variations naturelles à des facteurs extérieurs ou à nos propres actions, plutôt qu’à la simple fluctuation statistique.

Exemple : Performances sportives et fluctuations naturelles

Un exemple classique du biais régressif se produit dans le domaine du sport. Imaginons un joueur de football qui a marqué de façon exceptionnelle durant plusieurs matchs d’affilée, dépassant largement sa performance habituelle. Les supporters, les analystes ou même le joueur peuvent attribuer cette série de succès à des changements dans son entraînement ou dans sa stratégie. Toutefois, il est fort probable que ces performances exceptionnelles soient suivies par une série de matchs plus proches de sa moyenne habituelle. Cette régression vers la moyenne est un phénomène naturel dans tout système soumis à des variations aléatoires.

Le biais régressif pousse les observateurs à expliquer cette « chute » de performance par des facteurs comme la fatigue, le stress ou une baisse de motivation, alors qu’il s’agit simplement d’un retour vers la normale.

Impact du biais régressif

Ce biais est particulièrement dangereux dans les évaluations de performance, en gestion de crise ou en investissement. Par exemple, dans le monde des affaires, une entreprise qui connaît un succès exceptionnel peut s’attendre à une baisse de régime dans les périodes suivantes. Toutefois, les dirigeants peuvent attribuer ce ralentissement à des erreurs stratégiques, plutôt qu’à la simple régression vers la moyenne.

De même, dans le domaine médical, un traitement qui semble avoir des résultats spectaculaires pour un patient très malade peut être perçu comme un remède miracle, alors qu’il est simplement suivi d’une amélioration naturelle due à la régression vers la moyenne.

2. Les biais servis par les biais “probabilistes” :

Chacun des phénomènes ci-dessus peut être expliqués pour tout ou pour partie par notre besoin de traiter le plus vite et le mieux possible un maximum d’informations. Nos principaux biais sont les gardiens du temps. 

2.1. Le biais de confirmation

Ce biais pousse les individus à rechercher, interpréter et se souvenir des informations qui confirment leurs croyances préexistantes. Par exemple, une entreprise pourrait interpréter des événements récents comme un signe de réussite imminente simplement parce que cela correspond à ses attentes, en ignorant les signaux d’échec potentiels.

2.2. L’effet de récence 

Notre cerveau accorde plus de poids aux informations récentes, ce qui fait que nous remarquons plus facilement un concept que nous venons de rencontrer. C’est plus simple pour lui. C’est pourquoi, par exemple, un fait appris récemment semble réapparaître souvent, alors qu’il s’agit simplement de notre capacité à mieux nous souvenir des événements récents.

2.3. L’heuristique de disponibilité 

Il se réfère à notre tendance à estimer la probabilité d’un événement en fonction de la facilité avec laquelle des exemples nous viennent à l’esprit. Dans le contexte de l’effet Baader-Meinhof, le fait que nous venions de rencontrer un mot ou un concept rend cet exemple facilement disponible en mémoire, nous donnant l’illusion qu’il est plus commun qu’il ne l’est réellement.

2.4. L’illusion de contrôle 

Ce biais est nécessaire à notre besoin de sécurité. Il se produit lorsque les individus surestiment leur capacité à influencer des événements aléatoires ou des fluctuations naturelles. Par exemple, dans un contexte professionnel, un manager pourrait penser que ses décisions ont directement causé l’amélioration ou la baisse des performances d’une équipe, alors que celles-ci résultent en réalité de variations normales autour de la moyenne.

Conclusion : Reprendre le contrôle de vos décisions

Comprendre et maitriser son cerveau

Nous venons de voir comment notre cerveau, bien qu’extraordinaire, n’est pas toujours le meilleur allié lorsqu’il s’agit de comprendre et manipuler les chiffres. Entre la difficulté d’évaluer les probabilités, l’oubli de la taille de l’échantillon, ou encore la tendance à ne voir que les succès, nous tombons dans de nombreux pièges cognitifs qui influencent nos décisions au quotidien.

Mais comprendre ces biais, c’est déjà commencer à les maîtriser. En étant conscient de la manière dont notre cerveau fonctionne, nous pouvons prendre du recul et réagir de façon plus rationnelle dans nos choix personnels et professionnels.

Je vous invite maintenant à appliquer ce que vous venez de découvrir ! La prochaine fois que vous prenez une décision importante – que ce soit au travail, dans vos finances ou même dans votre vie quotidienne – posez-vous ces questions :

  • Est-ce que je suis influencé par un biais de probabilité ?
  • Ai-je pris en compte suffisamment de données ?
  • Suis-je seulement concentré sur les « survivants » ?

Apprenez à maîtriser les mécanismes de votre cerveau pour ne plus subir ses erreurs, et devenez maître de vos décisions dès aujourd’hui !

J’attends vos commentaires avec impatience pour savoir si cet article vous a aidé. 

En savoir plus :

  • Daniel Kahneman, Thinking, Fast and Slow (2011)
  • Amos Tversky – Daniel Kahneman, Judgment under Uncertainty: Heuristics and Biases, 1974
  • The Statistical Research Group Report, 1943
  • The Discovery of the Baader-Meinhof Phenomenon, 1994
  • Langer, E. J. (1975). The Illusion of Control
Notre cerveau : simple à comprendre, difficile à maîtriser

Notre cerveau : simple à comprendre, difficile à maîtriser

Introduction : Nous sommes nos propres saboteurs ! 

Avez-vous déjà eu l’impression de prendre une décision rationnelle, pour ensuite réaliser qu’elle était influencée par une émotion ou un facteur irrationnel ? 

Notre cerveau : un allié...imparfait

Dans notre vie quotidienne comme dans notre carrière, nos choix sont rarement aussi logiques que nous le pensons. Ils sont souvent façonnés par des biais cognitifs. Ces raccourcis mentaux nous font économiser de l’énergie, mais nous trompent également. Comprendre et maîtriser les biais cognitifs de notre cerveau est la clé.

 Je démarre une série d’articles pour révéler la grande variété de ces pièges mentaux. Mon objectif : vous en rendre conscients et vous donner des outils pour les déjouer. Qui que vous soyez comprendre ces mécanismes est essentiel pour éviter de vous saboter vous-même.

Recentrons le débat. Je le présentais déjà dans le résumé du livre : Intelligence Relationnelle et Inclusion. Notre cerveau, ce super-ordinateur biologique, est souvent présenté comme un modèle d’efficacité. Pourtant, il se retrouve fréquemment victime de ses propres raccourcis mentaux. Pourquoi, malgré notre intelligence, faisons-nous des choix qui semblent parfois irrationnels ? La réponse réside dans nos biais cognitifs : ces distorsions mentales qui affectent nos jugements et décisions à notre insu.

Les biais cognitifs ne sont pas un accident, ils sont le produit de l’évolution. À travers cette série, nous explorerons comment notre cerveau est notre pire ennemi quand il s’agit de maîtriser nos décisions. Comprendre ces biais, c’est avancer vers une meilleure maîtrise de soi et de son environnement. Cela s’applique au travail ou dans notre vie personnelle.

Partie 1 : Pourquoi est-ce important de comprendre comment nous fabriquons nos décisions ? 

Pourquoi consacrer du temps à comprendre comment fonctionne votre cerveau ? Tout simplement parce que ces biais cognitifs affectent votre quotidien plus que vous ne le pensez. Les maîtriser est clés. Ils influencent vos décisions professionnelles – en tant que manager, employé, ou entrepreneur – ainsi que vos relations interpersonnelles. Nous croyons tous être rationnels, mais souvent, nous sommes simplement des automates, pilotés par des raccourcis mentaux invisibles. Il est temps de reprendre le contrôle.

Depuis des siècles, l’humanité a progressé grâce à la science, la technologie et l’accès à des quantités phénoménales d’informations. Avec ces avancées, nous pourrions croire que notre capacité de prise de décision est infaillible. Elle ne peut que se fonder que sur la logique et la raison. Pourtant, les erreurs de jugement persistent. 

Pourquoi, malgré notre intelligence et nos outils de plus en plus perfectionnés, sommes-nous encore aussi vulnérables face à des erreurs fondamentales de raisonnement ? La réponse réside dans la manière dont notre cerveau est câblé. Si nous comprenons assez bien le fonctionnement général de notre esprit, il demeure difficile à maîtriser au quotidien. Nos décisions sont souvent biaisées, influencées par des raccourcis mentaux que notre cerveau prend pour économiser de l’énergie cognitive. Ces biais ne sont pas des failles intellectuelles individuelles, mais des erreurs systématiques et collectives. Ils structurent nos processus de pensée.

1.1. Est-ce qu’il y a un problème ? 

  • Au travail : Avez-vous déjà embauché quelqu’un parce qu’il vous ressemblait, même si objectivement un autre candidat était plus qualifié ? Le biais de similarité pourrait en être la cause.
  • Dans vos relations : Avez-vous déjà rejeté une idée simplement parce qu’elle venait d’une personne que vous n’aimez pas, même si elle avait du sens ? C’est peut-être dû au biais de confirmation.
  • Dans vos finances : Combien de fois avez-vous acheté un produit en promotion sans en avoir réellement besoin ? Juste parce qu’il vous paraissait être une bonne affaire ? C’est le biais de cadrage en action.

Est-ce grave ? Non, heureusement, dans l’immense majorité des cas. 🙂 Pour autant, vous pouvez noter que ces biais ne sont pas des concepts abstraits. Ils sont bien des challenges quotidiens à une prise de décision lucide

1.2. Le cerveau : Un allié… imparfait ! 

Nous aimons penser que notre cerveau est notre meilleur allié, un outil puissant conçu pour résoudre les problèmes et naviguer dans la complexité du monde moderne. Mais en réalité, notre cerveau n’a pas été « conçu » pour la logique pure ou la précision parfaite. Il est, avant tout, programmé pour une chose : la survie. Ses mécanismes internes ont évolué pour répondre à des besoins urgents et immédiats dans des environnements souvent hostiles. Par conséquent, ses décisions sont souvent basées sur l’efficacité et la rapidité, plutôt que sur une analyse approfondie et logique.

Cette tendance à privilégier des réponses rapides et intuitives est ce qui nous rend vulnérables aux biais cognitifs. Les biais sont des distorsions systématiques dans notre manière de percevoir et d’interpréter l’information. Notre cerveau n’est pas programmé pour les comprendre et les maîtriser, au contraire. Prenez le biais d’ancrage. Il nous fait accorder une importance excessive à la première information que nous recevons, même si elle est erronée ou peu pertinente. De même, le biais de disponibilité nous amène à exagérer la probabilité d’événements dont les exemples sont plus facilement disponibles dans notre mémoire, comme les accidents d’avion, bien plus rares que les accidents de voiture.

Même les experts, qui possèdent pourtant des connaissances spécialisées et une expérience étendue, ne sont pas à l’abri de ces biais. Des études montrent que les médecins, les juges ou les traders – des professions où la prise de décision rationnelle est cruciale – tombent eux aussi dans ces pièges cognitifs. Cela souligne à quel point les biais sont universels et profondément ancrés dans notre façon de penser.

En somme, bien que notre cerveau soit un allié formidable dans de nombreuses situations, il est loin d’être parfait. Reconnaître ses limites est le premier pas vers une prise de décision plus éclairée.

1.3. Nos biais : une faille exploitable

Ces biais ne sont pas seulement des erreurs innocentes. Ils peuvent être utilisés contre nous, à notre insu, dans des contextes variés allant de la publicité à la politique en passant par notre vie professionnelle. Les manipulateurs de toutes sortes exploitent ces biais cognitifs pour influencer nos choix. Par exemple, le biais de cadrage consiste à présenter une information de manière à influencer notre perception. Une réduction de prix peut sembler bien plus attrayante lorsqu’elle est formulée comme « 50 % de réduction » plutôt que « prix réduit de moitié », alors que le résultat est le même.

Dans le domaine politique, le biais de confirmation est souvent exploité pour renforcer les croyances des électeurs en diffusant des informations qui confortent leurs opinions existantes. Les réseaux sociaux jouent un rôle majeur dans ce phénomène, créant des bulles de filtres où les gens sont exposés à des informations qui confirment leurs points de vue et renforcent ainsi leurs préjugés.

En marketing, des techniques exploitent également l’effet Barnum, en proposant des descriptions suffisamment vagues pour que tout le monde puisse s’y identifier, comme dans les horoscopes ou les tests de personnalité en ligne. Cela conduit les individus à accepter ces descriptions comme étant spécifiquement conçues pour eux, renforçant ainsi leur engagement envers le produit ou le service proposé.

Nos biais cognitifs sont des failles dans notre système de pensée, et ces failles peuvent être exploitées pour manipuler nos comportements. En être conscient, c’est déjà se prémunir contre ces influences extérieures.

Partie 2 : Alors ? Curieux de comprendre comment notre cerveau joue contre nous ?…

Depuis que je m’intéresse à ce sujet, j’ai l’impression de voir le monde autrement et je suis intimement convaincue que cela contribue à une meilleure acceptation de mon quotidien. J’avais un problème, un sentiment flou de malaise : ne pas comprendre mon environnement contribuait à ma surcharge mentale. 

Je vous propose donc un voyage dans les méandres de notre esprit, à la recherche des mécanismes qui nous font trébucher et qui peuvent, si on les comprend mieux, nous permettre de reprendre le contrôle de nos décisions. Ce voyage me semble essentiel, non seulement pour mieux comprendre nos propres choix, mais aussi pour déjouer les manipulations auxquelles nous sommes exposés quotidiennement.

2.1. Breaking News #1: Notre cerveau ne sait pas compter 

Notre cerveau nous trompe par manque de capacité

Le saviez-vous ? Nous avons tous, à un moment donné, pris des décisions basées sur des probabilités mal évaluées. Notre cerveau, bien qu’équipé pour reconnaître des tendances, a du mal à interpréter correctement les statistiques. Le biais de négligence de la taille de l’échantillon en est un parfait exemple : il nous pousse à accorder trop de poids à de petits échantillons, créant des conclusions erronées.

Prenons un exemple simple : les loteries. Les gens dépensent des sommes conséquentes en sachant pertinemment que les chances de gagner sont infimes. Pourtant, notre cerveau préfère se focaliser sur des récits de succès plutôt que sur la probabilité réelle de remporter le gros lot. Cette erreur de jugement est aussi à l’origine du biais d’optimisme, qui nous fait penser que les bonnes choses nous arriveront, contre toute logique probabiliste.

Il ne s’agit pas d’un manque d’intelligence, mais plutôt d’un biais inné. Reconnaître cette limite est la première étape pour prendre des décisions plus éclairées.

2.2. Breaking News #2. Notre cerveau est fainéant 

L’efficacité cognitive est une bénédiction, mais elle peut aussi nous jouer des tours. Notre cerveau est conçu pour économiser de l’énergie, et pour cela, il prend des raccourcis mentaux appelés heuristiques. Si ces raccourcis nous aident souvent à prendre des décisions rapidement, ils sont aussi à l’origine de biais comme le biais de corrélation illusoire ou encore l’effet « pom-pom girl » (où nous attribuons des qualités aux personnes basées uniquement sur l’apparence de leur entourage).

Notre cerveau ne cherche qu'à économiser de l'énergie

Prenons l’exemple du biais de confirmation : notre cerveau préfère traiter des informations qui confortent nos croyances existantes, plutôt que de s’ouvrir à des idées contraires. C’est pourquoi nous avons tendance à rester dans nos « bulles d’information », lisant des contenus qui confirment ce que nous pensons déjà, et écartant ceux qui les remettent en question.

La fainéantise cognitive n’est pas un défaut, mais une stratégie de survie. Quand elle est mal gérée, elle peut limiter notre ouverture d’esprit et notre capacité à faire de meilleurs choix.

2.3. Breaking News #3. Notre cerveau aime être manipulé

Les techniques de manipulation exploitent habilement nos biais cognitifs. Le biais de cadrage en est un exemple frappant. La manière dont une information est présentée influence nos décisions bien plus que l’information elle-même. En marketing, ce biais est souvent exploité pour orienter nos choix en fonction de la façon dont une offre est formulée. Dire « 90% de chance de succès » ou « 10% de risque d’échec » déclenche des réactions différentes, alors que l’information est identique.

Un autre exemple est l’effet Barnum, où les gens se reconnaissent dans des descriptions vagues et générales, pensant qu’elles leur sont spécifiquement adressées. C’est le biais derrière l’efficacité des horoscopes et autres prédictions pseudo-scientifiques.

Enfin, l’effet de vérité illusoire fait que nous croyons qu’une information est vraie simplement parce qu’elle a été répétée plusieurs fois. Les fausses nouvelles exploitent souvent ce biais, rendant difficile pour notre cerveau de distinguer la vérité de la fiction.

Le cerveau est facilement manipulable, et comprendre ces mécanismes permet de se défendre contre des influences extérieures.

Conclusion : Plus de temps à perdre pour passer à l’action

Maintenant que vous avez un aperçu des pièges que nous tend notre esprit, il est temps de passer à l’action. Pour comprendre comment ces biais influencent tous vos choix, ne manquez pas les prochains articles de cette série.

Ils vous aideront à reconnaître ces pièges et à reprendre le contrôle sur vos décisions. Restez connecté(e) pour explorer comment nous pouvons tous, avec quelques outils simples, déjouer les biais cognitifs et maîtriser un peu mieux notre cerveau.

Je vous propose de passer dès aujourd’hui à l’action. Prenez le temps d’analyser vos trois dernières décisions. Nous en prenons des dizaines par jour, importantes ou pas. Notez les et réfléchissez tranquillement à ce qui les a guidé – pour de vrai ! Laissez moi un commentaire, je ferai, pour vous, une recherche pour enrichir votre analyse. 😉

En savoir plus (Mon livre de chevet en ce moment 🙂) Votre cerveau vous mène en bateau – Chris Pavone

 

Ma première interview… ou comment j’ai surmonté mes propres biais !

Ma première interview… ou comment j’ai surmonté mes propres biais !

Une nouvelle vie, de nouvelles opportunités

Interview Isabelle Mante_Sophie Morth :les biais cognitifs et la sérénité

Bon, soyons honnêtes, si on m’avait dit il y a trois mois que je serais interviewée par la fabuleuse Isabelle Mante, autrice du blog « En route vers lasérénité« , j’aurais probablement éclaté de rire… de ce rire un peu nerveux, celui qui vient quand ton cerveau te souffle des pensées du style : « Quoi, moi, experte des biais cognitifs ? Vraiment ? ».

Mais voilà, c’est bien arrivé ! Et après avoir survécu à l’interview, je me suis dit qu’il fallait que je partage ça avec vous car c’est le parfait exemple de ce que mes biais naturels m’auraient empêché de concevoir il y a quelques mois encore 🙂

Partie 1 – Le plaisir ou la sensation d’avoir fait un grand pas

Tout d’abord, le plaisir. On ne va pas se mentir, parler de biais cognitifs, de préjugés et de comment ils nous empoisonnent subtilement la vie, c’est mon dada. Si vous me lisez déjà vous le savez. Si vous me lisez pour la première fois, Tadaaa 😆 : c’est mon dada !!!

Je vous l’expliquais en détail dans mon premier article : Femmes au travail : percer les secrets et le plafond de verre

Alors, quand Isabelle m’a proposé de discuter de tout ça, c’était un peu comme si j’avais gagné une place pour un concert de rock : excitation totale ! 

Enfin, presque 1… sauf que là, on remplace les guitares électriques par des concepts comme le biais de confirmation et le biais d’ancrage (rock’n’roll, je vous dis ! 😂)

Enfin presque 2… sauf que j’ai d’abord pensé, pourquoi moi ? Est-ce qu’elle sait que je suis l’imposteur par excellence ? Car même si j’ai consacré une série d’articles au syndrome de l’imposteur, j’en suis victime comme tout un chacun et peut-être même 3ème dan 😇 

Bien sûr que les cordonniers sont les plus mal chaussés ! Vous en doutiez ?!

Une fois passée la surprise, la peur et le doute, j’étais dans mon élément dans ce mode conversation entre bonnes copines. Parler de schémas mentaux qui nous font procrastiner (oh, cette bonne vieille amie !), de ce fichu biais du perfectionnisme qui nous fait douter de nous-même, c’était comme déballer une boîte de chocolats : un pur plaisir. 😊 

Partie 2 – Le stress ou comment éviter de boire 3 litres de café avant un podcast

Alors oui, tout n’était pas rose. J’ai été angoissé pendant toute une semaine. 

J’ai connu mille fois, ce moment où tu te dis : « Et si je disais un truc complètement à côté de la plaque ? » Vous savez, cette petite voix insidieuse qui adore débarquer pile au moment où vous êtes censée paraître sûre de vous. « Et si je me mets à bafouiller ? Et si je me rends compte en pleine phrase que j’ai complètement perdu le fil ? »

Spoiler alerte : tout ça ne s’est pas produit. Enfin, pas exactement… J’ai peut-être bien oublié une ou deux choses que je voulais dire, mais Isabelle, avec son sourire bienveillant, a su me rattraper au vol. Ouf. Bref, gros moment de stress avant, mais une fois lancée, c’était comme discuter avec une amie autour d’un thé… (ou d’un café, sans la dose de stress supplémentaire !).

Partie 3 – L’émotion ou le moment où tu réalises que tu as peut-être transmis quelque chose d’important

Puis est venu ce moment magique, celui où tu réalises que tu pourrais vraiment toucher les gens. Vous savez, quand on parle de biais cognitifs, ça peut paraître un peu technique, mais en réalité, ça touche à l’essence même de ce qu’on vit tous au quotidien. Se rendre compte qu’on est nos propres saboteurs, qu’on se freine par peur du jugement ou de l’échec, c’est un vrai déclic. 

Et ce déclic, c’est ce que j’espère apporter aux auditeurs. Quand j’ai vu les réactions positives du post d’Isabelle sur LinkedIn, c’était le bouquet final. La cerise sur le gâteau, la crème brûlée parfaite où tu réussis enfin à casser le caramel d’un coup sec 😁

Conclusion : la première d’une longue série (oups, je m’emballe ?)

En résumé, cette expérience d’interview était à la fois une montée d’adrénaline, une bouffée de plaisir et une bonne dose d’émotion. Si je peux faire passer un seul message, c’est celui-ci : on a tous nos biais cognitifs, mais on peut apprendre à les identifier, à les contourner, et surtout, à ne pas les laisser nous emprisonner dans nos peurs.

Et maintenant, soyons fous, peut-être que la prochaine étape, c’est mon propre podcast ? On ne sait jamais… En tout cas, j’ai pris goût à ce petit frisson de l’interview ! Et puis, si je me plante, ce n’est qu’un biais qui me pousse à douter… Ça tombe bien, j’ai appris à le repérer.

Allez, on se retrouve très vite pour la suite de l’aventure cognitive ! 

J’attends vos commentaires et sur l’article et sur l’interview bien sûr – Je compte sur vous 😊 

Retrouvez le podcast d’Isabelle ici