Introduction : Quels sont les liens entre nos biais de pensée et l’émergence des concepts de développement personnel ?
Je souhaite ici vous faire part d’une réflexion plus personnelle.
Dans le cadre d’un exercice de collecte des retours de mes collègues et amis sur moi, j’ai été qualifiée de “résiliente”. Je cherche depuis à savoir ce qui peut se cacher derrière ce qualificatif et en quoi il peut me formater ? 😉
Interpellée par ce concept de résilience qui, me semble-t-il, a particulièrement émergé avec la crise COVID, je m’interroge donc. Résilience : atout ou piège ? Quels sont les impact des biais cognitifs sur le développement personnel ? Quels sont les liens entre nos biais de pensée et l’émergence de ces concepts de développement personnel ?
J’ai d’ailleurs déjà ouvert la question dans ma sélection des vidéos les plus instructives : Épisode #1 : De “résilience” et renoncement, il n’y a qu’un pas !
Ah, la résilience ! Cette capacité miraculeuse qu’on vous vend comme la clé pour naviguer à travers les tempêtes de la vie. Imaginez un peu : vous êtes comme un roseau, vous pliez mais ne rompez jamais. Plutôt pratique, non ? Mais attendez, regardons ensemble les dessous de cette vertu soi-disant salvatrice.
La résilience est la capacité d’une personne ou d’un système à s’adapter et à se remettre rapidement des difficultés, des traumatismes ou des changements. Elle permet de faire face aux défis et de revenir à un état de fonctionnement normal, voire d’atteindre un état de fonctionnement amélioré après avoir surmonté des obstacles.
Partie 1: Effets bénéfiques et néfastes de la résilience – ChatGPT m’a diagnostiquée “résiliente” !
Je vais vous faire une confidence : j’utilise ChatGPT pour accélérer ma productivité sur ce site 🙂
[Nota : Et je vous révélerai bientôt comment bien le faire car nous devons tous nous adapter à ce puissant pouvoir pour le maîtriser progressivement et le rendre plus intelligent 😇]
Bref, en cherchant de l’inspiration il y a quelques semaines, j’ai posé la question à ChatGPT des effets bénéfiques et néfastes de la résilience. Le retour qu’il me fait spontanément m’a terrifié tant il me ressemble et je vous le livre ici en substance.
1. Effets bénéfiques de la résilience
Adaptation au changement :
- Les individus résilients peuvent mieux s’adapter aux changements dans leur environnement personnel ou professionnel, ce qui les aide à naviguer dans des situations imprévues sans trop de stress.
Vous et moi, individus résilients, sommes comme des caméléons. Nous nous adaptons si bien que, quand notre patron nous annonce que l’entreprise déménage en Antarctique, nous enfilons immédiatement une doudoune. Pas de stress pour nous, juste de la réadaptation !
Réduction du stress :
- La résilience aide à gérer le stress de manière plus efficace, ce qui peut mener à une meilleure santé mentale et physique.
La résilience est notre Xanax naturel. Nous pourrions perdre notre maison, notre emploi et même notre chien, mais grâce à cette vertu magique, nous continuons à sourire comme si nous venions de gagner à la loterie.
Amélioration de la santé mentale :
- Les personnes résilientes ont tendance à avoir des niveaux plus élevés de bien-être émotionnel, réduisant les risques de dépression et d’anxiété.
En tant que personne résiliente, nous nageons dans un océan de bien-être émotionnel. Dépression, anxiété ? nous ne connaissons pas ! nous avons une armure invisible qui repousse les mauvaises vibes.
Renforcement des relations sociales :
- La résilience peut améliorer les relations interpersonnelles en aidant les individus à communiquer de manière plus efficace et à résoudre les conflits de manière constructive.
Avec la résilience, même une dispute se transforme en un échange constructif. Nous communiquons efficacement, résolvons les conflits et sortons de là bras dessus bras dessous, prêts à conquérir le monde.
Capacité à rebondir après un échec :
- Les individus résilients sont plus capables de tirer des leçons de leurs échecs et de continuer à avancer avec une perspective positive.
Amis résilients, échouer n’est qu’une simple formalité. Nous trébuchons, mais hop ! Nous nous relevons avec un sourire éclatant, prêt à transformer chaque pierre d’achoppement en marchepied vers le succès.
2. Effets néfastes potentiels de la résilience
Détachement émotionnel :
- Parfois, une forte résilience peut mener à un détachement émotionnel où une personne peut sembler insensible ou indifférente aux difficultés des autres.
Mais attention, trop de résilience peut vous transformer en robot sans cœur. Les autres pleurent, se lamentent, et vous, vous restez de marbre, un véritable roc indifférent aux vagues d’émotion humaine.
Sous-estimation des risques :
- Une confiance excessive en sa capacité à surmonter les difficultés peut entraîner une sous-estimation des risques et des comportements imprudents.
La résilience donne des ailes, mais aussi des illusions. Vous vous croyez invincible, prêt à sauter du haut de la falaise parce que, pourquoi pas ? Rien ne peut vous atteindre !
Épuisement :
- Être constamment résilient et toujours essayer de surmonter les obstacles sans prendre le temps de se reposer peut mener à l’épuisement ou au burn-out.
Être constamment résilient, c’est comme être sous perfusion de caféine. Pas de pause, pas de répit. Vous finissez par vous effondrer comme une marionnette dont on a coupé les fils, à bout de forces et de nerfs.
Isolement social :
- Une résilience excessive peut parfois amener les individus à penser qu’ils doivent tout affronter seuls, ce qui peut mener à l’isolement social et à un manque de soutien.
Les super-héros résilients finissent souvent seuls. Pourquoi demander de l’aide quand on peut tout gérer soi-même ? Résultat : vous êtes seul sur votre île de bravoure, sans personne pour partager la vue.
Négation des problèmes :
- Certaines personnes très résilientes peuvent éviter de traiter les problèmes profondément enracinés, en se concentrant plutôt sur les solutions à court terme sans aborder les causes sous-jacentes des difficultés.
Et puis, il y a ceux qui sont tellement résilients qu’ils préfèrent ignorer les problèmes. Plutôt que d’affronter les vrais enjeux, ils se contentent de mettre des pansements sur des plaies béantes, en espérant que tout finira par passer.
Une fois ces bases posées, je pense que, comme moi, un certain nombre d’entre vous se sentent “résilients”. Alors, comment tenir la ligne entre les effets positifs et les effets néfastes de vôtre côté résilient ? Est-ce que le concept même de résilience n’a pas été imaginé pour nous aider à faire passer certaines difficultés comme des opportunités ?
Mon scepticisme naturel m’a conduit à la question suivante 😁 :
Partie 2 : La résilience n’est-elle pas un moyen de faire accepter le renoncement aux individus ?
Ah, le grand débat de la résilience ! Faut-il accepter son sort avec un sourire stoïque ou lever les poings en signe de révolte ? Voici une petite exploration toute personnelle de cette question épineuse 😉
1. La résilience : L’art de s’adapter sans faire trop de vagues
Qu’il est intéressant de pousser les femmes à adopter la résilience dans le monde professionnel :
- “Salaire inégal ?” : “Pas de problème”,
Une femme résiliente sait comment gérer son budget serré, même si elle doit renoncer à quelques luxes comme les vacances ou les soins de santé de qualité.
- Être perçue comme faible ?” : “Bien sûr, pourquoi pas ?”
Être sous-estimée peut être une stratégie brillante pour mieux surprendre ses collègues quand elle finit par sauver le projet de l’année en silence.
2. Résilience, acceptation ou renoncement ?
Renoncer et accepter l’injustice
Si la résilience, c’est acceptation. Le risque est important
- Accepter un salaire inégal, c’est accepter de jouer le rôle de la victime et renoncer à se battre pour ses droits
- Accepter de se conformer aux stéréotypes de faiblesse, c’est confirmer sa faiblesse intrinsèque, et valider les perceptions sociétales sans faire de vague.
Si l’on n’y prend pas garde, la société peut nous récompenser pour cette acceptation, la rendant de fait positive. Il est tellement plus facile de chercher du positif et de la tranquillité d’esprit.
Et d’acceptation à renoncement, il n’y a qu’un pas !
Si la résilience, c’est une forme d’adaptation permanente pour réduire le stress et renforcer les relations sociales, il peut être plus facile de renoncer à s’imposer pour ne pas faire de vague.
Le renoncement consisterait à accepter docilement l’inacceptable. Ne pas élever la voix. Ne pas prendre d’actions concrètes et encore moins chercher à inspirer les autres à faire de même. Comme c’est pratique 🙂
Attention donc à ne pas laisser les autres vous convaincre des bienfaits de la résilience silencieuse. Parfois la rébellion bruyante est bien fondée et heureusement que, dans le passé ou aujourd’hui, certains osent prendre la parole. La résilience efficiente s’est peut être aussi influencer pacifiquement mais efficacement sur les situations et pas uniquement s’y adapter !
Et d’ailleurs, si j’en reviens au cœur de mon propos habituel, en quoi la résilience se nourrit-elle de nos biais cognitifs ? Ou les nourrirait-elle ? N’y a-t-il pas un risque ou un remède pour comprendre leurs interactions ?
Partie 3 : Interaction entre résilience et biais cognitifs – attention danger ?
Je vous rappelle les postulats 🙂
- La résilience est la capacité d’un individu à surmonter les difficultés, à s’adapter positivement face à l’adversité, au stress ou aux traumatismes.
- Les biais cognitifs, quant à eux, sont des distorsions de la pensée qui affectent les jugements et les décisions.
1. Pour comprendre : exemple de 4 biais cognitifs boostés par la résilience
La résilience peut interagir avec les biais cognitifs de plusieurs manières, influençant à la fois la perception des défis et les stratégies adoptées pour les surmonter. Voici comment certains biais cognitifs peuvent interférer ou moduler la résilience :
Biais de positivité :
C’est la tendance à se concentrer sur les aspects positifs tout en minimisant les négatifs.
Ce biais peut renforcer la résilience en aidant les individus à maintenir une attitude optimiste face aux difficultés. Cependant, s’il est excessif, il peut conduire à une sous-estimation des risques ou des problèmes réels, empêchant une préparation adéquate.
Biais de confirmation :
Cette tendance à rechercher, interpréter et se souvenir des informations qui confirment ses croyances préexistantes.
Ce biais peut soit soutenir, soit entraver la résilience. Par exemple, si une personne croit fermement en sa capacité à surmonter les obstacles, elle peut ignorer les signes de détresse, ce qui peut retarder la recherche d’aide nécessaire.
Biais d’ancrage :
Tendance à s’appuyer trop fortement sur la première information rencontrée (l’ancre) lors de la prise de décision.
Si l’ancre est une expérience passée de succès, cela peut renforcer la confiance en sa résilience. À l’inverse, une première expérience négative peut affaiblir cette confiance, même si les circonstances actuelles sont différentes.
Effet Dunning-Kruger :
Tendance des individus moins compétents à surestimer leurs capacités.
Une personne peut croire à tort qu’elle est plus résiliente qu’elle ne l’est réellement, ce qui peut l’empêcher de chercher le soutien nécessaire lors de situations difficiles.
2. Pour agir et bien vivre sa résilience
Vous l’aurez compris, il est important de maîtriser les interactions possibles entre la résilience et les biais cognitifs. C’est même la clé pour :
- Développer une résilience équilibrée : Encourager une attitude positive tout en restant conscient des défis réels.
- Améliorer la prise de décision : En reconnaissant et en atténuant les biais cognitifs, les individus peuvent mieux évaluer leurs capacités et les ressources nécessaires pour faire face aux adversités.
- Promouvoir la santé mentale : Une résilience soutenue par une perception réaliste réduit le risque de surmenage et de burn-out.
Conclusion : les différentes pistes pour une bonne “résilience”
Piste 1 : la résilience éclairée
La résilience n’est pas isolée des biais cognitifs ; au contraire, elle est constamment influencée par la manière dont nous percevons et interprétons les événements. En reconnaissant et en comprenant ces biais, il est possible de renforcer la résilience de manière plus efficace et adaptée aux réalités individuelles.
Piste 2 : la résilience efficiente
La résilience efficiente, c’est aussi accepter les réalités du monde tout en travaillant dur pour les changer de l’intérieur. Donc, même si le plafond de verre est bien en place, une femme résiliente y apposera des autocollants motivants tout en grignotant lentement ce verre (en espérant que ce soit du sucre).
Pourquoi ne pas faire en sorte que votre résilience ne soit pas synonyme d’acceptation passive, mais une stratégie sophistiquée de long terme. On joue le jeu, on encaisse les coups, mais on prépare son ascension en coulisse.
Dire non aux injustices et ne pas se contenter du statu quo est une forme de résilience. C’est reconnaître ses limites, mais aussi ses potentiels. C’est se battre pour l’équité, non seulement pour soi mais pour toutes les générations futures.
La résilience en puissant stratagème
Accepter d’être moins bien payée et perçue comme faible n’est ni une preuve de résilience ni de renoncement. C’est plutôt un reflet ironique d’une société qui a encore du chemin à parcourir. La vraie résilience féminine pourrait bien être cette force tranquille qui, sous couvert d’acceptation, prépare une révolution douce mais implacable.
Quant au renoncement, il pourrait être la voie royale vers une véritable égalité, refusant d’accepter quoi que ce soit de moins qu’un traitement juste et équitable. Alors continuons à défier les attentes avec panache et détermination. Nous sommes bien plus que les stéréotypes ne pourront jamais définir ! 😃
__________________________
Si vous voulez creuser ce sujet, je vous propose de suivre ces liens :
- cet article : La résilience comme attitude face au malheur : succès et usages des ouvrages de Boris Cyrulnik,
- Ce podcast : Boris Cyrulnik : comment le bonheur demeure possible quand frappe le malheur ? Les conditions de la résilience
_________________________
À bientôt sur Les Biais dans le Plat.
J’ai hâte de lire vos commentaires à cet article et surtout n’oubliez pas de vous enregistrer pour recevoir automatiquement toutes les nouvelles publications !
En savoir plus sur LES BIAIS DANS LE PLAT
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
Merci pour ton article qui apporte un éclairage inédit sur la résilience et ses liens avec les biais cognitifs. La résilience, loin d’être quelque chose de seulement positif, peut être à double tranchant : un outil puissant pour surmonter les défis mais aussi un piège qui pourrait nous pousser à accepter l’inacceptable. Rester conscient de nos biais cognitifs permettrait d’équilibrer résilience les choses Merci pour cette réflexion stimulante !
J’aime beaucoup la manière dont tu poses la question : super-pouvoir ou malédiction ? L’association entre résilience et biais cognitifs est super bien expliquée, et ça m’a vraiment fait réfléchir à la manière dont on perçoit nos propres capacités à rebondir face aux épreuves. Merci pour cette réflexion nuancée qui montre qu’il n’y a jamais de réponse simple quand il s’agit de nos mécanismes mentaux.
Article passionnant, bravo Sophie !
Comme pour beaucoup de qualités, il y a un juste équilibre à trouver. Sinon on peut basculer vers les inconvénients de ladite qualité, si cette dernière est exacerbée.
Il en va de même pour la générosité, la créativité, l’humour, etc…
Top cet article parle de la résilience, qui est la capacité à rebondir face aux difficultés. C’est un peu comme être un élastique qui, même après avoir été étiré, revient à sa forme initiale.
Attention, être trop résilient peut aussi nous pousser à accepter des situations injustes sans nous battre.
Merci pour ces explications
Je m’interroge… 🤔 Pour moi, la résilience ne se décrète pas. Une personne qui montre des capacités de résilience n’est pas nécessairement résiliente. Si les difficultés perdurent malgré son attitude courageuse face à l’adversité, c’est que la souffrance persiste et que le travail de résilience n’est pas encore abouti. Seule une personne ayant dépassé ses épreuves, et ressentant un véritable sentiment de quiétude, peut vraiment se considérer comme résiliente.