Pourquoi est-il si difficile de reconnaître ses victoires ?

Spéciale dédicace – à Gabriel et à toutes celles et ceux qui ne comprennent pas pourquoi elles se sentent si différent(e)s 🥰

Biais cognitifs_reconnaître ses victoires

Reconnaître ses victoires : un défi intérieur

Pourquoi est-il si difficile de reconnaître et célébrer ses victoires au quotidien ? Vous l’avez déjà ressenti, ce moment où vous atteignez un objectif, mais au lieu d’être submergé par la joie, une petite voix intérieure vous murmure : « Et après ? » ou « Ce n’est pas assez ». Cette incapacité à savourer nos succès dans la durée porte un nom : l’adaptation hédonique. Ajoutez-y la comparaison sociale, et vous obtenez un cocktail parfait pour ne jamais se sentir à la hauteur.

Nous vivons dans une société où le « toujours plus » est une norme implicite. Or, si nous ne nous arrêtons jamais pour reconnaître nos victoires, grandes ou petites, nous nous condamnons à une insatisfaction chronique.

1. Apprendre à reconnaître ses victoires et célébrer le « maintenant » 

1.1. Pourquoi nos biais nous empêchent de savourer nos réussites ?

Nos cerveaux sont programmés pour la survie et le bien-être, pas directement pour le bonheur. Leur objectif principal est d’assurer notre sécurité, ce qui implique une vigilance constante aux menaces potentielles et une focalisation sur ce qui pourrait mal tourner. 

L’adaptation hédonique est un processus psychologique par lequel nous nous habituons rapidement aux nouvelles situations, qu’elles soient positives ou négatives. Ainsi, une promotion, une réussite personnelle ou même un accomplissement longtemps désiré perdent rapidement leur éclat, et nous ressentons le besoin de chercher une nouvelle source de satisfaction. Ce phénomène contribue à un cycle où la reconnaissance de nos victoires est éphémère et insuffisante. Reconnaître et célébrer ses victoires au quotidien nécessite d’identifier les biais cognitifs qui nous empêchent de savourer nos succès.

D’autres biais cognitifs amplifient cette tendance :

Apprendre à reconnaître ses victoires
  • Le biais de négativité : Notre cerveau donne plus de poids aux expériences négatives qu’aux positives. Ainsi, un échec prend plus de place dans notre esprit qu’une réussite.
  • Le biais de la comparaison sociale : Nous nous évaluons souvent par rapport aux autres, et avec les réseaux sociaux, nous avons accès à une vision idéalisée des réussites des autres, rendant nos propres accomplissements fades en comparaison.
  • Le biais de fin de l’histoire : Nous avons conscience que nous sommes le fruit de nombreuses évolutions mais nous avons globalement tendance à penser que nous ne changerons plus. Cela peut augmenter notre détresse et accroître un sentiment d’insatisfaction. 
  • Le biais de l’anticipation : Nous nous projetons sans cesse vers l’avenir en pensant que « le vrai bonheur » viendra plus tard, empêchant de profiter du présent.

Ce phénomène est au cœur de nombreuses difficultés à s’ancrer dans l’instant. Pour aller plus loin sur cette question, vous pouvez consulter mon article dédié aux scénarios intérieurs et à la manière dont ils influencent notre rapport au présent : Biais cognitifs et scénarios intérieurs : comment s’en libérer.

1.2. Apprendre à reconnaître toutes ses victoires (des plus petites aux plus grandes)

Pourquoi est-il si difficile de définir une victoire ? Parce que nous avons été conditionnés à croire que seules les grandes réussites méritent d’être célébrées. Nous avons souvent du mal à célébrer nos victoires car nous ne les identifions pas clairement. Voici comment reconnaître ses succès et en faire une habitude quotidienne. 

Pourtant, une victoire est avant tout une progression, un pas en avant, quel qu’il soit. Cela peut être un succès professionnel, un progrès dans nos relations, ou même un moment de bien-être personnel.

Exemples de victoires à reconnaître :

  • Dans la sphère professionnelle : Présenter une idée en réunion, gérer une situation stressante avec calme, obtenir la reconnaissance d’un collègue.
  • Dans la vie familiale : Apaiser un conflit avec un proche, passer du temps de qualité avec ses enfants, oser poser des limites.
  • Dans le développement personnel : Prendre soin de soi sans culpabilité, tenir une habitude bénéfique, surmonter une peur.

La reconnaissance de ces progrès passe par une reprogrammation de notre regard. Plutôt que d’attendre une validation externe ou une reconnaissance spectaculaire, il s’agit d’apprendre à valoriser soi-même les efforts accomplis.

Techniques pour reprogrammer son regard :

  • Redéfinir ce qu’est une réussite : Elle ne se mesure pas uniquement à l’ampleur de l’objectif atteint, mais aussi au processus qui y mène.
  • Créer des ancrages positifs : Associer consciemment une sensation de fierté à chaque petit succès pour que notre cerveau enregistre cette satisfaction.
  • Mettre en place des rituels de célébration : Que ce soit un moment de gratitude, une récompense ou un geste symbolique, ancrer l’habitude de s’arrêter pour reconnaître l’accomplissement.

En changeant notre perception des victoires, nous brisons le cycle de l’insatisfaction permanente et cultivons un rapport plus sain avec nos propres réussites. 

IDÉE BONUS :
Pratiquer la reconnaissance des autres : Valoriser le travail et les efforts des personnes qui nous entourent permet de renforcer notre propre capacité à reconnaître nos propres succès.

Cette approche a un impact direct sur notre bien-être et notre confiance en nous, comme je l’explique dans mon article : Se libérer des biais cognitifs : comment vivre l’instant présent.

En adoptant ces pratiques, nous dépassons la simple reconnaissance des victoires pour en faire un mode de vie, où chaque moment devient une opportunité de célébrer et de progresser.

L’épanouissement ne se cache pas uniquement dans l’avenir. Il se vit ici et maintenant.

Et vous, avez-vous déjà pris le temps d’écrire trois petites victoires de votre journée ?

2. Apprendre à construire dans son cercle d’influence

2.1. Se comprendre pour espérer être compris

Avant de chercher à influencer notre environnement, il est essentiel de se connaître soi-même. Comprendre ses valeurs, ses biais cognitifs et ses modes de fonctionnement nous permet d’agir avec plus de clarté et de cohérence.

1. Identifier ses valeurs fondamentales :

Nos valeurs sont les principes qui guident nos décisions et nos comportements. Prendre le temps de les identifier nous aide à mieux comprendre nos réactions face aux situations et aux interactions avec les autres. Posez-vous la question : qu’est-ce qui compte vraiment pour moi ?

2. Observer ses propres biais cognitifs :

Nous sommes tous influencés par des biais inconscients qui affectent notre perception du monde et de nous-mêmes. Le biais de confirmation, par exemple, nous pousse à rechercher des informations qui confirment nos croyances existantes, tandis que le biais de conformité nous amène à nous aligner sur l’opinion dominante, parfois au détriment de notre authenticité.

Apprendre à développer son bonheur

3. Adopter une posture réflexive :

Se poser régulièrement des questions sur nos motivations et nos réactions permet de gagner en lucidité. Pourquoi ai-je réagi ainsi dans cette situation ? Suis-je en accord avec mes valeurs ? Ce type d’introspection favorise un alignement entre nos pensées, nos paroles et nos actions.

4. Prendre conscience de son impact sur les autres :

Nos comportements influencent notre entourage, que nous en ayons conscience ou non. Une communication maladroite, un jugement hâtif ou une posture défensive peuvent créer des barrières relationnelles. À l’inverse, une écoute active et une posture ouverte favorisent des échanges plus constructifs.

5. Accepter ses vulnérabilités :

Se comprendre, c’est aussi reconnaître que nous avons des limites et que nous ne pouvons pas toujours être dans le contrôle. Accepter nos imperfections nous rend plus authentiques et renforce la qualité de nos relations interpersonnelles.

En développant cette compréhension de nous-mêmes, nous devenons plus aptes à interagir avec les autres de manière consciente et bienveillante, ce qui facilite la construction d’un environnement plus inclusif et harmonieux.

2.2. Transformer votre regard pour adopter une posture plus inclusive

Être inclusif ne signifie pas seulement accepter les autres, mais reconnaître que la diversité est une richesse inestimable. Or l’inclusion est tout sauf naturelle pour notre cerveau et ses biais cognitifs. Ses véritables barrières naturelles, il les a fabriquées pour préserver son énergie à notre survie. 

Pourtant notre côté rationnel sait bien que chaque individu, avec son histoire et ses perspectives, peut nous apporter des idées nouvelles, des inspirations inattendues et des opportunités de croissance personnelle.

1. L’inclusion comme un moteur d’enrichissement personnel :

Lorsque nous nous ouvrons aux autres, nous découvrons des façons différentes de voir le monde, ce qui élargit notre compréhension et nourrit notre propre réflexion. Une simple conversation peut être le déclencheur d’une prise de conscience essentielle pour notre propre alignement.

2. L’effet de mimétisme et l’impact collectif :

Nos comportements influencent ceux des autres. Une posture inclusive encourage naturellement notre entourage à adopter la même approche. En valorisant l’écoute, la bienveillance et le respect des différences, nous créons un environnement où chacun se sent en confiance pour s’exprimer et contribuer pleinement.

3. Développer une approche gagnante-gagnante :

Être inclusif ne signifie pas s’effacer au profit des autres, mais reconnaître que chaque échange peut être mutuellement bénéfique. En intégrant les idées des autres et en laissant émerger des perspectives nouvelles, nous nous enrichissons personnellement tout en favorisant un climat plus harmonieux et collaboratif.

4. Prendre des initiatives concrètes :

Encourager les discussions ouvertes, valoriser les opinions divergentes, donner de la place à ceux qui s’expriment moins naturellement sont autant d’actions qui permettent de rendre l’inclusion réelle et efficace au quotidien. 

  • Pratiquer l’inclusion active : Proposez un coéquipier moins entendu pour une mission valorisante, soutenez publiquement un projet porté par une minorité.
  • Prêter attention aux voix minorisées : Dans une discussion, qui parle le plus ? Qui est interrompu ? Donnez de l’espace aux plus discrets.
  • Interroger ses biais en temps réel : Quand vous ressentez un jugement spontané sur quelqu’un, demandez-vous : « D’où me vient cette idée ? Est-elle fondée ? ».

L’inclusion est un processus dynamique qui commence par soi. Plus nous cultivons cette posture, plus elle se diffuse naturellement dans notre environnement, générant un cercle vertueux de bienveillance et de croissance collective.

L’inclusion n’est pas une utopie lointaine, c’est une pratique quotidienne. Souvent, nous imaginons qu’un monde plus juste et inclusif viendra d’initiatives institutionnelles ou de grands changements de société. Mais en réalité, il commence dans notre sphère d’influence : au bureau, en famille, entre amis.

2.3. Se définir une feuille de route personnelle et accessible 

La métaphore des grosses pierres est un concept utilisé pour illustrer l’importance de la gestion des priorités. Imaginez un bocal vide. Si vous commencez par le remplir avec du sable ou des petits cailloux, vous n’aurez plus de place pour y ajouter de grosses pierres. En revanche, si vous placez d’abord les grosses pierres, puis les plus petites et enfin le sable, tout s’ajuste parfaitement.

Appliqué à la vie quotidienne, ce principe nous invite à identifier nos priorités essentielles (les « grosses pierres ») avant de nous laisser envahir par des préoccupations secondaires. Ces grosses pierres peuvent être des projets professionnels importants, du temps de qualité avec nos proches ou encore des engagements personnels qui nous tiennent à cœur.

La théorie des grosses pierres

1. Identifier ses grosses pierres :

Prenez le temps de réfléchir à ce qui est vraiment essentiel pour vous. Quelles sont les trois ou quatre priorités qui ont le plus d’impact sur votre bien-être et votre réussite ?

2. Organiser son emploi du temps en conséquence :

Une fois vos priorités définies, bloquez du temps dans votre agenda pour les honorer. Protégez ces créneaux comme s’ils étaient des rendez-vous non négociables.

3. Accepter de laisser du sable de côté :

Certaines tâches et sollicitations, bien que tentantes, ne contribuent pas réellement à nos objectifs fondamentaux. Apprendre à dire non ou à déléguer permet de se concentrer sur ce qui compte vraiment.

4. Réévaluer régulièrement ses priorités :

Nos aspirations évoluent avec le temps. Faire un bilan périodique permet d’ajuster nos grosses pierres en fonction de nos besoins et objectifs du moment.

Pour aller plus loin sur l’art de choisir ses priorités et éviter la procrastination, je vous invite à lire mon article : Passer à l’action sans procrastiner : le guide ultime.

Grâce à la méthode des grosses pierres, vous pourrez structurer vos priorités et ne plus oublier de reconnaître et célébrer vos victoires au quotidien. En structurant notre temps et notre énergie autour de nos vraies priorités, nous nous donnons les moyens d’atteindre un alignement durable entre nos aspirations et nos actions. Cela nous permet non seulement d’avancer avec plus de sérénité, mais aussi de créer un cercle vertueux où chaque victoire renforce notre confiance et notre motivation à poursuivre notre chemin.

Conclusion : célébrer ses victoires, inspirer le changement

Finalement, apprendre à célébrer ses victoires au quotidien, c’est une véritable transformation qui impacte votre bien-être et celui des autres. Reconnaître nos victoires et adopter une posture inclusive ne sont pas seulement des démarches individuelles, mais des leviers puissants pour transformer notre quotidien. 

En apprenant à savourer le présent, à identifier ce qui compte vraiment et à nous ouvrir aux autres, nous nous donnons les moyens de vivre avec plus de justesse et de satisfaction. Chaque petit pas, chaque prise de conscience et chaque interaction positive construit un environnement plus harmonieux, où la réussite ne se mesure plus seulement à nos accomplissements, mais aussi à la qualité des liens que nous tissons et à l’impact que nous avons sur le monde.

Gardez en tête également, ces 2 principes auxquels vous ne pouvez pas déroger 😁 : 

  • Ne manquez aucun de vos engagements : ne laissez pas vos priorités se faire évincer par des urgences mineures.
  • Acceptez l’imperfection : Avancer petit à petit est plus efficace que d’attendre le moment parfait.

Alors, quelle sera votre prochaine victoire à célébrer ? Qui allez-vous inspirer aujourd’hui  ?

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5 commentaires sur « Pourquoi est-il si difficile de reconnaître ses victoires ? »

  1. Encore un bel article dans lequel je me reconnais et qui est plein de bon sens et de conseils concrets 🙂 Merci Sophie !

  2. Super article qui résonne pas mal en moi ! J’ai pris depuis peu l’habitude de me noter chaque jours mes 3 victoires/gratitude dans une note + de ressortir les 3 majeurs de chaque semaine lors de mon bilan le dimanche 🙂

  3. Merci Sophie pour cet article 🙂
    Je me suis reconnu à 100% en le lisant, on a tendance à se dire que les réussites, si ce n’est pas des choses exceptionnelles, on a tendance à ne pas en parler.
    Comme on dit en entreprise, tant qu’on ne te dis rien, c’est que tout vas bien…

    Alors oui, il faut se dire que ce que je fais, cela apporte quelque chose d’utile, pour moi, pour les autres, se féliciter avec humilité et bienveillance, c’est une des clés pour une meilleure reconnaissance et estime de soi.

  4. Merci pour ton article très pertinent. J’essaie depuis peu de valorisé mes petites victoires. Je regarde chaque jour ce que j’ai fait en cherchant la petite victoire de ma journée. Parfois, j’ai l’impression d’avoir procrastiner toute la journée et en prenant du recul je constate que ma procrastination à été utile finalement.

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