Auteur/autrice : morth.sophie

Leadership et biais de genre : savoir lâcher prise

Leadership et biais de genre : savoir lâcher prise

Et si le vrai pouvoir, c’était de savoir quand se battre… et quand s’épargner ?

Leadership et biais de genre _ déconstruire et lâcher prise

La question du leadership et des biais de genre est aujourd’hui au cœur des enjeux d’égalité, de performance et de santé psychologique au travail. Il ne s’agit plus seulement d’ouvrir la porte des responsabilités aux femmes. Il s’agit de reconnaître que cette porte est souvent encadrée de stéréotypes, d’attentes implicites, de jugements non exprimés. Ces biais n’agissent pas seulement comme des freins à la progression des carrières féminines. Ils infiltrent les décisions, les interactions, les évaluations de performance, jusqu’à affecter la confiance en soi.

Selon un rapport du World Economic Forum (2023), les femmes occupent moins de 30 % des postes de direction dans le monde. Et ce, malgré des niveaux d’études et de performance qui équivalent ceux des hommes. En cause ? Des stéréotypes persistants sur les qualités attendues d’un « bon leader ». Dans ce contexte, les femmes doivent sans cesse composer. Elles doivent faire entendre leur voix, tout en restant « acceptables » ; diriger, sans paraître autoritaires ; concilier ambition et accessibilité.

Mais faut-il toujours déconstruire ces biais ? Ou faut-il, parfois, les reconnaître simplement comme ce qu’ils sont : des projections qui ne nous appartiennent pas ? Ce que je propose ici, c’est une grille de lecture à double entrée, qui permet de gagner en lucidité, en pouvoir d’action, et en sérénité.

Leadership et biais de genre : une posture lucide entre transformation et protection de soi

Dans un contexte professionnel encore largement traversé par des normes masculines de leadership, les femmes sont souvent confrontées à une double tâche. Il leur faut exercer leur fonction… et justifier leur place. Ce phénomène, que je développe dans Leadership au féminin : entre falaise et plafond de verre, produit une usure invisible mais profonde.

Face à cela, une posture lucide consiste à différencier deux types de situations :

  1. Celles où il est pertinent d’intervenir pour déconstruire activement les biais de genre. Il peut s’agir de décisions managériales, d’évaluations, de prises de parole. Autant de contextes où les représentations sociales genrées produisent des effets négatifs concrets sur la perception du leadership féminin.
  2. Celles où il est plus sain de reconnaître le biais sans y répondre. Il est parfois inutile de se retrouver dans une spirale de justification ou d’hyperadaptation. Cette reconnaissance permet de préserver son énergie et sa clarté d’esprit.

👉 Cette grille d’analyse s’appuie sur une logique d’économie mentale et émotionnelle. Il faut transformer ce qu’il est possible de changer. Vous pouvez en revanche vous protéger de ce qui relève d’un système extérieur et biaisé.

Quand déconstruire les biais de genre : un acte stratégique et nécessaire

Le leadership et les biais de genre se heurtent particulièrement dans les contextes de visibilité et de pouvoir. Réunions stratégiques, négociations salariales, nominations : autant de moments où les stéréotypes se réactivent.

Un exemple récurrent : une femme perçue comme trop directive est jugée froide, voire agressive. L’homme dans la même posture est perçu comme charismatique. Ce double standard est bien documenté : une méta-analyse publiée dans Psychological Bulletin (Eagly & Karau, 2002) montre que les femmes qui adoptent un style de leadership dit « agentique » (affirmation de soi, autorité, autonomie) sont pénalisées dans leur évaluation sociale.

Mais les biais de genre ne sont pas que des obstacles : ce sont aussi des révélateurs. Ils rendent visibles les normes implicites que personne ne questionne — jusqu’à ce qu’on le fasse.

Déconstruire les biais dans ces contextes, c’est :

leadership et biais de genre _ déconstuire
  • Donner une légitimité explicite à des formes de leadership plus inclusives. Comme l’empathie stratégique, la coopération décisionnelle, la capacité à reconnaître ses vulnérabilités sans les confondre avec de la faiblesse.
  • Créer des précédents. Une femme qui prend la parole pour demander la transparence sur les critères de promotion ne le fait pas seulement pour elle. Elle ouvre une brèche. Cela rejoint l’approche décrite dans Femmes et syndrome de l’imposteur, osez le succès.
  • Responsabiliser collectivement. Déconstruire, c’est aussi renvoyer aux structures leur rôle actif dans la reproduction des inégalités. Le leadership, en ce sens, devient un acte politique.

La clé est donc d’intégrer cette lecture du leadership et des biais de genre dans nos pratiques quotidiennes. Ce n’est pas seulement un sujet de discours ; c’est un levier d’action concret, à la fois individuel et collectif.

Quand lâcher prise : préserver son énergie face à l’invisible

Si déconstruire les biais de genre peut être un acte stratégique de transformation, il existe aussi des contextes où cette lutte permanente devient contre-productive, voire nocive. Dans ces cas, le plus grand acte de leadership consiste à ne pas se laisser happer par des normes qui ne nous appartiennent pas. C’est ici qu’intervient la deuxième dimension de cette grille de lecture : savoir quand et pourquoi lâcher prise.

Le leadership et les biais de genre entretiennent une relation complexe

Notamment parce que ces biais ne sont pas toujours exprimés ouvertement. Ils peuvent prendre la forme de micro-jugements, d’attentes implicites ou d’une fatigue constante liée à l’hyper-vigilance. Cette pression diffuse alimente une dynamique d’auto-censure et de sur-adaptation que de nombreuses femmes expriment en coaching ou en supervision.

Prenons un exemple banal : après une réunion tendue, une manager va passer la soirée à se demander si elle a été trop ferme, si elle aurait dû nuancer davantage, si elle n’a pas paru trop rigide. Cette mécanique mentale n’est pas anodine : elle traduit une intériorisation du regard social, souvent fondée sur des normes genrées implicites. Elle est renforcée par le biais d’auto-complaisance inversée, qui pousse à attribuer les échecs à des causes internes et les réussites à des facteurs externes.

Dans ces cas-là, l’enjeu n’est pas de corriger un biais extérieur, mais d’empêcher qu’il ne devienne un filtre déformant intérieur. Ce que j’ai développé dans l’article Femmes et managers : stop au perfectionnisme paralysant s’applique pleinement ici : vouloir être irréprochable est une stratégie de protection qui finit par nous enfermer.

Lâcher prise, dans le contexte du leadership et des biais de genre, peut prendre plusieurs formes :

  • Ne pas répondre à certaines remarques, non par passivité, mais par choix stratégique. Tout ne mérite pas une explication.
  • Ne pas corriger systématiquement son discours, son ton ou son attitude, pour correspondre à une norme implicite de « leadership acceptable ».
  • Se recentrer sur l’impact plutôt que sur l’image. Une décision bien menée, même perçue comme « tranchée », n’a pas besoin d’être justifiée si elle est alignée avec ses valeurs et ses responsabilités.
Biais de genre et leadership savoir lâcher prise

Ce type de lâcher-prise ne signifie pas ignorer les biais. Il s’agit plutôt de refuser de se définir à travers eux. Comme l’a montré Brené Brown dans ses travaux sur la vulnérabilité et le courage managérial, la solidité intérieure vient de l’alignement, pas de la perfection.

Autrement dit : lâcher prise, c’est retrouver une forme de souveraineté. C’est ne plus passer son temps à chercher la posture parfaite, mais choisir en conscience la réponse — ou le silence — qui nous préserve sans nous trahir.

Partage d’expérience : de l’intime au collectif

Ce que je sais être la vérité !

Dans mes discussions, je commence souvent par cette phrase : « J’ai finalement compris que ce que je ressens n’est pas individuel mais systémique. » C’est une clé de lecture que j’aurais aimé avoir plus tôt dans ma propre trajectoire.

Je me souviens par exemple d’une prise de parole en réunion de direction, il y a quelques années. J’avais préparé mon intervention avec soin, des arguments solides, une vision claire. Et pourtant, après avoir exprimé mon point de vue, j’ai été saisie par un doute immense : est-ce que j’ai été trop tranchante ? Trop passionnée ? Trop sûre de moi ? Ce n’est que plus tard, en revoyant l’enregistrement de la réunion (eh oui, c’était en visio), que j’ai réalisé que ma posture était parfaitement ajustée. Mon seul « excès », c’était de ne pas avoir joué la carte de l’atténuation.

C’est là que j’ai compris quelque chose de fondamental : ce n’était pas moi qui étais « trop », c’était le cadre qui était étroit. Un cadre où l’expression affirmée d’une femme est encore trop souvent lue à travers des filtres biaisés. Ce que j’ai formulé récemment dans un post LinkedIn comme « tu te pollues à vouloir convaincre des idiots par une approche rationnelle » a été un vrai déclic : il faut choisir ses batailles, sinon c’est notre énergie qui y passe.

La vraie vie !

Il y a aussi ces moments où l’on choisit de ne pas relever. Comme cette remarque anodine — « ah tiens, t’as coupé tes cheveux courts, ça fait plus sérieux maintenant ». J’aurais pu répondre. J’ai préféré ignorer. Non pas par faiblesse, mais parce que j’ai senti que ce combat-là n’en valait pas la peine. Mon nouveau mantra : « L’énergie que tu investis à prouver que tu as raison, tu ne la mets pas à créer ce qui compte pour toi ».

Et puis, il y a ces nuits d’insomnie. Cette nuit, en particulier, où j’ai douté de tout. Mon utilité, mes choix, mes valeurs. J’ai ressenti ce que tant de femmes ressentent : l’impression de devoir mériter chaque millimètre de légitimité. Et pourtant, ce doute est aussi ce qui nous relie, ce qui nous pousse à chercher du sens. Ce que j’ai découvert, c’est que ce doute-là, quand on l’accepte, peut devenir un levier de lucidité.

Ces expériences m’ont appris à doser, à arbitrer. À me demander, chaque fois : quel est le coût émotionnel de cette réponse ? Et est-ce que ce coût vaut la peine, ici et maintenant ?

C’est dans cette intelligence contextuelle que se construit, selon moi, une forme de leadership lucide. Un leadership qui n’essaie pas de tout rééduquer autour de lui, mais qui choisit ses batailles — et en sort plus libre.

Et vous ?

  • Avez-vous déjà vécu une situation où vous vous êtes demandé si votre réaction était « trop » ?
  • Quelles stratégies mettez-vous en place pour choisir entre réaction et lâcher-prise ?
  • Quels sont les contextes dans lesquels vous vous sentez légitime pour déconstruire… et ceux dans lesquels vous choisissez de vous protéger ?

Conclusion : un leadership lucide, aligné, durable

Ce que révèle cette réflexion sur le leadership et les biais de genre, c’est qu’il ne suffit plus de dénoncer les mécanismes en place. Il s’agit désormais d’apprendre à y naviguer avec lucidité. Un leadership véritablement inclusif ne se contente pas d’ouvrir la porte à d’autres voix : il redéfinit les critères d’autorité, de légitimité, d’efficacité.

Déconstruire, c’est transformer les règles du jeu quand elles empêchent d’être pleinement soi, d’exercer son pouvoir, de prendre des décisions ancrées. Lâcher prise, c’est refuser de laisser les biais extérieurs gouverner l’intérieur — c’est dire : je vois ce biais, mais je choisis de ne pas m’y soumettre.

C’est dans cette capacité à articuler résistance et souveraineté que se forge une nouvelle manière de diriger, plus libre, plus juste, plus humaine.

Alors non, il ne faut pas toujours déconstruire les biais de genre. Mais il faut toujours être capable de les reconnaître. Et surtout, de ne plus leur laisser le pouvoir de décider à notre place.

Les biais cognitifs et le passé : on enjolive

Retrouvez l’épisode 24 du podcast Les Biais Dans Le Plat sur Spotify, Apple Podcast, Amazon Music et Deezer.

Bienvenue dans Les Biais Dans Le Plat, le podcast qui vous aide à décoder les biais cachés qui influencent notre perception, nos choix et nos interactions.

Dans cet épisode, je vous explique les biais cognitifs qui parasitent notre rapport au passé. Ces filtres mentaux qui font qu’on idéalise certaines périodes, qu’on exagère des échecs, ou qu’on croit “avoir toujours su”, après coup.

Les quatre biais cognitifs qui déforment le passé

1. Le biais rétrospectif
Cette tendance à croire, après coup, que les événements étaient plus prévisibles qu’ils ne l’étaient réellement.

2. Le faux souvenir
La mémoire humaine est malléable. Elle ne photographie pas les faits. Elle les reconstruit.

3. La règle de l’apogée-fin (ou règle PIC/FIN)
Quand on repense à une expérience passée, ce n’est pas l’ensemble qu’on évalue. C’est le moment le plus intense émotionnellement… et la fin.

4. Le biais régressif
Ce biais nous pousse à croire que les choses reviennent toujours à une sorte de moyenne rassurante.

Pourquoi notre cerveau agit-il ainsi ? Et quelles conséquences ?

Notre cerveau n’aime pas le flou. Il veut des histoires simples. Des débuts, des milieux, des fins. De la causalité. De la logique.

Et comme notre passé est un vaste terrain mouvant, il préfère le remodeler que de s’y perdre. Il arrange, il gomme, il complète.

Mais à force de réécrire, il déforme. 

Bref, un passé biaisé devient une boussole déréglée pour le présent.

Comment reprendre la main sur notre mémoire ?

Heureusement, il existe des leviers concrets pour neutraliser l’effet de ces biais.

1. Écrire
Pas un journal intime, mais des faits : noter ce qu’on pense, ce qu’on ressent, ce qu’on fait. Il pourra être relu quelques mois plus tard pour agir comme un miroir fidèle

2. Croiser les versions
Quand un souvenir revient, en parler à quelqu’un qui l’a vécu avec nous.

3. Interroger nos récits intérieurs avec objectivité

c’est le meilleur moyen de combattre le biais rétrospectif !

4. Évaluer globalement
Ne pas se fier uniquement à la fin ou au pic émotionnel. 

Ces pratiques simples permettent de réduire l’impact émotionnel de nos souvenirs, de les remettre en contexte… et de faire de notre passé un appui plutôt qu’un poids.

Conclusion : Le passé ne ment pas toujours mais il improvise 

Il sélectionne, enjolive, dramatise, simplifie.

Et c’est à nous de remettre de la nuance. De l’analyse. De la présence.

Dans le prochain épisode, justement, nous parlerons de ce présent qu’on croit vivre pleinement, mais que nos biais cognitifs filtrent, distordent et détournent — souvent sans qu’on s’en aperçoive.

En savoir plus : 

Biais cognitifs : Le cerveau gère mal le temps

Retrouvez l’épisode 23 du podcast Les Biais Dans Le Plat sur SpotifyApple PodcastAmazon Music et Deezer.

Bienvenue dans Les Biais Dans Le Plat, le podcast qui vous aide à décoder les biais cachés qui influencent notre perception, nos choix et nos interactions… et parfois même notre rapport au temps.

J’ouvre aujourd’hui une mini-série sur notre relation – pour ne pas dire notre désaccord profond – avec le temps.

⏳ Le passé.
🟠 Le présent.
🔮 Le futur.

Tous les trois sont passés à la moulinette de notre cerveau… et ressortent souvent déformés. Parfois enjolivés. Parfois dramatisés. Souvent, mal interprétés.

Et ça, c’est pas un défaut de fabrication. C’est le cerveau qui fait son job.

Pourquoi notre cerveau n’est pas fait pour “le vrai temps” ?

Notre cerveau n’est pas linéaire. Il est paresseux, émotionnel, et très attaché à notre survie. Alors il simplifie, il filtre, il arrange.

🎯 Résultat : notre perception du temps est biaisée dans toutes les directions.

Mais le plus pernicieux, c’est qu’on croit que notre perception EST la réalité.

On dit souvent “le temps guérit tout”. Peut-être. Mais il peut aussi entretenir des blessures imaginaires si on laisse notre cerveau aux commandes automatiques.

Dans notre quotidien, à quoi ça ressemble ? Quels biais cognitifs font que notre cerveau gère mal le temps ?

💔 Exemple #1 : Les disputes de couple ou d’équipe.

Le biais rétrospectif : combien de fois peut-on se rejouer la même scène et l’améliorant ou à la transformant ?

📆 Exemple #2 : Le planning irréaliste.

Le biais de planification : “j’aurai le temps …” Tu sais déjà comment ça finit.

😬 Exemple #3 : La peur paralysante du changement.

Le biais d’impact : Tu n’oses pas postuler à ce nouveau job. Tu penses que si ça se passe mal, ta vie est fichue.

💬 Exemple #4 : Le syndrome du “c’était mieux avant”.

Tu idéalisais ce job d’avant, ou cette époque où “tout allait mieux”… Et c’est dangereux quand ça t’empêche d’avancer.

Pourquoi cette série maintenant ?

Parce que je rencontre trop de personnes – en entreprise, sur LinkedIn – qui se sentent fatiguées, perdues, bloquées
Et qu’en creusant, on se rend compte que ce sont souvent leurs propres scénarios mentaux autour du temps qui les empêchent de respirer.

Alors dans cette mini-série, je vous propose un voyage en 3 étapes :

  1. Le passé : comment nos souvenirs nous piègent (et pourquoi on les réécrit sans s’en rendre compte).
  2. Le présent : comment nos biais court-circuitent notre attention et notre lucidité.
  3. Le futur : comment nos prédictions sont fausses… mais très convaincantes.

Et bien sûr, je vous partagerai des outils concrets, des anecdotes pas toujours glorieuses (mais formatrices 😅) et des clés pour reprendre un peu de pouvoir là-dedans.

Conclusion : Reprendre la main sur notre boussole intérieure

👉 Le temps passe.
Mais notre façon de le vivre… ça, on peut la transformer.

🧠 Et si on apprenait à voir notre cerveau non pas comme un traître, mais comme un interprète un peu trop zélé ?
Un peu comme ce pote qui raconte toujours les mêmes histoires… mais jamais de la même façon.

🎧 Et vous, dites-moi :
Quelle relation avez-vous au temps ?
Est-ce que vous êtes du genre à ressasser, à zapper, à anticiper ?
Ou un peu tout ça en même temps ? (Spoiler : c’est mon cas aussi.)

En savoir plus :

Apprécier le chemin, pas seulement la destination

Apprécier le chemin, pas seulement la destination

Apprécier le chemin pas seulement la destination

« Apprécier le chemin, pas seulement la destination » ce n’est pas juste une posture intérieure. C’est aussi une organisation différente de sa vision du monde, de son temps, et de soi-même.

Dans l’article « Pourquoi est-il si difficile de reconnaître ses victoires ?« , je parlais de notre difficulté à faire pause, à célébrer, à observer tout ce qui a déjà été accompli.
Cette suite est une invitation à aller plus loin : apprendre à construire un chemin visible, structuré et habitable.

Comment réapprendre ce que notre « petit nous » n’a jamais su faire ?

Quand j’étais petite, j’étais incapable de rester en place après avoir fini une activité et j’ai l’impression que pour mes fils, la fin de l’activité n’était pas encore arrivée 😉

  • Une histoire lue ! « On fait quoi maintenant ? »
  • Un dessin terminé ! « Et après ? »
  • Un anniversaire passé ! « C’est quand le prochain ? »

J’étais déjà dans le mouvement d’après, alors que le moment présent n’était même pas tout à fait terminé.

Et cette petite moi n’a pas disparu. J’ai simplement grandi. Elle s’est habillée d’ambition, de responsabilités, de to-do lists bien rangées. Elle est toujours là, juste plus discrète. Plus adulte dans sa manière de courir.

Lutter contre le syndrome du "et après"

Partie 1 – Le syndrome du “et après ?”

Nous sommes des versions adultes de cette impatience originelle. Il n’y a, en réalité, aucune surprise à ce que l’on peine à savourer ce que l’on est en train de vivre.

Et pourtant, cette agitation permanente laisse un goût d’inachevé. Une sensation étrange d’être toujours en chemin… sans jamais s’arrêter pour regarder le paysage.

Cela crée des tensions bien connues :

  • La peur de perdre de vue ses objectifs si l’on s’ancre trop dans le présent
  • L’angoisse de ne jamais atteindre ses buts si l’on ne reste pas focalisé sur la ligne d’arrivée.

Et en miroir, des frustrations tenaces :

  • Celle d’attendre le prochain grand moment, en passant à côté de tout le reste.
  • Celle de courir après des résultats, sans jamais prendre le temps de savourer le travail accompli.

1.1. L’illusion du “grand moment”

C’est un piège courant : croire qu’un jour, on ressentira enfin cette satisfaction profonde, cette sérénité stable, ce “ça y est”. Comme une ligne d’arrivée qui, une fois franchie, nous rendrait pleins.

Mais ce moment parfait, ce sommet tant attendu, existe rarement sous la forme qu’on imagine. On y arrive souvent fatigué. Pressé par le suivant. Ou déçu. Parce que l’instant en lui-même ne suffit jamais à combler les mois, voire les années, de tension accumulée.

Ce n’est pas une fatalité. C’est une habitude. Une manière de fonctionner que l’on peut questionner. Et transformer.

1.2. Apprendre à savourer le processus

Et si apprendre à apprécier le chemin, pas seulement la destination, devenait un nouvel art de vivre professionnel ? Apprécier le chemin ne veut pas dire renoncer à la destination. Cela veut simplement dire habiter chaque étape, au lieu de la traverser en apnée.

Mais cela s’apprend. Et comme tout apprentissage, cela demande :

  • de l’attention (pour repérer ces moments de transition qu’on écrase sans même les voir),
  • des étapes intermédiaires (pas seulement pour valider, mais pour vivre ce qui se passe),
  • et un peu de douceur envers soi (parce que ralentir est un acte de courage dans un monde qui pousse à l’urgence).

1.3. Revenir à soi

Cela commence peut-être par une question simple :
Et si je me permettais d’éprouver de la fierté en chemin, et pas seulement à l’arrivée ?

Cela continue par un geste minuscule : écrire et relire ce que l’on a déjà fait, au lieu de se projeter dans ce qu’il reste à accomplir.

Et cela se prolonge dans une posture de vie : ne plus attendre que tout soit fini pour se sentir bien.

1.4. Une philosophie à incarner, pas à prêcher

Ce n’est pas un slogan de développement personnel. C’est un regard à transformer.

Parce que ce que nous apprenons pour nous-mêmes, nous le transmettons.
À nos enfants, nos proches et nos équipes.

Apprécier le chemin, c’est aussi leur montrer que la vie n’est pas qu’un enchaînement d’objectifs, mais un tissage de moments pleins. Que la réussite ne se mesure pas seulement à la hauteur des sommets atteints, mais à la manière dont on a habité chaque pas.

Partie 2. Alors… comment fait-on concrètement ? Travailler sa “bonne vision” du chemin

Apprécier le processus demande d’avoir une vision claire du cap et de ses étapes. Pas seulement un objectif lointain, mais une structuration de l’avancée.

Et pour ça, deux approches font leurs preuves depuis longtemps : les grosses pierres et le cercle d’influence.

2.1. La méthode des “grosses pierres” : remettre les priorités dans le bon ordre

J’ai déjà parlé de cette méthode dans l’article « Pourquoi est-il si difficile de reconnaître ses victoires ?« . Cette métaphore est classique. Un professeur présente à ses élèves un grand bocal vide, des grosses pierres, des petits graviers, du sable et de l’eau.

Si l’on commence par verser le sable, puis les graviers, les grosses pierres ne rentrent plus. Mais si l’on place d’abord les grosses pierres, tout le reste trouve naturellement sa place autour.

Dans notre quotidien, les grosses pierres représentent ce qui a réellement de la valeur : un temps de création, une pause pour respirer, un moment avec ses proches, un projet qui nous anime. Les graviers et le sable, ce sont les mails, les urgences d’autrui, les détails chronophages.

Ce que l’on oublie souvent, c’est que les grosses pierres ne sont pas que des objectifs finaux.
Ce sont aussi les étapes structurantes du chemin. Celles qu’il faut planifier, protéger, savourer.

Prendre le temps de les identifier, c’est déjà une forme d’engagement envers soi.
Et les placer dans l’agenda, c’est leur donner de la légitimité.
On ne savoure pas ce qu’on considère comme accessoire.

Cette méthode est un excellent point de départ pour apprécier le chemin, pas seulement la destination — en donnant du poids à chaque étape plutôt qu’à l’arrivée finale.

🎯 Zoom pratique – Exercice “grosses pierres” pour managers d’équipe

Objectif : aider les managers à identifier ce qui compte vraiment — pour eux et pour leur équipe — afin de structurer le temps autour des vraies priorités.

La checklist des “grosses pierres” pour un manager :

1. Quelles sont mes grosses pierres cette semaine ?

– Un temps de concentration non-négociable sur un dossier prioritaire ?
– Une pause pour prendre de la hauteur ?
– Une conversation essentielle avec un collaborateur ?
– Un moment à préserver pour moi, hors contexte pro, mais indispensable à mon équilibre ?

2. Quelles sont les grosses pierres de mon équipe ?

– Ai-je identifié les projets qui ont un réel impact, plutôt que ceux qui font juste du bruit ?
– Ai-je pris le temps de reconnaître les efforts intermédiaires (et pas seulement les livrables) ?
– Est-ce que mes collaborateurs ont des temps protégés pour avancer, et pas juste pour répondre aux urgences ?

3. Comment je planifie ces pierres dans l’agenda collectif ?

– Ai-je fixé des créneaux pour ces priorités dans le planning hebdo ?
– Est-ce que je montre l’exemple en bloquant ces temps dans mon agenda ?
– Est-ce que j’en parle en réunion d’équipe pour donner du poids à cette approche ?

4. Qu’est-ce que je peux enlever ou alléger pour les laisser respirer ?

– Réunions inutiles ? Suivis sur-détaillés ?
– Est-ce que je laisse trop de place au sable, et pas assez aux vraies pierres ?

BONUS : Demande à ton équipe “quelles sont vos grosses pierres cette semaine ?” Tu verras émerger une vision beaucoup plus claire — et souvent plus alignée — du travail à accomplir.

2.2. Le cercle d’influence : reprendre la main sur ce qui dépend vraiment de nous

Popularisée par Stephen Covey, cette approche consiste à distinguer ce qui est dans notre zone d’influence directe, de ce qui ne l’est pas. Revenir à ce qui dépend de nous, c’est une manière simple — mais puissante — d’apprécier le chemin, pas seulement la destination.

Beaucoup d’angoisse vient du fait que nous concentrons notre attention sur des éléments extérieurs : la reconnaissance, les résultats, les aléas.

Mais le chemin, lui, se construit dans le cercle d’influence : ce que je peux faire aujourd’hui, avec mes ressources, mon rythme, ma propre façon d’avancer.

Par exemple :

  • Je ne peux pas garantir que ce projet sera un succès… mais je peux décider de le mener avec intégrité et attention.
  • Je ne peux pas contrôler le regard des autres… mais je peux choisir de me féliciter pour chaque étape franchie.

Changer de focale, c’est rendre visible ce que je peux savourer. Et ce que je peux nourrir. Pas seulement ce que je peux “atteindre”.

🔍 Zoom pratique – Le cercle d’influence du manager

Objectif : distinguer ce sur quoi un manager peut vraiment agir, pour arrêter de s’épuiser sur des fronts qui ne dépendent pas (ou peu) de lui.
Le cercle d’influence du manager… pour lui-même :
✅ Ce qui dépend de moi :
– Ma manière de communiquer.
– Mon écoute, ma posture de soutien ou de contrôle.
– Le cadre que je donne à l’équipe (règles du jeu, priorités, rythme).
– Ma capacité à dire “non” ou à ralentir quand c’est nécessaire.
– Mes feedbacks (fréquents, honnêtes, bienveillants).
– Le climat émotionnel que je co-crée.

❌ Ce qui ne dépend pas de moi :
– Les décisions stratégiques venues du dessus.
– La météo économique.
– Les réactions individuelles de chaque collaborateur.
– Les contraintes réglementaires, techniques, ou budgétaires.
– Revenir à son cercle d’influence, c’est regagner en impact… sans se disperser.
Le cercle d’influence du manager… en tant que leader d’équipe :
✅ Ce que je peux favoriser :
– La clarté sur les objectifs communs.
– Un climat de confiance (où l’on peut oser dire, essayer, échouer).
– La valorisation du progrès et des efforts (pas seulement des résultats).
– L’autonomie dans l’organisation du travail.
– Des temps de respiration et de déconnexion respectés.

❌ Ce que je ne peux pas imposer :
– L’adhésion totale à toutes les décisions.
– La motivation individuelle de chacun, si elle n’est pas nourrie de l’intérieur.
– L’absence de conflits ou de tensions.
_ L’envie de “savourer le chemin”… si moi-même je ne montre pas l’exemple.
– Le rôle du manager n’est pas de tout porter. C’est d’agir là où il a du pouvoir, et d’inspirer là où il n’en a pas

2.3. Faire du chemin un espace de croissance

Ces outils ne sont pas des recettes magiques. Mais ils ont un effet structurant.

Ils créent : 

  • Des points d’ancrage.
  • Des respirations dans la course.
  • Des occasions d’habiter ce que l’on vit.

Ils transforment un parcours flou en séquence d’étapes concrètes qui peuvent facilement devenir des petites victoires. Et c’est dans ces victoires intermédiaires que se construit la confiance. L’estime. La joie. 

Ce qui a révolutionné ma gestion du temps a été de mettre noir sur blanc ma semaine type pour éclairer mon véritable “temps disponible” car oui, nous avons tous du temps disponible ou du moins du temps qui pourrait être utile à l’accomplissement de nos projets. Que ça soit des heures dans les transports en commun, des plages de télévision ou d’écrans un peu trop “longues” 😉

Prenez une feuille, un tableur excel ou tout ce que vous voudrez et écrivez ! C’est le seul moyen d’être honnête et de prendre le pouvoir sur votre cerveau qui vous berce d’illusions, d’une douce complaisance ou de scénarios rétrospectifs ou d’anticipation qui vous paralysent. 

Apprendre à apprécier les petites victoires

En conclusion : Apprécier le chemin, ce n’est pas ralentir pour ralentir.

C’est reconnaître que la vie se joue là, dans les détails visibles qu’on choisit d’honorer. Apprécier le chemin, pas seulement la destination, c’est faire le choix conscient de ne plus vivre en accéléré.

Et si l’on veut vraiment transmettre à nos enfants, à nos équipes, à nos proches une autre manière d’être au monde, ce ne sera jamais uniquement par ce que l’on atteint…
Mais par la manière dont on avance.

Si on m’avait dit qu’un jour que comprendrais enfin les philosophes antiques 😂 mais le message des stoïciens me semble aujourd’hui limpide :

“Souviens-toi donc de ceci : si tu crois soumis à ta volonté ce qui est, par nature, esclave d’autrui, si tu crois que dépende de toi ce qui dépend d’un autre, tu tu sentiras entravé, tu gémiras, tu auras l’âme inquiète, tu t’en prendras aux dieux et aux hommes. Mais si tu penses qu seul de toi ce qui dépend de toi […] aucun malheur ne pourra t’atteindre” (Épictète – IIe siècle après JC)

Et vous ? quand est-ce que vous décidez d’apprécier le chemin, pas seulement la destination ?

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Comparaison, silence et dépendance sociale

Comparaison, silence et dépendance sociale

Comparaison et dépendance sociale

De la comparaison à la dépendance sociale, une suite naturelle

Il y a quelques semaines, je vous parlais du biais de comparaison sociale. Ce réflexe qui nous pousse à nous jauger en permanence : est-ce que je fais aussi bien ? est-ce que je suis “au niveau” ? Mais il existe un cran au-dessus. Une forme plus insidieuse, plus ancrée, presque invisible et c’est la dépendance sociale.

C’est ce moment où vous ne bougez pas, non pas parce que vous vous comparez, mais parce que vous attendez qu’on vous dise que c’est bon. Que c’est juste. Suffisant. Valide.

Vous connaissez ce sentiment ?

  • Quand vous avez une idée, mais que vous ne la partagez qu’après l’avoir testée sur trois collègues, juste pour “avoir leur retour”.
  • Quand vous dites “oui”, mais que ce n’est pas vraiment vous qui parlez.
  • Quand vous attendez un message, un sourire, un signal, comme un feu vert imaginaire, pour enfin y aller.

Ce n’est plus de la comparaison. C’est de la désirabilité ou de la dépendance sociale.
Un biais cognitif puissant, archaïque, intégré. Qui murmure à l’oreille de notre confiance : “Tu es sûre que tu peux y aller toute seule ?”

Aujourd’hui, j’ai envie d’explorer avec vous ce réflexe si humain. Pourquoi est-il est difficile – presque biologiquement – de s’en détacher ? Comment repérer quand il s’infiltre dans nos décisions, nos silences, nos attentes ? Et surtout, comment poser les bases d’une autonomie profonde, lucide, libératrice ? 

1. Pourquoi notre cerveau réclame la validation des autres ?

On rêve tous d’être libres. Autonomes. Maîtres de nos choix.

Mais notre cerveau, lui, a une autre priorité : notre sécurité individuelle et collective.
Et il est prêt à tout pour la préserver.

Un vieux programme dans un monde moderne

Revenons quelques milliers d’années en arrière.

À l’époque, être exclu du groupe, c’était mourir. Littéralement. Pas d’abri, pas de feu, pas de protection. L’humain isolé ne survivait pas. Alors notre cerveau s’est adapté : il a codé, dans ses circuits les plus profonds, que l’acceptation du groupe = survie.

Et ce réflexe est toujours là.

  • Quand vous ressentez une pointe d’anxiété à l’idée de dire non.
  • Quand vous relisez trois fois votre mail pour être sûr.e qu’il ne “heurte pas”.
  • Quand vous attendez inconsciemment un “tu fais bien” pour avancer.

Ce n’est pas de la faiblesse. C’est de l’héritage neurologique.

« Notre cerveau fonctionne encore comme si chaque désapprobation était un risque d’exclusion du clan. Sauf qu’aujourd’hui, le clan, c’est souvent LinkedIn. »

La désirabilité ou la dépendance sociale, c’est quoi exactement ?

C’est un biais cognitif qui nous pousse à accorder une valeur démesurée au jugement ou à l’approbation des autres dans nos prises de décision. Dit autrement, c’est la tendance à se présenter de façon favorable devant d’autres en fonction de certaines normes sociales établies La simple comparaison n’est pas aussi forte que la dépendance sociale. C’est sa première expression. Il faut la mettre sous contrôle.

Et le problème, c’est que ce biais ne fait pas dans la nuance. Il ne vous demande pas : “Est-ce que cet avis t’aide à avancer ?” Il vous souffle : “Si tu n’es pas validé.e, tu n’existes pas.” Subtile différence. Profonde conséquence.

Quand la recherche d’approbation devient frein à l’action

Ce biais devient toxique quand :

  • On ne sait plus si une envie vient de nous ou d’un besoin d’être reconnu.e.
  • On n’ose plus poser une limite sans se justifier.
  • On abandonne une idée juste parce qu’elle ne “plaît pas”.

Et surtout, quand on se débranche de soi pour rester “connecté” aux autres.

2. Comment repérer qu’on attend (trop) la validation ?

La comparaison et la dépendance sociale sont rarement frontales. Elles ne se manifestent pas avec un panneau clignotant « ATTENTION, TU N’ES PAS LIBRE ».
Elles opèrent en douce. Par en dessous. En laissant dans son sillage un flou intérieur : est-ce que je choisis vraiment ? Ou est-ce que je m’ajuste pour être bien vu.e, entendu.e, validé.e ?

Les deux visages de l’attente

🔹 L’attente active

Elle est facile à repérer :

  • Vous demandez souvent l’avis des autres avant d’agir.
  • Vous cherchez des « ok » explicites, même sur des décisions mineures.
  • Vous ressentez de l’inconfort si vous n’avez pas de retour immédiat.
  • Vous adaptez spontanément votre discours à la personne en face, jusqu’à en perdre votre voix.

🔹 L’attente passive

Celle-là est plus subtile, mais souvent plus ancrée :

  • Vous hésitez à partager vos idées spontanément.
  • Vous attendez inconsciemment qu’on vous tende la main… avant même de faire un pas.
  • Vous vous censurez à l’avance pour éviter d’éventuelles réactions.
  • Vous vous demandez : « Est-ce que ça va déranger ? » avant de vous demander : « Est-ce que moi je suis alignée ? »
Comparaison et dépendance sociale_diagnostic

🔍 Mini auto-diagnostic

Répondez spontanément, sans trop réfléchir :

  1. Est-ce qu’il vous arrive de remettre à plus tard une décision tant que quelqu’un ne vous a pas donné son avis ?
  2. Avez-vous déjà regretté d’avoir dit “oui”, alors qu’une petite voix intérieure criait “non” ?
  3. Êtes-vous soulagé.e quand quelqu’un vous rassure que “vous avez bien fait” ?
  4. Avez-vous du mal à célébrer une réussite si personne ne la remarque ?
  5. Avez-vous déjà changé d’avis en fonction de la réaction (ou du silence) d’un proche ou collègue ?

Si vous avez répondu “oui” à 3 ou plus, il est probable que le biais de dépendance sociale joue un rôle régulier dans vos décisions. 

Pas de panique. On est tous passés par là. 

Même ou surtout moi ! Souvent. Encore aujourd’hui, parfois…

Une histoire vraie (et un peu douloureuse)

Je me souviens d’une réunion où j’aurais dû parler.
Une de ces réunions où tout le monde acquiesce avec assurance… alors que ce qui se dit est une énormité.
Tout en moi hurlait : « Mais enfin, vous entendez ce que vous dites ? »
Mais j’ai gardé le silence. J’ai regardé la table. J’ai feint l’accord.

Pourquoi ?

  • Ils avaient l’air tellement sûrs.
  • Je n’avais pas d’allié visible dans la pièce.
  • J’ai eu peur d’être « la pénible », celle qui complique, qui freine, qui dénote.

Alors j’ai ravalé ma voix.
Et avec elle, un peu de mon respect pour moi-même.
Je suis sortie de cette réunion avec un goût amer. Pas à cause d’eux. À cause de moi.
Je savais que je m’étais désavouée.

Ce jour-là, j’ai compris que le silence peut être aussi violent qu’un non-dit.
Et que parfois, on s’abandonne soi-même pour ne pas froisser la surface tranquille du groupe.

Et vous ? À quel moment vous êtes-vous trahi·e, juste pour rester dans le cadre ?

3. Vers une autonomie saine : sortir de la dépendance sans tomber dans l’indifférence

Rechercher l’approbation des autres n’est pas une faute. C’est profondément humain.
Mais construire sa vie autour de cette attente, c’est risquer de s’éloigner de soi, jusqu’à ne plus entendre sa propre voix.

Alors, comment sortir de ce besoin de comparaison et de cette dépendance sociale sans devenir une version rigide ou indifférente de soi ?
Comment poser les bases d’une autonomie vivante, connectée mais non asservie ?

L’autonomie, ce n’est pas faire tout tout seul

Souvent, on confond autonomie et isolement. Comme si être autonome, c’était dire : “Je n’ai besoin de personne.”

Mais l’autonomie dont je parle est tout autre. C’est une autonomie relationnelle, ancrée dans une écoute fine :

  • de soi,
  • de ses valeurs,
  • et des signaux extérieurs… sans que ces signaux deviennent des injonctions.

“Je t’écoute, mais je ne me perds pas en chemin.”

C’est savoir qu’un retour peut être utile — sans être nécessaire. C’est sentir qu’on peut intégrer une critique — sans qu’elle vienne briser quelque chose.

Autrement dit : on passe de la dépendance à la résonance.
Ce que les autres pensent ne me définit pas, mais ça peut m’enrichir… si je suis déjà au clair avec moi-même.

Et parfois même, l’effet inverse existe. J’ai toujours été d’une nature plutôt autonome, à ne pas demander d’aide et j’ai pu observer au moins une fois que ce comportement m’a valu un rejet total du groupe. J’étais passée pour une personne imbue d’elle-même alors que j’étais trop timide pour déranger ! 

Comparaison et dépendance sociale_exercices

Trois gestes simples pour réapprendre à décider sans attendre d’être validé·e

Pas de carnet magique, pas d’incantation à la pleine lune. Juste des gestes simples à tester dans la vraie vie. Parce que l’autonomie se construit dans les micro-choix du quotidien.

1. La micro-décision en solo

Objectif : reprendre l’habitude de trancher sans sondage.

Dans votre journée, choisissez une décision que vous prenez habituellement en consultant quelqu’un, même par réflexe.

Exemples :

  • Envoyer un message professionnel sans demander à quelqu’un « Tu en penses quoi ? »
  • Choisir le visuel ou le titre d’un support sans le faire valider.
  • Prendre une position claire en réunion, sans attendre un regard complice ou un hochement de tête.

Faites-le. C’est tout. Et passez à la suite. Pas d’analyse post-mortem. Juste la satisfaction discrète d’avoir agi selon vous.

2. Le « J’en parle pas (et je survis très bien) »

Objectif : couper le réflexe de chercher un retour ou une approbation.

Choisissez une action ou une idée que vous auriez eu envie de partager immédiatement pour :

  • tester si “c’était bien”.
  • “avoir un retour”.
  • combler un vide ou valider un choix.

Et cette fois, gardez-la pour vous. Pas par secret, mais par expérience : celle de ne rien attendre, et voir que ça va quand même.

Ce silence volontaire est un révélateur. Il vous montre que votre propre regard peut suffire — au moins pour aujourd’hui.

3. Le “non” qui n’appelle pas d’excuse

Objectif : poser une limite sans se justifier.

Testez une situation où vous auriez dit « oui » à contrecœur, ou un « non » immédiatement contrebalancé par une justification.

Et cette fois, dites simplement :

  • « Non, je ne peux pas. »
  • « Non, ce n’est pas une priorité pour moi. »
  • « Non, je choisis de ne pas m’en occuper. »

Sans rallonge, “désolée”, sur-explication. C’est un “non” sobre, net, respectueux. Pas contre l’autre. Juste pour vous.

Conclusion : sortir du conditionnement, pas du lien

La comparaison et le dépendance sociale ne se combat pas avec dureté. Il se déjoue avec conscience, douceur, courage.

Vous ne devez pas devenir imperméable. Votre super-pouvoir c’est d’être perméable avec filtre.

Apprenez à créer un filtre intérieur construit à partir de qui vous êtes, de ce qui compte vraiment, et de votre capacité à vous écouter… même quand les autres ne valident pas.

Alors la question que je vous laisse est simple, mais puissante : Et si, pour une fois, vous décidiez que votre approbation suffisait ?
(Spoiler : elle suffit.)

Biais des coûts irrécupérables, source de notre acharnement

Retrouvez l’épisode 22 du podcast Les Biais Dans Le Plat sur Spotify, Amazon Prime, Deezer.

Bienvenue dans Les Biais Dans Le Plat, le podcast qui vous aide à décoder les biais cachés qui influencent notre perception, nos choix et nos interactions.

Et si notre acharnement n’était pas toujours notre souhait ?

Nous avons tous, un jour, persisté dans une voie malgré des signaux indiquant que cela n’était plus judicieux. Que ce soit dans une relation, un projet professionnel ou même en regardant un film ennuyeux jusqu’à la fin, cette tendance est influencée par ce que l’on appelle le biais des coûts irrécupérables.​

Qu’est-ce que le biais des coûts irrécupérables ?

Le biais des coûts irrécupérables est également connu sous le nom de Sunk Cost Fallacy. C’est notre inclination à continuer un engagement en raison des ressources déjà investies (temps, argent, énergie). Et ce, même si on ne peut récupérer ces ressources et que la poursuite de cet engagement n’est pas rationnelle. Ce biais est étroitement lié à l’escalade d’engagement, où l’on continue à investir dans une décision initiale malgré des échecs évidents.​

Pourquoi persistons-nous malgré tout ?

Plusieurs facteurs expliquent cette tendance :

  1. Aversion à la perte : Nous ressentons plus intensément la douleur de perdre quelque chose que le plaisir de gagner son équivalent. Ainsi, on perçoit l’idée d’abandonner un investissement déjà réalisé comme une perte significative.​
  2. Peur de reconnaître une erreur : Admettre que nous nous sommes trompés active des zones de douleur sociale dans notre cerveau. Pour éviter cette souffrance, nous préférons souvent rationaliser notre persistance.​
  3. Recherche de cohérence : Nous aimons que notre histoire personnelle soit cohérente. Si nous avons investi dans quelque chose, nous voulons croire que c’était une bonne décision, même si les preuves actuelles suggèrent le contraire.​

Exemples concrets

  • Projet professionnel : Continuer à investir malgré des résultats décevants. Simplement parce que beaucoup de ressources y ont déjà été consacrées.​
  • Relations personnelles : Rester dans une relation insatisfaisante parce que beaucoup de temps et d’émotions y ont été investis.​
  • Divertissement : Regarder un film ennuyeux jusqu’à la fin parce que l’on a déjà payé la place.​

Comment surmonter ce biais ?

  1. Reformuler la question : Au lieu de se demander ce qui a déjà été investi, il est plus utile de se demander si, en repartant de zéro, nous ferions le même choix aujourd’hui.​
  2. Établir des points d’arrêt préalables : Avant de commencer un projet ou une relation, définir des moments clés pour évaluer objectivement la situation et décider si cela vaut la peine de continuer.​
  3. Valoriser la capacité à dire stop : Reconnaître et apprécier la lucidité de ceux qui savent arrêter un projet ou une relation qui ne fonctionne plus, plutôt que de percevoir cela comme un échec.​
  4. Accepter le changement : Comprendre que changer d’avis ou de direction est une preuve d’intelligence et d’adaptabilité, et non une faiblesse.​

En prenant conscience du biais des coûts irrécupérables et en adoptant des stratégies pour le contrer, nous pouvons faire des choix plus éclairés. Il devient possible d’éviter de nous enliser dans des engagements non productifs.

En savoir plus : 

Leadership au féminin : entre falaise et plafond de verre

Leadership au féminin : entre falaise et plafond de verre

Quand le talent ne suffit pas et se heurte aux biais cognitifs et aux préjugés de genre

Leadership au féminin : entre plafond et falaise de verre

Leadership au féminin, Plafond de verre, Falaise de verre… Oh, arrêtez ! Il n’y a pas de préjugés de genre ! Il n’y a pas de discrimination systémique ! Les inégalités salariales sont un mythe ! Les femmes ont les mêmes opportunités que les hommes, elles n’ont qu’à mieux négocier leur salaire, mieux réseauter, mieux s’imposer. C’est une question de volonté, non ?

Ah, si seulement c’était aussi simple.

L’égalité « théorique »

Sur le papier, tout va bien. Les femmes peuvent travailler, diriger, innover. Elles peuvent grimper les échelons, décider, influencer. Légalement, rien ne les empêche d’accéder aux postes de pouvoir. Pourtant, dans les faits, c’est une autre histoire.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes :

  • À l’entrée sur le marché du travail, les femmes représentent environ 50 % de la main-d’œuvre.
  • Au niveau managérial intermédiaire, elles ne sont plus que 37 %.
  • seules 12 % dirigent une PME ou une ETI (Entreprise de Taille Intermédiaire).

Et ce n’est pas une question de compétences ou d’ambition, mais bien d’un système qui freine leur ascension.

Parallèlement, le partage des responsabilités domestiques reste inégal :

  • 68 % des femmes réalisent la cuisine ou le ménage quotidiennement, contre 43 % des hommes.
  • En cas d’enfant malade, ce sont majoritairement les femmes qui s’absentent du travail, ce qui impacte leur carrière et renforce leur assignation aux responsabilités familiales.

Le plafond de verre ? Une illusion ! C’est juste qu’elles ne veulent pas trop de responsabilités, préfèrent leur équilibre de vie, ne prennent pas assez de risques. C’est d’ailleurs pour ça que pullulent les formations de leadership au féminin ! Le biais de confirmation nous souffle que, si elles ne sont pas là-haut, c’est qu’elles n’en ont pas vraiment envie.

Le double standard, ce grand classique

Un homme ambitieux est un leader. Une femme ambitieuse est une carriériste froide. Un homme direct est un stratège efficace. Une femme directe est autoritaire, voire hystérique. Un homme qui plaisante est charismatique. Une femme qui plaisante, surtout avec un brin d’humour salace ? Inappropriée.

D’ailleurs, parlons-en, de cette « hystérie« . Le mot vient du grec « hystera », qui signifie « utérus ». Pendant des siècles, on a expliqué que les femmes étaient instables à cause de leur biologie. Hippocrate décrivait l’hystérie comme une maladie liée à l’errance de l’utérus dans le corps. Plus tard, Freud associait cette soi-disant pathologie à des frustrations sexuelles. Autrement dit, depuis des millénaires, le moindre signe d’émotion féminine a été pathologisé. Pas étonnant que le mot « hystérique » soit encore jeté à la figure des femmes qui osent s’affirmer.

Et ce contrôle des femmes qui dérangent ne date pas d’hier. Les femmes indépendantes, trop libres, trop influentes, ont souvent été perçues comme une menace. On les a traitées de sorcières, poursuivies, brûlées. La chasse aux sorcières n’était pas seulement une vague de superstition, mais une manière de réprimer celles qui échappaient aux normes patriarcales. Une femme qui vivait seule, gérait ses affaires sans homme, soignait avec des remèdes naturels ? Dangereuse. Il fallait l’éliminer. Aujourd’hui, les bûchers ne flambent plus, mais les mécanismes d’exclusion et de marginalisation persistent.

« Il faut plus de modèles féminins »

Mileva Marić-Einstein, Physicienne (1875-1948)

On entend souvent qu’il faudrait « plus de rôles modèles » pour inciter les femmes à aspirer à des postes de leadership. Comme si le problème du leadership au féminin venait d’un manque d’inspiration et non d’un système structurellement inégalitaire.

L’effet Matilda démontre que les contributions des femmes sont historiquement minimisées, voire attribuées à leurs collègues masculins. Nombre de femmes scientifiques, penseuses ou inventrices ont vu leur travail passé sous silence ou volé. Rosalind Franklin a été éclipsée dans la découverte de l’ADN au profit de Watson et Crick. Lise Meitner, qui a contribué à la découverte de la fission nucléaire, a été oubliée au profit d’Otto Hahn. De fait, les hommes primés étaient souvent accompagnés de femmes brillantes. C’était le cas d’Albert Einstein, dont l’épouse Mileva a contribué bien plus à la théorie de la relativité qu’à la vie du ménage…

Alors non, ce n’est pas un manque de modèles, c’est un effacement quasi systématique de leurs contributions qui s’est répercuté dans les manuels scolaires. 

« Elles n’ont qu’à s’imposer ! »

Certaines le font. Elles prennent la parole, osent, dépassent les freins. Elles se forcent à « penser comme des hommes », à adopter leurs codes. Mais à quel prix ? Celui du syndrome de l’imposteur qui les ronge, du stress de l’hyper-performance, de l’usure d’une lutte permanente ?

D’ailleurs, ce fameux syndrome de l’imposteur, qui touche particulièrement les femmes, est fortement nourri par des biais cognitifs et des stéréotypes intériorisés. Comme je l’explique dans ces articles :

Il ne s’agit pas d’un simple manque de confiance, mais d’un phénomène renforcé par des attentes sociales différenciées.

Et même avant d’en arriver là, elles doivent passer les filtres du recrutement. Une enquête de l’Observatoire des discriminations a révélé qu’une femme de 32 ans mariée et ayant trois enfants a 37 % de chances en moins d’être convoquée à un entretien d’embauche (1). De plus, 20 % des femmes rapportent avoir déjà fait l’objet d’une discrimination lors d’un entretien d’embauche, contre 15 % des hommes (2).

Gare à la falaise de verre !

Et si elles finissent par accéder à un poste de leadership, elles se retrouvent souvent en haut… d’une falaise de verre. Theresa May et Liz Truss, anciennes première ministre du Royaume-Uni, ou Marissa Mayer, ex-PDG de Yahoo ou plus récemment Kamala Harris. Ces noms de femmes vous disent quelque chose ? Ces femmes ont pour point commun d’avoir été nommées à la tête de leur pays ou de leur entreprise en pleine période de crise. 

Ce phénomène de “Falaise de verre” décrit comment les femmes sont plus souvent promues à des postes de direction lorsque une entreprise ou un pays est en crise ou en difficulté. On leur confie la barre d’un navire en train de couler, puis on leur reproche de ne pas avoir su le sauver. Et lorsqu’elles échouent ? C’est la preuve, bien sûr, qu’elles n’étaient pas faites pour ces responsabilités…

Et pourquoi ce serait à elles seules de faire cet effort ? Pourquoi la norme serait-elle encore et toujours définie par un modèle masculin ?

Modèle Féminin_leadership
Millicent fawcett, Femme politique, Écrivaine et Militante féministe britannique (1847-1929)

La solution : bouger les lignes, ensemble

Connaître l’existence des biais ne doit pas simplement servir à constater une injustice. Cela doit nous permettre à la fois de déculpabiliser (ce n’est pas un problème individuel mais systémique) et d’agir concrètement. L’idée n’est pas d’opposer les genres, mais de neutraliser les effets des biais à toutes les étapes de la vie en entreprise : du recrutement aux promotions, en passant par les relations quotidiennes et les opportunités de carrière. Parce que, oui, le leadership au féminin est entravé par le plafond de verre et mis en péril par la falaise de verre !

Parmi les biais qui influencent ces processus, on retrouve :

  • L’effet de halo, qui nous pousse à juger une personne sur un seul critère (exemple : une femme perçue comme « sympathique » pourra être considérée comme moins compétente).
  • Le biais de conformité, qui favorise les candidats et candidates correspondant au modèle dominant, souvent masculin.
  • Le biais de double contrainte, où les femmes doivent être à la fois compétentes et chaleureuses sous peine d’être perçues comme trop dures ou trop effacées.

Ces biais sont inconscients, mais leurs effets sont bien réels. Mettre en place des processus objectifs et transparents (grilles d’évaluation en recrutement, critères de promotion standardisés, feedbacks réguliers) permet de réduire leur impact.

Mais au fond, n’est-il pas idiot de lutter contre les inégalité alors qu’on peut chercher à accroître la performance ?

Finalement, bouger les lignes, c’est comprendre que les inégalités ne sont pas une fatalité, mais le résultat de mécanismes sur lesquels nous avons un pouvoir d’action.

Attention, aussi à ne pas vous fier à toutes les études qui disent que les entreprises sont plus plus performantes à la seule condition qu’elles ont plus de femmes à leur tête. Pleines de bonnes intentions, de nombreuses études ont fini par confondre militantisme et éthique… Ce sont bien les différences, toutes les différences, qui sont source de richesse. 

Dans son ouvrage de référence “Intelligence relationnelle et inclusion”, Laurent Depont citait une étude de Cloverpop. L’analyse a posteriori de la pertinence d’un très gros volume de décisions sur la base de big data a montré que 66% des décisions prises s’avéraient judicieuses et que ce taux dépendait de la constitution des équipes. Une équipe 100% masculine ne prenait que 59% de bonnes décisions, une équipe mixte 73%, une équipe mixte avec diversité d’âge 80% et une équipe mixte diversifiée en âge et origine géographique 87%. Mais attention, plus l’équipe est diversifiée et plus la décision est difficile à mettre en pratique. L’enfer est pavé de bonnes intentions ! 

Et vous, qu’en pensez-vous ?

Avez-vous déjà vécu ou observé ces situations ? Partagez vos expériences en commentaires !

En savoir plus : 

L’effet Pygmalion, quand croire en soi change tout

Retrouvez l’épisode 21 du podcast Les Biais Dans Le Plat sur Spotify, Amazon Prime, Deezer.

Bienvenue dans Les Biais Dans Le Plat, le podcast qui vous aide à décoder les biais cachés qui influencent notre perception, nos choix et nos interactions.

Et si le succès dépendait simplement… de ce que l’on croit possible ?

« Oui enfin… croire en soi, ça ne suffit pas, sinon tout le monde réussirait. » Ou encore : « Moi, j’ai toujours entendu qu’on réussit à force de travail, pas grâce à ce que pensent les autres. »

Aujourd’hui, on va parler d’un biais qui peut être un super pouvoir… ou un poison : l’effet Pygmalion ou que se passe-t-il quand on te voit plus grand que tu ne te crois ? Et inversement… que se passe-t-il quand on ne croit pas en toi ?

Le problème : Le poids des attentes – moteurs ou boulets ?

Notre cerveau fonctionne comme un miroir. Si quelqu’un croit en nous, on adopte (inconsciemment) des comportements qui confirment cette attente. Et si quelqu’un doute de nous, on finit souvent par douter aussi.

Et tout commence dès l’école.

Alors, la vraie question, c’est : comment cultive-t-on l’estime de soi ? C’est tout l’enjeu de l’effet Pygmalion.

La prise de conscience : Explication scientifique et risques cachés

En 1968, les psychologues Rosenthal et Jacobson ont mené une expérience fascinante. Ils ont annoncé à des enseignants que certains élèves avaient un potentiel exceptionnel. En réalité, ces élèves avaient été choisis au hasard.

Résultat ? À la fin de l’année, ces élèves avaient réellement progressé bien plus que les autres. Pourquoi ? Parce que les enseignants, convaincus de leur potentiel, leur avaient inconsciemment donné plus d’encouragements, de patience, d’attention.

La solution : Active ton propre effet Pygmalion !

Bonne nouvelle : cet effet fonctionne aussi si on le déclenche intentionnellement.

💡 Étape 1 : Identifier ses croyances limitantes

💡 Étape 2 : Changer son regard sur soi (et sur les autres)

💡 Étape 3 : Jouer le jeu du Pygmalion

Parce qu’au fond, notre cerveau est un peu comme un acteur : il joue le rôle qu’on lui donne.

Et maintenant ?

Vous voulez progresser ? Commencez par y croire

L’effet Pygmalion est une arme redoutable. Autant l’utiliser pour soi, plutôt que contre soi.

Alors quelle croyance allez-vous choisir de déconstruire aujourd’hui ? Dites-le moi en commentaire !

En savoir plus : 

Biais cognitifs et intelligence émotionnelle : prenez le contrôle

Biais cognitifs et intelligence émotionnelle : prenez le contrôle

Identifier ses biais cognitifs et développer son intelligence émotionnelle pour un management plus apaisé.

Biais cognitifs et intelligence émotionnelle

Introduction : Managers, pourquoi certains conflits dégénèrent-ils ?

Les conflits font partie de la vie professionnelle. Pourtant, certains s’enlisent, s’intensifient et laissent des traces durables, là où d’autres se désamorcent rapidement. Pourquoi ? Parce que notre manière d’y réagir est souvent biaisée par nos émotions et nos filtres cognitifs.

  • « Je suis objectif(ve), c’est l’autre qui exagère. »
  • « Si je lâche du terrain, je vais perdre en crédibilité. »
  • « Il ou elle a toujours été comme ça, ça ne changera pas. »

Ces pensées, influencées par nos biais cognitifs et émotionnels, rigidifient notre posture et nous enferment dans des schémas de confrontation. Mais en prenant conscience de ces mécanismes, il est possible d’adopter un management plus apaisé et constructif.

L’intelligence émotionnelle joue un rôle clé dans la gestion des tensions. Capacité à percevoir, comprendre et réguler ses émotions ainsi que celles des autres, elle permet de mieux communiquer, de prévenir les conflits et d’instaurer un climat de travail plus harmonieux. Pourtant, de nombreuses femmes managers peuvent se sentir piégées entre deux extrêmes :

  • D’un côté, la peur d’être perçue comme trop émotive.
  • De l’autre, la volonté de s’affirmer sans paraître autoritaire.

Objection courante : « Je préfère éviter les conflits pour maintenir une ambiance sereine. »

À titre personnel, j’ai toujours préféré faire face directement aux problèmes. J’ai d’ailleurs observé que mes collègues femmes avaient généralement plus cette tendance à accepter la confrontation saine et directe des avis plutôt qu’à les éviter. 

Pour autant, cette posture n’est pas facile à tenir tant l’image de la femme “hystérique” n’est jamais très loin… Je reste pourtant convaincue qu’un conflit non exprimé se transforme souvent en frustration latente et en tensions sourdes. Plutôt que d’éviter les désaccords, nous devons apprendre à les gérer avec intelligence émotionnelle.

Partie 1 : comment les biais cognitifs impactent notre intelligence émotionnelle ?

Nos réactions face aux conflits sont rarement purement rationnelles. Plusieurs biais cognitifs viennent fausser notre perception et alimenter les tensions en portant atteinte à notre intelligence émotionnelle. Voici les principaux à identifier pour mieux les neutraliser :

1. Le biais d’attribution hostile

Nous avons tendance à interpréter les actions des autres comme intentionnellement hostiles, même lorsque leurs intentions sont neutres ou bienveillantes. Par exemple, si un collaborateur ne répond pas immédiatement à un e-mail, nous pourrions penser qu’il nous ignore ou manque d’engagement, alors qu’il est peut-être simplement débordé.

« Si je ne suis pas vigilante, on risque de profiter de ma bienveillance. »

J’ai souvent mal interprété les actions des autres, les interprétant comme étant faites sciemment contre moi. Mais j’ai réalisé que présumer des intentions négatives pouvait me faire adopter une posture de défiance inutile. Poser des questions plutôt que d’interpréter est souvent une meilleure approche

2. Le biais de confirmation

Nous avons tendance à rechercher et à retenir les informations qui confirment nos croyances préexistantes. Dans un conflit, cela peut nous amener à voir l’autre à travers le prisme de nos jugements passés : « Il ne m’a jamais écoutée, donc il ne m’écoute pas aujourd’hui. »

« Je sais déjà comment cette personne réagit, inutile d’espérer un changement. »

 J’ai longtemps étiqueté certaines personnes comme « immuables ». Pourtant, en changeant ma manière d’aborder la conversation, j’ai souvent constaté des réactions inattendues et plus constructives.

3. Le biais égocentrique

Nous avons tendance à nous attribuer le mérite des succès et à rejeter la faute des échecs sur les autres. Dans un conflit, cela nous empêche d’assumer notre part de responsabilité et de comprendre ce que nous pouvons améliorer dans notre propre posture.

« Si les choses tournent mal, ce n’est pas de ma faute. »

J’ai souvent cru que ma position était la plus légitime. Pourtant, accepter ma part de responsabilité a changé la donne : en montrant l’exemple, j’ai incité mes interlocuteurs à faire de même.

Aller plus loin :

Pour approfondir la compréhension des biais cognitifs et de leur impact sur notre comportement, je vous invite à consulter l’article Biais cognitifs et scénarios intérieurs : comment s’en libérer ? sur notre site. Cet article explore en détail comment nos biais influencent nos interactions et propose des stratégies pour s’en affranchir.

En identifiant et en comprenant ces biais cognitifs émotionnels, nous pouvons désamorcer les tensions avant qu’elles ne dégénèrent et améliorer notre intelligence émotionnelle. La clé ? Observer nos réactions, questionner nos premières interprétations et adopter une posture plus ouverte.

Dans la prochaine partie, nous verrons comment transformer cette prise de conscience en actions concrètes pour gérer les conflits avec plus de sérénité et d’assurance.

Biais cognitifs et intelligence émotionnelle - ego

Partie 2 : Transformer la prise de conscience de ces biais cognitifs en actions concrètes au service de notre intelligence émotionnelle. 

Une fois ces biais cognitifs identifiés, comment faire pour éviter qu’ils ne prennent le dessus dans la gestion des conflits et ainsi accroître notre intelligence émotionnelle ? Voici quelques stratégies pratiques pour développer une approche plus apaisée et constructive.

1. Remettre en question ses automatismes

  • Se poser la question : “Est-ce que ma perception de la situation est factuelle ou biaisée par mes émotions ?”
  • Prendre du recul avant de réagir, notamment en différant sa réponse.
  • Reformuler la situation avec des faits objectifs plutôt qu’avec des interprétations.

2. Pratiquer l’écoute active

  • Adopter une posture d’écoute sans interrompre.
  • Reformuler les propos de l’autre pour s’assurer de bien comprendre son point de vue.
  • Poser des questions ouvertes pour encourager le dialogue et éviter les malentendus.

3. Dépersonnaliser le conflit

  • Remplacer “Tu es toujours en retard” par “J’ai remarqué que les délais ne sont pas toujours respectés, comment pouvons-nous améliorer cela ?”
  • Dissocier la personne de son comportement pour éviter d’attaquer son identité.
  • Chercher un terrain d’entente en mettant l’accent sur la résolution plutôt que sur le reproche.

4. Réguler ses propres émotions

  • Pratiquer des techniques de respiration et de recentrage pour éviter une réaction impulsive.
  • Exprimer son ressenti sans agressivité, en utilisant la communication non violente (“Je me sens frustrée lorsque…” plutôt que “Tu me mets en colère”).
  • Ne pas hésiter à prendre une pause si la tension devient trop forte.

5. Instaurer une culture de gestion saine des conflits

  • Encourager les discussions ouvertes plutôt que les non-dits.
  • Créer un cadre clair sur la manière dont les désaccords doivent être abordés.
  • Montrer l’exemple en adoptant une posture constructive et bienveillante.

En mettant en pratique ces stratégies, nous passons d’un mode réactif à une gestion proactive des conflits. Nous agissons en matîtrise de nos biais cognitifs naturels pour développer notre intelligence émotionnelle. Dans la prochaine partie, nous verrons comment faire des situations de conflits des opportunités et ancrer une approche durable pour un management plus serein et efficace.

Biais cognitifs et intelligence émotionnelle - management des conflits

Partie 3 : Stratégies pour un management plus apaisé en situation de conflit

1. Prévenir plutôt que guérir

  • Instaurer un climat de confiance où chacun peut exprimer ses désaccords sans peur de représailles.
  • Définir des règles claires de communication dans l’équipe.

Aller plus loin :

Mon épisode de podcast Biais cognitifs et management défaillant en réunion illustre comment des malentendus nourris par des biais cognitifs peuvent miner la dynamique d’équipe.

2. Structurer la gestion du conflit

  • Distinguer le fond du problème de la forme (éviter de s’arrêter aux attaques personnelles).
  • Poser des faits plutôt que des jugements (« Il y a eu un retard sur ce projet », plutôt que « Tu es toujours en retard ! »).
  • Encourager des techniques de médiation pour recentrer la discussion sur des objectifs communs.

3. Transformer un conflit en opportunité

  • Voir le désaccord comme une source de progression et non comme une menace.
  • Impliquer les parties prenantes dans la recherche de solutions plutôt que d’imposer un arbitrage.
  • Adopter une approche inspirée de Difficult Conversations de Douglas Stone, qui propose des stratégies concrètes pour aborder les conflits en se concentrant sur la compréhension mutuelle et l’intention plutôt que sur la confrontation.

En adoptant ces stratégies, nous faisons des conflits une opportunité de croissance et d’amélioration, plutôt qu’une source de stress et de blocage. Développer son intelligence émotionnelle en acceptant nos biais cognitifs, c’est transformer sa posture en management pour créer un environnement de travail plus serein et productif.

Conclusion : Faire des conflits une opportunité de croissance

Gérer les conflits avec intelligence émotionnelle, ce n’est pas les éviter ou les redouter, mais apprendre à les aborder avec lucidité et bienveillance. En prenant conscience de nos biais cognitifs, en adoptant une posture ouverte et en instaurant un cadre propice à l’expression des désaccords, nous pouvons transformer chaque conflit en opportunité d’amélioration.

L’intelligence émotionnelle n’est pas une simple compétence, c’est une posture qui influence toute notre manière de manager. En cultivant cette approche, nous contribuons à un environnement de travail plus harmonieux, plus efficace et plus respectueux des dynamiques humaines.

Et vous, quels sont les biais qui influencent vos interactions en situation de conflit ? Comment les gérez-vous ? Dites-moi moi en commentaires

Biais égocentrique : sommes-nous si extraordinaires que ça ?

Retrouvez l’épisode 20 du podcast Les Biais Dans Le Plat sur Spotify, Amazon Prime, Deezer.

Bienvenue dans Les Biais Dans Le Plat, le podcast qui vous aide à décoder les biais cachés qui influencent notre perception, nos choix et nos interactions.

Quand notre ego brouille les cartes !

Vous avez déjà pensé :

  • « Ils ne sont pas reconnaissants, c’est quand même moi qui ai tout fait dans ce projet ! »

ou

  • « Honnêtement, je ne vois pas pourquoi ce candidat a été choisi à ma place, je suis bien plus qualifié. »

Si ces pensées vous sont familières, ne vous inquiétez pas, vous êtes juste humain. Mais elles sont aussi le signe que notre cerveau nous joue des tours. Regardons de plus près pourquoi et comment !

Aujourd’hui, dans Les Biais dans Le Plat, on plonge dans un biais redoutable : le biais égocentrique. Vous savez, cette tendance naturelle à voir le monde à travers le prisme de notre propre expérience… et à croire qu’on est plus rationnel que les autres. Pourquoi est-ce un problème ? C’est ce que nous allons découvrir ! 

Qu’est-ce que le biais égocentrique et ses cousins ?

Le biais égocentrique, c’est la tendance à surestimer son propre rôle dans une situation. Dans un projet d’équipe, on pense souvent avoir fourni plus d’efforts que les autres. Dans un conflit, on est persuadé d’avoir été plus objectif que l’autre partie.

Ses corollaires :

  • Effet de faux consensus 
  • Biais de complaisance 
  • Biais de fausse unicité
  • Ignorance pluraliste 
  • Biais de projection 

Pourquoi ces biais nous rendent aveugles dans notre vie pro ?

Les neurosciences ont montré que notre cerveau fonctionne sur un mode économe. Il cherche à simplifier les informations et à réduire la charge cognitive. Pour cela, il utilise des raccourcis mentaux, appelés heuristiques. Le biais égocentrique en fait partie :

  • Mémoire biaisée 
  • Besoins d’auto-préservation 
  • Construction sociale 

Mais ces raccourcis ne sont pas toujours en notre faveur, surtout quand ils nous empêchent de voir la réalité en face !

Quels sont leurs impacts directs dans nos vies professionnelles ? 

  • On surestime notre impact et nos compétences 
  • On minimise nos erreurs 
  • On juge mal les autres 
  • On ne demande pas d’aide 

Comment contrer ces biais ?

Il existe des stratégies pour remettre un peu de lucidité dans tout ça !

  1. Solliciter du feedback honnête
  2. Se comparer à soi-même et non aux autres 
  3. Se méfier des interprétations rapides 
  4. Prendre conscience de ses propres biais 

Conclusion : Une invitation à plus d’humilité (et d’opportunités)

Le biais égocentrique et ses corollaires nous donnent une illusion de clarté, alors qu’ils nous aveuglent. En prenant du recul, on devient meilleur dans nos jugements professionnels, on évite des erreurs stratégiques et on s’ouvre à plus d’opportunités.

Et vous, avez-vous déjà sous-estimé l’impact de vos biais ?

En savoir plus :