Biais d'autorité, 10 exemples concrets pour s'approprier le concept et apprendre à le déjouer
| |

Biais d’autorité, 10 exemples concrets et surprenants à connaître

Le biais d’autorité est sans doute l’un des plus puissants et les plus insidieux. Ces exemples de biais d’autorité montrent comment il peut paralyser notre esprit critique. Il réduit au silence les voix discordantes, et transforme parfois l’intelligence collective… en soumission collective.

Ce biais nous pousse à accorder une confiance excessive à ceux qui sont perçus comme des figures d’autorité – que ce soit à cause de leur titre, de leur costume, de leur diplôme ou même simplement de leur posture. Peu importe ce qu’ils disent : c’est qui le dit qui prime.

Le problème ? Quand ce réflexe mental prend le dessus, la logique, la compétence réelle ou le bon sens peuvent être mis de côté. Et cela donne parfois des situations absurdes, voire dangereuses. Voici 10 biais d’autorité exemples concrets et tristement parlants, dans la vie professionnelle et personnelle, pour comprendre comment ce réflexe mental écrase la logique et l’intelligence collective.

1. L’expérience de Milgram : quand l’autorité pousse à torturer

C’est l’exemple le plus célèbre et le plus glaçant. Dans les années 60, le psychologue Stanley Milgram met en scène une fausse expérience scientifique. Des participants croient devoir envoyer des décharges électriques à un autre humain en cas de mauvaise réponse. Malgré les cris, la douleur simulée et les supplications, plus de 60 % des volontaires sont allés jusqu’au choc fatal. Pourquoi ? Parce qu’un homme en blouse blanche leur disait de continuer. Rien d’autre. L’autorité avait parlé. Leur morale s’était tue.

2. Le copilote qui ne dit rien

Dans plusieurs accidents aériens mortels, les enquêtes ont montré que les copilotes avaient identifié une erreur du commandant de bord… mais n’avaient pas osé le contredire. Par respect hiérarchique. Par peur de passer pour incompétents. Ou simplement parce que “on ne reprend pas le capitaine”. Résultat : des décisions mortelles validées dans un silence collectif.

3. Le comité exécutif qui dit oui en silence

On l’a tous vécu : une réunion de direction où une idée manifestement mauvaise est posée sur la table, mais où personne n’ose la questionner. Parce que :

  • Elle vient “d’en haut”.
  • On ne veut pas être celui qui dit non à l’autorité.
  • Ça ne se fait pas.

Et on repart avec un projet absurde, bancal, mais validé. Jusqu’à ce que, six mois plus tard, il s’effondre sous son propre vide

4. Le professeur infaillible… même quand il se trompe

Pour démontrer la puissance du biais d’autorité, dans certaines universités, des chercheurs ont volontairement glissé des erreurs dans leurs exposés. 

La majorité des étudiants n’ont rien relevé. Non pas parce qu’ils ne les avaient pas vues, mais parce qu’ils pensaient s’être trompés. Le professeur ne peut pas avoir tort. Quand la hiérarchie du savoir devient intouchable, la connaissance cesse d’être un terrain d’échange pour devenir un couloir à sens unique.

5. Le médecin qui prescrit… et qu’on ne questionne pas

Dans le monde médical, l’autorité est omniprésente. Et parfois, elle écrase tout : la nuance, la discussion, le consentement éclairé. Certains patients acceptent un traitement sans poser de question, même s’ils n’en comprennent pas le sens. Parfois, des erreurs de prescription passent inaperçues parce que personne n’ose dire “vous êtes sûr(e) ?”. Là encore, la blouse blanche suffit à faire taire l’alarme intérieure.

6. Le manager “charismatique” et la fausse bonne idée

Un leader sûr de lui, un ton affirmé, une vision “disruptive” et tout le monde s’incline. Même si l’idée est objectivement mauvaise, peu réaliste ou hors-sol. On suit, parce que c’est lui. Et ceux qui osent dire “je ne suis pas convaincu” deviennent rapidement des gêneurs ou des saboteurs. L’intelligence collective cède alors la place au réflexe de meute.

7. “J’ai obéi aux ordres”

C’est la version extrême du biais d’autorité. On l’entend dans les procès, dans l’histoire, dans les administrations. Cette phrase qui devrait faire réfléchir : “Je n’ai fait qu’obéir.” Quand la responsabilité est totalement transférée à l’autorité, la pensée individuelle s’éteint. Et les dérives les plus graves deviennent possibles. L’histoire regorge d’exemples que l’on préfère oublier.

8. Les consultants qui imposent leur vision

Des cabinets de conseil interviennent dans des entreprises, proposent des plans uniquement sur le papier, modélisent des réalités qu’ils ne connaissent pas. Et malgré le bon sens du terrain, les objections des équipes, les alertes concrètes, le projet passe. Parce que c’est le cabinet Machin. Parce qu’ils “savent”. Même si leur modèle ne s’adapte pas à la réalité. Même si personne ne comprend vraiment comment l’appliquer. Là encore, le prestige supplante la pertinence.

9. L’argument d’autorité… totalement faux

Combien de fois entend-on des managers ou RH dire : “C’est la loi” pour imposer une règle… qui n’a rien de légal ? Le flou juridique devient un levier de contrôle. Peu de gens osent vérifier. Parce que celui qui parle “sait”. Là encore, la parole de l’autorité devient vérité, sans contradiction possible. L’argument d’autorité c’est finalement un moyen pour tout un chacun de détourner l’autorité pour ses propres intérêts. Sortir de son chapeau une étude ou un article de loi que nul n’osera contredire devient un moyen de détourner le biais d’autorité à son avantage. 

10. “Parce que je suis ton père”

Le biais d’autorité s’apprend très tôt. Dans l’éducation, la fameuse phrase “parce que c’est moi qui le dis” fonctionne… comme un verrou. Elle empêche la discussion, coupe la curiosité et installe une logique hiérarchique rigide. Elle nous prépare, dès l’enfance, à intégrer l’idée qu’on ne conteste pas l’autorité. Même quand elle est injuste. Même quand elle est absurde.

Ce que tout cela dit de nous

Ces exemples montrent bien que le biais d’autorité n’est pas une faiblesse individuelle. C’est un héritage collectif. Il est profondément ancré dans nos schémas mentaux, car il a longtemps été utile à notre survie. Mais dans nos sociétés modernes, il devient souvent un frein à la lucidité, à l’innovation, à la coopération.

Savoir l’identifier, c’est se réapproprier un espace de liberté intérieure. C’est réapprendre à dire : “Je vous entends, mais je ne suis pas d’accord.” Et c’est surtout donner à chacun le droit – et le devoir – de penser par soi-même.

Et vous ?

  • Avez-vous déjà gardé le silence face à une autorité que vous saviez qu’elle était dans l’erreur ?
  • Avez-vous déjà vu l’intelligence collective s’écraser devant un costume bien coupé ?
  • Ou, à l’inverse, avez-vous un jour osé dire “non”, et remarqué ce que cela a changé ?

Je serais ravie de lire vos témoignages. Vous pouvez les partager en commentaire, ou m’écrire directement.

Envie d’en savoir plus :

Découvrez les 5 clés pour déjouer le biais d’autorité

Écoutez l’épisode 42 du podcast : “Le biais d’autorité : Quand on se tait face à la blouse blanche” sur Spotify, Apple, Deezer ou Amazon Music.

Si vous avez aimé l'article vous êtes libre de le partager

En savoir plus sur LES BIAIS DANS LE PLAT

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

Publications similaires

Laisser un commentaire

3 commentaires

  1. Merci pour cette exploration à la fois percutante et accessible du biais d’autorité. J’ai particulièrement apprécié la manière dont tu mêles des exemples historiques (“Milgram”) aux situations du quotidien (professeur, meeting, consultants) : cela rend concret ce qui reste souvent abstrait. Le fait de montrer que ce biais ne nous rend pas “faibles”, mais qu’il s’inscrit dans une mécanique psychique et sociale, permet d’envisager des stratégies pour le repérer sans honte.
    Ce que j’aime aussi, c’est l’appel implicite à la responsabilité : oser dire “non”, réfléchir par soi-même, prendre la parole quand la logique vacille; voilà des gestes courageux qui réactivent notre autonomie intérieure.

  2. C’est vrai que parfois, on ose rien dire ou rien faire par peur de l’autorité. J’ai souvent été confrontée à avoir des collègues qui râlent dans le dos et être la seule à remonter le problème sous soutient des autres. Ce n’est pas une partie de plaisir. Mais il a aussi dû m’arriver ne pas agir par peur. C’est courant.
    J’adore ton blog, il est d’utilité publique je crois. Si seulement on pouvait se détacher de toutes ces constructions sociales et ces biais pour arriver à une justesse dans nos actes, nos réflexions et se défaire de nos croyances… Le monde serait bien plus beau.

  3. Hélas, je pense que nous sommes trop souvent victimes de ce biais de l’autorité. Pour ma part, je l’ai surtout vécu en entreprise, où l’on rencontre trop souvent des abus d’autorité due à la faiblesse de nos dirigeants. Et finalement, par lâcheté ou par peur de l’affrontement, on préfère rester muet.
    Merci Sophie de nous faire prendre conscience de l’importance de ce biais, et qu’il suffirait d’un peu de courage et de discernement pour finalement ne pas le subir.