Notre cerveau : simple à comprendre, difficile à maîtriser

Introduction : Nous sommes nos propres saboteurs ! 

Avez-vous déjà eu l’impression de prendre une décision rationnelle, pour ensuite réaliser qu’elle était influencée par une émotion ou un facteur irrationnel ? 

Notre cerveau : un allié...imparfait

Dans notre vie quotidienne comme dans notre carrière, nos choix sont rarement aussi logiques que nous le pensons. Ils sont souvent façonnés par des biais cognitifs. Ces raccourcis mentaux nous font économiser de l’énergie, mais nous trompent également. Comprendre et maîtriser les biais cognitifs de notre cerveau est la clé.

 Je démarre une série d’articles pour révéler la grande variété de ces pièges mentaux. Mon objectif : vous en rendre conscients et vous donner des outils pour les déjouer. Qui que vous soyez comprendre ces mécanismes est essentiel pour éviter de vous saboter vous-même.

Recentrons le débat. Je le présentais déjà dans le résumé du livre : Intelligence Relationnelle et Inclusion. Notre cerveau, ce super-ordinateur biologique, est souvent présenté comme un modèle d’efficacité. Pourtant, il se retrouve fréquemment victime de ses propres raccourcis mentaux. Pourquoi, malgré notre intelligence, faisons-nous des choix qui semblent parfois irrationnels ? La réponse réside dans nos biais cognitifs : ces distorsions mentales qui affectent nos jugements et décisions à notre insu.

Les biais cognitifs ne sont pas un accident, ils sont le produit de l’évolution. À travers cette série, nous explorerons comment notre cerveau est notre pire ennemi quand il s’agit de maîtriser nos décisions. Comprendre ces biais, c’est avancer vers une meilleure maîtrise de soi et de son environnement. Cela s’applique au travail ou dans notre vie personnelle.

Partie 1 : Pourquoi est-ce important de comprendre comment nous fabriquons nos décisions ? 

Pourquoi consacrer du temps à comprendre comment fonctionne votre cerveau ? Tout simplement parce que ces biais cognitifs affectent votre quotidien plus que vous ne le pensez. Les maîtriser est clés. Ils influencent vos décisions professionnelles – en tant que manager, employé, ou entrepreneur – ainsi que vos relations interpersonnelles. Nous croyons tous être rationnels, mais souvent, nous sommes simplement des automates, pilotés par des raccourcis mentaux invisibles. Il est temps de reprendre le contrôle.

Depuis des siècles, l’humanité a progressé grâce à la science, la technologie et l’accès à des quantités phénoménales d’informations. Avec ces avancées, nous pourrions croire que notre capacité de prise de décision est infaillible. Elle ne peut que se fonder que sur la logique et la raison. Pourtant, les erreurs de jugement persistent. 

Pourquoi, malgré notre intelligence et nos outils de plus en plus perfectionnés, sommes-nous encore aussi vulnérables face à des erreurs fondamentales de raisonnement ? La réponse réside dans la manière dont notre cerveau est câblé. Si nous comprenons assez bien le fonctionnement général de notre esprit, il demeure difficile à maîtriser au quotidien. Nos décisions sont souvent biaisées, influencées par des raccourcis mentaux que notre cerveau prend pour économiser de l’énergie cognitive. Ces biais ne sont pas des failles intellectuelles individuelles, mais des erreurs systématiques et collectives. Ils structurent nos processus de pensée.

1.1. Est-ce qu’il y a un problème ? 

  • Au travail : Avez-vous déjà embauché quelqu’un parce qu’il vous ressemblait, même si objectivement un autre candidat était plus qualifié ? Le biais de similarité pourrait en être la cause.
  • Dans vos relations : Avez-vous déjà rejeté une idée simplement parce qu’elle venait d’une personne que vous n’aimez pas, même si elle avait du sens ? C’est peut-être dû au biais de confirmation.
  • Dans vos finances : Combien de fois avez-vous acheté un produit en promotion sans en avoir réellement besoin ? Juste parce qu’il vous paraissait être une bonne affaire ? C’est le biais de cadrage en action.

Est-ce grave ? Non, heureusement, dans l’immense majorité des cas. 🙂 Pour autant, vous pouvez noter que ces biais ne sont pas des concepts abstraits. Ils sont bien des challenges quotidiens à une prise de décision lucide

1.2. Le cerveau : Un allié… imparfait ! 

Nous aimons penser que notre cerveau est notre meilleur allié, un outil puissant conçu pour résoudre les problèmes et naviguer dans la complexité du monde moderne. Mais en réalité, notre cerveau n’a pas été « conçu » pour la logique pure ou la précision parfaite. Il est, avant tout, programmé pour une chose : la survie. Ses mécanismes internes ont évolué pour répondre à des besoins urgents et immédiats dans des environnements souvent hostiles. Par conséquent, ses décisions sont souvent basées sur l’efficacité et la rapidité, plutôt que sur une analyse approfondie et logique.

Cette tendance à privilégier des réponses rapides et intuitives est ce qui nous rend vulnérables aux biais cognitifs. Les biais sont des distorsions systématiques dans notre manière de percevoir et d’interpréter l’information. Notre cerveau n’est pas programmé pour les comprendre et les maîtriser, au contraire. Prenez le biais d’ancrage. Il nous fait accorder une importance excessive à la première information que nous recevons, même si elle est erronée ou peu pertinente. De même, le biais de disponibilité nous amène à exagérer la probabilité d’événements dont les exemples sont plus facilement disponibles dans notre mémoire, comme les accidents d’avion, bien plus rares que les accidents de voiture.

Même les experts, qui possèdent pourtant des connaissances spécialisées et une expérience étendue, ne sont pas à l’abri de ces biais. Des études montrent que les médecins, les juges ou les traders – des professions où la prise de décision rationnelle est cruciale – tombent eux aussi dans ces pièges cognitifs. Cela souligne à quel point les biais sont universels et profondément ancrés dans notre façon de penser.

En somme, bien que notre cerveau soit un allié formidable dans de nombreuses situations, il est loin d’être parfait. Reconnaître ses limites est le premier pas vers une prise de décision plus éclairée.

1.3. Nos biais : une faille exploitable

Ces biais ne sont pas seulement des erreurs innocentes. Ils peuvent être utilisés contre nous, à notre insu, dans des contextes variés allant de la publicité à la politique en passant par notre vie professionnelle. Les manipulateurs de toutes sortes exploitent ces biais cognitifs pour influencer nos choix. Par exemple, le biais de cadrage consiste à présenter une information de manière à influencer notre perception. Une réduction de prix peut sembler bien plus attrayante lorsqu’elle est formulée comme « 50 % de réduction » plutôt que « prix réduit de moitié », alors que le résultat est le même.

Dans le domaine politique, le biais de confirmation est souvent exploité pour renforcer les croyances des électeurs en diffusant des informations qui confortent leurs opinions existantes. Les réseaux sociaux jouent un rôle majeur dans ce phénomène, créant des bulles de filtres où les gens sont exposés à des informations qui confirment leurs points de vue et renforcent ainsi leurs préjugés.

En marketing, des techniques exploitent également l’effet Barnum, en proposant des descriptions suffisamment vagues pour que tout le monde puisse s’y identifier, comme dans les horoscopes ou les tests de personnalité en ligne. Cela conduit les individus à accepter ces descriptions comme étant spécifiquement conçues pour eux, renforçant ainsi leur engagement envers le produit ou le service proposé.

Nos biais cognitifs sont des failles dans notre système de pensée, et ces failles peuvent être exploitées pour manipuler nos comportements. En être conscient, c’est déjà se prémunir contre ces influences extérieures.

Partie 2 : Alors ? Curieux de comprendre comment notre cerveau joue contre nous ?…

Depuis que je m’intéresse à ce sujet, j’ai l’impression de voir le monde autrement et je suis intimement convaincue que cela contribue à une meilleure acceptation de mon quotidien. J’avais un problème, un sentiment flou de malaise : ne pas comprendre mon environnement contribuait à ma surcharge mentale. 

Je vous propose donc un voyage dans les méandres de notre esprit, à la recherche des mécanismes qui nous font trébucher et qui peuvent, si on les comprend mieux, nous permettre de reprendre le contrôle de nos décisions. Ce voyage me semble essentiel, non seulement pour mieux comprendre nos propres choix, mais aussi pour déjouer les manipulations auxquelles nous sommes exposés quotidiennement.

2.1. Breaking News #1: Notre cerveau ne sait pas compter 

Notre cerveau nous trompe par manque de capacité

Le saviez-vous ? Nous avons tous, à un moment donné, pris des décisions basées sur des probabilités mal évaluées. Notre cerveau, bien qu’équipé pour reconnaître des tendances, a du mal à interpréter correctement les statistiques. Le biais de négligence de la taille de l’échantillon en est un parfait exemple : il nous pousse à accorder trop de poids à de petits échantillons, créant des conclusions erronées.

Prenons un exemple simple : les loteries. Les gens dépensent des sommes conséquentes en sachant pertinemment que les chances de gagner sont infimes. Pourtant, notre cerveau préfère se focaliser sur des récits de succès plutôt que sur la probabilité réelle de remporter le gros lot. Cette erreur de jugement est aussi à l’origine du biais d’optimisme, qui nous fait penser que les bonnes choses nous arriveront, contre toute logique probabiliste.

Il ne s’agit pas d’un manque d’intelligence, mais plutôt d’un biais inné. Reconnaître cette limite est la première étape pour prendre des décisions plus éclairées.

2.2. Breaking News #2. Notre cerveau est fainéant 

L’efficacité cognitive est une bénédiction, mais elle peut aussi nous jouer des tours. Notre cerveau est conçu pour économiser de l’énergie, et pour cela, il prend des raccourcis mentaux appelés heuristiques. Si ces raccourcis nous aident souvent à prendre des décisions rapidement, ils sont aussi à l’origine de biais comme le biais de corrélation illusoire ou encore l’effet « pom-pom girl » (où nous attribuons des qualités aux personnes basées uniquement sur l’apparence de leur entourage).

Notre cerveau ne cherche qu'à économiser de l'énergie

Prenons l’exemple du biais de confirmation : notre cerveau préfère traiter des informations qui confortent nos croyances existantes, plutôt que de s’ouvrir à des idées contraires. C’est pourquoi nous avons tendance à rester dans nos « bulles d’information », lisant des contenus qui confirment ce que nous pensons déjà, et écartant ceux qui les remettent en question.

La fainéantise cognitive n’est pas un défaut, mais une stratégie de survie. Quand elle est mal gérée, elle peut limiter notre ouverture d’esprit et notre capacité à faire de meilleurs choix.

2.3. Breaking News #3. Notre cerveau aime être manipulé

Les techniques de manipulation exploitent habilement nos biais cognitifs. Le biais de cadrage en est un exemple frappant. La manière dont une information est présentée influence nos décisions bien plus que l’information elle-même. En marketing, ce biais est souvent exploité pour orienter nos choix en fonction de la façon dont une offre est formulée. Dire « 90% de chance de succès » ou « 10% de risque d’échec » déclenche des réactions différentes, alors que l’information est identique.

Un autre exemple est l’effet Barnum, où les gens se reconnaissent dans des descriptions vagues et générales, pensant qu’elles leur sont spécifiquement adressées. C’est le biais derrière l’efficacité des horoscopes et autres prédictions pseudo-scientifiques.

Enfin, l’effet de vérité illusoire fait que nous croyons qu’une information est vraie simplement parce qu’elle a été répétée plusieurs fois. Les fausses nouvelles exploitent souvent ce biais, rendant difficile pour notre cerveau de distinguer la vérité de la fiction.

Le cerveau est facilement manipulable, et comprendre ces mécanismes permet de se défendre contre des influences extérieures.

Conclusion : Plus de temps à perdre pour passer à l’action

Maintenant que vous avez un aperçu des pièges que nous tend notre esprit, il est temps de passer à l’action. Pour comprendre comment ces biais influencent tous vos choix, ne manquez pas les prochains articles de cette série.

Ils vous aideront à reconnaître ces pièges et à reprendre le contrôle sur vos décisions. Restez connecté(e) pour explorer comment nous pouvons tous, avec quelques outils simples, déjouer les biais cognitifs et maîtriser un peu mieux notre cerveau.

Je vous propose de passer dès aujourd’hui à l’action. Prenez le temps d’analyser vos trois dernières décisions. Nous en prenons des dizaines par jour, importantes ou pas. Notez les et réfléchissez tranquillement à ce qui les a guidé – pour de vrai ! Laissez moi un commentaire, je ferai, pour vous, une recherche pour enrichir votre analyse. 😉

En savoir plus (Mon livre de chevet en ce moment 🙂) Votre cerveau vous mène en bateau – Chris Pavone

 

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9 commentaires sur « Notre cerveau : simple à comprendre, difficile à maîtriser »

  1. Concernant les raccourcis qui visent à confirmer ce que nous pensons déjà (le biais de confirmation), je les nomme « croyances limitantes ». C’est une sorte de prisme à travers lequel nous regardons les situations, personnes, etc. Mais en changeant de lunettes, on pourrait voir tout-à-fait autre chose.

    Je te joins une ressource intéressante sur comment se libérer des croyances limitantes, si le coeur t’en dit : https://origami-mama.fr/cultivez-votre-abondance-interieure-et-detachez-vous-des-croyances-limitantes/

  2. Merci Sophie pour ce super article qui met en lumière comment notre cerveau peut nous piéger avec ses biais ! On pense tout comprendre, mais en réalité, c’est beaucoup plus complexe à maîtriser. Très instructif pour comprendre nos décisions et comportements au quotidien !

  3. Merci pour cet article ô combien essentiel ! J’essaye depuis peu de chasser ma petite voix intérieure qui me dit des choses négatives mais…. ça ‘nest pas évident 😉

  4. Aïe ! Aïe ! Aïe ! Ton article est redoutable ! Je me reconnais dans chacun des travers que tu décris ! Et moi qui pensais que mon cerveau était mon meilleur allié ! Il n’y connait rien, oui ! Ou plutôt : il me mène par le bout du nez ! Merci pour ces éclaircissements qui vont m’aider à (re)prendre les choses en main !

  5. Merci pour cet article très intéressant qui permet d’appréhender le cerveau et la manière dont fonctionnent nos prises de décisions de façon plus réaliste. Il n’y a pas que de l’intelligence sous le capot !

  6. Pour moi qui ai la sensation de piloter ma vie, ton article est un coup de tonnerre ! C’est vrai que notre cerveau nous indique parfois un chemin qui est dicté par la subjectivité. Je vais utiliser tes pistes pour évaluer (et au besoin réévaluer) mes priorités et mes décisions. Merci pour cet éclairage !

  7. Nos décisions, même les plus simples, peuvent être influencées sans que nous en ayons conscience. Le fait de comprendre ces mécanismes permet effectivement de mieux s’y retrouver dans notre quotidien, aussi bien sur le plan personnel que professionnel.

  8. Ce qui est ironique, c’est que quand on a connaissance de ces biais, on a tendance à les remarquer bien plus facilement chez les autres et moins chez nous-même. Néanmoins, merci pour cet excellent article qui nous montre bien à quel point on est faillible et pas aussi rationnels qu’on le croit… pour le meilleur et pour le pire. 😀

  9. Super article, merci Sophie 🙂
    J’ai particulièrement apprécié ta déconstruction des idées préconçues sur notre cerveau.
    Cela donne vraiment à réfléchir !

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