Introduction : Puisque “vite fait, bien fait” ça n’existe pas, il faut apprendre à piloter vos biais cognitifs
Une fois entendu que les biais cognitifs sont l’artefact ultime de votre cerveau pour remplir atteindre SES propres objectifs. Une fois entendu qu’il mettra toujours votre “survie” au-dessus de tout autre objectif. Maîtriser ses biais cognitifs au quotidien est essentiel pour prendre des décisions plus éclairées et éviter des pièges mentaux.
Or, notre cerveau a fabriqué, au cours de ses dizaines de milliers d’années de sa construction, toutes sortes de stratégies qui nous dépassent à chaque instant.
- Pour la survie individuelle : la construction de nos émotions (peur, stress, etc.) derrière nos besoins primaires (dormir, manger, etc.)
- Pour la survie collective : les règles qui régissent nos sociétés (instinct grégaire, sociabilité, etc.)
Notre cerveau, aujourd’hui plus qu’hier est contraint à traiter, un nombre inimaginable d’informations par secondes. Son credo “Vite fait, bien fait” Enfin c’est ce qu’il essaie de nous faire croire 😉
Maintenant que tous ces faits sont établis… Que faire de ces données ? Car, oui, il y a des solutions ! Que peut-il y avoir de plus puissant que notre cerveau me direz-vous ? Et bien, notre cerveau entraîné à se déjouer lui-même ! 😇
Je vous propose aujourd’hui 5 premiers exercices pour apprendre à gérer et à piloter vos biais cognitifs.
Partie 1 : Comment s’assurer de ne pas aller trop vite à la conclusion ?
Dans un monde où les informations affluent à un rythme effréné, notre cerveau se fie à des raccourcis pour traiter rapidement les données. Ces automatismes sont souvent utiles, mais ils nous conduisent aussi à des conclusions hâtives, guidées par des biais inconscients. Que ce soit le biais de disponibilité, qui nous fait donner trop d’importance à ce qui est frais dans notre mémoire, ou le biais d’ancrage, qui nous attache à la première information reçue, notre cerveau nous pousse à décider avant même d’avoir pleinement exploré toutes les options.
Les exercices suivants sont conçus pour ralentir ce processus et donner à notre esprit le temps d’examiner les informations de manière plus complète et réfléchie. En appliquant ces techniques, vous apprendrez à contourner ces pièges mentaux et à prendre des décisions qui sont véritablement alignées avec vos objectifs, et non dictées par des réflexes immédiats.
#1. Exercice de la “réflexion en deux temps” : piloter ses biais cognitifs en prenant du recul
Cet exercice de réflexion permet d’éviter certains biais cognitifs comme le biais de disponibilité.
- Biais visé : Biais de disponibilité et biais d’impulsivité.
- Problèmes courants : Tendance à se baser sur des informations récentes ou émotionnelles, décisions rapides et superficielles.
- Timing idéal : 15 à 20 minutes, lors de situations de prise de décision. (Nota : une pratique régulière aide à mieux maîtriser ses biais cognitifs.)
- Mode opératoire :
- Première étape : Notez la première réaction ou idée qui vous vient en tête face à une décision.
- Recul nécessaire : Laissez passer un intervalle de temps (minimum 15 minutes, idéalement quelques heures).
- Retour critique : Revenez à la question et relisez vos premières impressions. Posez-vous des questions : “Était-ce basé sur des faits ?” ; “Est-ce influencé par mes émotions immédiates ?”
- Résultats attendus : Renforcement de la prise de recul, réduction des décisions prises par automatisme, et jugement plus équilibré.
#2. Exercice de la “décision différée” pour éviter le biais de confirmation et d’ancrage
- Biais visé : Biais de confirmation et biais d’ancrage.
- Problèmes courants : Attachement excessif à une première information reçue, difficulté à intégrer des perspectives nouvelles.
- Timing idéal : Minimum 24 heures.
- Mode opératoire : (Cette méthode est idéale pour développer une pensée plus objective, en limitant les biais mentaux habituels comme le biais de confirmation.)
- Formulation du problème : Écrivez le problème ou la décision à prendre ainsi que les options envisagées.
- Pause nécessaire : Mettez de côté la décision pendant 24 heures. Profitez de ce délai pour explorer des informations complémentaires ou demander l’avis d’autres personnes.
- Reconsidération de la décision : Après 24 heures, revenez à la décision en vous demandant si votre perspective initiale a changé et en intégrant les nouvelles informations recueillies.
- Résultats attendus : Décisions plus informées, diminution de l’attachement aux premières impressions, et ouverture à des perspectives diversifiées. Ce processus renforce la maîtrise de soi et aide à surmonter les biais cognitifs dans la prise de décision.
#3. Exercice du “débat interne” : développer sa pensée critique pour mieux décider
Cet exercice de débat interne permet de développer la pensée critique, essentielle pour surmonter les biais cognitifs.
- Biais visé : Biais de surconfiance.
- Problèmes courants : Prise de décisions unilatérales, difficulté à envisager des alternatives, absence de prise de recul.
- Timing idéal : 15 à 20 minutes.
- Mode opératoire :
- Construction d’arguments : Notez trois arguments “pour” et trois arguments “contre” la décision que vous envisagez.
- Questionnement : Posez-vous des questions pour tester chaque argument. Exemple : “Que manque-t-il à cet argument ?”, “Pourquoi cette option pourrait-elle ne pas fonctionner ?”.
- Bilan : Comparez les deux colonnes d’arguments et demandez-vous si vous auriez pris la même décision sans cet exercice.
- Résultats attendus : Prise de conscience des angles morts, amélioration de la capacité à nuancer les décisions, et atténuation du biais de surconfiance. En renforçant sa capacité de réflexion, on apprend à limiter les biais et à mieux décider dans des contextes variés.
Partie 2 : Comment garantir d’avoir challengé les points de vue ?
Si nos biais cognitifs influencent la vitesse de nos décisions, ils influencent aussi notre capacité à apprécier et intégrer les points de vue des autres. Nous avons tendance à juger rapidement les intentions d’autrui, ou à voir le monde à travers le prisme de notre optimisme ou pessimisme personnel. Or, dans un monde interconnecté, savoir élargir notre vision et considérer les perspectives divergentes est essentiel pour éviter les erreurs de jugement.
Les exercices de cette partie vous aideront à développer une pensée plus inclusive, ouverte et équilibrée. En travaillant sur l’empathie, le questionnement et la visualisation des scénarios opposés, vous renforcerez votre capacité à voir au-delà des évidences et à intégrer des éléments que vous auriez pu négliger. C’est une compétence clé pour prendre des décisions plus avisées et mieux appréhender les défis, car elle vous permet d’analyser des situations de manière plus complète et nuancée.
#4. Exercice de “l’empathie active” : reconnaître et piloter les biais d’attribution
Cet exercice favorise la réflexion et aide à reconnaître et piloter les biais cognitifs liés à nos jugements sur autrui.
- Biais visé : Biais d’attribution.
- Problèmes courants : Jugements rapides sur les intentions d’autrui, manque de compréhension des perspectives divergentes.
- Timing idéal : Au cours d’une interaction (5 à 10 minutes de réflexion).
- Mode opératoire :
- Réflexion sur le point de vue de l’autre : Reformulez mentalement ou par écrit l’opinion de l’autre personne de façon neutre (exemple : “Si j’étais à sa place…”).
- Questions ouvertes : Posez des questions comme “Qu’est-ce qui t’a amené à cette conclusion ?” ou “Quels sont les éléments que tu considères les plus importants ?”.
- Validation : Reformulez en confirmant votre compréhension, puis posez-vous la question de savoir si votre propre réaction initiale était influencée par un jugement rapide.
- Résultats attendus : Augmentation de la capacité d’empathie, réduction du biais d’attribution, et développement d’un meilleur dialogue. Il s’agit d’un moyen simple pour renforcer l’empathie et limiter les biais mentaux dans les interactions sociales.
#5. Exercice de la “visualisation du scénario opposé” : éviter le biais d’optimisme ou de négativité
La visualisation de scénarios opposés est une technique efficace pour équilibrer nos perceptions et mieux décider.
- Biais visé : Biais d’optimisme ou biais de négativité.
- Problèmes courants : Tendance à exagérer les risques ou les avantages, manque de planification pour les imprévus.
- Timing idéal : 15 à 30 minutes en phase de planification de projet.
- Mode opératoire :
- Visualisation positive : Imaginez le scénario idéal et listez les facteurs de succès.
- Visualisation négative : Imaginez le pire scénario et identifiez les facteurs d’échec possibles.
- Planification des risques/opportunités : Rassemblez les éléments des deux visualisations pour construire un plan qui tient compte des aspects positifs et des imprévus.
- Résultats attendus : Vision équilibrée et réaliste des projets, amélioration des capacités de planification, et réduction du biais d’optimisme ou de négativité. Cet exercice permet de contrer des biais comme le biais d’optimisme ou de négativité, et de renforcer une vision plus critique et objective.
Conclusion : Reprenez le Pouvoir sur vos biais cognitifs. Faites du critique un atout !
Avec ces exercices pratiques pour surmonter vos biais cognitifs, vous êtes mieux armé pour aborder les décisions de façon éclairée. Essayez de les intégrer dans votre quotidien pour voir les effets !
Ces exercices sont comme des “entraînements” pour notre cerveau : ils visent à affiner notre capacité à reconnaître nos biais et à les piloter. En répétant ces pratiques, nous pouvons, petit à petit, nous détacher de nos réflexes automatiques et prendre des décisions plus justes et plus équilibrées. Comme un muscle, la pensée critique et la prise de recul se renforcent avec l’entraînement, nous permettant de reprendre le contrôle sur nos réactions.
Prendre conscience de nos biais cognitifs est un premier pas, mais les piloter exige de la pratique et de la persévérance. En vous entraînant régulièrement avec ces exercices, vous renforcez votre esprit critique et votre objectivité, vous permettant de prendre des décisions plus éclairées et de mieux comprendre les autres.
Alors, mettez-vous au défi d’intégrer ces pratiques dans votre quotidien professionnel et personnel. Prenez quelques minutes chaque jour pour l’un de ces exercices, et observez l’évolution de votre capacité à penser de manière plus objective. Essayez-le dès aujourd’hui et faites un premier pas vers un cerveau mieux entraîné et une prise de décision plus consciente !
À lire absolument :
- Votre Cerveau vous mène en bateau – Chris Pavone
En savoir plus sur LES BIAIS DANS LE PLAT
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Dans un monde où tout va très vite et où nous sommes assaillis d’informations de toutes sortes, les biais cognitifs peuvent s’en donner à coeur joie ! Merci pour tes exercices, que ne feront sans doute hélas que ceux qui étaient déjà les moins « biaisés » ! C’est la vie 🙂
C’est comme si notre cerveau ne recevant pas de mise à jour automatique de son système d’exploitation suffisamment rapidement, on doive effectuer soi-même les ajustements nécessaires. Merci Sophie pour cet inventaire super intéressant et très pratique qui aide à contrer efficacement nos biais cognitifs ! Je pratique déjà l’empathie active, mais je vais en tester d’autres. 🙂
Merci pour ton article, et pour cette prise de recul qui est un bon rempart contre la désinformation, qu’elle vienne de l’extérieur… ou de nous mêmes ! Voilà qui va nous aider à garder le cap !
Merci pour cet article tres intéressant. Je vais de ce pas mettre en pratique les exercices pour faciliter ma prise de décisions ainsi que la compréhension de autres.
Le cerveau humain est vraiment une machine fascinante et extraordinairement complexe ! Comme pour toute machine sophistiquée, il est essentiel d’apprendre à le connaître et de comprendre comment s’en servir pour en tirer le meilleur parti. Merci pour ta « notice » et pour les exercices pratiques qui nous aident à mieux comprendre et nous servir de notre cerveau !
Merci Sophie pour cet article riche et ultra-pratique ! Tu rends accessible à chaque fois un sujet aussi complexe que les biais cognitifs. Ces conseils offrent une belle opportunité de prendre du recul et de mieux comprendre comment nos pensées peuvent nous influencer sans même qu’on s’en aperçoive.
À titre personnel, je trouve que cette prise de conscience est précieuse, et tes exercices viennent parfaitement compléter cette démarche.
Merci encore pour ce nouveau partage inspirant et tellement utile 🌷
Merci beaucoup pour cet article 🙂
Effectivement, dans une vie où l’on veut tout faire, tout de suite, et sans perdre de temps, je me rends bien compte que souvent je cherche à aller à l’essentiel sans parfois creuser ou regarder ‘à côté’. Ce qui me joue des tours car je dois revenir sur certaines tâches, car je n’ai pas pris le temps de…
Je vais travailler tout cela avec tes exercices, merci 🙂
C’est passionnant de voir a quel point nous pouvons être notre pire ennemi. Ces exercices amenent a prendre du temps et du recul. A pratiquer sans modération 🙂
Merci Sophie pour cet article encore très complet, efficace et pratique ! Je vais mettre en application l’outil de « la décision différée », car je suis souvent impulsive, le soir, quand mon circuit de la récompense est en famine… Concernant l’empathie, c’est quelque chose que j’utilise régulièrement, ça m’aide énormément au quotidien pour prendre du recul sur une situation.
Les exercices que tu proposes sont indispensables dans notre monde de plus en plus complexe. Ils offrent des outils concrets pour mieux comprendre et maîtriser nos processus mentaux. Merci pour tes conseils.
Super tous ces conseils !
Je vais les appliquer au quotidien 🙂
Fini de se faire mener par le bout du nez hahaha ! 😀
Merci pour cet article : super intéressant et super structuré… comme dab quoi ! 🙂
Ce cerveau qui nous fais parfosi faire des choses folles (dans les 2 sens !) est terriblement dificile à maitriser je trouve.
Je me dis qu’une petite vidéo sur le sujet serait pas mal aussi…
Très belle idée de donner des exercices pratico-pratique pour contre carrer nos biais. Ils sont facile à faire et cela peut grandement aider …
Super article ! Les exercices pratiques sont une vraie aide pour mieux comprendre et gérer nos biais cognitifs au quotidien. Merci pour ces outils concrets, ils donnent envie de les testeurs pour améliorer nos décisions et interactions !
Merci pour ces super conseils ! Je me rends compte que je me laisse influencée par mes émotions dans certains moments de faiblesse alors j’apprécie les trucs que tu partages. 🙂
Merci pour ton article. En effet, prendre du recul est important pour prendre de bonnes décisions. Mais comment ne pas finir paralysé ? Paralyse pour trop d’analyse ?
Bonjour, Il est impossible de partir du principe qu’il faut être sûr d’avoir le recul nécessaire pour chacune de nos décisions. Ce qui me semble intéressant c’est de pouvoir analyser soit avant, soit après quand on ressent que notre décision nous a peut-être échappée ou quand on se dit que l’enjeu est trop important pour être pris à la légère. Je pense au contraire que ça ne peut pas nous paralyser mais nous rassurer 🙂