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Biais d’autorité : 5 clés pour savoir le déjouer

Biais d’autorité : 5 clés pour savoir le déjouer

5 astuces pour déjouer le biais d'autorité

Introduction : Voir le biais d’autorité pour le déjouer

Vous êtes en réunion. Quelqu’un propose une idée discutable. Tout le monde acquiesce. Vous aussi. Pourtant… vous n’êtes pas d’accord. Mais c’est votre manager. Alors vous vous taisez. Le biais d’autorité est à l’oeuvre.

Ça vous parle ? Moi aussi.

Ce réflexe a un nom : le biais d’autorité. Il agit comme une main invisible sur nos pensées, nos paroles, nos silences. Bonne nouvelle : on peut apprendre à le reconnaître, et surtout, à en faire quelque chose de constructif.

Le biais d’autorité : un filtre bien plus courant qu’on ne le pense

Le biais d’autorité, c’est notre tendance à accorder plus de crédit à une information ou à une idée, simplement parce qu’elle vient d’une personne perçue comme légitime ou puissante : un manager, un expert, un leader charismatique.

Ce biais est ancré dans notre histoire évolutive. Obéir au chef de meute, dans des contextes de survie, était souvent la meilleure option. Sauf qu’aujourd’hui, en entreprise, ce réflexe peut étouffer l’expression, freiner l’innovation, voire mener à des décisions peu pertinentes.

Et pourtant, il est difficile à repérer. Pourquoi ? Parce qu’on le confond avec le respect. Il est culturellement valorisé. Il nous donne l’illusion de sécurité.

Déjouer le biais d’autorité, c’est commencer par le voir à l’œuvre. Chez les autres. Mais surtout en soi.

Clé 1 : Donnez un nom à ce qui vous freine

À chaque fois que vous vous censurez en réunion, posez-vous cette question : « Est-ce que je crois vraiment ce que je pense, ou est-ce que je me plie à une autorité implicite ? »

Identifier le biais d’autorité, c’est déjà l’affaiblir. C’est comme pointer une illusion d’optique : une fois qu’on l’a vue, on ne peut plus faire comme si elle n’existait pas.

Astuce : Gardez une trace de vos non-dits. Sur une semaine, notez les moments où vous avez pensé différemment mais n’avez rien dit. Que se passait-il ? Qui parlait ? Comment étiez-vous ?

Déjouer le biais d’autorité, c’est aussi accepter qu’il agit souvent sans bruit, tapi dans le décor de nos automatismes.

Clé 2 : Mettez tout le monde à hauteur d’humain

Il est tentant de penser que certains ont accès à une vérité supérieure. Surtout quand ils ont un titre, une réputation, ou une voix assurée.

Mais rappel : chaque personne, même brillante, est traversée par les mêmes biais cognitifs que vous.

Astuce : En formation, j’invite souvent à imaginer son N+1 en pantoufles. L’effet est garanti. C’est un exercice de déconstruction mentale qui libère.

Déjouer le biais d’autorité, c’est aussi se rappeler que les titres sont des étiquettes. Pas des garanties de justesse.

Cas pratique #1 : Quand votre manager vous interrompt systématiquement*
Je participe à un séminaire. On me confie la tâche d’expliquer un projet complexe. Je prépare, je structure, je m’applique. Mais dès que je prends la parole, le manager m’interrompt. Pas pour contredire, non : pour reformuler. À sa façon. À chaque phrase.
Prétexte ? « C’est trop complexe, il faut que ce soit plus clair. »
Résultat ? Je perds le fil, l’autorité implicite du manager noie mon propos, et je suis renvoyée à une posture d’élève maladroite.
Ce que j’ai fait ? J’ai tourné la situation avec humour : « Je m’excuse, je pensais être claire, mais j’ai visiblement besoin d’un traducteur en chef. » La salle a ri, et le manager s’est calmé. Le lendemain, j’ai reçu des excuses.
Cette scène illustre à quel point déjouer le biais d’autorité est nécessaire pour restaurer une communication fluide. Le manager ne voulait sans doute pas nuire, mais en s’imposant comme filtre obligatoire, il a étouffé le message.

Clé 3 : Créez (ou proposez) des espaces sans hiérarchie

Parfois, ce n’est pas l’individu qui s’impose, mais le système. La réunion où tout le monde regarde la même personne. Le PowerPoint qu’on n’ose pas interrompre.

Et si on décidait, à certains moments, de poser les titres au vestiaire ?

Exemples concrets :

  • Des brainstormings anonymisés (via post-its ou outils digitaux)
  • Des tours de table inversés (on commence par les juniors)
  • Des réunions « no chef day »

Astuce manager : Demandez explicitement des objections. La phrase magique ? « Qu’est-ce qui vous gêne dans ce que je propose ? »

Déjouer le biais d’autorité passe aussi par le design de nos réunions.

Clé 4 : Développez l’art du désaccord constructif

Contredire n’est pas trahir. C’est contribuer. Mais encore faut-il savoir comment.

Modèles de formulation :

  • « Je vois les choses un peu autrement, je peux partager mon point de vue ? »
  • « Et si on testait une autre option ? »

Exprimer une idée différente, ce n’est pas remettre en cause une personne. C’est enrichir la réflexion.

Cas pratique #2 : Quand vous heurtez votre chef par mégarde*
Lors d’une réunion de brainstorming, la consigne est claire : chacun propose des idées sur des post-its, les classe, puis peut déplacer ceux des autres s’il les estime mal positionnés. Une dynamique censée être horizontale, neutre et collaborative.
Sauf que dans ce groupe, ma cliente est la cheffe d’équipe. Elle pose une idée. Et moi, consultante externe, je déplace son post-it, sans savoir qu’il venait d’elle. L’ambiance se fige immédiatement. Exercice interrompu. Malaise.
Que s’est-il passé ? Le biais d’autorité (associé ici à un biais de statut) a activé un réflexe défensif : comment ose-t-elle me corriger, moi ? L’idée n’a pas été jugée sur son fond, mais sur sa provenance hiérarchique.
Clé de sortie : garder son calme, et réinterroger les règles du jeu de manière ouverte : « Est-ce qu’on peut reprendre l’exercice sans chercher qui a écrit quoi ? L’objectif, c’est d’enrichir nos idées, non ? »

Déjouer le biais d’autorité, ici, c’est aussi faire preuve d’agilité relationnelle.

Clé 5 : Décelez le biais d’autorité… aussi quand c’est vous qui l’émettez

Ce biais est un boomerang. On le subit, mais on le provoque aussi. Sans le vouloir.

Avez-vous déjà remarqué que personne ne vous contredit ? Qu’une idée un peu faible est acceptée sans broncher ? Ce n’est pas toujours un signe de clarté. Parfois, c’est juste… de la crainte hiérarchique.

Astuce : Ralentissez avant de clore une discussion. Créez un espace où l’on peut contester votre point de vue. Posez la question que peu de managers osent poser : « Ai-je manqué quelque chose ? »

Déjouer le biais d’autorité, c’est aussi une affaire de posture managériale.

Biais inconscient - l'autorité du chef

Le biais d’autorité n’est pas un ennemi

C’est le fondement de notre fabrication cérébrale quand le besoin primaire de survie (collective) cède le pouvoir à un individu réputé comme capable de favoriser la sécurité de tous.

Le biais d’autorité peut même être utile : dans une crise, on a parfois besoin de suivre une direction claire. Mais il devient nocif lorsqu’il se transforme en automatisme. Quand il empêche la pensée. Quand il bride la parole.

Le but n’est pas de rejeter l’autorité. Mais de la remettre à sa juste place : une voix parmi d’autres. Pas la seule.

Image mentale : Le biais d’autorité, c’est comme un GPS. Pratique, rassurant. Mais parfois, il vous fait prendre un détour inutile. Et vous, vous connaissez peut-être un raccourci que lui ignore.

Conclusion : Alors, prêts à déjouer le biais d’autorité quand cela est nécessaire ?

Quand avez-vous osé exprimer une idée face à une figure d’autorité ? Et qu’avez-vous ressenti ?

Ce n’est jamais facile. Mais c’est souvent libérateur.

Et si on apprenait à marcher à côté, plutôt que derrière ?

Pour aller plus loin, je vous recommande cet épisode de podcast : Biais cognitifs et management défaillant en réunion

*Ces scènes sont racontées plus en détail dans cet article : Biais inconscients en réunion : démarquez-vous

Leadership et biais de genre : savoir lâcher prise

Leadership et biais de genre : savoir lâcher prise

Et si le vrai pouvoir, c’était de savoir quand se battre… et quand s’épargner ?

Leadership et biais de genre _ déconstruire et lâcher prise

La question du leadership et des biais de genre est aujourd’hui au cœur des enjeux d’égalité, de performance et de santé psychologique au travail. Il ne s’agit plus seulement d’ouvrir la porte des responsabilités aux femmes. Il s’agit de reconnaître que cette porte est souvent encadrée de stéréotypes, d’attentes implicites, de jugements non exprimés. Ces biais n’agissent pas seulement comme des freins à la progression des carrières féminines. Ils infiltrent les décisions, les interactions, les évaluations de performance, jusqu’à affecter la confiance en soi.

Selon un rapport du World Economic Forum (2023), les femmes occupent moins de 30 % des postes de direction dans le monde. Et ce, malgré des niveaux d’études et de performance qui équivalent ceux des hommes. En cause ? Des stéréotypes persistants sur les qualités attendues d’un « bon leader ». Dans ce contexte, les femmes doivent sans cesse composer. Elles doivent faire entendre leur voix, tout en restant « acceptables » ; diriger, sans paraître autoritaires ; concilier ambition et accessibilité.

Mais faut-il toujours déconstruire ces biais ? Ou faut-il, parfois, les reconnaître simplement comme ce qu’ils sont : des projections qui ne nous appartiennent pas ? Ce que je propose ici, c’est une grille de lecture à double entrée, qui permet de gagner en lucidité, en pouvoir d’action, et en sérénité.

Leadership et biais de genre : une posture lucide entre transformation et protection de soi

Dans un contexte professionnel encore largement traversé par des normes masculines de leadership, les femmes sont souvent confrontées à une double tâche. Il leur faut exercer leur fonction… et justifier leur place. Ce phénomène, que je développe dans Leadership au féminin : entre falaise et plafond de verre, produit une usure invisible mais profonde.

Face à cela, une posture lucide consiste à différencier deux types de situations :

  1. Celles où il est pertinent d’intervenir pour déconstruire activement les biais de genre. Il peut s’agir de décisions managériales, d’évaluations, de prises de parole. Autant de contextes où les représentations sociales genrées produisent des effets négatifs concrets sur la perception du leadership féminin.
  2. Celles où il est plus sain de reconnaître le biais sans y répondre. Il est parfois inutile de se retrouver dans une spirale de justification ou d’hyperadaptation. Cette reconnaissance permet de préserver son énergie et sa clarté d’esprit.

👉 Cette grille d’analyse s’appuie sur une logique d’économie mentale et émotionnelle. Il faut transformer ce qu’il est possible de changer. Vous pouvez en revanche vous protéger de ce qui relève d’un système extérieur et biaisé.

Quand déconstruire les biais de genre : un acte stratégique et nécessaire

Le leadership et les biais de genre se heurtent particulièrement dans les contextes de visibilité et de pouvoir. Réunions stratégiques, négociations salariales, nominations : autant de moments où les stéréotypes se réactivent.

Un exemple récurrent : une femme perçue comme trop directive est jugée froide, voire agressive. L’homme dans la même posture est perçu comme charismatique. Ce double standard est bien documenté : une méta-analyse publiée dans Psychological Bulletin (Eagly & Karau, 2002) montre que les femmes qui adoptent un style de leadership dit « agentique » (affirmation de soi, autorité, autonomie) sont pénalisées dans leur évaluation sociale.

Mais les biais de genre ne sont pas que des obstacles : ce sont aussi des révélateurs. Ils rendent visibles les normes implicites que personne ne questionne — jusqu’à ce qu’on le fasse.

Déconstruire les biais dans ces contextes, c’est :

leadership et biais de genre _ déconstuire
  • Donner une légitimité explicite à des formes de leadership plus inclusives. Comme l’empathie stratégique, la coopération décisionnelle, la capacité à reconnaître ses vulnérabilités sans les confondre avec de la faiblesse.
  • Créer des précédents. Une femme qui prend la parole pour demander la transparence sur les critères de promotion ne le fait pas seulement pour elle. Elle ouvre une brèche. Cela rejoint l’approche décrite dans Femmes et syndrome de l’imposteur, osez le succès.
  • Responsabiliser collectivement. Déconstruire, c’est aussi renvoyer aux structures leur rôle actif dans la reproduction des inégalités. Le leadership, en ce sens, devient un acte politique.

La clé est donc d’intégrer cette lecture du leadership et des biais de genre dans nos pratiques quotidiennes. Ce n’est pas seulement un sujet de discours ; c’est un levier d’action concret, à la fois individuel et collectif.

Quand lâcher prise : préserver son énergie face à l’invisible

Si déconstruire les biais de genre peut être un acte stratégique de transformation, il existe aussi des contextes où cette lutte permanente devient contre-productive, voire nocive. Dans ces cas, le plus grand acte de leadership consiste à ne pas se laisser happer par des normes qui ne nous appartiennent pas. C’est ici qu’intervient la deuxième dimension de cette grille de lecture : savoir quand et pourquoi lâcher prise.

Le leadership et les biais de genre entretiennent une relation complexe

Notamment parce que ces biais ne sont pas toujours exprimés ouvertement. Ils peuvent prendre la forme de micro-jugements, d’attentes implicites ou d’une fatigue constante liée à l’hyper-vigilance. Cette pression diffuse alimente une dynamique d’auto-censure et de sur-adaptation que de nombreuses femmes expriment en coaching ou en supervision.

Prenons un exemple banal : après une réunion tendue, une manager va passer la soirée à se demander si elle a été trop ferme, si elle aurait dû nuancer davantage, si elle n’a pas paru trop rigide. Cette mécanique mentale n’est pas anodine : elle traduit une intériorisation du regard social, souvent fondée sur des normes genrées implicites. Elle est renforcée par le biais d’auto-complaisance inversée, qui pousse à attribuer les échecs à des causes internes et les réussites à des facteurs externes.

Dans ces cas-là, l’enjeu n’est pas de corriger un biais extérieur, mais d’empêcher qu’il ne devienne un filtre déformant intérieur. Ce que j’ai développé dans l’article Femmes et managers : stop au perfectionnisme paralysant s’applique pleinement ici : vouloir être irréprochable est une stratégie de protection qui finit par nous enfermer.

Lâcher prise, dans le contexte du leadership et des biais de genre, peut prendre plusieurs formes :

  • Ne pas répondre à certaines remarques, non par passivité, mais par choix stratégique. Tout ne mérite pas une explication.
  • Ne pas corriger systématiquement son discours, son ton ou son attitude, pour correspondre à une norme implicite de « leadership acceptable ».
  • Se recentrer sur l’impact plutôt que sur l’image. Une décision bien menée, même perçue comme « tranchée », n’a pas besoin d’être justifiée si elle est alignée avec ses valeurs et ses responsabilités.
Biais de genre et leadership savoir lâcher prise

Ce type de lâcher-prise ne signifie pas ignorer les biais. Il s’agit plutôt de refuser de se définir à travers eux. Comme l’a montré Brené Brown dans ses travaux sur la vulnérabilité et le courage managérial, la solidité intérieure vient de l’alignement, pas de la perfection.

Autrement dit : lâcher prise, c’est retrouver une forme de souveraineté. C’est ne plus passer son temps à chercher la posture parfaite, mais choisir en conscience la réponse — ou le silence — qui nous préserve sans nous trahir.

Partage d’expérience : de l’intime au collectif

Ce que je sais être la vérité !

Dans mes discussions, je commence souvent par cette phrase : « J’ai finalement compris que ce que je ressens n’est pas individuel mais systémique. » C’est une clé de lecture que j’aurais aimé avoir plus tôt dans ma propre trajectoire.

Je me souviens par exemple d’une prise de parole en réunion de direction, il y a quelques années. J’avais préparé mon intervention avec soin, des arguments solides, une vision claire. Et pourtant, après avoir exprimé mon point de vue, j’ai été saisie par un doute immense : est-ce que j’ai été trop tranchante ? Trop passionnée ? Trop sûre de moi ? Ce n’est que plus tard, en revoyant l’enregistrement de la réunion (eh oui, c’était en visio), que j’ai réalisé que ma posture était parfaitement ajustée. Mon seul « excès », c’était de ne pas avoir joué la carte de l’atténuation.

C’est là que j’ai compris quelque chose de fondamental : ce n’était pas moi qui étais « trop », c’était le cadre qui était étroit. Un cadre où l’expression affirmée d’une femme est encore trop souvent lue à travers des filtres biaisés. Ce que j’ai formulé récemment dans un post LinkedIn comme « tu te pollues à vouloir convaincre des idiots par une approche rationnelle » a été un vrai déclic : il faut choisir ses batailles, sinon c’est notre énergie qui y passe.

La vraie vie !

Il y a aussi ces moments où l’on choisit de ne pas relever. Comme cette remarque anodine — « ah tiens, t’as coupé tes cheveux courts, ça fait plus sérieux maintenant ». J’aurais pu répondre. J’ai préféré ignorer. Non pas par faiblesse, mais parce que j’ai senti que ce combat-là n’en valait pas la peine. Mon nouveau mantra : « L’énergie que tu investis à prouver que tu as raison, tu ne la mets pas à créer ce qui compte pour toi ».

Et puis, il y a ces nuits d’insomnie. Cette nuit, en particulier, où j’ai douté de tout. Mon utilité, mes choix, mes valeurs. J’ai ressenti ce que tant de femmes ressentent : l’impression de devoir mériter chaque millimètre de légitimité. Et pourtant, ce doute est aussi ce qui nous relie, ce qui nous pousse à chercher du sens. Ce que j’ai découvert, c’est que ce doute-là, quand on l’accepte, peut devenir un levier de lucidité.

Ces expériences m’ont appris à doser, à arbitrer. À me demander, chaque fois : quel est le coût émotionnel de cette réponse ? Et est-ce que ce coût vaut la peine, ici et maintenant ?

C’est dans cette intelligence contextuelle que se construit, selon moi, une forme de leadership lucide. Un leadership qui n’essaie pas de tout rééduquer autour de lui, mais qui choisit ses batailles — et en sort plus libre.

Et vous ?

  • Avez-vous déjà vécu une situation où vous vous êtes demandé si votre réaction était « trop » ?
  • Quelles stratégies mettez-vous en place pour choisir entre réaction et lâcher-prise ?
  • Quels sont les contextes dans lesquels vous vous sentez légitime pour déconstruire… et ceux dans lesquels vous choisissez de vous protéger ?

Conclusion : un leadership lucide, aligné, durable

Ce que révèle cette réflexion sur le leadership et les biais de genre, c’est qu’il ne suffit plus de dénoncer les mécanismes en place. Il s’agit désormais d’apprendre à y naviguer avec lucidité. Un leadership véritablement inclusif ne se contente pas d’ouvrir la porte à d’autres voix : il redéfinit les critères d’autorité, de légitimité, d’efficacité.

Déconstruire, c’est transformer les règles du jeu quand elles empêchent d’être pleinement soi, d’exercer son pouvoir, de prendre des décisions ancrées. Lâcher prise, c’est refuser de laisser les biais extérieurs gouverner l’intérieur — c’est dire : je vois ce biais, mais je choisis de ne pas m’y soumettre.

C’est dans cette capacité à articuler résistance et souveraineté que se forge une nouvelle manière de diriger, plus libre, plus juste, plus humaine.

Alors non, il ne faut pas toujours déconstruire les biais de genre. Mais il faut toujours être capable de les reconnaître. Et surtout, de ne plus leur laisser le pouvoir de décider à notre place.

Apprécier le chemin, pas seulement la destination

Apprécier le chemin, pas seulement la destination

Apprécier le chemin pas seulement la destination

« Apprécier le chemin, pas seulement la destination » ce n’est pas juste une posture intérieure. C’est aussi une organisation différente de sa vision du monde, de son temps, et de soi-même.

Dans l’article « Pourquoi est-il si difficile de reconnaître ses victoires ?« , je parlais de notre difficulté à faire pause, à célébrer, à observer tout ce qui a déjà été accompli.
Cette suite est une invitation à aller plus loin : apprendre à construire un chemin visible, structuré et habitable.

Comment réapprendre ce que notre « petit nous » n’a jamais su faire ?

Quand j’étais petite, j’étais incapable de rester en place après avoir fini une activité et j’ai l’impression que pour mes fils, la fin de l’activité n’était pas encore arrivée 😉

  • Une histoire lue ! « On fait quoi maintenant ? »
  • Un dessin terminé ! « Et après ? »
  • Un anniversaire passé ! « C’est quand le prochain ? »

J’étais déjà dans le mouvement d’après, alors que le moment présent n’était même pas tout à fait terminé.

Et cette petite moi n’a pas disparu. J’ai simplement grandi. Elle s’est habillée d’ambition, de responsabilités, de to-do lists bien rangées. Elle est toujours là, juste plus discrète. Plus adulte dans sa manière de courir.

Lutter contre le syndrome du "et après"

Partie 1 – Le syndrome du “et après ?”

Nous sommes des versions adultes de cette impatience originelle. Il n’y a, en réalité, aucune surprise à ce que l’on peine à savourer ce que l’on est en train de vivre.

Et pourtant, cette agitation permanente laisse un goût d’inachevé. Une sensation étrange d’être toujours en chemin… sans jamais s’arrêter pour regarder le paysage.

Cela crée des tensions bien connues :

  • La peur de perdre de vue ses objectifs si l’on s’ancre trop dans le présent
  • L’angoisse de ne jamais atteindre ses buts si l’on ne reste pas focalisé sur la ligne d’arrivée.

Et en miroir, des frustrations tenaces :

  • Celle d’attendre le prochain grand moment, en passant à côté de tout le reste.
  • Celle de courir après des résultats, sans jamais prendre le temps de savourer le travail accompli.

1.1. L’illusion du “grand moment”

C’est un piège courant : croire qu’un jour, on ressentira enfin cette satisfaction profonde, cette sérénité stable, ce “ça y est”. Comme une ligne d’arrivée qui, une fois franchie, nous rendrait pleins.

Mais ce moment parfait, ce sommet tant attendu, existe rarement sous la forme qu’on imagine. On y arrive souvent fatigué. Pressé par le suivant. Ou déçu. Parce que l’instant en lui-même ne suffit jamais à combler les mois, voire les années, de tension accumulée.

Ce n’est pas une fatalité. C’est une habitude. Une manière de fonctionner que l’on peut questionner. Et transformer.

1.2. Apprendre à savourer le processus

Et si apprendre à apprécier le chemin, pas seulement la destination, devenait un nouvel art de vivre professionnel ? Apprécier le chemin ne veut pas dire renoncer à la destination. Cela veut simplement dire habiter chaque étape, au lieu de la traverser en apnée.

Mais cela s’apprend. Et comme tout apprentissage, cela demande :

  • de l’attention (pour repérer ces moments de transition qu’on écrase sans même les voir),
  • des étapes intermédiaires (pas seulement pour valider, mais pour vivre ce qui se passe),
  • et un peu de douceur envers soi (parce que ralentir est un acte de courage dans un monde qui pousse à l’urgence).

1.3. Revenir à soi

Cela commence peut-être par une question simple :
Et si je me permettais d’éprouver de la fierté en chemin, et pas seulement à l’arrivée ?

Cela continue par un geste minuscule : écrire et relire ce que l’on a déjà fait, au lieu de se projeter dans ce qu’il reste à accomplir.

Et cela se prolonge dans une posture de vie : ne plus attendre que tout soit fini pour se sentir bien.

1.4. Une philosophie à incarner, pas à prêcher

Ce n’est pas un slogan de développement personnel. C’est un regard à transformer.

Parce que ce que nous apprenons pour nous-mêmes, nous le transmettons.
À nos enfants, nos proches et nos équipes.

Apprécier le chemin, c’est aussi leur montrer que la vie n’est pas qu’un enchaînement d’objectifs, mais un tissage de moments pleins. Que la réussite ne se mesure pas seulement à la hauteur des sommets atteints, mais à la manière dont on a habité chaque pas.

Partie 2. Alors… comment fait-on concrètement ? Travailler sa “bonne vision” du chemin

Apprécier le processus demande d’avoir une vision claire du cap et de ses étapes. Pas seulement un objectif lointain, mais une structuration de l’avancée.

Et pour ça, deux approches font leurs preuves depuis longtemps : les grosses pierres et le cercle d’influence.

2.1. La méthode des “grosses pierres” : remettre les priorités dans le bon ordre

J’ai déjà parlé de cette méthode dans l’article « Pourquoi est-il si difficile de reconnaître ses victoires ?« . Cette métaphore est classique. Un professeur présente à ses élèves un grand bocal vide, des grosses pierres, des petits graviers, du sable et de l’eau.

Si l’on commence par verser le sable, puis les graviers, les grosses pierres ne rentrent plus. Mais si l’on place d’abord les grosses pierres, tout le reste trouve naturellement sa place autour.

Dans notre quotidien, les grosses pierres représentent ce qui a réellement de la valeur : un temps de création, une pause pour respirer, un moment avec ses proches, un projet qui nous anime. Les graviers et le sable, ce sont les mails, les urgences d’autrui, les détails chronophages.

Ce que l’on oublie souvent, c’est que les grosses pierres ne sont pas que des objectifs finaux.
Ce sont aussi les étapes structurantes du chemin. Celles qu’il faut planifier, protéger, savourer.

Prendre le temps de les identifier, c’est déjà une forme d’engagement envers soi.
Et les placer dans l’agenda, c’est leur donner de la légitimité.
On ne savoure pas ce qu’on considère comme accessoire.

Cette méthode est un excellent point de départ pour apprécier le chemin, pas seulement la destination — en donnant du poids à chaque étape plutôt qu’à l’arrivée finale.

🎯 Zoom pratique – Exercice “grosses pierres” pour managers d’équipe

Objectif : aider les managers à identifier ce qui compte vraiment — pour eux et pour leur équipe — afin de structurer le temps autour des vraies priorités.

La checklist des “grosses pierres” pour un manager :

1. Quelles sont mes grosses pierres cette semaine ?

– Un temps de concentration non-négociable sur un dossier prioritaire ?
– Une pause pour prendre de la hauteur ?
– Une conversation essentielle avec un collaborateur ?
– Un moment à préserver pour moi, hors contexte pro, mais indispensable à mon équilibre ?

2. Quelles sont les grosses pierres de mon équipe ?

– Ai-je identifié les projets qui ont un réel impact, plutôt que ceux qui font juste du bruit ?
– Ai-je pris le temps de reconnaître les efforts intermédiaires (et pas seulement les livrables) ?
– Est-ce que mes collaborateurs ont des temps protégés pour avancer, et pas juste pour répondre aux urgences ?

3. Comment je planifie ces pierres dans l’agenda collectif ?

– Ai-je fixé des créneaux pour ces priorités dans le planning hebdo ?
– Est-ce que je montre l’exemple en bloquant ces temps dans mon agenda ?
– Est-ce que j’en parle en réunion d’équipe pour donner du poids à cette approche ?

4. Qu’est-ce que je peux enlever ou alléger pour les laisser respirer ?

– Réunions inutiles ? Suivis sur-détaillés ?
– Est-ce que je laisse trop de place au sable, et pas assez aux vraies pierres ?

BONUS : Demande à ton équipe “quelles sont vos grosses pierres cette semaine ?” Tu verras émerger une vision beaucoup plus claire — et souvent plus alignée — du travail à accomplir.

2.2. Le cercle d’influence : reprendre la main sur ce qui dépend vraiment de nous

Popularisée par Stephen Covey, cette approche consiste à distinguer ce qui est dans notre zone d’influence directe, de ce qui ne l’est pas. Revenir à ce qui dépend de nous, c’est une manière simple — mais puissante — d’apprécier le chemin, pas seulement la destination.

Beaucoup d’angoisse vient du fait que nous concentrons notre attention sur des éléments extérieurs : la reconnaissance, les résultats, les aléas.

Mais le chemin, lui, se construit dans le cercle d’influence : ce que je peux faire aujourd’hui, avec mes ressources, mon rythme, ma propre façon d’avancer.

Par exemple :

  • Je ne peux pas garantir que ce projet sera un succès… mais je peux décider de le mener avec intégrité et attention.
  • Je ne peux pas contrôler le regard des autres… mais je peux choisir de me féliciter pour chaque étape franchie.

Changer de focale, c’est rendre visible ce que je peux savourer. Et ce que je peux nourrir. Pas seulement ce que je peux “atteindre”.

🔍 Zoom pratique – Le cercle d’influence du manager

Objectif : distinguer ce sur quoi un manager peut vraiment agir, pour arrêter de s’épuiser sur des fronts qui ne dépendent pas (ou peu) de lui.
Le cercle d’influence du manager… pour lui-même :
✅ Ce qui dépend de moi :
– Ma manière de communiquer.
– Mon écoute, ma posture de soutien ou de contrôle.
– Le cadre que je donne à l’équipe (règles du jeu, priorités, rythme).
– Ma capacité à dire “non” ou à ralentir quand c’est nécessaire.
– Mes feedbacks (fréquents, honnêtes, bienveillants).
– Le climat émotionnel que je co-crée.

❌ Ce qui ne dépend pas de moi :
– Les décisions stratégiques venues du dessus.
– La météo économique.
– Les réactions individuelles de chaque collaborateur.
– Les contraintes réglementaires, techniques, ou budgétaires.
– Revenir à son cercle d’influence, c’est regagner en impact… sans se disperser.
Le cercle d’influence du manager… en tant que leader d’équipe :
✅ Ce que je peux favoriser :
– La clarté sur les objectifs communs.
– Un climat de confiance (où l’on peut oser dire, essayer, échouer).
– La valorisation du progrès et des efforts (pas seulement des résultats).
– L’autonomie dans l’organisation du travail.
– Des temps de respiration et de déconnexion respectés.

❌ Ce que je ne peux pas imposer :
– L’adhésion totale à toutes les décisions.
– La motivation individuelle de chacun, si elle n’est pas nourrie de l’intérieur.
– L’absence de conflits ou de tensions.
_ L’envie de “savourer le chemin”… si moi-même je ne montre pas l’exemple.
– Le rôle du manager n’est pas de tout porter. C’est d’agir là où il a du pouvoir, et d’inspirer là où il n’en a pas

2.3. Faire du chemin un espace de croissance

Ces outils ne sont pas des recettes magiques. Mais ils ont un effet structurant.

Ils créent : 

  • Des points d’ancrage.
  • Des respirations dans la course.
  • Des occasions d’habiter ce que l’on vit.

Ils transforment un parcours flou en séquence d’étapes concrètes qui peuvent facilement devenir des petites victoires. Et c’est dans ces victoires intermédiaires que se construit la confiance. L’estime. La joie. 

Ce qui a révolutionné ma gestion du temps a été de mettre noir sur blanc ma semaine type pour éclairer mon véritable “temps disponible” car oui, nous avons tous du temps disponible ou du moins du temps qui pourrait être utile à l’accomplissement de nos projets. Que ça soit des heures dans les transports en commun, des plages de télévision ou d’écrans un peu trop “longues” 😉

Prenez une feuille, un tableur excel ou tout ce que vous voudrez et écrivez ! C’est le seul moyen d’être honnête et de prendre le pouvoir sur votre cerveau qui vous berce d’illusions, d’une douce complaisance ou de scénarios rétrospectifs ou d’anticipation qui vous paralysent. 

Apprendre à apprécier les petites victoires

En conclusion : Apprécier le chemin, ce n’est pas ralentir pour ralentir.

C’est reconnaître que la vie se joue là, dans les détails visibles qu’on choisit d’honorer. Apprécier le chemin, pas seulement la destination, c’est faire le choix conscient de ne plus vivre en accéléré.

Et si l’on veut vraiment transmettre à nos enfants, à nos équipes, à nos proches une autre manière d’être au monde, ce ne sera jamais uniquement par ce que l’on atteint…
Mais par la manière dont on avance.

Si on m’avait dit qu’un jour que comprendrais enfin les philosophes antiques 😂 mais le message des stoïciens me semble aujourd’hui limpide :

“Souviens-toi donc de ceci : si tu crois soumis à ta volonté ce qui est, par nature, esclave d’autrui, si tu crois que dépende de toi ce qui dépend d’un autre, tu tu sentiras entravé, tu gémiras, tu auras l’âme inquiète, tu t’en prendras aux dieux et aux hommes. Mais si tu penses qu seul de toi ce qui dépend de toi […] aucun malheur ne pourra t’atteindre” (Épictète – IIe siècle après JC)

Et vous ? quand est-ce que vous décidez d’apprécier le chemin, pas seulement la destination ?

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Comparaison, silence et dépendance sociale

Comparaison, silence et dépendance sociale

Comparaison et dépendance sociale

De la comparaison à la dépendance sociale, une suite naturelle

Il y a quelques semaines, je vous parlais du biais de comparaison sociale. Ce réflexe qui nous pousse à nous jauger en permanence : est-ce que je fais aussi bien ? est-ce que je suis “au niveau” ? Mais il existe un cran au-dessus. Une forme plus insidieuse, plus ancrée, presque invisible et c’est la dépendance sociale.

C’est ce moment où vous ne bougez pas, non pas parce que vous vous comparez, mais parce que vous attendez qu’on vous dise que c’est bon. Que c’est juste. Suffisant. Valide.

Vous connaissez ce sentiment ?

  • Quand vous avez une idée, mais que vous ne la partagez qu’après l’avoir testée sur trois collègues, juste pour “avoir leur retour”.
  • Quand vous dites “oui”, mais que ce n’est pas vraiment vous qui parlez.
  • Quand vous attendez un message, un sourire, un signal, comme un feu vert imaginaire, pour enfin y aller.

Ce n’est plus de la comparaison. C’est de la désirabilité ou de la dépendance sociale.
Un biais cognitif puissant, archaïque, intégré. Qui murmure à l’oreille de notre confiance : “Tu es sûre que tu peux y aller toute seule ?”

Aujourd’hui, j’ai envie d’explorer avec vous ce réflexe si humain. Pourquoi est-il est difficile – presque biologiquement – de s’en détacher ? Comment repérer quand il s’infiltre dans nos décisions, nos silences, nos attentes ? Et surtout, comment poser les bases d’une autonomie profonde, lucide, libératrice ? 

1. Pourquoi notre cerveau réclame la validation des autres ?

On rêve tous d’être libres. Autonomes. Maîtres de nos choix.

Mais notre cerveau, lui, a une autre priorité : notre sécurité individuelle et collective.
Et il est prêt à tout pour la préserver.

Un vieux programme dans un monde moderne

Revenons quelques milliers d’années en arrière.

À l’époque, être exclu du groupe, c’était mourir. Littéralement. Pas d’abri, pas de feu, pas de protection. L’humain isolé ne survivait pas. Alors notre cerveau s’est adapté : il a codé, dans ses circuits les plus profonds, que l’acceptation du groupe = survie.

Et ce réflexe est toujours là.

  • Quand vous ressentez une pointe d’anxiété à l’idée de dire non.
  • Quand vous relisez trois fois votre mail pour être sûr.e qu’il ne “heurte pas”.
  • Quand vous attendez inconsciemment un “tu fais bien” pour avancer.

Ce n’est pas de la faiblesse. C’est de l’héritage neurologique.

« Notre cerveau fonctionne encore comme si chaque désapprobation était un risque d’exclusion du clan. Sauf qu’aujourd’hui, le clan, c’est souvent LinkedIn. »

La désirabilité ou la dépendance sociale, c’est quoi exactement ?

C’est un biais cognitif qui nous pousse à accorder une valeur démesurée au jugement ou à l’approbation des autres dans nos prises de décision. Dit autrement, c’est la tendance à se présenter de façon favorable devant d’autres en fonction de certaines normes sociales établies La simple comparaison n’est pas aussi forte que la dépendance sociale. C’est sa première expression. Il faut la mettre sous contrôle.

Et le problème, c’est que ce biais ne fait pas dans la nuance. Il ne vous demande pas : “Est-ce que cet avis t’aide à avancer ?” Il vous souffle : “Si tu n’es pas validé.e, tu n’existes pas.” Subtile différence. Profonde conséquence.

Quand la recherche d’approbation devient frein à l’action

Ce biais devient toxique quand :

  • On ne sait plus si une envie vient de nous ou d’un besoin d’être reconnu.e.
  • On n’ose plus poser une limite sans se justifier.
  • On abandonne une idée juste parce qu’elle ne “plaît pas”.

Et surtout, quand on se débranche de soi pour rester “connecté” aux autres.

2. Comment repérer qu’on attend (trop) la validation ?

La comparaison et la dépendance sociale sont rarement frontales. Elles ne se manifestent pas avec un panneau clignotant « ATTENTION, TU N’ES PAS LIBRE ».
Elles opèrent en douce. Par en dessous. En laissant dans son sillage un flou intérieur : est-ce que je choisis vraiment ? Ou est-ce que je m’ajuste pour être bien vu.e, entendu.e, validé.e ?

Les deux visages de l’attente

🔹 L’attente active

Elle est facile à repérer :

  • Vous demandez souvent l’avis des autres avant d’agir.
  • Vous cherchez des « ok » explicites, même sur des décisions mineures.
  • Vous ressentez de l’inconfort si vous n’avez pas de retour immédiat.
  • Vous adaptez spontanément votre discours à la personne en face, jusqu’à en perdre votre voix.

🔹 L’attente passive

Celle-là est plus subtile, mais souvent plus ancrée :

  • Vous hésitez à partager vos idées spontanément.
  • Vous attendez inconsciemment qu’on vous tende la main… avant même de faire un pas.
  • Vous vous censurez à l’avance pour éviter d’éventuelles réactions.
  • Vous vous demandez : « Est-ce que ça va déranger ? » avant de vous demander : « Est-ce que moi je suis alignée ? »
Comparaison et dépendance sociale_diagnostic

🔍 Mini auto-diagnostic

Répondez spontanément, sans trop réfléchir :

  1. Est-ce qu’il vous arrive de remettre à plus tard une décision tant que quelqu’un ne vous a pas donné son avis ?
  2. Avez-vous déjà regretté d’avoir dit “oui”, alors qu’une petite voix intérieure criait “non” ?
  3. Êtes-vous soulagé.e quand quelqu’un vous rassure que “vous avez bien fait” ?
  4. Avez-vous du mal à célébrer une réussite si personne ne la remarque ?
  5. Avez-vous déjà changé d’avis en fonction de la réaction (ou du silence) d’un proche ou collègue ?

Si vous avez répondu “oui” à 3 ou plus, il est probable que le biais de dépendance sociale joue un rôle régulier dans vos décisions. 

Pas de panique. On est tous passés par là. 

Même ou surtout moi ! Souvent. Encore aujourd’hui, parfois…

Une histoire vraie (et un peu douloureuse)

Je me souviens d’une réunion où j’aurais dû parler.
Une de ces réunions où tout le monde acquiesce avec assurance… alors que ce qui se dit est une énormité.
Tout en moi hurlait : « Mais enfin, vous entendez ce que vous dites ? »
Mais j’ai gardé le silence. J’ai regardé la table. J’ai feint l’accord.

Pourquoi ?

  • Ils avaient l’air tellement sûrs.
  • Je n’avais pas d’allié visible dans la pièce.
  • J’ai eu peur d’être « la pénible », celle qui complique, qui freine, qui dénote.

Alors j’ai ravalé ma voix.
Et avec elle, un peu de mon respect pour moi-même.
Je suis sortie de cette réunion avec un goût amer. Pas à cause d’eux. À cause de moi.
Je savais que je m’étais désavouée.

Ce jour-là, j’ai compris que le silence peut être aussi violent qu’un non-dit.
Et que parfois, on s’abandonne soi-même pour ne pas froisser la surface tranquille du groupe.

Et vous ? À quel moment vous êtes-vous trahi·e, juste pour rester dans le cadre ?

3. Vers une autonomie saine : sortir de la dépendance sans tomber dans l’indifférence

Rechercher l’approbation des autres n’est pas une faute. C’est profondément humain.
Mais construire sa vie autour de cette attente, c’est risquer de s’éloigner de soi, jusqu’à ne plus entendre sa propre voix.

Alors, comment sortir de ce besoin de comparaison et de cette dépendance sociale sans devenir une version rigide ou indifférente de soi ?
Comment poser les bases d’une autonomie vivante, connectée mais non asservie ?

L’autonomie, ce n’est pas faire tout tout seul

Souvent, on confond autonomie et isolement. Comme si être autonome, c’était dire : “Je n’ai besoin de personne.”

Mais l’autonomie dont je parle est tout autre. C’est une autonomie relationnelle, ancrée dans une écoute fine :

  • de soi,
  • de ses valeurs,
  • et des signaux extérieurs… sans que ces signaux deviennent des injonctions.

“Je t’écoute, mais je ne me perds pas en chemin.”

C’est savoir qu’un retour peut être utile — sans être nécessaire. C’est sentir qu’on peut intégrer une critique — sans qu’elle vienne briser quelque chose.

Autrement dit : on passe de la dépendance à la résonance.
Ce que les autres pensent ne me définit pas, mais ça peut m’enrichir… si je suis déjà au clair avec moi-même.

Et parfois même, l’effet inverse existe. J’ai toujours été d’une nature plutôt autonome, à ne pas demander d’aide et j’ai pu observer au moins une fois que ce comportement m’a valu un rejet total du groupe. J’étais passée pour une personne imbue d’elle-même alors que j’étais trop timide pour déranger ! 

Comparaison et dépendance sociale_exercices

Trois gestes simples pour réapprendre à décider sans attendre d’être validé·e

Pas de carnet magique, pas d’incantation à la pleine lune. Juste des gestes simples à tester dans la vraie vie. Parce que l’autonomie se construit dans les micro-choix du quotidien.

1. La micro-décision en solo

Objectif : reprendre l’habitude de trancher sans sondage.

Dans votre journée, choisissez une décision que vous prenez habituellement en consultant quelqu’un, même par réflexe.

Exemples :

  • Envoyer un message professionnel sans demander à quelqu’un « Tu en penses quoi ? »
  • Choisir le visuel ou le titre d’un support sans le faire valider.
  • Prendre une position claire en réunion, sans attendre un regard complice ou un hochement de tête.

Faites-le. C’est tout. Et passez à la suite. Pas d’analyse post-mortem. Juste la satisfaction discrète d’avoir agi selon vous.

2. Le « J’en parle pas (et je survis très bien) »

Objectif : couper le réflexe de chercher un retour ou une approbation.

Choisissez une action ou une idée que vous auriez eu envie de partager immédiatement pour :

  • tester si “c’était bien”.
  • “avoir un retour”.
  • combler un vide ou valider un choix.

Et cette fois, gardez-la pour vous. Pas par secret, mais par expérience : celle de ne rien attendre, et voir que ça va quand même.

Ce silence volontaire est un révélateur. Il vous montre que votre propre regard peut suffire — au moins pour aujourd’hui.

3. Le “non” qui n’appelle pas d’excuse

Objectif : poser une limite sans se justifier.

Testez une situation où vous auriez dit « oui » à contrecœur, ou un « non » immédiatement contrebalancé par une justification.

Et cette fois, dites simplement :

  • « Non, je ne peux pas. »
  • « Non, ce n’est pas une priorité pour moi. »
  • « Non, je choisis de ne pas m’en occuper. »

Sans rallonge, “désolée”, sur-explication. C’est un “non” sobre, net, respectueux. Pas contre l’autre. Juste pour vous.

Conclusion : sortir du conditionnement, pas du lien

La comparaison et le dépendance sociale ne se combat pas avec dureté. Il se déjoue avec conscience, douceur, courage.

Vous ne devez pas devenir imperméable. Votre super-pouvoir c’est d’être perméable avec filtre.

Apprenez à créer un filtre intérieur construit à partir de qui vous êtes, de ce qui compte vraiment, et de votre capacité à vous écouter… même quand les autres ne valident pas.

Alors la question que je vous laisse est simple, mais puissante : Et si, pour une fois, vous décidiez que votre approbation suffisait ?
(Spoiler : elle suffit.)

Leadership au féminin : entre falaise et plafond de verre

Leadership au féminin : entre falaise et plafond de verre

Quand le talent ne suffit pas et se heurte aux biais cognitifs et aux préjugés de genre

Leadership au féminin : entre plafond et falaise de verre

Leadership au féminin, Plafond de verre, Falaise de verre… Oh, arrêtez ! Il n’y a pas de préjugés de genre ! Il n’y a pas de discrimination systémique ! Les inégalités salariales sont un mythe ! Les femmes ont les mêmes opportunités que les hommes, elles n’ont qu’à mieux négocier leur salaire, mieux réseauter, mieux s’imposer. C’est une question de volonté, non ?

Ah, si seulement c’était aussi simple.

L’égalité « théorique »

Sur le papier, tout va bien. Les femmes peuvent travailler, diriger, innover. Elles peuvent grimper les échelons, décider, influencer. Légalement, rien ne les empêche d’accéder aux postes de pouvoir. Pourtant, dans les faits, c’est une autre histoire.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes :

  • À l’entrée sur le marché du travail, les femmes représentent environ 50 % de la main-d’œuvre.
  • Au niveau managérial intermédiaire, elles ne sont plus que 37 %.
  • seules 12 % dirigent une PME ou une ETI (Entreprise de Taille Intermédiaire).

Et ce n’est pas une question de compétences ou d’ambition, mais bien d’un système qui freine leur ascension.

Parallèlement, le partage des responsabilités domestiques reste inégal :

  • 68 % des femmes réalisent la cuisine ou le ménage quotidiennement, contre 43 % des hommes.
  • En cas d’enfant malade, ce sont majoritairement les femmes qui s’absentent du travail, ce qui impacte leur carrière et renforce leur assignation aux responsabilités familiales.

Le plafond de verre ? Une illusion ! C’est juste qu’elles ne veulent pas trop de responsabilités, préfèrent leur équilibre de vie, ne prennent pas assez de risques. C’est d’ailleurs pour ça que pullulent les formations de leadership au féminin ! Le biais de confirmation nous souffle que, si elles ne sont pas là-haut, c’est qu’elles n’en ont pas vraiment envie.

Le double standard, ce grand classique

Un homme ambitieux est un leader. Une femme ambitieuse est une carriériste froide. Un homme direct est un stratège efficace. Une femme directe est autoritaire, voire hystérique. Un homme qui plaisante est charismatique. Une femme qui plaisante, surtout avec un brin d’humour salace ? Inappropriée.

D’ailleurs, parlons-en, de cette « hystérie« . Le mot vient du grec « hystera », qui signifie « utérus ». Pendant des siècles, on a expliqué que les femmes étaient instables à cause de leur biologie. Hippocrate décrivait l’hystérie comme une maladie liée à l’errance de l’utérus dans le corps. Plus tard, Freud associait cette soi-disant pathologie à des frustrations sexuelles. Autrement dit, depuis des millénaires, le moindre signe d’émotion féminine a été pathologisé. Pas étonnant que le mot « hystérique » soit encore jeté à la figure des femmes qui osent s’affirmer.

Et ce contrôle des femmes qui dérangent ne date pas d’hier. Les femmes indépendantes, trop libres, trop influentes, ont souvent été perçues comme une menace. On les a traitées de sorcières, poursuivies, brûlées. La chasse aux sorcières n’était pas seulement une vague de superstition, mais une manière de réprimer celles qui échappaient aux normes patriarcales. Une femme qui vivait seule, gérait ses affaires sans homme, soignait avec des remèdes naturels ? Dangereuse. Il fallait l’éliminer. Aujourd’hui, les bûchers ne flambent plus, mais les mécanismes d’exclusion et de marginalisation persistent.

« Il faut plus de modèles féminins »

Mileva Marić-Einstein, Physicienne (1875-1948)

On entend souvent qu’il faudrait « plus de rôles modèles » pour inciter les femmes à aspirer à des postes de leadership. Comme si le problème du leadership au féminin venait d’un manque d’inspiration et non d’un système structurellement inégalitaire.

L’effet Matilda démontre que les contributions des femmes sont historiquement minimisées, voire attribuées à leurs collègues masculins. Nombre de femmes scientifiques, penseuses ou inventrices ont vu leur travail passé sous silence ou volé. Rosalind Franklin a été éclipsée dans la découverte de l’ADN au profit de Watson et Crick. Lise Meitner, qui a contribué à la découverte de la fission nucléaire, a été oubliée au profit d’Otto Hahn. De fait, les hommes primés étaient souvent accompagnés de femmes brillantes. C’était le cas d’Albert Einstein, dont l’épouse Mileva a contribué bien plus à la théorie de la relativité qu’à la vie du ménage…

Alors non, ce n’est pas un manque de modèles, c’est un effacement quasi systématique de leurs contributions qui s’est répercuté dans les manuels scolaires. 

« Elles n’ont qu’à s’imposer ! »

Certaines le font. Elles prennent la parole, osent, dépassent les freins. Elles se forcent à « penser comme des hommes », à adopter leurs codes. Mais à quel prix ? Celui du syndrome de l’imposteur qui les ronge, du stress de l’hyper-performance, de l’usure d’une lutte permanente ?

D’ailleurs, ce fameux syndrome de l’imposteur, qui touche particulièrement les femmes, est fortement nourri par des biais cognitifs et des stéréotypes intériorisés. Comme je l’explique dans ces articles :

Il ne s’agit pas d’un simple manque de confiance, mais d’un phénomène renforcé par des attentes sociales différenciées.

Et même avant d’en arriver là, elles doivent passer les filtres du recrutement. Une enquête de l’Observatoire des discriminations a révélé qu’une femme de 32 ans mariée et ayant trois enfants a 37 % de chances en moins d’être convoquée à un entretien d’embauche (1). De plus, 20 % des femmes rapportent avoir déjà fait l’objet d’une discrimination lors d’un entretien d’embauche, contre 15 % des hommes (2).

Gare à la falaise de verre !

Et si elles finissent par accéder à un poste de leadership, elles se retrouvent souvent en haut… d’une falaise de verre. Theresa May et Liz Truss, anciennes première ministre du Royaume-Uni, ou Marissa Mayer, ex-PDG de Yahoo ou plus récemment Kamala Harris. Ces noms de femmes vous disent quelque chose ? Ces femmes ont pour point commun d’avoir été nommées à la tête de leur pays ou de leur entreprise en pleine période de crise. 

Ce phénomène de “Falaise de verre” décrit comment les femmes sont plus souvent promues à des postes de direction lorsque une entreprise ou un pays est en crise ou en difficulté. On leur confie la barre d’un navire en train de couler, puis on leur reproche de ne pas avoir su le sauver. Et lorsqu’elles échouent ? C’est la preuve, bien sûr, qu’elles n’étaient pas faites pour ces responsabilités…

Et pourquoi ce serait à elles seules de faire cet effort ? Pourquoi la norme serait-elle encore et toujours définie par un modèle masculin ?

Modèle Féminin_leadership
Millicent fawcett, Femme politique, Écrivaine et Militante féministe britannique (1847-1929)

La solution : bouger les lignes, ensemble

Connaître l’existence des biais ne doit pas simplement servir à constater une injustice. Cela doit nous permettre à la fois de déculpabiliser (ce n’est pas un problème individuel mais systémique) et d’agir concrètement. L’idée n’est pas d’opposer les genres, mais de neutraliser les effets des biais à toutes les étapes de la vie en entreprise : du recrutement aux promotions, en passant par les relations quotidiennes et les opportunités de carrière. Parce que, oui, le leadership au féminin est entravé par le plafond de verre et mis en péril par la falaise de verre !

Parmi les biais qui influencent ces processus, on retrouve :

  • L’effet de halo, qui nous pousse à juger une personne sur un seul critère (exemple : une femme perçue comme « sympathique » pourra être considérée comme moins compétente).
  • Le biais de conformité, qui favorise les candidats et candidates correspondant au modèle dominant, souvent masculin.
  • Le biais de double contrainte, où les femmes doivent être à la fois compétentes et chaleureuses sous peine d’être perçues comme trop dures ou trop effacées.

Ces biais sont inconscients, mais leurs effets sont bien réels. Mettre en place des processus objectifs et transparents (grilles d’évaluation en recrutement, critères de promotion standardisés, feedbacks réguliers) permet de réduire leur impact.

Mais au fond, n’est-il pas idiot de lutter contre les inégalité alors qu’on peut chercher à accroître la performance ?

Finalement, bouger les lignes, c’est comprendre que les inégalités ne sont pas une fatalité, mais le résultat de mécanismes sur lesquels nous avons un pouvoir d’action.

Attention, aussi à ne pas vous fier à toutes les études qui disent que les entreprises sont plus plus performantes à la seule condition qu’elles ont plus de femmes à leur tête. Pleines de bonnes intentions, de nombreuses études ont fini par confondre militantisme et éthique… Ce sont bien les différences, toutes les différences, qui sont source de richesse. 

Dans son ouvrage de référence “Intelligence relationnelle et inclusion”, Laurent Depont citait une étude de Cloverpop. L’analyse a posteriori de la pertinence d’un très gros volume de décisions sur la base de big data a montré que 66% des décisions prises s’avéraient judicieuses et que ce taux dépendait de la constitution des équipes. Une équipe 100% masculine ne prenait que 59% de bonnes décisions, une équipe mixte 73%, une équipe mixte avec diversité d’âge 80% et une équipe mixte diversifiée en âge et origine géographique 87%. Mais attention, plus l’équipe est diversifiée et plus la décision est difficile à mettre en pratique. L’enfer est pavé de bonnes intentions ! 

Et vous, qu’en pensez-vous ?

Avez-vous déjà vécu ou observé ces situations ? Partagez vos expériences en commentaires !

En savoir plus : 

Biais cognitifs et intelligence émotionnelle : prenez le contrôle

Biais cognitifs et intelligence émotionnelle : prenez le contrôle

Identifier ses biais cognitifs et développer son intelligence émotionnelle pour un management plus apaisé.

Biais cognitifs et intelligence émotionnelle

Introduction : Managers, pourquoi certains conflits dégénèrent-ils ?

Les conflits font partie de la vie professionnelle. Pourtant, certains s’enlisent, s’intensifient et laissent des traces durables, là où d’autres se désamorcent rapidement. Pourquoi ? Parce que notre manière d’y réagir est souvent biaisée par nos émotions et nos filtres cognitifs.

  • « Je suis objectif(ve), c’est l’autre qui exagère. »
  • « Si je lâche du terrain, je vais perdre en crédibilité. »
  • « Il ou elle a toujours été comme ça, ça ne changera pas. »

Ces pensées, influencées par nos biais cognitifs et émotionnels, rigidifient notre posture et nous enferment dans des schémas de confrontation. Mais en prenant conscience de ces mécanismes, il est possible d’adopter un management plus apaisé et constructif.

L’intelligence émotionnelle joue un rôle clé dans la gestion des tensions. Capacité à percevoir, comprendre et réguler ses émotions ainsi que celles des autres, elle permet de mieux communiquer, de prévenir les conflits et d’instaurer un climat de travail plus harmonieux. Pourtant, de nombreuses femmes managers peuvent se sentir piégées entre deux extrêmes :

  • D’un côté, la peur d’être perçue comme trop émotive.
  • De l’autre, la volonté de s’affirmer sans paraître autoritaire.

Objection courante : « Je préfère éviter les conflits pour maintenir une ambiance sereine. »

À titre personnel, j’ai toujours préféré faire face directement aux problèmes. J’ai d’ailleurs observé que mes collègues femmes avaient généralement plus cette tendance à accepter la confrontation saine et directe des avis plutôt qu’à les éviter. 

Pour autant, cette posture n’est pas facile à tenir tant l’image de la femme “hystérique” n’est jamais très loin… Je reste pourtant convaincue qu’un conflit non exprimé se transforme souvent en frustration latente et en tensions sourdes. Plutôt que d’éviter les désaccords, nous devons apprendre à les gérer avec intelligence émotionnelle.

Partie 1 : comment les biais cognitifs impactent notre intelligence émotionnelle ?

Nos réactions face aux conflits sont rarement purement rationnelles. Plusieurs biais cognitifs viennent fausser notre perception et alimenter les tensions en portant atteinte à notre intelligence émotionnelle. Voici les principaux à identifier pour mieux les neutraliser :

1. Le biais d’attribution hostile

Nous avons tendance à interpréter les actions des autres comme intentionnellement hostiles, même lorsque leurs intentions sont neutres ou bienveillantes. Par exemple, si un collaborateur ne répond pas immédiatement à un e-mail, nous pourrions penser qu’il nous ignore ou manque d’engagement, alors qu’il est peut-être simplement débordé.

« Si je ne suis pas vigilante, on risque de profiter de ma bienveillance. »

J’ai souvent mal interprété les actions des autres, les interprétant comme étant faites sciemment contre moi. Mais j’ai réalisé que présumer des intentions négatives pouvait me faire adopter une posture de défiance inutile. Poser des questions plutôt que d’interpréter est souvent une meilleure approche

2. Le biais de confirmation

Nous avons tendance à rechercher et à retenir les informations qui confirment nos croyances préexistantes. Dans un conflit, cela peut nous amener à voir l’autre à travers le prisme de nos jugements passés : « Il ne m’a jamais écoutée, donc il ne m’écoute pas aujourd’hui. »

« Je sais déjà comment cette personne réagit, inutile d’espérer un changement. »

 J’ai longtemps étiqueté certaines personnes comme « immuables ». Pourtant, en changeant ma manière d’aborder la conversation, j’ai souvent constaté des réactions inattendues et plus constructives.

3. Le biais égocentrique

Nous avons tendance à nous attribuer le mérite des succès et à rejeter la faute des échecs sur les autres. Dans un conflit, cela nous empêche d’assumer notre part de responsabilité et de comprendre ce que nous pouvons améliorer dans notre propre posture.

« Si les choses tournent mal, ce n’est pas de ma faute. »

J’ai souvent cru que ma position était la plus légitime. Pourtant, accepter ma part de responsabilité a changé la donne : en montrant l’exemple, j’ai incité mes interlocuteurs à faire de même.

Aller plus loin :

Pour approfondir la compréhension des biais cognitifs et de leur impact sur notre comportement, je vous invite à consulter l’article Biais cognitifs et scénarios intérieurs : comment s’en libérer ? sur notre site. Cet article explore en détail comment nos biais influencent nos interactions et propose des stratégies pour s’en affranchir.

En identifiant et en comprenant ces biais cognitifs émotionnels, nous pouvons désamorcer les tensions avant qu’elles ne dégénèrent et améliorer notre intelligence émotionnelle. La clé ? Observer nos réactions, questionner nos premières interprétations et adopter une posture plus ouverte.

Dans la prochaine partie, nous verrons comment transformer cette prise de conscience en actions concrètes pour gérer les conflits avec plus de sérénité et d’assurance.

Biais cognitifs et intelligence émotionnelle - ego

Partie 2 : Transformer la prise de conscience de ces biais cognitifs en actions concrètes au service de notre intelligence émotionnelle. 

Une fois ces biais cognitifs identifiés, comment faire pour éviter qu’ils ne prennent le dessus dans la gestion des conflits et ainsi accroître notre intelligence émotionnelle ? Voici quelques stratégies pratiques pour développer une approche plus apaisée et constructive.

1. Remettre en question ses automatismes

  • Se poser la question : “Est-ce que ma perception de la situation est factuelle ou biaisée par mes émotions ?”
  • Prendre du recul avant de réagir, notamment en différant sa réponse.
  • Reformuler la situation avec des faits objectifs plutôt qu’avec des interprétations.

2. Pratiquer l’écoute active

  • Adopter une posture d’écoute sans interrompre.
  • Reformuler les propos de l’autre pour s’assurer de bien comprendre son point de vue.
  • Poser des questions ouvertes pour encourager le dialogue et éviter les malentendus.

3. Dépersonnaliser le conflit

  • Remplacer “Tu es toujours en retard” par “J’ai remarqué que les délais ne sont pas toujours respectés, comment pouvons-nous améliorer cela ?”
  • Dissocier la personne de son comportement pour éviter d’attaquer son identité.
  • Chercher un terrain d’entente en mettant l’accent sur la résolution plutôt que sur le reproche.

4. Réguler ses propres émotions

  • Pratiquer des techniques de respiration et de recentrage pour éviter une réaction impulsive.
  • Exprimer son ressenti sans agressivité, en utilisant la communication non violente (“Je me sens frustrée lorsque…” plutôt que “Tu me mets en colère”).
  • Ne pas hésiter à prendre une pause si la tension devient trop forte.

5. Instaurer une culture de gestion saine des conflits

  • Encourager les discussions ouvertes plutôt que les non-dits.
  • Créer un cadre clair sur la manière dont les désaccords doivent être abordés.
  • Montrer l’exemple en adoptant une posture constructive et bienveillante.

En mettant en pratique ces stratégies, nous passons d’un mode réactif à une gestion proactive des conflits. Nous agissons en matîtrise de nos biais cognitifs naturels pour développer notre intelligence émotionnelle. Dans la prochaine partie, nous verrons comment faire des situations de conflits des opportunités et ancrer une approche durable pour un management plus serein et efficace.

Biais cognitifs et intelligence émotionnelle - management des conflits

Partie 3 : Stratégies pour un management plus apaisé en situation de conflit

1. Prévenir plutôt que guérir

  • Instaurer un climat de confiance où chacun peut exprimer ses désaccords sans peur de représailles.
  • Définir des règles claires de communication dans l’équipe.

Aller plus loin :

Mon épisode de podcast Biais cognitifs et management défaillant en réunion illustre comment des malentendus nourris par des biais cognitifs peuvent miner la dynamique d’équipe.

2. Structurer la gestion du conflit

  • Distinguer le fond du problème de la forme (éviter de s’arrêter aux attaques personnelles).
  • Poser des faits plutôt que des jugements (« Il y a eu un retard sur ce projet », plutôt que « Tu es toujours en retard ! »).
  • Encourager des techniques de médiation pour recentrer la discussion sur des objectifs communs.

3. Transformer un conflit en opportunité

  • Voir le désaccord comme une source de progression et non comme une menace.
  • Impliquer les parties prenantes dans la recherche de solutions plutôt que d’imposer un arbitrage.
  • Adopter une approche inspirée de Difficult Conversations de Douglas Stone, qui propose des stratégies concrètes pour aborder les conflits en se concentrant sur la compréhension mutuelle et l’intention plutôt que sur la confrontation.

En adoptant ces stratégies, nous faisons des conflits une opportunité de croissance et d’amélioration, plutôt qu’une source de stress et de blocage. Développer son intelligence émotionnelle en acceptant nos biais cognitifs, c’est transformer sa posture en management pour créer un environnement de travail plus serein et productif.

Conclusion : Faire des conflits une opportunité de croissance

Gérer les conflits avec intelligence émotionnelle, ce n’est pas les éviter ou les redouter, mais apprendre à les aborder avec lucidité et bienveillance. En prenant conscience de nos biais cognitifs, en adoptant une posture ouverte et en instaurant un cadre propice à l’expression des désaccords, nous pouvons transformer chaque conflit en opportunité d’amélioration.

L’intelligence émotionnelle n’est pas une simple compétence, c’est une posture qui influence toute notre manière de manager. En cultivant cette approche, nous contribuons à un environnement de travail plus harmonieux, plus efficace et plus respectueux des dynamiques humaines.

Et vous, quels sont les biais qui influencent vos interactions en situation de conflit ? Comment les gérez-vous ? Dites-moi moi en commentaires

Échapper au biais de comparaison sociale : oser être soi

Échapper au biais de comparaison sociale : oser être soi

S’ancrer dans sa propre réalité plutôt que de se perdre dans les attentes extérieures et échapper au biais de comparaison sociale.   

échapper au biais de comparaison sociale

Introduction : Quand la comparaison façonne notre identité

Comment échapper au biais de comparaison sociale ? Dès l’enfance, nous sommes plongés dans un monde où tout semble être une question de comparaison. Qui court le plus vite ? A les meilleures notes ? Est le plus sociable ? Je l’ai vécu dans ma propre famille, partagée entre deux modèles opposés de réussite : un père incarnant le succès professionnel, une mère symbolisant l’accomplissement personnel et familial. Et puis, il y avait ma sœur. Elle semblait posséder tout ce que je n’avais pas : l’aisance sociale, la reconnaissance, les résultats académiques exemplaires. Moi, j’étais la timide, la solitaire, celle que l’on remarque à peine.

Longtemps, je me suis demandée où était ma place. Quelle identité pouvais-je me forger face à ces standards si différents ? Mes premiers succès, je les ai connus dans le monde professionnel. Comme une renaissance, je suis devenue extravertie, autonome, efficace. Mais en y regardant de plus près, cette transformation était aussi une réaction à ce besoin constant de me mesurer aux autres, de prouver que j’étais à la hauteur.

Ce n’est que récemment que j’ai mis des mots sur ce phénomène : la comparaison sociale. Un biais insidieux qui nous pousse à jauger notre valeur à travers le prisme des autres. Mais comment s’en libérer ? Comment ancrer son identité dans sa propre réalité plutôt que dans le regard extérieur ?

Partie 1 : Le piège du biais de comparaison sociale

1. Comprendre le biais de comparaison sociale

Le biais de comparaison sociale est un mécanisme cognitif qui nous pousse à nous évaluer en fonction des autres. Il repose sur une logique simple : en observant les succès et échecs de notre entourage, nous tentons de déterminer où nous nous situons sur l’échelle de la réussite.

Ce biais n’est pas nécessairement néfaste. Il peut nous motiver à progresser, à apprendre de ceux qui nous inspirent. Mais lorsqu’il devient omniprésent, il peut engendrer des sentiments d’insatisfaction chronique, d’anxiété et de dévalorisation.

D’autant plus que la comparaison sociale est souvent biaisée : nous avons tendance à ne comparer que les aspects les plus visibles et valorisants des autres à nos propres faiblesses. Nous voyons les réussites des autres sans percevoir leurs doutes, leurs peurs, leurs échecs. Les réseaux sociaux amplifient ce phénomène : nous scrollons des vies parfaitement mises en scène, oubliant que ce ne sont que des instantanés soigneusement choisis.

2. Les racines du biais de comparaison sociale

  • L’influence culturelle et sociétale Dès notre plus jeune âge, nous sommes conditionnés à nous comparer. L’école valorise les classements, la publicité vend des standards de beauté et de succès inatteignables, et les réseaux sociaux transforment nos vies en vitrines où chacun doit briller. Dans une société qui glorifie la performance, ne pas se sentir à la hauteur devient une norme.
  • Le rôle de l’éducation et de la famille La manière dont nous avons été élevés influe grandement sur notre tendance à nous comparer. Dans certaines familles, la compétition est implicite : « Regarde ton frère, il a eu 18 en maths ! » ou « Pourquoi tu ne peux pas être aussi disciplinée que ta cousine ? » Ce type de réflexions, souvent involontaires, imprime en nous l’idée que notre valeur est indexée sur la performance des autres.
  • L’impact des biais cognitifs Le biais de confirmation joue également un rôle clé : nous retenons surtout les comparaisons qui nous défavorisent. Si nous doutons de nous-mêmes, nous verrons toujours quelqu’un de plus compétent, plus beau, plus réussi, et nous en ferons une preuve de notre propre insuffisance.

3. Échapper au biais de comparaison sociale : un recentrage nécessaire

Nous avons vu comment la comparaison sociale s’immisce dans nos vies et brouille notre perception de nous-mêmes. Mais alors, comment en sortir ? La clé réside dans un recentrage sur soi : redéfinir nos critères de succès, reconnaître nos propres victoires et apprendre à mesurer notre valeur sur nos propres bases plutôt que celles dictées par l’extérieur.

biais de comparaison sociale

Partie 2 : S’ancrer dans sa propre réalité

1. Se focaliser sur ses réalisations

Pour vraiment échapper au biais de comparaison sociale, il faut prendre les choses en main ! Plutôt que de se concentrer sur nos erreurs et imperfections, il est essentiel de se rappeler nos succès et accomplissements. Cette pratique renforce la confiance en soi et permet de reconnaître notre valeur. Comme le suggère l’article 5 astuces et 1 bonus pour combattre le syndrome de l’imposteur, il est recommandé de :

  • Lister ses réalisations : Noter ses succès, en détaillant le contexte, les missions, les enjeux, les actions menées et les résultats obtenus.
  • Prendre du recul sur son évolution : Se replonger dans ses anciens projets et comparer son niveau d’avant et maintenant permet de constater sa progression.
  • Créer un dossier de réussites : Garder une trace de ses succès sous forme d’un carnet, d’une note sur son téléphone ou d’un fichier aide à y revenir lors des moments de doute.

« Mais mes succès ne sont pas si impressionnants »

Je pourrais me dire que mes réussites ne valent pas la peine d’être notées, qu’elles sont insignifiantes par rapport à celles des autres. Pourtant, chaque accomplissement, même petit, contribue à mon évolution. M’en souvenir me permet de mesurer mon chemin parcouru.

2. Reconnaître et célébrer ses victoires

Il est courant de minimiser ses succès ou de ne pas les reconnaître pleinement. Apprendre à célébrer chaque victoire, qu’elle soit grande ou petite, est essentiel pour maintenir une perception positive de soi. Dans l’article Pourquoi est-il si difficile de reconnaître ses victoires ?, il est souligné que :

  • Identifier les biais cognitifs : Reconnaître que des biais tels que l’adaptation hédonique ou la comparaison sociale peuvent nous empêcher de savourer nos réussites.
  • S’autoriser à ressentir de la fierté : Plutôt que de considérer une réussite comme normale, s’accorder un moment pour l’apprécier pleinement.
  • Partager ses victoires : Exprimer ses succès à son entourage ou les écrire noir sur blanc permet de mieux les intégrer.

« J’ai peur de paraître prétentieux(se) en célébrant mes victoires »

Se réjouir de ses succès n’a rien d’arrogant. Au contraire, reconnaître ses efforts et progrès permet d’entretenir une motivation saine. Il ne s’agit pas de se vanter, mais simplement de se donner le crédit mérité.

3. Adopter une mentalité de croissance

La psychologue Carol Dweck a introduit le concept de « mentalité de croissance », selon lequel les capacités et les talents peuvent être développés grâce à l’effort, la persévérance et l’apprentissage. Adopter cette perspective permet de voir les défis comme des opportunités de croissance plutôt que comme des menaces. Dans son ouvrage Mindset: The New Psychology of Success, Dweck explique comment cette approche favorise la résilience et l’accomplissement personnel.

En intégrant ces pratiques dans votre quotidien, vous renforcerez votre ancrage dans votre propre réalité, réduisant ainsi l’impact des attentes extérieures et des comparaisons sociales. Vous serez ainsi pleinement en capacité d’échapper au biais de comparaison sociale. 

Syndrome de l'imposteur - miroir déformant

Partie 3 : Se libérer des attentes extérieures

1. Identifier et déconstruire les attentes imposées

Les normes sociales, les injonctions familiales, les standards professionnels… Nous sommes en permanence soumis à des attentes extérieures qui façonnent nos choix et peuvent nous détourner de ce qui nous correspond vraiment.

  • Prendre conscience des influences extérieures : Identifier les sources des pressions que nous ressentons est un premier pas vers l’émancipation. Comme l’explique Mona Chollet dans Résister à la culpabilisation, nous internalisons souvent des standards irréalistes qui nous empêchent de nous épanouir pleinement.
  • Faire la distinction entre contraintes et désirs réels : Est-ce que je poursuis cette carrière pour moi, ou parce que c’est ce qu’on attend de moi ? Est-ce que je cherche cette reconnaissance sociale par choix ou par habitude ?

2. Redéfinir le succès selon ses propres termes

  • Construire une vision personnelle du succès : Dans Les Sept Habitudes des Gens Efficaces, Stephen Covey insiste sur l’importance de définir des objectifs alignés avec nos valeurs profondes, plutôt que de suivre des critères imposés par la société.
  • Sortir du schéma du « toujours plus » : Un bon salaire, une promotion, un mode de vie envié par les autres… Ces critères peuvent sembler synonymes de succès, mais le véritable accomplissement vient de l’adéquation entre nos aspirations profondes et nos actions.

3. Cultiver l’authenticité et l’estime de soi

  • Développer une identité fondée sur ses valeurs : Plutôt que de chercher à correspondre aux attentes, s’affirmer à travers ce qui nous tient à cœur et ce qui nous rend unique.
  • Carl Rogers et l’acceptation de soi : Le psychologue humaniste défend l’idée qu’une vie épanouie repose sur l’authenticité et la capacité à s’accepter pleinement.
  • S’entourer des bonnes personnes : Évoluer dans un environnement bienveillant et respectueux de notre singularité favorise un développement personnel harmonieux.

En appliquant ces principes, nous nous libérons des contraintes extérieures et nous nous autorisons à être pleinement nous-mêmes, en accord avec nos valeurs et nos aspirations profondes. Nous nous donnons pleinement les moyens d’échapper au biais de comparaison sociale. 

Conclusion : S’autoriser à exister pleinement

Sortir du piège de la comparaison sociale ne signifie pas ignorer totalement ce qui nous entoure, mais apprendre à ne plus en faire un baromètre de notre propre valeur. À force de se mesurer aux autres, on oublie que notre parcours est unique et que nos succès, aussi modestes soient-ils, méritent d’être reconnus.

S’ancrer dans sa propre réalité, c’est accepter que notre chemin ne ressemble à aucun autre, redéfinir nos critères de réussite et oser être pleinement soi-même. Ce n’est pas un processus instantané, mais une posture à cultiver jour après jour, en prenant conscience des influences extérieures, en célébrant nos victoires et en nous entourant des bonnes personnes.

Et si, à la place de nous demander « Suis-je à la hauteur ? », nous nous demandions plutôt : « Est-ce que ce que je fais me ressemble vraiment ? »

Et vous, quelles actions mettez-vous en place pour vous échapper au biais de  comparaison sociale ? Partagez votre expérience en commentaire !

Femmes et managers, stop au perfectionnisme paralysant

Femmes et managers, stop au perfectionnisme paralysant

Femmes et managers_stop au perfectionnisme

Lever le biais d’auto-critique pour passer à l’action

Le perfectionnisme passe pour une qualité. Mais, lorsqu’il devient un frein à l’action, il se transforme en véritable piège. Femmes managers vous devez dire stop au perfectionnisme. Ne restez pas paralysées par des exigences excessives envers vous-mêmes, alimentées par des biais d’auto-critique et des croyances limitantes. Résultat ? Elles hésitent, doutent et s’épuisent au lieu d’agir avec confiance.

Voici 5 objections que les femmes managers s’imposent trop souvent… et comment y répondre efficacement !

1. « Je ne suis pas encore prête, je dois être 100% compétente avant de me lancer »

➡️ Le biais déclencheur : Le perfectionnisme et le syndrome de l’imposteur.
Les femmes ont tendance à sous-estimer leurs compétences et à attendre d’avoir une maîtrise totale avant d’agir. Contrairement aux hommes qui eux postulent à un poste avec seulement 60 % des compétences requises. Les stéréotypes de genre qui valorisent prudence et rigueur féminines renforce ce biais. Il rendent l’audace impossible.

Passez en mode apprentissage : Personne ne maîtrise tout dès le départ. Lancez-vous et ajustez en cours de route.
Appliquez la règle des 70 % : Si vous avez 70 % des compétences requises, c’est suffisant pour commencer et progresser en action.
Rappelez-vous que les hommes postulent avec 60 % des compétences : Pourquoi pas vous ?

2. « Je vais échouer, et tout le monde s’en souviendra »

➡️ Le biais déclencheur : Le biais de négativité et la peur du regard des autres
Nous avons tendance à donner plus de poids aux échecs qu’aux réussites. À croire que les autres feront de même. La culture du jugement amplifie ce phénomène. Elle pèse souvent plus lourd sur les femmes. Elles sont soumises à des attentes de perfection plus strictes.

Transformez vos erreurs en apprentissages : Chaque échec est une occasion d’apprendre et de progresser.
Relativisez l’impact : Dans 6 mois, cet échec aura-t-il encore de l’importance ? Probablement pas.
Inspirez-vous des parcours résilients : Oprah Winfrey, J.K. Rowling, Sheryl Sandberg… toutes ont surmonté des échecs avant de réussir.

3. « Si je demande de l’aide, on va penser que je ne suis pas à la hauteur »

➡️ Le biais déclencheur : Le biais de conformité et l’injonction à la perfection.
Les femmes managers peuvent hésiter à demander de l’aide. Elles craignent d’être perçues comme incompétentes. Or, la croyance qu’un leader doit tout maîtriser seul est un mythe. Les hommes osent davantage s’appuyer sur leur réseau et demander des conseils. Tandis que les femmes managers peuvent avoir du mal à dire stop au perfectionnisme. Elles ont l’impression qu’elles doivent prouver leur valeur par elles-mêmes.

Voyez la demande d’aide comme une force : Les meilleurs leaders savent s’entourer et s’appuyer sur les autres.
Inversez la perspective : Si une collègue vous demandait de l’aide, la jugeriez-vous incompétente ? Non, alors appliquez ce raisonnement à vous-même.
Trouvez un mentor ou un réseau de soutien : S’entourer, c’est progresser plus vite et éviter l’isolement.

4. « Je dois tout gérer moi-même, sinon ça va mal tourner »

➡️ Le biais déclencheur : Le rôle de « protectrice » et la charge mentale.
Les femmes sont souvent socialisées dès l’enfance à prendre soin des autres et à gérer simultanément plusieurs responsabilités. Ce conditionnement se traduit en entreprise par une charge mentale accrue. Elles développent un sentiment d’obligation à tout gérer pour éviter que les choses ne s’effondrent.

Apprenez à faire confiance : Vous n’êtes pas seule, et votre équipe est capable de prendre des initiatives.
Déléguez de manière stratégique : Choisissez les tâches à fort impact. Laissez les autres gérer les responsabilités dont ils sont capable.
Ne confondez pas responsabilité et sur-engagement : Votre rôle est d’accompagner, pas de tout porter sur vos épaules.

5. « Mes réussites ne sont pas si impressionnantes, je ne mérite pas cette reconnaissance »

➡️ Le biais déclencheur : Le biais d’auto-sabotage et la comparaison sociale.
Les femmes managers ont tendance à

minimiser leurs succès en les comparant aux accomplissements des autres. Elles attribuent leurs réussites à des facteurs externes (chance, circonstances favorables) plutôt qu’à leurs compétences et leurs efforts.

Notez vos accomplissements : Gardez une trace de vos succès, même les plus petits, pour prendre conscience de votre progression.
Accordez-vous du crédit : Prenez le temps de reconnaître et d’apprécier vos réussites sans les minimiser.
Focalisez-vous sur votre progression : Mesurez vos avancées par rapport à votre propre parcours, plutôt que de vous comparer aux autres.

🚀 Conclusion : Osez agir, même imparfaitement ! Femmes et managers vous devez dire stop au perfectionnisme. Chaque fois que le doute s’installe, revenez à cette checklist et choisissez l’action plutôt que l’auto-critique. Vous n’avez pas besoin d’être parfaite pour être une excellente manager. Vous avez déjà tout ce qu’il faut pour avancer et réussir !

📚 Pour aller plus loin :

Managers débordés : Les clés du lâcher prise en management

Managers débordés : Les clés du lâcher prise en management

lâcher prise en management

Retrouvez cet article dans mon podcast : Épisode 19 sur Spotify, Amazon Prime, Deezer.

Introduction : Le mythe du manager infaillible

« Si je ne le fais pas, personne ne le fera. » « Je suis responsable du bon fonctionnement de mon équipe, alors je dois tout vérifier. » « Lâcher prise ? Facile à dire, mais si quelque chose tourne mal, ce sera sur moi. »

Ces pensées, de nombreux managers les connaissent. Porté(e) par la volonté de bien faire, par l’envie d’assurer la performance de son équipe et de répondre aux attentes de l’entreprise, on en vient à tout prendre en charge. Trop. Jusqu’à l’épuisement. Cette sur-responsabilité, souvent vue comme une preuve de professionnalisme et d’engagement, finit par se retourner contre soi et contre l’équipe.

Mais pourquoi avons-nous tant de mal à lâcher prise en management ? Quelles croyances et quels biais nous enferment dans ce rôle du « manager super-héros » ? Et surtout, comment retrouver un équilibre entre engagement et sérénité, sans culpabiliser ?

Cet article explore :

  • Les biais cognitifs qui alimentent la sur-responsabilité et minent la confiance,
  • Les limites du « tout porter » et l’impact sur soi et son équipe,
  • Des stratégies concrètes pour redéfinir son rôle, déléguer intelligemment et lâcher prise sans culpabiliser.

Car un bon manager n’est pas celui qui fait tout, mais celui qui sait mobiliser les bonnes ressources au bon moment.

1. Comprendre la sur-responsabilité : Pourquoi avons-nous du mal à lâcher prise en management ?

1.1. Les biais cognitifs qui entretiennent la sur-responsabilité

Nos décisions et nos comportements sont largement influencés par des biais cognitifs, des raccourcis mentaux qui, bien que parfois utiles, peuvent aussi nous enfermer dans des schémas inefficaces. En matière de management, certains biais entretiennent un sentiment de sur-responsabilité, empêchant de lâcher prise et de faire confiance à son équipe.

1.1.1. Le syndrome de l’imposteur : « Si je délègue, on verra que je ne suis pas à la hauteur »

Ce biais touche de nombreux managers, qui doutent de leur propre légitimité malgré leurs compétences et leurs réussites. Plus ils gravissent les échelons, plus ils ressentent le besoin de prouver leur valeur en s’investissant excessivement. Résultat : ils hésitent à déléguer, par peur d’être perçus comme incompétents ou inutiles.

1.1.2. Le biais égocentrique : « Si ça marche, c’est grâce à moi »

Nous avons naturellement tendance à attribuer les succès à nos propres actions et à minimiser l’impact des autres. Un manager surchargé peut penser que la réussite d’un projet repose uniquement sur ses épaules, ce qui l’empêche de faire confiance à son équipe et de répartir la charge de travail.

1.1.3. Le biais d’autorité : « Un vrai leader doit toujours tout maîtriser »

L’influence des modèles de leadership traditionnels peut enfermer les managers dans une vision rigide du rôle de leader. Si leurs référents ou mentors valorisaient le contrôle absolu et l’implication totale, ils auront du mal à concevoir un management plus collaboratif et à accepter l’idée de lâcher prise.

1.1.4. Le biais de confirmation : « Chaque erreur des autres prouve que je dois tout gérer moi-même »

Lorsque l’on croit que les autres ne sont pas capables de bien faire sans notre intervention, on finit par ne voir que les erreurs qui confirment cette croyance. Ce biais pousse les managers à reprendre systématiquement la main sur les projets, renforçant ainsi leur propre surcharge de travail et limitant le développement de leurs collaborateurs.

Comprendre ces biais est une première étape essentielle pour sortir du piège de la sur-responsabilité. L’étape suivante consiste à analyser les conséquences concrètes de cette surcharge, tant pour le manager que pour son équipe. Pour aller plus loin sur cette réflexion, découvrez l’article Le leadership présent : une méthode simple pour les managers qui explore comment nos biais influencent notre posture de leader et comment adopter une approche plus équilibrée.

1.2. L’impact de la sur-responsabilité sur le manager et son équipe

Prendre trop de responsabilités ne nuit pas seulement au manager, mais impacte également toute l’équipe et l’environnement de travail. Cette charge excessive entraîne plusieurs conséquences négatives :

1.2.1. L’épuisement mental et physique du manager

  • Stress chronique et fatigue accumulée : Selon une étude de l’APEC (2022), 65 % des managers estiment avoir une charge de travail insurmontable, et 62 % ressentent une forme d’épuisement professionnel.
  • Difficulté à prendre du recul : Le stress chronique altère la capacité à penser stratégiquement et à prendre des décisions éclairées.
  • Moins de temps pour des tâches stratégiques et créatives : Les tâches opérationnelles prennent le dessus sur la réflexion à long terme, réduisant l’innovation managériale.

1.2.2. Une équipe sous-exploitée et dépendante

  • Diminution de l’autonomie et de l’initiative : Un management trop centralisé entraîne une démotivation et une baisse de la collaboration.
  • Frein au développement des compétences : Les collaborateurs ayant peu d’opportunités de prise de décision stagnent professionnellement.
  • Risque d’infantilisation : Une surcharge du manager empêche les équipes de gagner en autonomie, renforçant une dépendance à l’encadrement.

1.2.3. Une dynamique de travail déséquilibrée

  • Climat de tension et surcharge des validations : Une centralisation excessive des décisions crée des frictions internes et réduit la fluidité des processus.
  • Démotivation progressive : Un manque d’autonomie et de confiance impacte la satisfaction et la rétention des employés.

Prendre conscience de ces impacts est essentiel pour enclencher un changement de posture. Un management équilibré ne signifie pas un désengagement, mais un meilleur partage des responsabilités afin d’assurer un fonctionnement plus sain et durable pour tous.

lâcher prise en management_délégation

2. Reprendre le contrôle sans tout porter

2.1. Redéfinir son rôle : manager ne signifie pas tout faire soi-même

L’une des principales croyances qui enferment les managers dans la sur-responsabilité est l’idée que leur valeur repose sur leur capacité à tout gérer eux-mêmes. Or, un bon manager ne se mesure pas à la quantité de tâches qu’il exécute, mais à l’impact qu’il génère en mobilisant les ressources adéquates.

2.1.1. Accepter que déléguer, ce n’est pas perdre son utilité

Beaucoup de managers perçoivent la délégation comme une perte de contrôle ou une preuve d’incompétence. Pourtant, les leaders les plus performants sont ceux qui savent s’appuyer sur leur équipe pour atteindre des objectifs ambitieux. Un manager efficace ne doit pas être un exécutant omniprésent, mais un chef d’orchestre qui harmonise les efforts de chacun.

2.1.2. Faire le deuil du manager omniscient

Aucun leader ne peut tout savoir ni tout maîtriser. Les organisations évoluent, les expertises se diversifient et les compétences techniques se renouvellent constamment. Accepter que son rôle est avant tout d’accompagner et d’orienter plutôt que de tout contrôler permet de mieux répartir les responsabilités et d’éviter l’épuisement.

2.1.3. Se recentrer sur ses missions essentielles

Plutôt que d’être accaparé par l’opérationnel, un manager doit définir les tâches à forte valeur ajoutée qui relèvent réellement de son rôle :

  • Fixer une vision et des objectifs clairs, plutôt que de se perdre dans les détails quotidiens.
  • Créer un environnement propice à l’autonomie et à la performance, en donnant aux collaborateurs les moyens de réussir par eux-mêmes.
  • Prendre du recul pour anticiper et innover, au lieu d’être constamment absorbé par l’urgence.

Se redéfinir en tant que facilitateur plutôt qu’exécutant permet non seulement de réduire la charge mentale, mais aussi de renforcer l’efficacité et la motivation de l’équipe.

En ancrant cette approche, le manager transmet à son équipe une vision plus réaliste et actionnable du travail collectif, tout en favorisant l’engagement et l’efficacité opérationnelle.

2.2. Identifier ce qui dépend vraiment de soi

Une fois le rôle du manager clarifié, il devient essentiel d’identifier ce qui relève réellement de son champ d’action. Se focaliser sur ce que l’on peut influencer permet d’optimiser son efficacité sans s’épuiser inutilement.

2.2.1. Appliquer la matrice d’Eisenhower au management

La matrice d’Eisenhower, utilisée pour prioriser les tâches, peut être adaptée à la gestion d’équipe :

  • Ce qui dépend de moi : Vision, décisions stratégiques, accompagnement des équipes.
  • Ce que je peux influencer : Développement des compétences, amélioration des processus, dynamique d’équipe.
  • Ce que je dois lâcher : Perfectionnisme, reconnaissance externe, validation de chaque détail opérationnel.
Matrice D'einsehower

En répartissant ainsi ses responsabilités, le manager concentre son énergie sur ce qui a un réel impact.

2.2.2. Se détacher des facteurs incontrôlables

Nombre de sources de stress proviennent d’éléments hors de notre contrôle (décisions de la direction, réactions des clients, changements de marché). Apprendre à accepter ces variables et à se concentrer sur des actions concrètes permet de réduire la surcharge mentale et d’adopter une posture plus sereine.

2.2.3. Définir les objectifs de l’équipe selon son propre cercle d’influence

Cercle d'influence, cercle de préoccupation de Steven COVEY
Cercle d’influence, cercle de préoccupation de Steven COVEY

Un manager qui comprend qu’il ne peut agir efficacement que sur son cercle d’influence doit appliquer le même principe à son équipe. En clarifiant ce qui est réellement sous leur contrôle, il évite une dispersion d’énergie sur des facteurs externes et encourage une approche plus pragmatique.

  • Cartographier les zones d’influence de l’équipe : Identifier ce que l’équipe peut directement décider, ce qu’elle peut influencer et ce qui échappe totalement à son contrôle.
  • Adapter les objectifs en conséquence : Fixer des objectifs atteignables en fonction des ressources et des marges de manœuvre réelles.
  • Responsabiliser chaque membre : Clarifier les rôles et donner à chacun une autonomie cohérente avec son périmètre d’action.
  • Favoriser une posture proactive : Encourager l’équipe à se concentrer sur ce qu’elle peut réellement améliorer plutôt que de subir les contraintes extérieures.

En savoir plus, Femmes et Managers : 3 clés pour sortir de la spirale du jugement

3. Passer à l’action : Lâcher prise en management intelligemment

Comprendre l’origine de la sur-responsabilité et identifier ce qui relève réellement du rôle du manager ne suffisent pas. La dernière étape est d’adopter des actions concrètes pour un lâcher prise en management efficace et durable, sans culpabiliser.

3.1. Apprendre à déléguer avec confiance

Déléguer ne signifie pas abandonner, mais redistribuer la charge de manière efficace pour libérer du temps et de l’énergie sur ce qui compte réellement.

  • Identifier les tâches déléguables : Toutes les responsabilités ne nécessitent pas l’intervention directe du manager. Certaines tâches opérationnelles ou répétitives peuvent être confiées aux membres de l’équipe.
  • Clarifier les attentes : Une délégation réussie repose sur des consignes précises et des objectifs clairs. Définir le niveau d’autonomie attendu et fournir les ressources nécessaires est essentiel.
  • Faire confiance et accepter l’imperfection : Déléguer implique de laisser place à des approches différentes. Accepter que les collaborateurs puissent faire différemment – et parfois moins bien au départ – permet de les responsabiliser et de favoriser leur montée en compétences.

3.2. Modifier son rapport à la performance et au contrôle

Un bon manager n’est pas celui qui contrôle chaque détail, mais celui qui permet à son équipe de fonctionner de manière autonome et performante.

  • Passer du contrôle au suivi : Remplacer la micro-gestion par des points d’étape réguliers où l’équipe partage ses avancées et ses besoins.
  • Valoriser les progrès, pas seulement les résultats : Encourager les initiatives et reconnaître les efforts aide à instaurer une dynamique de responsabilisation.
  • Accepter l’échec comme un levier d’apprentissage : Un management bienveillant permet aux collaborateurs d’expérimenter, d’apprendre et de s’améliorer sans crainte excessive des erreurs.

3.3. Instaurer des routines de lâcher-prise en management

Lâcher prise en management ne se fait pas du jour au lendemain. Mettre en place des habitudes qui favorisent cette transition permet d’éviter de retomber dans le piège de la sur-responsabilité.

  • Pratiquer la revue hebdomadaire des responsabilités : Analyser chaque semaine ce qui relève réellement du rôle du manager et ce qui pourrait être confié à l’équipe.
  • Se ménager des temps de recul : Intégrer des plages horaires sans réunion ni sollicitation immédiate pour réfléchir, planifier et prendre de la hauteur.
  • Encourager une culture de l’autonomie : Créer un environnement où chaque membre se sent légitime pour prendre des initiatives et résoudre des problèmes sans validation systématique.

Conclusion : Manager, vivez mieux en adoptant un lâcher prise en management efficace.

Enfin, au-delà des actions concrètes, lâcher prise nécessite une évolution profonde de la posture managériale :

  • Prendre conscience que l’on ne peut pas tout maîtriser : Accepter l’incertitude et se concentrer sur l’essentiel.
  • S’autoriser à ne pas être parfait : Le manager n’a pas à tout savoir ni à tout gérer, et reconnaître ses propres limites est une force.
  • S’entourer de soutiens et de mentors : Partager ses défis avec d’autres managers ou bénéficier de conseils externes aide à relativiser et à progresser.

Lâcher prise en management, ce n’est pas se désengager, mais réapprendre à manager autrement. C’est créer un cadre dans lequel l’équipe fonctionne avec plus d’autonomie, tout en conservant un équilibre entre performance et bien-être.

Pour aller plus loin, vous pouvez consulter l’article Passer à l’action sans procrastiner : le guide ultime, qui propose des outils concrets pour agir plus efficacement tout en réduisant la charge mentale.

Autres sources :

  1. APEC (2022). Santé mentale des managers. verbateam-services.fr
  2. Crestcom (2024). Stress au travail et leadership. crestcom.com
  3. Talkspirit. Performance et management. talkspirit.com
  4. Devop.pro. Impact des styles de management. devop.pro
  5. CrossKnowledge. Culture de responsabilisation. crossknowledge.com
  6. The Times. Stress et motivation en entreprise. thetimes.co.uk

Pourquoi est-il si difficile de reconnaître ses victoires ?

Pourquoi est-il si difficile de reconnaître ses victoires ?

Spéciale dédicace – à Gabriel et à toutes celles et ceux qui ne comprennent pas pourquoi elles se sentent si différent(e)s 🥰

Biais cognitifs_reconnaître ses victoires

Reconnaître ses victoires : un défi intérieur

Pourquoi est-il si difficile de reconnaître et célébrer ses victoires au quotidien ? Vous l’avez déjà ressenti, ce moment où vous atteignez un objectif, mais au lieu d’être submergé par la joie, une petite voix intérieure vous murmure : « Et après ? » ou « Ce n’est pas assez ». Cette incapacité à savourer nos succès dans la durée porte un nom : l’adaptation hédonique. Ajoutez-y la comparaison sociale, et vous obtenez un cocktail parfait pour ne jamais se sentir à la hauteur.

Nous vivons dans une société où le « toujours plus » est une norme implicite. Or, si nous ne nous arrêtons jamais pour reconnaître nos victoires, grandes ou petites, nous nous condamnons à une insatisfaction chronique.

1. Apprendre à reconnaître ses victoires et célébrer le « maintenant » 

1.1. Pourquoi nos biais nous empêchent de savourer nos réussites ?

Nos cerveaux sont programmés pour la survie et le bien-être, pas directement pour le bonheur. Leur objectif principal est d’assurer notre sécurité, ce qui implique une vigilance constante aux menaces potentielles et une focalisation sur ce qui pourrait mal tourner. 

L’adaptation hédonique est un processus psychologique par lequel nous nous habituons rapidement aux nouvelles situations, qu’elles soient positives ou négatives. Ainsi, une promotion, une réussite personnelle ou même un accomplissement longtemps désiré perdent rapidement leur éclat, et nous ressentons le besoin de chercher une nouvelle source de satisfaction. Ce phénomène contribue à un cycle où la reconnaissance de nos victoires est éphémère et insuffisante. Reconnaître et célébrer ses victoires au quotidien nécessite d’identifier les biais cognitifs qui nous empêchent de savourer nos succès.

D’autres biais cognitifs amplifient cette tendance :

Apprendre à reconnaître ses victoires
  • Le biais de négativité : Notre cerveau donne plus de poids aux expériences négatives qu’aux positives. Ainsi, un échec prend plus de place dans notre esprit qu’une réussite.
  • Le biais de la comparaison sociale : Nous nous évaluons souvent par rapport aux autres, et avec les réseaux sociaux, nous avons accès à une vision idéalisée des réussites des autres, rendant nos propres accomplissements fades en comparaison.
  • Le biais de fin de l’histoire : Nous avons conscience que nous sommes le fruit de nombreuses évolutions mais nous avons globalement tendance à penser que nous ne changerons plus. Cela peut augmenter notre détresse et accroître un sentiment d’insatisfaction. 
  • Le biais de l’anticipation : Nous nous projetons sans cesse vers l’avenir en pensant que « le vrai bonheur » viendra plus tard, empêchant de profiter du présent.

Ce phénomène est au cœur de nombreuses difficultés à s’ancrer dans l’instant. Pour aller plus loin sur cette question, vous pouvez consulter mon article dédié aux scénarios intérieurs et à la manière dont ils influencent notre rapport au présent : Biais cognitifs et scénarios intérieurs : comment s’en libérer.

1.2. Apprendre à reconnaître toutes ses victoires (des plus petites aux plus grandes)

Pourquoi est-il si difficile de définir une victoire ? Parce que nous avons été conditionnés à croire que seules les grandes réussites méritent d’être célébrées. Nous avons souvent du mal à célébrer nos victoires car nous ne les identifions pas clairement. Voici comment reconnaître ses succès et en faire une habitude quotidienne. 

Pourtant, une victoire est avant tout une progression, un pas en avant, quel qu’il soit. Cela peut être un succès professionnel, un progrès dans nos relations, ou même un moment de bien-être personnel.

Exemples de victoires à reconnaître :

  • Dans la sphère professionnelle : Présenter une idée en réunion, gérer une situation stressante avec calme, obtenir la reconnaissance d’un collègue.
  • Dans la vie familiale : Apaiser un conflit avec un proche, passer du temps de qualité avec ses enfants, oser poser des limites.
  • Dans le développement personnel : Prendre soin de soi sans culpabilité, tenir une habitude bénéfique, surmonter une peur.

La reconnaissance de ces progrès passe par une reprogrammation de notre regard. Plutôt que d’attendre une validation externe ou une reconnaissance spectaculaire, il s’agit d’apprendre à valoriser soi-même les efforts accomplis.

Techniques pour reprogrammer son regard :

  • Redéfinir ce qu’est une réussite : Elle ne se mesure pas uniquement à l’ampleur de l’objectif atteint, mais aussi au processus qui y mène.
  • Créer des ancrages positifs : Associer consciemment une sensation de fierté à chaque petit succès pour que notre cerveau enregistre cette satisfaction.
  • Mettre en place des rituels de célébration : Que ce soit un moment de gratitude, une récompense ou un geste symbolique, ancrer l’habitude de s’arrêter pour reconnaître l’accomplissement.

En changeant notre perception des victoires, nous brisons le cycle de l’insatisfaction permanente et cultivons un rapport plus sain avec nos propres réussites. 

IDÉE BONUS :
Pratiquer la reconnaissance des autres : Valoriser le travail et les efforts des personnes qui nous entourent permet de renforcer notre propre capacité à reconnaître nos propres succès.

Cette approche a un impact direct sur notre bien-être et notre confiance en nous, comme je l’explique dans mon article : Se libérer des biais cognitifs : comment vivre l’instant présent.

En adoptant ces pratiques, nous dépassons la simple reconnaissance des victoires pour en faire un mode de vie, où chaque moment devient une opportunité de célébrer et de progresser.

L’épanouissement ne se cache pas uniquement dans l’avenir. Il se vit ici et maintenant.

Et vous, avez-vous déjà pris le temps d’écrire trois petites victoires de votre journée ?

2. Apprendre à construire dans son cercle d’influence

2.1. Se comprendre pour espérer être compris

Avant de chercher à influencer notre environnement, il est essentiel de se connaître soi-même. Comprendre ses valeurs, ses biais cognitifs et ses modes de fonctionnement nous permet d’agir avec plus de clarté et de cohérence.

1. Identifier ses valeurs fondamentales :

Nos valeurs sont les principes qui guident nos décisions et nos comportements. Prendre le temps de les identifier nous aide à mieux comprendre nos réactions face aux situations et aux interactions avec les autres. Posez-vous la question : qu’est-ce qui compte vraiment pour moi ?

2. Observer ses propres biais cognitifs :

Nous sommes tous influencés par des biais inconscients qui affectent notre perception du monde et de nous-mêmes. Le biais de confirmation, par exemple, nous pousse à rechercher des informations qui confirment nos croyances existantes, tandis que le biais de conformité nous amène à nous aligner sur l’opinion dominante, parfois au détriment de notre authenticité.

Apprendre à développer son bonheur

3. Adopter une posture réflexive :

Se poser régulièrement des questions sur nos motivations et nos réactions permet de gagner en lucidité. Pourquoi ai-je réagi ainsi dans cette situation ? Suis-je en accord avec mes valeurs ? Ce type d’introspection favorise un alignement entre nos pensées, nos paroles et nos actions.

4. Prendre conscience de son impact sur les autres :

Nos comportements influencent notre entourage, que nous en ayons conscience ou non. Une communication maladroite, un jugement hâtif ou une posture défensive peuvent créer des barrières relationnelles. À l’inverse, une écoute active et une posture ouverte favorisent des échanges plus constructifs.

5. Accepter ses vulnérabilités :

Se comprendre, c’est aussi reconnaître que nous avons des limites et que nous ne pouvons pas toujours être dans le contrôle. Accepter nos imperfections nous rend plus authentiques et renforce la qualité de nos relations interpersonnelles.

En développant cette compréhension de nous-mêmes, nous devenons plus aptes à interagir avec les autres de manière consciente et bienveillante, ce qui facilite la construction d’un environnement plus inclusif et harmonieux.

2.2. Transformer votre regard pour adopter une posture plus inclusive

Être inclusif ne signifie pas seulement accepter les autres, mais reconnaître que la diversité est une richesse inestimable. Or l’inclusion est tout sauf naturelle pour notre cerveau et ses biais cognitifs. Ses véritables barrières naturelles, il les a fabriquées pour préserver son énergie à notre survie. 

Pourtant notre côté rationnel sait bien que chaque individu, avec son histoire et ses perspectives, peut nous apporter des idées nouvelles, des inspirations inattendues et des opportunités de croissance personnelle.

1. L’inclusion comme un moteur d’enrichissement personnel :

Lorsque nous nous ouvrons aux autres, nous découvrons des façons différentes de voir le monde, ce qui élargit notre compréhension et nourrit notre propre réflexion. Une simple conversation peut être le déclencheur d’une prise de conscience essentielle pour notre propre alignement.

2. L’effet de mimétisme et l’impact collectif :

Nos comportements influencent ceux des autres. Une posture inclusive encourage naturellement notre entourage à adopter la même approche. En valorisant l’écoute, la bienveillance et le respect des différences, nous créons un environnement où chacun se sent en confiance pour s’exprimer et contribuer pleinement.

3. Développer une approche gagnante-gagnante :

Être inclusif ne signifie pas s’effacer au profit des autres, mais reconnaître que chaque échange peut être mutuellement bénéfique. En intégrant les idées des autres et en laissant émerger des perspectives nouvelles, nous nous enrichissons personnellement tout en favorisant un climat plus harmonieux et collaboratif.

4. Prendre des initiatives concrètes :

Encourager les discussions ouvertes, valoriser les opinions divergentes, donner de la place à ceux qui s’expriment moins naturellement sont autant d’actions qui permettent de rendre l’inclusion réelle et efficace au quotidien. 

  • Pratiquer l’inclusion active : Proposez un coéquipier moins entendu pour une mission valorisante, soutenez publiquement un projet porté par une minorité.
  • Prêter attention aux voix minorisées : Dans une discussion, qui parle le plus ? Qui est interrompu ? Donnez de l’espace aux plus discrets.
  • Interroger ses biais en temps réel : Quand vous ressentez un jugement spontané sur quelqu’un, demandez-vous : « D’où me vient cette idée ? Est-elle fondée ? ».

L’inclusion est un processus dynamique qui commence par soi. Plus nous cultivons cette posture, plus elle se diffuse naturellement dans notre environnement, générant un cercle vertueux de bienveillance et de croissance collective.

L’inclusion n’est pas une utopie lointaine, c’est une pratique quotidienne. Souvent, nous imaginons qu’un monde plus juste et inclusif viendra d’initiatives institutionnelles ou de grands changements de société. Mais en réalité, il commence dans notre sphère d’influence : au bureau, en famille, entre amis.

2.3. Se définir une feuille de route personnelle et accessible 

La métaphore des grosses pierres est un concept utilisé pour illustrer l’importance de la gestion des priorités. Imaginez un bocal vide. Si vous commencez par le remplir avec du sable ou des petits cailloux, vous n’aurez plus de place pour y ajouter de grosses pierres. En revanche, si vous placez d’abord les grosses pierres, puis les plus petites et enfin le sable, tout s’ajuste parfaitement.

Appliqué à la vie quotidienne, ce principe nous invite à identifier nos priorités essentielles (les « grosses pierres ») avant de nous laisser envahir par des préoccupations secondaires. Ces grosses pierres peuvent être des projets professionnels importants, du temps de qualité avec nos proches ou encore des engagements personnels qui nous tiennent à cœur.

La théorie des grosses pierres

1. Identifier ses grosses pierres :

Prenez le temps de réfléchir à ce qui est vraiment essentiel pour vous. Quelles sont les trois ou quatre priorités qui ont le plus d’impact sur votre bien-être et votre réussite ?

2. Organiser son emploi du temps en conséquence :

Une fois vos priorités définies, bloquez du temps dans votre agenda pour les honorer. Protégez ces créneaux comme s’ils étaient des rendez-vous non négociables.

3. Accepter de laisser du sable de côté :

Certaines tâches et sollicitations, bien que tentantes, ne contribuent pas réellement à nos objectifs fondamentaux. Apprendre à dire non ou à déléguer permet de se concentrer sur ce qui compte vraiment.

4. Réévaluer régulièrement ses priorités :

Nos aspirations évoluent avec le temps. Faire un bilan périodique permet d’ajuster nos grosses pierres en fonction de nos besoins et objectifs du moment.

Pour aller plus loin sur l’art de choisir ses priorités et éviter la procrastination, je vous invite à lire mon article : Passer à l’action sans procrastiner : le guide ultime.

Grâce à la méthode des grosses pierres, vous pourrez structurer vos priorités et ne plus oublier de reconnaître et célébrer vos victoires au quotidien. En structurant notre temps et notre énergie autour de nos vraies priorités, nous nous donnons les moyens d’atteindre un alignement durable entre nos aspirations et nos actions. Cela nous permet non seulement d’avancer avec plus de sérénité, mais aussi de créer un cercle vertueux où chaque victoire renforce notre confiance et notre motivation à poursuivre notre chemin.

Conclusion : célébrer ses victoires, inspirer le changement

Finalement, apprendre à célébrer ses victoires au quotidien, c’est une véritable transformation qui impacte votre bien-être et celui des autres. Reconnaître nos victoires et adopter une posture inclusive ne sont pas seulement des démarches individuelles, mais des leviers puissants pour transformer notre quotidien. 

En apprenant à savourer le présent, à identifier ce qui compte vraiment et à nous ouvrir aux autres, nous nous donnons les moyens de vivre avec plus de justesse et de satisfaction. Chaque petit pas, chaque prise de conscience et chaque interaction positive construit un environnement plus harmonieux, où la réussite ne se mesure plus seulement à nos accomplissements, mais aussi à la qualité des liens que nous tissons et à l’impact que nous avons sur le monde.

Gardez en tête également, ces 2 principes auxquels vous ne pouvez pas déroger 😁 : 

  • Ne manquez aucun de vos engagements : ne laissez pas vos priorités se faire évincer par des urgences mineures.
  • Acceptez l’imperfection : Avancer petit à petit est plus efficace que d’attendre le moment parfait.

Alors, quelle sera votre prochaine victoire à célébrer ? Qui allez-vous inspirer aujourd’hui  ?