Syndrome de l’imposteur : comprendre, reconnaître et dépasser ce mécanisme invisible
Vous pensez que vous souffrez du syndrome de l’imposteur ? Je vous propose de comprendre ses origines pour mieux le vaincre !
Apprenons à démasquer les biais inconscients et développons la performance en entreprise
Démasquer, comprendre, identifier les biais, le meilleur moyen de les déjouer
Vous pensez que vous souffrez du syndrome de l’imposteur ? Je vous propose de comprendre ses origines pour mieux le vaincre !
Vous êtes en réunion. Quelqu’un propose une idée discutable. Tout le monde acquiesce. Vous aussi. Pourtant… vous n’êtes pas d’accord. Mais c’est votre manager. Alors vous vous taisez. Le biais d’autorité est à l’oeuvre.
Ça vous parle ? Moi aussi.
Ce réflexe a un nom : le biais d’autorité. Il agit comme une main invisible sur nos pensées, nos paroles, nos silences. Bonne nouvelle : on peut apprendre à le reconnaître, et surtout, à en faire quelque chose de constructif.
Le biais d’autorité, c’est notre tendance à accorder plus de crédit à une information ou à une idée, simplement parce qu’elle vient d’une personne perçue comme légitime ou puissante : un manager, un expert, un leader charismatique.
Ce biais est ancré dans notre histoire évolutive. Obéir au chef de meute, dans des contextes de survie, était souvent la meilleure option. Sauf qu’aujourd’hui, en entreprise, ce réflexe peut étouffer l’expression, freiner l’innovation, voire mener à des décisions peu pertinentes.
Et pourtant, il est difficile à repérer. Pourquoi ? Parce qu’on le confond avec le respect. Il est culturellement valorisé. Il nous donne l’illusion de sécurité.
Déjouer le biais d’autorité, c’est commencer par le voir à l’œuvre. Chez les autres. Mais surtout en soi.
À chaque fois que vous vous censurez en réunion, posez-vous cette question : « Est-ce que je crois vraiment ce que je pense, ou est-ce que je me plie à une autorité implicite ? »
Identifier le biais d’autorité, c’est déjà l’affaiblir. C’est comme pointer une illusion d’optique : une fois qu’on l’a vue, on ne peut plus faire comme si elle n’existait pas.
Astuce : Gardez une trace de vos non-dits. Sur une semaine, notez les moments où vous avez pensé différemment mais n’avez rien dit. Que se passait-il ? Qui parlait ? Comment étiez-vous ?
Déjouer le biais d’autorité, c’est aussi accepter qu’il agit souvent sans bruit, tapi dans le décor de nos automatismes.
Il est tentant de penser que certains ont accès à une vérité supérieure. Surtout quand ils ont un titre, une réputation, ou une voix assurée.
Mais rappel : chaque personne, même brillante, est traversée par les mêmes biais cognitifs que vous.
Astuce : En formation, j’invite souvent à imaginer son N+1 en pantoufles. L’effet est garanti. C’est un exercice de déconstruction mentale qui libère.
Déjouer le biais d’autorité, c’est aussi se rappeler que les titres sont des étiquettes. Pas des garanties de justesse.
Cas pratique #1 : Quand votre manager vous interrompt systématiquement* Je participe à un séminaire. On me confie la tâche d’expliquer un projet complexe. Je prépare, je structure, je m’applique. Mais dès que je prends la parole, le manager m’interrompt. Pas pour contredire, non : pour reformuler. À sa façon. À chaque phrase. Prétexte ? « C’est trop complexe, il faut que ce soit plus clair. » Résultat ? Je perds le fil, l’autorité implicite du manager noie mon propos, et je suis renvoyée à une posture d’élève maladroite. Ce que j’ai fait ? J’ai tourné la situation avec humour : « Je m’excuse, je pensais être claire, mais j’ai visiblement besoin d’un traducteur en chef. » La salle a ri, et le manager s’est calmé. Le lendemain, j’ai reçu des excuses. Cette scène illustre à quel point déjouer le biais d’autorité est nécessaire pour restaurer une communication fluide. Le manager ne voulait sans doute pas nuire, mais en s’imposant comme filtre obligatoire, il a étouffé le message. |
Parfois, ce n’est pas l’individu qui s’impose, mais le système. La réunion où tout le monde regarde la même personne. Le PowerPoint qu’on n’ose pas interrompre.
Et si on décidait, à certains moments, de poser les titres au vestiaire ?
Exemples concrets :
Astuce manager : Demandez explicitement des objections. La phrase magique ? « Qu’est-ce qui vous gêne dans ce que je propose ? »
Déjouer le biais d’autorité passe aussi par le design de nos réunions.
Contredire n’est pas trahir. C’est contribuer. Mais encore faut-il savoir comment.
Modèles de formulation :
Exprimer une idée différente, ce n’est pas remettre en cause une personne. C’est enrichir la réflexion.
Cas pratique #2 : Quand vous heurtez votre chef par mégarde* Lors d’une réunion de brainstorming, la consigne est claire : chacun propose des idées sur des post-its, les classe, puis peut déplacer ceux des autres s’il les estime mal positionnés. Une dynamique censée être horizontale, neutre et collaborative. Sauf que dans ce groupe, ma cliente est la cheffe d’équipe. Elle pose une idée. Et moi, consultante externe, je déplace son post-it, sans savoir qu’il venait d’elle. L’ambiance se fige immédiatement. Exercice interrompu. Malaise. Que s’est-il passé ? Le biais d’autorité (associé ici à un biais de statut) a activé un réflexe défensif : comment ose-t-elle me corriger, moi ? L’idée n’a pas été jugée sur son fond, mais sur sa provenance hiérarchique. Clé de sortie : garder son calme, et réinterroger les règles du jeu de manière ouverte : « Est-ce qu’on peut reprendre l’exercice sans chercher qui a écrit quoi ? L’objectif, c’est d’enrichir nos idées, non ? » |
Déjouer le biais d’autorité, ici, c’est aussi faire preuve d’agilité relationnelle.
Ce biais est un boomerang. On le subit, mais on le provoque aussi. Sans le vouloir.
Avez-vous déjà remarqué que personne ne vous contredit ? Qu’une idée un peu faible est acceptée sans broncher ? Ce n’est pas toujours un signe de clarté. Parfois, c’est juste… de la crainte hiérarchique.
Astuce : Ralentissez avant de clore une discussion. Créez un espace où l’on peut contester votre point de vue. Posez la question que peu de managers osent poser : « Ai-je manqué quelque chose ? »
Déjouer le biais d’autorité, c’est aussi une affaire de posture managériale.
C’est le fondement de notre fabrication cérébrale quand le besoin primaire de survie (collective) cède le pouvoir à un individu réputé comme capable de favoriser la sécurité de tous.
Le biais d’autorité peut même être utile : dans une crise, on a parfois besoin de suivre une direction claire. Mais il devient nocif lorsqu’il se transforme en automatisme. Quand il empêche la pensée. Quand il bride la parole.
Le but n’est pas de rejeter l’autorité. Mais de la remettre à sa juste place : une voix parmi d’autres. Pas la seule.
Image mentale : Le biais d’autorité, c’est comme un GPS. Pratique, rassurant. Mais parfois, il vous fait prendre un détour inutile. Et vous, vous connaissez peut-être un raccourci que lui ignore.
Quand avez-vous osé exprimer une idée face à une figure d’autorité ? Et qu’avez-vous ressenti ?
Ce n’est jamais facile. Mais c’est souvent libérateur.
Et si on apprenait à marcher à côté, plutôt que derrière ?
Pour aller plus loin, je vous recommande cet épisode de podcast : Biais cognitifs et management défaillant en réunion
*Ces scènes sont racontées plus en détail dans cet article : Biais inconscients en réunion : démarquez-vous
Et si le vrai pouvoir, c’était de savoir quand se battre… et quand s’épargner ?
La question du leadership et des biais de genre est aujourd’hui au cœur des enjeux d’égalité, de performance et de santé psychologique au travail. Il ne s’agit plus seulement d’ouvrir la porte des responsabilités aux femmes. Il s’agit de reconnaître que cette porte est souvent encadrée de stéréotypes, d’attentes implicites, de jugements non exprimés. Ces biais n’agissent pas seulement comme des freins à la progression des carrières féminines. Ils infiltrent les décisions, les interactions, les évaluations de performance, jusqu’à affecter la confiance en soi.
Selon un rapport du World Economic Forum (2023), les femmes occupent moins de 30 % des postes de direction dans le monde. Et ce, malgré des niveaux d’études et de performance qui équivalent ceux des hommes. En cause ? Des stéréotypes persistants sur les qualités attendues d’un « bon leader ». Dans ce contexte, les femmes doivent sans cesse composer. Elles doivent faire entendre leur voix, tout en restant « acceptables » ; diriger, sans paraître autoritaires ; concilier ambition et accessibilité.
Mais faut-il toujours déconstruire ces biais ? Ou faut-il, parfois, les reconnaître simplement comme ce qu’ils sont : des projections qui ne nous appartiennent pas ? Ce que je propose ici, c’est une grille de lecture à double entrée, qui permet de gagner en lucidité, en pouvoir d’action, et en sérénité.
Dans un contexte professionnel encore largement traversé par des normes masculines de leadership, les femmes sont souvent confrontées à une double tâche. Il leur faut exercer leur fonction… et justifier leur place. Ce phénomène, que je développe dans Leadership au féminin : entre falaise et plafond de verre, produit une usure invisible mais profonde.
Face à cela, une posture lucide consiste à différencier deux types de situations :
👉 Cette grille d’analyse s’appuie sur une logique d’économie mentale et émotionnelle. Il faut transformer ce qu’il est possible de changer. Vous pouvez en revanche vous protéger de ce qui relève d’un système extérieur et biaisé.
Le leadership et les biais de genre se heurtent particulièrement dans les contextes de visibilité et de pouvoir. Réunions stratégiques, négociations salariales, nominations : autant de moments où les stéréotypes se réactivent.
Un exemple récurrent : une femme perçue comme trop directive est jugée froide, voire agressive. L’homme dans la même posture est perçu comme charismatique. Ce double standard est bien documenté : une méta-analyse publiée dans Psychological Bulletin (Eagly & Karau, 2002) montre que les femmes qui adoptent un style de leadership dit « agentique » (affirmation de soi, autorité, autonomie) sont pénalisées dans leur évaluation sociale.
Mais les biais de genre ne sont pas que des obstacles : ce sont aussi des révélateurs. Ils rendent visibles les normes implicites que personne ne questionne — jusqu’à ce qu’on le fasse.
Déconstruire les biais dans ces contextes, c’est :
La clé est donc d’intégrer cette lecture du leadership et des biais de genre dans nos pratiques quotidiennes. Ce n’est pas seulement un sujet de discours ; c’est un levier d’action concret, à la fois individuel et collectif.
Si déconstruire les biais de genre peut être un acte stratégique de transformation, il existe aussi des contextes où cette lutte permanente devient contre-productive, voire nocive. Dans ces cas, le plus grand acte de leadership consiste à ne pas se laisser happer par des normes qui ne nous appartiennent pas. C’est ici qu’intervient la deuxième dimension de cette grille de lecture : savoir quand et pourquoi lâcher prise.
Notamment parce que ces biais ne sont pas toujours exprimés ouvertement. Ils peuvent prendre la forme de micro-jugements, d’attentes implicites ou d’une fatigue constante liée à l’hyper-vigilance. Cette pression diffuse alimente une dynamique d’auto-censure et de sur-adaptation que de nombreuses femmes expriment en coaching ou en supervision.
Prenons un exemple banal : après une réunion tendue, une manager va passer la soirée à se demander si elle a été trop ferme, si elle aurait dû nuancer davantage, si elle n’a pas paru trop rigide. Cette mécanique mentale n’est pas anodine : elle traduit une intériorisation du regard social, souvent fondée sur des normes genrées implicites. Elle est renforcée par le biais d’auto-complaisance inversée, qui pousse à attribuer les échecs à des causes internes et les réussites à des facteurs externes.
Dans ces cas-là, l’enjeu n’est pas de corriger un biais extérieur, mais d’empêcher qu’il ne devienne un filtre déformant intérieur. Ce que j’ai développé dans l’article Femmes et managers : stop au perfectionnisme paralysant s’applique pleinement ici : vouloir être irréprochable est une stratégie de protection qui finit par nous enfermer.
Ce type de lâcher-prise ne signifie pas ignorer les biais. Il s’agit plutôt de refuser de se définir à travers eux. Comme l’a montré Brené Brown dans ses travaux sur la vulnérabilité et le courage managérial, la solidité intérieure vient de l’alignement, pas de la perfection.
Autrement dit : lâcher prise, c’est retrouver une forme de souveraineté. C’est ne plus passer son temps à chercher la posture parfaite, mais choisir en conscience la réponse — ou le silence — qui nous préserve sans nous trahir.
Dans mes discussions, je commence souvent par cette phrase : « J’ai finalement compris que ce que je ressens n’est pas individuel mais systémique. » C’est une clé de lecture que j’aurais aimé avoir plus tôt dans ma propre trajectoire.
Je me souviens par exemple d’une prise de parole en réunion de direction, il y a quelques années. J’avais préparé mon intervention avec soin, des arguments solides, une vision claire. Et pourtant, après avoir exprimé mon point de vue, j’ai été saisie par un doute immense : est-ce que j’ai été trop tranchante ? Trop passionnée ? Trop sûre de moi ? Ce n’est que plus tard, en revoyant l’enregistrement de la réunion (eh oui, c’était en visio), que j’ai réalisé que ma posture était parfaitement ajustée. Mon seul « excès », c’était de ne pas avoir joué la carte de l’atténuation.
C’est là que j’ai compris quelque chose de fondamental : ce n’était pas moi qui étais « trop », c’était le cadre qui était étroit. Un cadre où l’expression affirmée d’une femme est encore trop souvent lue à travers des filtres biaisés. Ce que j’ai formulé récemment dans un post LinkedIn comme « tu te pollues à vouloir convaincre des idiots par une approche rationnelle » a été un vrai déclic : il faut choisir ses batailles, sinon c’est notre énergie qui y passe.
Il y a aussi ces moments où l’on choisit de ne pas relever. Comme cette remarque anodine — « ah tiens, t’as coupé tes cheveux courts, ça fait plus sérieux maintenant ». J’aurais pu répondre. J’ai préféré ignorer. Non pas par faiblesse, mais parce que j’ai senti que ce combat-là n’en valait pas la peine. Mon nouveau mantra : « L’énergie que tu investis à prouver que tu as raison, tu ne la mets pas à créer ce qui compte pour toi ».
Et puis, il y a ces nuits d’insomnie. Cette nuit, en particulier, où j’ai douté de tout. Mon utilité, mes choix, mes valeurs. J’ai ressenti ce que tant de femmes ressentent : l’impression de devoir mériter chaque millimètre de légitimité. Et pourtant, ce doute est aussi ce qui nous relie, ce qui nous pousse à chercher du sens. Ce que j’ai découvert, c’est que ce doute-là, quand on l’accepte, peut devenir un levier de lucidité.
Ces expériences m’ont appris à doser, à arbitrer. À me demander, chaque fois : quel est le coût émotionnel de cette réponse ? Et est-ce que ce coût vaut la peine, ici et maintenant ?
C’est dans cette intelligence contextuelle que se construit, selon moi, une forme de leadership lucide. Un leadership qui n’essaie pas de tout rééduquer autour de lui, mais qui choisit ses batailles — et en sort plus libre.
Et vous ?
Ce que révèle cette réflexion sur le leadership et les biais de genre, c’est qu’il ne suffit plus de dénoncer les mécanismes en place. Il s’agit désormais d’apprendre à y naviguer avec lucidité. Un leadership véritablement inclusif ne se contente pas d’ouvrir la porte à d’autres voix : il redéfinit les critères d’autorité, de légitimité, d’efficacité.
Déconstruire, c’est transformer les règles du jeu quand elles empêchent d’être pleinement soi, d’exercer son pouvoir, de prendre des décisions ancrées. Lâcher prise, c’est refuser de laisser les biais extérieurs gouverner l’intérieur — c’est dire : je vois ce biais, mais je choisis de ne pas m’y soumettre.
C’est dans cette capacité à articuler résistance et souveraineté que se forge une nouvelle manière de diriger, plus libre, plus juste, plus humaine.
Alors non, il ne faut pas toujours déconstruire les biais de genre. Mais il faut toujours être capable de les reconnaître. Et surtout, de ne plus leur laisser le pouvoir de décider à notre place.
Quand le talent ne suffit pas et se heurte aux biais cognitifs et aux préjugés de genre
Leadership au féminin, Plafond de verre, Falaise de verre… Oh, arrêtez ! Il n’y a pas de préjugés de genre ! Il n’y a pas de discrimination systémique ! Les inégalités salariales sont un mythe ! Les femmes ont les mêmes opportunités que les hommes, elles n’ont qu’à mieux négocier leur salaire, mieux réseauter, mieux s’imposer. C’est une question de volonté, non ?
Ah, si seulement c’était aussi simple.
Sur le papier, tout va bien. Les femmes peuvent travailler, diriger, innover. Elles peuvent grimper les échelons, décider, influencer. Légalement, rien ne les empêche d’accéder aux postes de pouvoir. Pourtant, dans les faits, c’est une autre histoire.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes :
Et ce n’est pas une question de compétences ou d’ambition, mais bien d’un système qui freine leur ascension.
Parallèlement, le partage des responsabilités domestiques reste inégal :
Le plafond de verre ? Une illusion ! C’est juste qu’elles ne veulent pas trop de responsabilités, préfèrent leur équilibre de vie, ne prennent pas assez de risques. C’est d’ailleurs pour ça que pullulent les formations de leadership au féminin ! Le biais de confirmation nous souffle que, si elles ne sont pas là-haut, c’est qu’elles n’en ont pas vraiment envie.
Un homme ambitieux est un leader. Une femme ambitieuse est une carriériste froide. Un homme direct est un stratège efficace. Une femme directe est autoritaire, voire hystérique. Un homme qui plaisante est charismatique. Une femme qui plaisante, surtout avec un brin d’humour salace ? Inappropriée.
D’ailleurs, parlons-en, de cette « hystérie« . Le mot vient du grec « hystera », qui signifie « utérus ». Pendant des siècles, on a expliqué que les femmes étaient instables à cause de leur biologie. Hippocrate décrivait l’hystérie comme une maladie liée à l’errance de l’utérus dans le corps. Plus tard, Freud associait cette soi-disant pathologie à des frustrations sexuelles. Autrement dit, depuis des millénaires, le moindre signe d’émotion féminine a été pathologisé. Pas étonnant que le mot « hystérique » soit encore jeté à la figure des femmes qui osent s’affirmer.
Et ce contrôle des femmes qui dérangent ne date pas d’hier. Les femmes indépendantes, trop libres, trop influentes, ont souvent été perçues comme une menace. On les a traitées de sorcières, poursuivies, brûlées. La chasse aux sorcières n’était pas seulement une vague de superstition, mais une manière de réprimer celles qui échappaient aux normes patriarcales. Une femme qui vivait seule, gérait ses affaires sans homme, soignait avec des remèdes naturels ? Dangereuse. Il fallait l’éliminer. Aujourd’hui, les bûchers ne flambent plus, mais les mécanismes d’exclusion et de marginalisation persistent.
On entend souvent qu’il faudrait « plus de rôles modèles » pour inciter les femmes à aspirer à des postes de leadership. Comme si le problème du leadership au féminin venait d’un manque d’inspiration et non d’un système structurellement inégalitaire.
L’effet Matilda démontre que les contributions des femmes sont historiquement minimisées, voire attribuées à leurs collègues masculins. Nombre de femmes scientifiques, penseuses ou inventrices ont vu leur travail passé sous silence ou volé. Rosalind Franklin a été éclipsée dans la découverte de l’ADN au profit de Watson et Crick. Lise Meitner, qui a contribué à la découverte de la fission nucléaire, a été oubliée au profit d’Otto Hahn. De fait, les hommes primés étaient souvent accompagnés de femmes brillantes. C’était le cas d’Albert Einstein, dont l’épouse Mileva a contribué bien plus à la théorie de la relativité qu’à la vie du ménage…
Alors non, ce n’est pas un manque de modèles, c’est un effacement quasi systématique de leurs contributions qui s’est répercuté dans les manuels scolaires.
Certaines le font. Elles prennent la parole, osent, dépassent les freins. Elles se forcent à « penser comme des hommes », à adopter leurs codes. Mais à quel prix ? Celui du syndrome de l’imposteur qui les ronge, du stress de l’hyper-performance, de l’usure d’une lutte permanente ?
D’ailleurs, ce fameux syndrome de l’imposteur, qui touche particulièrement les femmes, est fortement nourri par des biais cognitifs et des stéréotypes intériorisés. Comme je l’explique dans ces articles :
Il ne s’agit pas d’un simple manque de confiance, mais d’un phénomène renforcé par des attentes sociales différenciées.
Et même avant d’en arriver là, elles doivent passer les filtres du recrutement. Une enquête de l’Observatoire des discriminations a révélé qu’une femme de 32 ans mariée et ayant trois enfants a 37 % de chances en moins d’être convoquée à un entretien d’embauche (1). De plus, 20 % des femmes rapportent avoir déjà fait l’objet d’une discrimination lors d’un entretien d’embauche, contre 15 % des hommes (2).
Et si elles finissent par accéder à un poste de leadership, elles se retrouvent souvent en haut… d’une falaise de verre. Theresa May et Liz Truss, anciennes première ministre du Royaume-Uni, ou Marissa Mayer, ex-PDG de Yahoo ou plus récemment Kamala Harris. Ces noms de femmes vous disent quelque chose ? Ces femmes ont pour point commun d’avoir été nommées à la tête de leur pays ou de leur entreprise en pleine période de crise.
Ce phénomène de “Falaise de verre” décrit comment les femmes sont plus souvent promues à des postes de direction lorsque une entreprise ou un pays est en crise ou en difficulté. On leur confie la barre d’un navire en train de couler, puis on leur reproche de ne pas avoir su le sauver. Et lorsqu’elles échouent ? C’est la preuve, bien sûr, qu’elles n’étaient pas faites pour ces responsabilités…
Et pourquoi ce serait à elles seules de faire cet effort ? Pourquoi la norme serait-elle encore et toujours définie par un modèle masculin ?
Connaître l’existence des biais ne doit pas simplement servir à constater une injustice. Cela doit nous permettre à la fois de déculpabiliser (ce n’est pas un problème individuel mais systémique) et d’agir concrètement. L’idée n’est pas d’opposer les genres, mais de neutraliser les effets des biais à toutes les étapes de la vie en entreprise : du recrutement aux promotions, en passant par les relations quotidiennes et les opportunités de carrière. Parce que, oui, le leadership au féminin est entravé par le plafond de verre et mis en péril par la falaise de verre !
Parmi les biais qui influencent ces processus, on retrouve :
Ces biais sont inconscients, mais leurs effets sont bien réels. Mettre en place des processus objectifs et transparents (grilles d’évaluation en recrutement, critères de promotion standardisés, feedbacks réguliers) permet de réduire leur impact.
Finalement, bouger les lignes, c’est comprendre que les inégalités ne sont pas une fatalité, mais le résultat de mécanismes sur lesquels nous avons un pouvoir d’action.
Attention, aussi à ne pas vous fier à toutes les études qui disent que les entreprises sont plus plus performantes à la seule condition qu’elles ont plus de femmes à leur tête. Pleines de bonnes intentions, de nombreuses études ont fini par confondre militantisme et éthique… Ce sont bien les différences, toutes les différences, qui sont source de richesse.
Dans son ouvrage de référence “Intelligence relationnelle et inclusion”, Laurent Depont citait une étude de Cloverpop. L’analyse a posteriori de la pertinence d’un très gros volume de décisions sur la base de big data a montré que 66% des décisions prises s’avéraient judicieuses et que ce taux dépendait de la constitution des équipes. Une équipe 100% masculine ne prenait que 59% de bonnes décisions, une équipe mixte 73%, une équipe mixte avec diversité d’âge 80% et une équipe mixte diversifiée en âge et origine géographique 87%. Mais attention, plus l’équipe est diversifiée et plus la décision est difficile à mettre en pratique. L’enfer est pavé de bonnes intentions !
Et vous, qu’en pensez-vous ?
Avez-vous déjà vécu ou observé ces situations ? Partagez vos expériences en commentaires !
En savoir plus :
Identifier ses biais cognitifs et développer son intelligence émotionnelle pour un management plus apaisé.
Les conflits font partie de la vie professionnelle. Pourtant, certains s’enlisent, s’intensifient et laissent des traces durables, là où d’autres se désamorcent rapidement. Pourquoi ? Parce que notre manière d’y réagir est souvent biaisée par nos émotions et nos filtres cognitifs.
Ces pensées, influencées par nos biais cognitifs et émotionnels, rigidifient notre posture et nous enferment dans des schémas de confrontation. Mais en prenant conscience de ces mécanismes, il est possible d’adopter un management plus apaisé et constructif.
L’intelligence émotionnelle joue un rôle clé dans la gestion des tensions. Capacité à percevoir, comprendre et réguler ses émotions ainsi que celles des autres, elle permet de mieux communiquer, de prévenir les conflits et d’instaurer un climat de travail plus harmonieux. Pourtant, de nombreuses femmes managers peuvent se sentir piégées entre deux extrêmes :
Objection courante : « Je préfère éviter les conflits pour maintenir une ambiance sereine. »
À titre personnel, j’ai toujours préféré faire face directement aux problèmes. J’ai d’ailleurs observé que mes collègues femmes avaient généralement plus cette tendance à accepter la confrontation saine et directe des avis plutôt qu’à les éviter.
Pour autant, cette posture n’est pas facile à tenir tant l’image de la femme “hystérique” n’est jamais très loin… Je reste pourtant convaincue qu’un conflit non exprimé se transforme souvent en frustration latente et en tensions sourdes. Plutôt que d’éviter les désaccords, nous devons apprendre à les gérer avec intelligence émotionnelle.
Nos réactions face aux conflits sont rarement purement rationnelles. Plusieurs biais cognitifs viennent fausser notre perception et alimenter les tensions en portant atteinte à notre intelligence émotionnelle. Voici les principaux à identifier pour mieux les neutraliser :
Nous avons tendance à interpréter les actions des autres comme intentionnellement hostiles, même lorsque leurs intentions sont neutres ou bienveillantes. Par exemple, si un collaborateur ne répond pas immédiatement à un e-mail, nous pourrions penser qu’il nous ignore ou manque d’engagement, alors qu’il est peut-être simplement débordé.
« Si je ne suis pas vigilante, on risque de profiter de ma bienveillance. »
J’ai souvent mal interprété les actions des autres, les interprétant comme étant faites sciemment contre moi. Mais j’ai réalisé que présumer des intentions négatives pouvait me faire adopter une posture de défiance inutile. Poser des questions plutôt que d’interpréter est souvent une meilleure approche
Nous avons tendance à rechercher et à retenir les informations qui confirment nos croyances préexistantes. Dans un conflit, cela peut nous amener à voir l’autre à travers le prisme de nos jugements passés : « Il ne m’a jamais écoutée, donc il ne m’écoute pas aujourd’hui. »
« Je sais déjà comment cette personne réagit, inutile d’espérer un changement. »
J’ai longtemps étiqueté certaines personnes comme « immuables ». Pourtant, en changeant ma manière d’aborder la conversation, j’ai souvent constaté des réactions inattendues et plus constructives.
Nous avons tendance à nous attribuer le mérite des succès et à rejeter la faute des échecs sur les autres. Dans un conflit, cela nous empêche d’assumer notre part de responsabilité et de comprendre ce que nous pouvons améliorer dans notre propre posture.
« Si les choses tournent mal, ce n’est pas de ma faute. »
J’ai souvent cru que ma position était la plus légitime. Pourtant, accepter ma part de responsabilité a changé la donne : en montrant l’exemple, j’ai incité mes interlocuteurs à faire de même.
Aller plus loin :
Pour approfondir la compréhension des biais cognitifs et de leur impact sur notre comportement, je vous invite à consulter l’article Biais cognitifs et scénarios intérieurs : comment s’en libérer ? sur notre site. Cet article explore en détail comment nos biais influencent nos interactions et propose des stratégies pour s’en affranchir.
En identifiant et en comprenant ces biais cognitifs émotionnels, nous pouvons désamorcer les tensions avant qu’elles ne dégénèrent et améliorer notre intelligence émotionnelle. La clé ? Observer nos réactions, questionner nos premières interprétations et adopter une posture plus ouverte.
Dans la prochaine partie, nous verrons comment transformer cette prise de conscience en actions concrètes pour gérer les conflits avec plus de sérénité et d’assurance.
Une fois ces biais cognitifs identifiés, comment faire pour éviter qu’ils ne prennent le dessus dans la gestion des conflits et ainsi accroître notre intelligence émotionnelle ? Voici quelques stratégies pratiques pour développer une approche plus apaisée et constructive.
En mettant en pratique ces stratégies, nous passons d’un mode réactif à une gestion proactive des conflits. Nous agissons en matîtrise de nos biais cognitifs naturels pour développer notre intelligence émotionnelle. Dans la prochaine partie, nous verrons comment faire des situations de conflits des opportunités et ancrer une approche durable pour un management plus serein et efficace.
Aller plus loin :
Mon épisode de podcast Biais cognitifs et management défaillant en réunion illustre comment des malentendus nourris par des biais cognitifs peuvent miner la dynamique d’équipe.
En adoptant ces stratégies, nous faisons des conflits une opportunité de croissance et d’amélioration, plutôt qu’une source de stress et de blocage. Développer son intelligence émotionnelle en acceptant nos biais cognitifs, c’est transformer sa posture en management pour créer un environnement de travail plus serein et productif.
Gérer les conflits avec intelligence émotionnelle, ce n’est pas les éviter ou les redouter, mais apprendre à les aborder avec lucidité et bienveillance. En prenant conscience de nos biais cognitifs, en adoptant une posture ouverte et en instaurant un cadre propice à l’expression des désaccords, nous pouvons transformer chaque conflit en opportunité d’amélioration.
L’intelligence émotionnelle n’est pas une simple compétence, c’est une posture qui influence toute notre manière de manager. En cultivant cette approche, nous contribuons à un environnement de travail plus harmonieux, plus efficace et plus respectueux des dynamiques humaines.
Et vous, quels sont les biais qui influencent vos interactions en situation de conflit ? Comment les gérez-vous ? Dites-moi moi en commentaires
Lever le biais d’auto-critique pour passer à l’action
Le perfectionnisme passe pour une qualité. Mais, lorsqu’il devient un frein à l’action, il se transforme en véritable piège. Femmes managers vous devez dire stop au perfectionnisme. Ne restez pas paralysées par des exigences excessives envers vous-mêmes, alimentées par des biais d’auto-critique et des croyances limitantes. Résultat ? Elles hésitent, doutent et s’épuisent au lieu d’agir avec confiance.
Voici 5 objections que les femmes managers s’imposent trop souvent… et comment y répondre efficacement !
➡️ Le biais déclencheur : Le perfectionnisme et le syndrome de l’imposteur.
Les femmes ont tendance à sous-estimer leurs compétences et à attendre d’avoir une maîtrise totale avant d’agir. Contrairement aux hommes qui eux postulent à un poste avec seulement 60 % des compétences requises. Les stéréotypes de genre qui valorisent prudence et rigueur féminines renforce ce biais. Il rendent l’audace impossible.
✅ Passez en mode apprentissage : Personne ne maîtrise tout dès le départ. Lancez-vous et ajustez en cours de route.
✅ Appliquez la règle des 70 % : Si vous avez 70 % des compétences requises, c’est suffisant pour commencer et progresser en action.
✅ Rappelez-vous que les hommes postulent avec 60 % des compétences : Pourquoi pas vous ?
➡️ Le biais déclencheur : Le biais de négativité et la peur du regard des autres
Nous avons tendance à donner plus de poids aux échecs qu’aux réussites. À croire que les autres feront de même. La culture du jugement amplifie ce phénomène. Elle pèse souvent plus lourd sur les femmes. Elles sont soumises à des attentes de perfection plus strictes.
✅ Transformez vos erreurs en apprentissages : Chaque échec est une occasion d’apprendre et de progresser.
✅ Relativisez l’impact : Dans 6 mois, cet échec aura-t-il encore de l’importance ? Probablement pas.
✅ Inspirez-vous des parcours résilients : Oprah Winfrey, J.K. Rowling, Sheryl Sandberg… toutes ont surmonté des échecs avant de réussir.
➡️ Le biais déclencheur : Le biais de conformité et l’injonction à la perfection.
Les femmes managers peuvent hésiter à demander de l’aide. Elles craignent d’être perçues comme incompétentes. Or, la croyance qu’un leader doit tout maîtriser seul est un mythe. Les hommes osent davantage s’appuyer sur leur réseau et demander des conseils. Tandis que les femmes managers peuvent avoir du mal à dire stop au perfectionnisme. Elles ont l’impression qu’elles doivent prouver leur valeur par elles-mêmes.
✅ Voyez la demande d’aide comme une force : Les meilleurs leaders savent s’entourer et s’appuyer sur les autres.
✅ Inversez la perspective : Si une collègue vous demandait de l’aide, la jugeriez-vous incompétente ? Non, alors appliquez ce raisonnement à vous-même.
✅ Trouvez un mentor ou un réseau de soutien : S’entourer, c’est progresser plus vite et éviter l’isolement.
➡️ Le biais déclencheur : Le rôle de « protectrice » et la charge mentale.
Les femmes sont souvent socialisées dès l’enfance à prendre soin des autres et à gérer simultanément plusieurs responsabilités. Ce conditionnement se traduit en entreprise par une charge mentale accrue. Elles développent un sentiment d’obligation à tout gérer pour éviter que les choses ne s’effondrent.
✅ Apprenez à faire confiance : Vous n’êtes pas seule, et votre équipe est capable de prendre des initiatives.
✅ Déléguez de manière stratégique : Choisissez les tâches à fort impact. Laissez les autres gérer les responsabilités dont ils sont capable.
✅ Ne confondez pas responsabilité et sur-engagement : Votre rôle est d’accompagner, pas de tout porter sur vos épaules.
➡️ Le biais déclencheur : Le biais d’auto-sabotage et la comparaison sociale.
Les femmes managers ont tendance à
minimiser leurs succès en les comparant aux accomplissements des autres. Elles attribuent leurs réussites à des facteurs externes (chance, circonstances favorables) plutôt qu’à leurs compétences et leurs efforts.
✅ Notez vos accomplissements : Gardez une trace de vos succès, même les plus petits, pour prendre conscience de votre progression.
✅ Accordez-vous du crédit : Prenez le temps de reconnaître et d’apprécier vos réussites sans les minimiser.
✅ Focalisez-vous sur votre progression : Mesurez vos avancées par rapport à votre propre parcours, plutôt que de vous comparer aux autres.
🚀 Conclusion : Osez agir, même imparfaitement ! Femmes et managers vous devez dire stop au perfectionnisme. Chaque fois que le doute s’installe, revenez à cette checklist et choisissez l’action plutôt que l’auto-critique. Vous n’avez pas besoin d’être parfaite pour être une excellente manager. Vous avez déjà tout ce qu’il faut pour avancer et réussir !
📚 Pour aller plus loin :
Retrouvez cet article dans mon podcast : Épisode 19 sur Spotify, Amazon Prime, Deezer.
« Si je ne le fais pas, personne ne le fera. » « Je suis responsable du bon fonctionnement de mon équipe, alors je dois tout vérifier. » « Lâcher prise ? Facile à dire, mais si quelque chose tourne mal, ce sera sur moi. »
Ces pensées, de nombreux managers les connaissent. Porté(e) par la volonté de bien faire, par l’envie d’assurer la performance de son équipe et de répondre aux attentes de l’entreprise, on en vient à tout prendre en charge. Trop. Jusqu’à l’épuisement. Cette sur-responsabilité, souvent vue comme une preuve de professionnalisme et d’engagement, finit par se retourner contre soi et contre l’équipe.
Mais pourquoi avons-nous tant de mal à lâcher prise en management ? Quelles croyances et quels biais nous enferment dans ce rôle du « manager super-héros » ? Et surtout, comment retrouver un équilibre entre engagement et sérénité, sans culpabiliser ?
Cet article explore :
Car un bon manager n’est pas celui qui fait tout, mais celui qui sait mobiliser les bonnes ressources au bon moment.
Nos décisions et nos comportements sont largement influencés par des biais cognitifs, des raccourcis mentaux qui, bien que parfois utiles, peuvent aussi nous enfermer dans des schémas inefficaces. En matière de management, certains biais entretiennent un sentiment de sur-responsabilité, empêchant de lâcher prise et de faire confiance à son équipe.
Ce biais touche de nombreux managers, qui doutent de leur propre légitimité malgré leurs compétences et leurs réussites. Plus ils gravissent les échelons, plus ils ressentent le besoin de prouver leur valeur en s’investissant excessivement. Résultat : ils hésitent à déléguer, par peur d’être perçus comme incompétents ou inutiles.
Nous avons naturellement tendance à attribuer les succès à nos propres actions et à minimiser l’impact des autres. Un manager surchargé peut penser que la réussite d’un projet repose uniquement sur ses épaules, ce qui l’empêche de faire confiance à son équipe et de répartir la charge de travail.
L’influence des modèles de leadership traditionnels peut enfermer les managers dans une vision rigide du rôle de leader. Si leurs référents ou mentors valorisaient le contrôle absolu et l’implication totale, ils auront du mal à concevoir un management plus collaboratif et à accepter l’idée de lâcher prise.
Lorsque l’on croit que les autres ne sont pas capables de bien faire sans notre intervention, on finit par ne voir que les erreurs qui confirment cette croyance. Ce biais pousse les managers à reprendre systématiquement la main sur les projets, renforçant ainsi leur propre surcharge de travail et limitant le développement de leurs collaborateurs.
Comprendre ces biais est une première étape essentielle pour sortir du piège de la sur-responsabilité. L’étape suivante consiste à analyser les conséquences concrètes de cette surcharge, tant pour le manager que pour son équipe. Pour aller plus loin sur cette réflexion, découvrez l’article Le leadership présent : une méthode simple pour les managers qui explore comment nos biais influencent notre posture de leader et comment adopter une approche plus équilibrée.
Prendre trop de responsabilités ne nuit pas seulement au manager, mais impacte également toute l’équipe et l’environnement de travail. Cette charge excessive entraîne plusieurs conséquences négatives :
Prendre conscience de ces impacts est essentiel pour enclencher un changement de posture. Un management équilibré ne signifie pas un désengagement, mais un meilleur partage des responsabilités afin d’assurer un fonctionnement plus sain et durable pour tous.
L’une des principales croyances qui enferment les managers dans la sur-responsabilité est l’idée que leur valeur repose sur leur capacité à tout gérer eux-mêmes. Or, un bon manager ne se mesure pas à la quantité de tâches qu’il exécute, mais à l’impact qu’il génère en mobilisant les ressources adéquates.
Beaucoup de managers perçoivent la délégation comme une perte de contrôle ou une preuve d’incompétence. Pourtant, les leaders les plus performants sont ceux qui savent s’appuyer sur leur équipe pour atteindre des objectifs ambitieux. Un manager efficace ne doit pas être un exécutant omniprésent, mais un chef d’orchestre qui harmonise les efforts de chacun.
Aucun leader ne peut tout savoir ni tout maîtriser. Les organisations évoluent, les expertises se diversifient et les compétences techniques se renouvellent constamment. Accepter que son rôle est avant tout d’accompagner et d’orienter plutôt que de tout contrôler permet de mieux répartir les responsabilités et d’éviter l’épuisement.
Plutôt que d’être accaparé par l’opérationnel, un manager doit définir les tâches à forte valeur ajoutée qui relèvent réellement de son rôle :
Se redéfinir en tant que facilitateur plutôt qu’exécutant permet non seulement de réduire la charge mentale, mais aussi de renforcer l’efficacité et la motivation de l’équipe.
En ancrant cette approche, le manager transmet à son équipe une vision plus réaliste et actionnable du travail collectif, tout en favorisant l’engagement et l’efficacité opérationnelle.
Une fois le rôle du manager clarifié, il devient essentiel d’identifier ce qui relève réellement de son champ d’action. Se focaliser sur ce que l’on peut influencer permet d’optimiser son efficacité sans s’épuiser inutilement.
La matrice d’Eisenhower, utilisée pour prioriser les tâches, peut être adaptée à la gestion d’équipe :
En répartissant ainsi ses responsabilités, le manager concentre son énergie sur ce qui a un réel impact.
Nombre de sources de stress proviennent d’éléments hors de notre contrôle (décisions de la direction, réactions des clients, changements de marché). Apprendre à accepter ces variables et à se concentrer sur des actions concrètes permet de réduire la surcharge mentale et d’adopter une posture plus sereine.
Un manager qui comprend qu’il ne peut agir efficacement que sur son cercle d’influence doit appliquer le même principe à son équipe. En clarifiant ce qui est réellement sous leur contrôle, il évite une dispersion d’énergie sur des facteurs externes et encourage une approche plus pragmatique.
En savoir plus, Femmes et Managers : 3 clés pour sortir de la spirale du jugement
Comprendre l’origine de la sur-responsabilité et identifier ce qui relève réellement du rôle du manager ne suffisent pas. La dernière étape est d’adopter des actions concrètes pour un lâcher prise en management efficace et durable, sans culpabiliser.
Déléguer ne signifie pas abandonner, mais redistribuer la charge de manière efficace pour libérer du temps et de l’énergie sur ce qui compte réellement.
Un bon manager n’est pas celui qui contrôle chaque détail, mais celui qui permet à son équipe de fonctionner de manière autonome et performante.
Lâcher prise en management ne se fait pas du jour au lendemain. Mettre en place des habitudes qui favorisent cette transition permet d’éviter de retomber dans le piège de la sur-responsabilité.
Enfin, au-delà des actions concrètes, lâcher prise nécessite une évolution profonde de la posture managériale :
Lâcher prise en management, ce n’est pas se désengager, mais réapprendre à manager autrement. C’est créer un cadre dans lequel l’équipe fonctionne avec plus d’autonomie, tout en conservant un équilibre entre performance et bien-être.
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter l’article Passer à l’action sans procrastiner : le guide ultime, qui propose des outils concrets pour agir plus efficacement tout en réduisant la charge mentale.
Autres sources :
Vous êtes une femme ou un manager, et vous vous sentez parfois prise dans la spirale du jugement ? Cet article est pour vous.
Dans une salle de réunion, devant un écran ou même au cœur d’un dîner en famille, cette petite voix vous accompagne. Vous la connaissez bien : « Qu’est-ce qu’ils vont penser de moi ? Est-ce que j’ai bien fait ? Ai-je été assez convaincante, ou au contraire trop… ? » Cette petite voix, c’est celle de la peur du jugement. Une peur discrète mais persistante, nourrie par un mélange de biais cognitifs, d’injonctions culturelles et de responsabilités accumulées.
Pourtant, rester piégée dans cette spirale du jugement a un coût. La peur d’être mal perçue peut freiner vos actions, limiter votre créativité et, au final, vous empêcher d’exploiter tout votre potentiel. En tant que femme, manager ou les deux, cette peur est souvent décuplée par des attentes contradictoires : être performante mais humble, audacieuse mais prudente, disponible mais jamais débordée.
Dans cet article, nous allons explorer trois leviers essentiels pour sortir de cette spirale :
Cet article est une invitation à réfléchir, mais surtout à agir. Car en osant reconnaître et déconstruire ces mécanismes, vous ouvrez la porte à une plus grande liberté personnelle et professionnelle. Comme je l’évoquais dans mon article sur le leadership présent : chaque pas vers la conscience de soi est aussi un pas vers une collaboration plus riche et plus authentique.
Et si nous faisions ensemble le premier pas pour sortir de la spirale du jugement ?
Vous êtes en réunion, une idée germe dans votre esprit. Vous la trouvez brillante, mais une petite hésitation s’installe. « Est-ce que ça va plaire ? Et si on me trouvait incompétente ? » Alors, vous choisissez de rester silencieuse. Ce scénario, si banal, est en réalité un exemple concret de l’influence des biais cognitifs.
Le biais de conformité, par exemple, nous pousse à éviter les divergences pour ne pas être perçue comme « hors norme ». Nous nous adaptons au groupe, parfois au détriment de nos propres idées. Le biais de désirabilité sociale, quant à lui, nous incite à rechercher l’approbation d’autrui, même si cela nous éloigne de nos valeurs. Ces mécanismes sont puissants, car ils jouent sur des peurs profondément ancrées : celle de l’exclusion et du rejet.
Les femmes sont particulièrement exposées à ces biais, en raison d’injonctions sociétales qui valorisent la perfection, la douceur et l’harmonie. Pour les managers, la situation n’est guère plus simple. Ils doivent jongler entre autorité et accessibilité, vision stratégique et écoute active. Résultat : un sentiment constant de devoir en faire plus pour répondre à des attentes souvent irréalistes.
Pour aller plus loin : Dans mon article sur le mythe du multitâche féminin j’explique comment ces mécanismes influencent nos performances et notre bien-être.
Se libérer de cette peur ne signifie pas devenir insensible aux opinions d’autrui, mais apprendre à en réduire l’impact pour agir en alignement avec soi-même. Voici trois clés pour y parvenir :
Lorsque vous dépassez la peur du regard des autres, vous gagnez bien plus que de la sérénité. Vous ouvrez la porte à des opportunités d’expression, de collaboration et de croissance. En osant affirmer vos idées, vous inspirez votre entourage et montrez qu’il est possible d’être authentique, même dans des environnements exigeants.
Et surtout, vous développez une qualité clé pour les femmes et les managers : la capacité à transformer la peur en action. Cette posture, à la fois audacieuse et ancrée, vous rend non seulement plus efficace, mais également plus humaine.
Vous connaissez peut-être cette métaphore : être responsable de tout, c’est comme jongler avec des dizaines de balles. Sauf que certaines de ces balles sont en verre et d’autres en caoutchouc. Si une tombe, il faudra faire le tri entre ce qui peut rebondir et ce qui risque de se briser.
Pour les femmes, cette charge mentale est souvent liée à des attentes implicites : anticiper, organiser, planifier pour tout le monde. Que ce soit dans la sphère professionnelle ou personnelle, elles deviennent les « cheffes d’orchestre invisibles ». Chez les managers, cette responsabilité prend une autre forme, avec une pression constante pour veiller au bon fonctionnement de l’équipe, maintenir la productivité et répondre aux exigences de la hiérarchie.
Ce poids est amplifié par des biais cognitifs comme :
Pour aller plus loin : retrouvez mon épisode de podcast sur l’illusion de contrôle sur Spotify, Amazon Music et Deezer.
Prendre conscience de la charge mentale est un premier pas essentiel, mais il faut ensuite agir pour alléger ce fardeau. Voici trois stratégies pragmatiques pour reprendre le contrôle :
Pour aller plus loin : Dans mon article sur le mythe du multitâche féminin, j’explique comment des pratiques comme le recentrage et l’écoute active peuvent vous aider à prioriser vos énergies.
Une erreur fréquente, surtout chez les femmes et les managers, est de sacrifier leur propre bien-être au nom des responsabilités. Mais rappelez-vous : vous ne pouvez pas être efficace si vous êtes constamment épuisée.
Alléger votre charge mentale ne signifie pas fuir vos responsabilités, mais les partager intelligemment. En délégant, en priorisant et en favorisant des interactions claires, vous créez non seulement un espace pour mieux respirer, mais vous renforcez également la confiance et l’autonomie de ceux qui vous entourent.
EXERCICE PRATIQUE : Et si vous faisiez un premier pas dès aujourd’hui ? Prenez cinq minutes pour lister vos tâches actuelles et identifiez celle qui mérite vraiment votre attention. Vous serez surprise de constater que beaucoup d’entre elles peuvent être simplifiées, déléguées ou repoussées. |
Au travail comme dans la vie, les émotions sont parfois perçues comme un frein. Colère, frustration, peur ou même enthousiasme trop marqué : on nous apprend souvent à les réprimer, à les masquer pour donner une image « professionnelle ». Pourtant, nier ses émotions, c’est ignorer des signaux précieux qui influencent nos décisions et nos interactions.
Chez les femmes, le défi est encore plus complexe : exprimer ses émotions est parfois jugé comme un signe de faiblesse, alors que ne pas les montrer peut être perçu comme un manque d’empathie. Les managers, eux, doivent jongler avec des émotions multiples – les leurs et celles de leur équipe – tout en maintenant un climat propice à la collaboration et à la performance.
Et si, plutôt que de les combattre, nous apprenions à les écouter et à les utiliser comme un levier pour mieux agir et mieux interagir ?
Pour aller plus loin : Cette idée de transformer les biais en opportunités est abordée dans mon article sur Se libérer des biais cognitifs : comment vivre l’instant présent.
Le saviez-vous ? L’hystérie, aussi appelée “maladie de l’utérus”, a longtemps été diagnostiquée comme une névrose chez des femmes dont les comportements ne correspondaient pas à ce que la société patriarcale attendait d’elles. Il a fallu attendre 1952 pour qu’elle soit officiellement retirée de la classification internationale des maladies en 1952. |
La maîtrise émotionnelle ne signifie pas ignorer ou réprimer ce que l’on ressent, mais au contraire reconnaître, analyser et canaliser ces ressentis. Voici trois étapes essentielles :
Pour aller plus loin : Cette réflexion rejoint celle sur le recentrage évoquée dans mon article sur le leadership présent.
Voici des exercices pratiques, inspirés de tes précédents contenus, mais enrichis pour les adapter au contexte des femmes et des managers, et centrés sur la collaboration et la confiance :
En assumant vos émotions, vous envoyez un message fort : celui que l’authenticité et l’humanité ne sont pas des faiblesses, mais des atouts. Cela ne signifie pas tout partager sans filtre, mais choisir ce que vous exprimez pour renforcer la collaboration et la compréhension mutuelle.
Ce type de leadership a des bénéfices directs :
Assumer et maîtriser ses émotions n’est pas une finalité, mais un moyen. Un moyen de mieux comprendre vos propres besoins, de clarifier vos priorités et de bâtir un leadership aligné sur vos valeurs.
Il ne s’agit pas d’être parfaite, mais de s’autoriser à être humaine. En transformant vos émotions en leviers d’action, vous devenez une source d’inspiration pour ceux qui vous entourent.
Sortir de la spirale du jugement, c’est bien plus qu’un simple exercice de réflexion. C’est un processus qui exige de la prise de conscience, de la lucidité et une réelle volonté de transformation. Dépasser la peur du regard des autres, alléger la charge mentale et assumer ses émotions sont trois leviers puissants pour retrouver une plus grande présenliberté d’action et d’être.
En tant que femme et manager, vous êtes confrontée à des attentes complexes, parfois contradictoires. Mais rappelez-vous : ces injonctions ne définissent pas qui vous êtes. Ce qui compte, c’est la manière dont vous choisissez de naviguer au milieu de ces pressions. En vous reconnectant à vos valeurs, en créant des espaces de confiance et en assumant pleinement vos ressentis, vous devenez non seulement un leader, mais aussi une personne plus alignée et inspirante pour les autres.
Nous vivons dans une société où la performance est souvent mesurée par des chiffres, des promotions ou des résultats immédiats. Et si nous redéfinissions ce que signifie vraiment réussir ? Si le succès ne se mesurait pas à ce que les autres pensent de vous, mais à votre capacité à rester fidèle à vous-même tout en atteignant vos objectifs ?
Cette perspective ouvre une voie nouvelle, celle d’un leadership authentique et humain, où chaque pas compte, même les plus petits. Comme je le soulignais dans mon article sur le leadership présent, vivre et agir pleinement dans l’instant est un cadeau que vous vous faites, mais aussi à ceux qui vous entourent.
Voici trois actions concrètes que vous pouvez entreprendre dès maintenant pour amorcer ce changement :
Quelles sont les situations où le jugement vous bloque ? Quelle action aimeriez-vous tester pour alléger votre charge mentale ou mieux maîtriser vos émotions ? Échangeons dans les commentaires ou sur LinkedIn pour continuer à construire ensemble des outils pratiques et adaptés à vos défis.
Et souvenez-vous : ce n’est pas le regard des autres qui définit votre valeur, mais les choix que vous faites chaque jour pour avancer en accord avec vous-même. Alors, qu’attendez-vous pour faire ce premier pas ?
Dans un contexte professionnel exigeant, les managers doivent sans cesse jongler entre des prises de décisions rapides et une gestion émotionnelle complexe. Ces défis les plongent souvent dans deux pièges classiques : l’overthinking, où l’on s’épuise à analyser au-delà du nécessaire, et la surcharge émotionnelle, qui peut affecter involontairement leurs équipes.
Le leader sera d’autant plus présent qu’il sera passé par une double prise de conscience :
Cet article propose une méthode simple pour les nouveaux managers, axée sur deux piliers essentiels du leadership présent :
Le leadership présent, c’est l’art d’un alignement personnel et en temps que manager. Un point d’équilibre a trouvé entre clarté, prise de recul et ancrage dans l’instant. C’est cet alignement qui permettra d’agir sereinement face aux défis et d’amener les autres avec soi. En comprenant l’impact des biais cognitifs et en réduisant l’overthinking, cette méthode simple aide les nouveaux managers à naviguer efficacement dans leurs responsabilités.
Les organisations font peser sur les nouveaux managers un poids considérable, rendant indispensable l’adoption d’une méthode simple et efficace pour alléger les prises de décisions. Elles les forcent à penser qu’ils doivent anticiper toutes les éventualités puisqu’ils doivent avoir réponse à tout pour être légitimes. Cette quête de maîtrise totale est alimentée par des biais cognitifs qui amplifient la complexité des décisions :
Pour adopter un leadership clair et présent, les nouveaux managers doivent apprendre à reconnaître les biais cognitifs qui influencent leurs décisions.
L’article 7 clés pour maîtriser votre communication contre biais et marées met en lumière l’importance de rendre explicites nos intentions et attentes. L’illusion de transparence renforce l’overthinking. En cas d’échec ou de crise, en supposant que nos intentions sont évidentes, nous avons tendance à ressasser les événements pour leur trouver une explication. Nous nous épuisons à chercher une réponse évidente à une situation qui était loin d’être aussi claire qu’on ne le croit pour les autres.
Les biais cognitifs liés aux décisions managériales agissent souvent comme des freins invisibles :
Nota : Je cite ces 3 biais mais il y en aurait bien d’autres : biais d’autorité, pensée et effet de groupe. Encore une fois la conscience de leur existence est un levier en soi pour mieux anticiper les besoins et mieux interpréter les conséquences en gardant un maximum de neutralité.
Reconnaître que les biais cognitifs influencent nos décisions est une première étape. Mais pour véritablement réduire leur impact, il est essentiel d’adopter une posture de neutralité constructive. C’est la clé de cette méthode simple pour les nouveaux managers.
Cette méthode simple pour les nouveaux managers aide à trancher en se concentrant sur ce qui est réellement sous contrôle.
Autant que possible, intégrer votre équipe dans ces processus de décisions simplifiées ou au moins expliquez leur votre objectif. Plus vous éclairez votre vision et plus vous avez une chance d’être suivi. Oui, il faut expliquer. Oui, il faut presque “vendre” votre action et non pas simplement l’imposer. C’est à ce prix que vous créerez de la confiance à moyen et long terme. C’est la méthode simple que je propose aux nouveaux managers.
Un manager aligné accepte que :
Exemple concret :
Lors d’une réunion stratégique, plutôt que de supposer que chacun comprend vos priorités, dites explicitement : « Voici nos trois objectifs clés. Concentrons nos décisions sur ces priorités pour avancer efficacement. »
Pour approfondir ces principes, l’article « 7 clés pour maîtriser votre communication fournit des outils utiles pour transformer votre manière de communiquer et clarifier vos intentions.
Réduire l’overthinking est une première étape pour clarifier votre vision et celle de votre équipe. Mais pour réellement incarner un leadership présent, il est essentiel de gérer vos émotions et d’éviter qu’elles ne se projettent sur vos collaborateurs. Dans la prochaine partie, nous explorerons comment cultiver une intelligence émotionnelle qui favorise des relations authentiques et constructives.
Les émotions, qu’elles soient liées à des tensions personnelles ou à des dynamiques d’équipe, influencent profondément la manière dont vous prenez des décisions et interagissez avec vos collaborateurs. Mal gérées, elles peuvent exacerber nos biais cognitifs et affecter la qualité de vos relations.
Non seulement le négatif génère le négatif et le positif génère le positif mais notre cerveau s’appuie aussi sur nos émotions pour savoir quoi mémoriser. L’influence de nos émotions est donc immédiate et à moyen, long terme.
Parmi les biais émotionnels qui entravent le leadership, deux sont particulièrement pertinents :
Acceptez que vos collaborateurs n’interprètent pas les situations comme vous. L’effet de faux consensus peut créer des malentendus émotionnels et relationnels.
Les émotions ne sont pas universelles. Elles sont façonnées par des expériences individuelles, des valeurs personnelles et des apprentissages sociaux. Ce qui est évident ou problématique pour vous peut ne pas l’être pour vos collaborateurs, et inversement.
Un leadership émotionnellement intelligent consiste à :
Exemple concret :
Lors d’un projet complexe, certains membres de votre équipe peuvent exprimer de l’enthousiasme tandis que d’autres affichent de l’inquiétude. En identifiant et en reformulant ces émotions, vous pouvez ajuster votre accompagnement :
Gérer vos émotions ne consiste pas à les ignorer ou à les réprimer, mais à les utiliser comme un levier pour cultiver une relation plus équilibrée et constructive avec vos collaborateurs. En développant une intelligence émotionnelle alignée, vous devenez un leader qui inspire confiance, réduit les tensions, et favorise la cohésion.
Dans un monde où l’incertitude et la pression sont devenues la norme, le leadership présent n’est pas une simple stratégie : c’est une nécessité. Être un leader aligné signifie cultiver une clarté intérieure et une posture ancrée dans l’instant, pour mieux guider et inspirer ceux qui nous entourent.
Cette démarche repose sur deux piliers essentiels :
Être aligné et présent ne signifie pas être parfait ou tout maîtriser. Cela signifie, au contraire, lâcher prise sur l’illusion de contrôle, pour se recentrer sur l’essentiel et libérer son esprit des suppositions inutiles. Ce n’est qu’en étant véritablement disponible pour soi-même que l’on peut se consacrer pleinement aux autres.
Un leader présent n’agit pas pour lui-même, mais pour son équipe. En clarifiant ses intentions, en posant les bases d’une relation de confiance et en s’ouvrant aux perspectives de chacun, il incarne un leadership accessible, humain et efficient.
En adoptant ce modèle, vous devenez plus qu’un leader. Vous devenez un guide capable d’amener votre équipe à surmonter les défis avec clarté et confiance. Et n’est-ce pas là l’essence même d’un leadership véritablement efficient ?
Autre source utile :
Dans la première partie du résumé du livre de Laurent Depond, on peut observer en quoi les biais cognitifs nuisent directement à la diversité en entreprise. Dans cette seconde partie, nous approfondirons les concepts abordés dans le livre de Laurent Depond.
Nous verrons comment nos fonctionnements cérébraux peuvent freiner l’inclusion et la diversité, mais aussi comment les organisations peuvent mettre en place des solutions adaptées grâce à l’intelligence relationnelle et au management inclusif.
La compréhension de nos comportements au travers de la construction de notre cerveau permet de mieux comprendre nos comportements naturels.
Notre cerveau fonctionnent selon deux modalités :
Le mode par défaut, adapté à la gestion des situations simples, apparaît fiable, rapide. Il est économe en énergie. Ce sont des processus inconscients (la conduite) ou conscients ( le calcul mental).
Le mode adaptatif c’est comme conduire à l’étranger et devoir être prêt à s’adapter en permanence à l’inconnu. C’est épuisant s’il est mobilisé trop longtemps.
Il fonctionne de manière optimale s’il ne gère que ce qu’il connaît. Il est défini par six caractéristiques :
Le mode mental automatique a largement fait ses preuves. Il nous économise énormément d’énergie et a contribué à la survie de l’humanité avec une faible probabilité d’erreur mais mis bout à bout ses 6 caractéristiques peuvent avoir des conséquences importantes sur l’inclusion en entreprise. L’intelligence relationnelle et le management inclusif offrent des outils pratiques pour instaurer un climat de sécurité psychologique et encourager la performance durable.
Trois des quatre pilotes à l’origine de nos comportements gouvernent notre mode mental automatique :
Ces trois blocs correspondent à des stades d’évolutions successifs. Grâce à une approche basée sur l’intelligence relationnelle et le management inclusif, les entreprises peuvent favoriser une meilleure intégration de la diversité cognitive.
Elle prend les commandes lorsqu’on éprouve peur, colère ou abattement. C’est d’elle que dépendent nos réactions instinctives de rejet ou d’attirance. Elle active nos alertes, notre stress et génère nos comportements de fuite, lutte ou inhibition bien au-delà de notre conscience directe.
La survie collective s’inscrit dans la logique implacable du “chacun sa place”. Elle est fondée sur un rapport de force instinctif, arme de dissuasion naturelle des conflits mais puissant facteur d’autocensure. On ne parle pas d’une hiérarchie basée sur le mérite ou l’intellect mais bien d’une classification sur la base de la capacité de nuisance potentielle des individus. Elle s’appuie sur des signaux physiques de dominance ET de soumission communs à chaque espèce. Le dominant agit pour sécuriser son pouvoir et il n’est pas remis en question en tant que tel. C’est le biais du chef.
Ce rapport de force de la gouvernance grégaire n’est pas le fait d’un sexe ou d’une origine. Il est le résultat de nombreux facteurs et de la construction personnelle d’un individu. L’éducation y joue un rôle important et il est simple de comprendre à quel point ce rapport de force, toujours embusqué dans nos rapports humains, n’aide pas à créer un climat inclusif.
Il est intéressant de noter que la sédentarisation des hommes de Néandertal a d’ailleurs contribué fortement à transformer l’étranger en ennemi. La défense collective d’un territoire devenant tout à coup prépondérante. Les sociétés de néandertal ont dû s’organiser autour d’individus dominant : guerriers et prêtres.
Les groupes de chasseurs-cueilleurs nomades du paléolithique n’avaient pas eu besoin de mettre en place ces stratégies de domination et que les croisements inter-espèces n’étaient pas un sujet. Néandertal marque l’arrivée des codes et des croyances pour réguler les sociétés. L’enjeu démographique s’imposant, les femmes sont alors contraintes à un rôle de procréation, de soin aux enfants. La ressemblance devient le ciment de la société.
Elle a une mission de régulation, d’acceptation de la situation. Elle porte en elle les fondements d’un monde juste souvent lié au niveau de religiosité des cultures. “Ne pas respecter l’ordre social c’est rompre l’équilibre.” L’exclusion sociale provoque de la souffrance et pour éviter cette exclusion il faut absolument rentrer dans le moule.
La puissance de cette injonction de notre cerveau est à double tranchant
C’est la femme “modeste” – l’invisibilité pour ne pas devenir tentatrice. L’homme “fort”, capable de défendre son territoire. C’est le besoin impérieux de réseaux : affinitaires, communautaristes, sociaux. La gouvernance émotionnelle, c’est deux types de cadrage “ce que je dois faire de bien pour agir au sein de mon collectif de vie” ET “ce qui me procure du plaisir”. Autrement dit, un savant mélange d’individuel et de collectif qui ne favorise pas la diversité spontanément.
L’évolution a fait que les expériences négatives ont beaucoup plus de poids que les expériences positives. Cela explique largement notre biais de négativité naturel. Nos codes et nos motivations constituent un socle de valeurs, un référentiel du bien et du mal. Notre construction personnelle a donc un impact direct sur notre capacité à bien vivre les mélanges. L’entreprise – et son manager – devra apprendre à “pacifier” les tensions pour fédérer les énergies si les référentiels des coéquipiers sont particulièrement opposés. Il est très difficile pour tout un chacun de remettre en question les “bases de données” de son cerveau. Le biais de confirmation peut être interprété comme une stratégie du cerveau pour protéger ses convictions.
Le stéréotype est un pari statistique que fait notre cerveau pour savoir plus rapidement comment se comporter. “Les biais inconscients sont des stéréotypes sociaux sur certains groupes de personnes que les individus forment en dehors de leur propre conscience.” Ces stéréotypes ont des impacts évidents sur l’égalité des chances. Pour autant, quand on pense stéréotypes et discrimination, on pense plus sexe, âge, religion mais parfois l’impact est plus insidieux.
En France, votre diplôme initial est communément considéré comme prédictif de votre succès futur. On peut donc inconsciemment vous reprocher de ne pas avoir choisi telle ou telle voie ou encore d’avoir changé de voie. Ce qui n’est pas compris fait peur au cerveau de l’autre…
On ne peut pour autant pas lui opposer l’objectivité. Nous sommes tous influencés par des stéréotypes profondément ancrés en nous. Pire, les individus portent eux-mêmes sur eux des jugements teintés d’auto-stéréotypes négatifs. Des expériences ont prouvé qu’activer un de vos auto-stéréotypes négatifs diminue vos performances cognitives lors d’une évaluation. Cela crée des pensées parasitent qui vous scotchent dans votre mode mental automatique et génèrent du stress qui vous empêche d’activer votre intelligence adaptative.
L’omniprésence des stéréotypes contribue donc insidieusement à la perte d’opportunités.
Les initiatives coercitives ont montré leurs limites. Les lois sont difficiles à appliquer. Elles n’ont pas les effets de cascade attendus. Les personnes issues de leur application ne peuvent pas toujours exprimer leur plein potentiel. Elles s’auto-censurent du fait d’auto-stéréotypes négatifs et d’un complexe d’imposture.
Les injonctions trop fortes conduisent à une réaction de rejet qui se traduit par deux niveaux de blocages :
Cela nous pousse à nous repositionner spontanément et inconsciemment sur une échelle d’affirmation de soi. Les dirigeants des entreprises ont vite fait de s’appuyer plus sur une capacité à imposer ses idées que sur une capacité à y faire adhérer par l’explication. Ces mécanismes expliquent empiriquement les modèles traditionnels des organisations. C’est une vision normative et naturellement anti-diversité.
Il faut donc, pour les entreprises, trouver les moyens de s’extraire durablement de cette gouvernance grégaire. Revenir à la qualité du “capital humain” des organisations sera la clé du management inclusif et de la performance durable. Il faut apprendre à raisonner diversité fonctionnelle et dynamique comportementale.
La diversité pour la diversité est devenue clivante. Pour éviter les blocages, il faut bannir l’approche militante. Il faut comprendre les mécanismes naturels de nos cerveaux et s’en servir pour avancer. En provoquant un électrochoc, en se faisant l’avocat du diable, on peut faire sortir l’autre de ces mécanismes automatiques sans pour autant se retrouver bloquer par le biais de l’action unique. Ce biais qui dédouane de l’action et permet de s’autoriser la transgression. Si l’on se dit qu’on a une femme dans l’équipe et que c’est déjà bien comme ça…
Notre cerveau a vite fait également de nous attirer vers le biais de statu quo. Le conformisme constitue un frein si puissant puisqu’il a contribué longtemps à la survie de l’espèce humaine.
Mais la compréhension des biais de toute nature et de leurs mécanismes s’est développée depuis quelques années aussi bien pour en limiter les impacts dans nos décisions que pour les influencer.
Ainsi, le biais de désirabilité peut devenir un levier de l’inclusion. Faire comme les autres mais aussi “être quelqu’un de bien” est inscrit dans notre ADN. Mais attention, la manipulation de nos mécanismes inconscients, aussi vertueuse soit-elle, peut vite s’avérer dangereuse. L’apparition des nudges tel que la mouche dans l’urinoir de l’aéroport d’Amsterdam qui a significativement réduit les coûts de nettoyage des toilettes pour hommes (🙂) démontre combien ils peuvent être des coups de pouce à l’action. La tentative d’écriture inclusive s’est, elle, révélée totalement contre-productive. Nos biais individuels peuvent ainsi bloquer le mouvement vers l’inclusion ou l’accompagner quand les nudges qui les utilisent sont bien “pensés”.
Il est essentiel de challenger les processus décisionnels qui ont un impact sur l’inclusion. Puisque notre mental automatique, aussi puissant soit-il, est un obstacle naturel à la diversité, il faut apprendre à le déconnecter pour passer en mode adaptatif.
Pour que les collaborateurs puissent exprimer leur plein potentiel en mobilisant les ressources de leur construction personnelle, leurs compétences techniques (hard skills), mais aussi leurs compétences comportementales (soft-skills), il faut mettre en œuvre un management inclusif. Ce type de management doit créer les conditions de sécurité psychologique nécessaires à la pleine expression des collaborateurs.
Le sentiment de se sentir protéger si on prend des risques, de pouvoir s’exprimer librement est la clé de voûte de la performance inclusive et durable.
Il doit être en mesure de cartographier les personnalités de ses coéquipiers, d’identifier les positionnements grégaires spontanés pour mieux les neutraliser. Il doit faire preuve d’intelligence relationnelle pour individualiser son management en fonction du positionnement grégaire de chacun des membres de l’équipe.
Ce constat impose deux règles pour l’entreprise :
Il doit savoir naturellement s’exprimer et défendre ses droits sans empiéter sur ceux des autres. Il doit aussi exprimer une envie claire de devenir manager.
Un manager inclusif sait reconnaître et gérer les émotions. Il doit savoir détecter les signaux de stress chez ses coéquipiers pour les résoudre. Adopter l’intelligence relationnelle et le management inclusif, c’est permettre aux collaborateurs de mobiliser pleinement leurs compétences techniques et comportementales.
Rappelons que le stress est un signal d’alarme qui nous avertit que le mode mental que nous utilisons n’est pas adapté à la situation rencontrée. Nous sommes en face d’une situation dangereuse, inconnue ou complexe qui requiert notre mode mental adaptatif. Pourtant nous sommes restés bloqués dans notre mode mental automatique. C’est le même principe que la douleur qui nous oblige à réagir pour notre propre bien.
Un coéquipier confronté à une situation inconfortable pourra réagir de trois façons : la fuite, la lutte ou l’inhibition. Le manager devra détecter les signaux et les traiter d’autant que chaque individu aura sa propre échelle de “stressabilité”.
Il doit donc être en capacité d’identifier ces motivations qui donnent de l’énergie et sont inconditionnelles puisque succès ou échec n’ont pas de prises sur elles. Elles sont les leviers de l’engagement des individus.
Un manager qui veut stimuler l’engagement au sein de son équipe doit s’assurer que chacun accomplit des missions et des tâches qu’il aime, du moins, les faits d’une façon qui lui correspond. Mais il lui faut aussi anticiper les signes d’un surinvestissement émotionnel, principale cause des RPS (risques psychosociaux). Il lui faut pouvoir s’appuyer sur des qualités de communication particulièrement neutres et ouvertes. Il faut aider l’autre à faire la bascule naturellement entre son mode mental automatique et son mode mental adaptatif. La reformulation est au cœur du dispositif. On doit éduquer les managers de sorte qu’ils développent une intelligence relationnelle forte au service de l’amplification du potentiel des individus.
Sur la base des 6 dimensions du mode mental automatique, la réponse du mode mental adaptatif serait :
En empruntant un chemin logique qui n’a pas besoin de rester dans ce qu’il connaît, notre mode mental adaptatif peut s’extraire de toutes les programmations anti-diversité qui se nichent dans notre mode mental automatique.
L’entraînement mental pour modifier les schémas d’activité du cerveau pour renforcer empathie, compassion, optimisme et sensation de bien-être.
De management inclusif à intelligence collective il n’y a donc plus qu’un pas à franchir. Le manager inclusif permettra le développement de l’intelligence adaptative de ses coéquipiers. Il rassurera face à la transformation, stimulera l’apprenance tout en augmentant l’’engagement durable et performant.
L’intelligence relationnelle n’est rien si elle ne parvient pas à créer de l’intelligence collective. C’est la force des regards croisés qui crée la performance durablement. C’est ce que prône l’IME avec le “talent matching”
Faire émerger la divergence constructive pour éviter les angles morts et la pensée de groupe. L’intelligence collective d’une équipe repose sur la mobilisation du mode mental adaptatif de ses membres. Il faut toutefois savoir économiser son cerveau autant que faire se peut. Le mode adaptatif est surconsommateur d’énergie et il faut admettre que, même musclé, nous avons le droit de repasser en mode automatique de temps en temps. Il faut juste le conscientiser.
Ce livre invite les organisations à prendre conscience des ressorts qui font obstacles au développement de l’inclusion et à s’outiller pour repenser leur culture et leurs processus grâce à l’apport des neurosciences cognitives. Développer une intelligence relationnelle et un management inclusif au cœur des organisations modernes est essentiel pour surmonter les obstacles liés aux biais cognitifs.
Pour aller plus loin :
Si vous êtes arrivés au bout de cet article et de ce résumé, c’est que, comme moi, le sujet vous passionne 🙂
N’hésitez pas à me laisser un commentaire et pourquoi pas, si vous ne l’avez pas encore fait, à répondre à ce quiz pour vous détendre : Quiz : Reconnaître les biais inconscients au travail 😉