Combattre le syndrome de l’imposteur : remettons les choses dans leur contexte.
Nous l’avons vu ensemble dans l’article “Femmes et syndrome de l’imposteur : guide vers le succès”, il faut commencer par comprendre les causes, les manifestations et les conséquences du phénomène.
Dans l’article suivant “Syndrome de l’imposteur : des biais cognitifs et des stéréotypes”, je vous propose d’appréhender les mécanismes profonds qui nous impactent.
Je vous propose désormais de passer aux choses sérieuses : résoudre le problème et vous apprendre à combattre le syndrome de l’imposteur !
l. Pourquoi : ½ compréhension = interprétation 2 ?
Je m’inspire d’une expression d’Olivier BAS (Vice Président Havas Paris, auteur, conférencier à Paris lll) qui lui écrit : “½ décision = bordel 2“, pour vous permettre de mémoriser simplement la théorie que j’illustre ici.
Lorsque vous mettez deux personnes dans une pièce, elles y entrent chacune avec leur patrimoine personnel. On considère toutefois qu’elles se rejoignent dans une vision sociétale à peu près équivalente, à condition qu’elles soient de même nationalité.
Pour autant, il est faux et limitant de penser que ce seul point commun leur permet de se comprendre. Pour chacune, le poids de ses bagages : éducation, famille et expériences – personnelles et professionnelles -, vient influer directement sur son interprétation de la situation qu’elle partage avec l’autre.
Nous l’avons vu précédemment, les biais cognitifs et les stéréotypes se glissent dans chacun de ses environnements également. Il est donc, quasiment impossible, de ne pas être influencé d’une manière ou d’une autre.
C’est la fatalité me direz-vous ! et quel rapport avec le syndrome de l’imposteur surtout ?
Et bien, ça a tout à voir ! Ce syndrome n’est que l’expression d’une interprétation partiellement erronée. Il est amplifié par le sentiment que si quelqu’un dit le contraire, c’est que nous devons avoir tort.
Alors, je n’ai pas de recette miracle. Mais ce schéma vous précise tous les sujets vous devez être imbattables. Pour combattre le syndrome de l’imposteur, vous devez comprendre :
- Comment votre éducation vous influence au quotidien ?
- Ce que votre cercle familial vous conditionne à croire ?
- Ce qui, dans vos expériences personnelles et professionnelles, fait de vous ce que vous êtes ?
- Quels sont les principaux biais et stéréotypes visibles dans l’organisation à laquelle vous appartenez ?
OK ! C’est bien beau tout ça. Mais par où commencer ? C’est tellement vaste !
Je vous propose, comme base de départ, la méthode que j’ai commencé à m’appliquer.
ll. Mes 5 astuces pour combattre le syndrome de l’imposteur
Je vous les livre en vrac puis je vous les détaille mais mon approche est assez simple. Il faut partir de soi pour mieux comprendre l’autre.
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- Se focaliser sur ses réalisations
- S’appuyer sur ses forces et ses compétences
- S’encourager entre femme
- Oser prendre la parole
- Assumer qu’on a besoin d’aide
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1. Se focaliser sur ses réalisations :
Au lieu de se focaliser sur ses erreurs et ses imperfections, il est important de se rappeler ses réalisations et ses succès. Cela permet de renforcer la confiance en soi et de se concentrer sur ses points forts.
Le meilleur moyen de pouvoir se focaliser sur ses réalisations est de les connaître. Commencez par vos réalisations professionnelles, c’est souvent plus simple et plus factuel.
Prenez une feuille (ouvrez un document Word ou un fichier Excel) et listez vos réalisations. Décrivez-les en suivant ce modèle de principe :
- Date
- Entreprise
- Poste
- Titre de la réalisation
- Durée
- Contexte (Ce qui ne dépendait pas de moi/hors de mon contrôle)
- Mission (Objectifs)
- Enjeux / Difficultés / Contraintes à surmonter
- Réalisations (Actions conduites : « je »)
- Résultats et/ou valeur(s) ajoutée(s) (Impact pour l’entreprise, contribution personnelle…)
2. S’appuyer sur ses forces et ses compétences :
Il est important de se concentrer sur ses forces et ses talents uniques plutôt que de se comparer aux autres.
Là aussi, pas de mystère, vous connaître est la clé.
La bonne nouvelle, c’est que si vous avez commencé à lister vos réalisations, vous avez déjà sous les yeux les éléments.
Reste à compléter la liste avec :
- Les compétences et caractéristiques mises en évidence
- Les forces (celles que vous accorderiez aux autres à la lecture de ces éléments si c’est plus simple pour vous !)
- Les compétences sectorielles associées
3. S’encourager entre femmes
Je précise ici, comme je le ferai sans doute souvent, que mon propos ne sera jamais d’opposer les femmes aux hommes. Quand je dis “s’encourager entre femmes”, je pense d’abord à s’appliquer immédiatement à nous-mêmes les découvertes que nous ferons.
Ne vous êtes-vous jamais sentie honteuse d’avoir pensé à une collègue en vous disant “Sa promotion ! Elle ne l’a pas obtenue sur ses simples compétences…” ?
Nous, les femmes, portons une importante part de responsabilité dans la persévérance de ces pensées stéréotypées.
Je me souviens avoir assisté il n’y a pas si longtemps à une séance d’un Club de Femmes d’une grande entreprise. J’y ai observé des femmes de 45 à 50 ans faire la leçon à des plus jeunes en leur expliquant qu’elles n’avaient pas à demander la permission pour avoir une vie personnelle équilibrée.
Hourra à la culpabilisation ! Si une jeune femme ose demander à ses “mentors” si elle a “le droit” de tomber enceinte quand elle veut, c’est qu’elle se sent contraint par son environnement ! Si la réponse est : “ta question est idiote” de la part de femmes qui sont passées par là mais en sont loin. Quel service apportons-nous à cette jeune femme ?
4. Oser prendre la parole
Dans la continuité de l’idée précédente, nous avons un devoir de transmission que nous faisons taire derrière notre syndrome de l’imposteur. Je vous invite à y réfléchir.
Mettez-vous dans les chaussures de l’autre. Osez avouer vos pensées les plus divergentes.
Je fais partie de cette toute petite frange de femmes qui a osé dire qu’elle n’avait pas l’instinct maternel. Il m’est arrivé de dire haut et fort :
- “J’aime mes enfants mais je n’aime pas les enfants des autres !”
- “J’ai particulièrement mal vécue mon premier congé maternité”
Je ne compte plus les regards soulagés observés lorsque j’avoue ces pensées si peu politiquement correctes !
Il faut également oser expliquer pourquoi nous ressentons certaines situations comme dégradantes ou potentiellement limitantes. Il est de notre devoir au quotidien de porter une parole qui explique simplement pourquoi “Non. Ça n’est pas une bonne idée d’offrir à toutes les femmes de l’entreprise une plante verte le 8 mars pour la journée de la femme !” Situation réelle vécue et pas il y a 15 ans…
Il y aurait tant de choses à dire à ce propos, je vais garder ça pour plus tard 🙂
5. Assumer qu’on a besoin d’aide
Finalement, le plus dur pour l’imposteur c’est de prendre le risque d’être démasqué. Demander de l’aide n’est donc pas une option.
Si vous restez dans cette posture, vous prenez le risque de ne jamais comprendre votre environnement. Je ne le sais que trop. Je n’ai jamais osé le faire et j’ai donc systématiquement pris des murs et des claques que j’aurais pu éviter.
Demander de l’aide a pour principal objectif de mieux comprendre comment l’autre pense. Dire qu’on ne sait pas et qu’on doit être accompagné(e) quand on arrive dans un nouvel environnement est donc la clé pour gagner plus vite en efficacité et économiser de l’énergie.
On parle beaucoup des 100 jours en politique mais peu en entreprise. Or, ce droit aux 100 jours s’applique en tout premier lieu à l’entreprise. Quand vous arrivez vous avez tous les droits de poser toutes les questions qui vous passent par la tête ! Rien à voir avec de l’imposture, c’est normal de ne pas savoir si on ne pose pas la question.
Cela vous semble idiot ! Tant mieux, ça l’est. Mais est-ce que vous vous êtes jamais autorisé(e) à le faire ?
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BONUS :
Pour les plus motivé(e)s d’entre vous, le meilleur exercice qui soit est d’écrire sa biographie complète.
Comment ne pas reprendre confiance en soi quand on a couché sur le papier tout ce qui nous constitue ? Il n’y a pas de petits ou de grands succès ou échecs. Il y a les vôtres et personne ne pourra vous les retirer.
Personnellement, j’ai été amené à le faire à la suite d’un échec professionnel. Après avoir commencé en marmonnant contre cette perte de temps, j’ai poursuivi comme droguée par l’exercice. Le regard de mes proches a été la plus belle des récompenses après lecture.
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Conclusion : partez de vous et vous surmonterez le syndrome de l’imposteur !
Combattre le syndrome de l’imposteur est un chemin parsemé de défis, mais aussi d’opportunités pour se redécouvrir et s’épanouir. En comprenant les mécanismes qui alimentent ce syndrome, en reconnaissant ses forces et en se soutenant mutuellement, vous pouvez progressivement construire une confiance solide en vos capacités. Les cinq astuces que je vous propose ne sont pas des solutions miracles, mais des pistes concrètes pour commencer ce travail.
Se focaliser sur ses réalisations, s’appuyer sur ses compétences, s’encourager entre femmes, oser prendre la parole et assumer qu’on a besoin d’aide sont autant de stratégies qui rapprochent d’un état d’esprit plus serein et affirmé. Et pour celles et ceux qui souhaitent aller plus loin, l’écriture de sa biographie peut se révéler un exercice puissant pour ancrer cette confiance.
Rappelez-vous, chaque petit pas compte. Célébrez vos progrès, entourez-vous de personnes bienveillantes et persévérez. Le syndrome de l’imposteur peut être surmonté, et en travaillant sur vous-même, vous ouvrirez la voie à une vie professionnelle et personnelle plus épanouissante. C’est une aventure qui en vaut la peine, car au bout du chemin, vous découvrirez non seulement votre valeur, mais aussi la force de votre propre parcours. Ne laissez personne vous dire le contraire !
J’attends avec impatience vos commentaires et vos expériences sur ces sujet !
#syndromedelimposteur #inclusion #developpementpersonnel
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C’est vrai que beaucoup de femmes souffrent de ce syndrôme et il est important de se serrer les coudes entre nous 🙂 J’utilise beaucoup les affirmations positives pour m’aider lorsque je ne suis pas sûre de moi et l’aide de ceux qui m’aiment aussi ! Merci pour tous ces trés bons conseils !
Finalement ton astuce n°1 paraît être la plus évidente mais c’est celle qui me donne le plus de difficultés alors que je le trouve très efficace ! Merci pour tes conseils. Je vais les appliquer 🙏
Faire la liste de ses réalisations est mon astuce préférée ! Il est important de prendre le temps de noter quelque part nos réalisations dès que nous achevons une action qui compte pour nous. Cela évite d’oublier et permet de faire des bilans à intervalles réguliers pour mieux voir notre progression et ce que nous avons accompli.
J’ai bien aimé ton paragraphe sur le soutien entre femmes. Finalement, c’est l’égalité qui compte et pas le genre ! J’ai déjà survolé l’exercice de la biographie mais je suis sûre que ça vaudrait le coup que je m’y plonge plus profondément… 😉 Merci !
Merci pour cet article qui redonne espoir. J’aime particulièrement l’idée du bonus. Je vais d’ailleurs travailler dessus le plus rapidement possible.
Je trouve cet article très inspirant et plein de conseils pratiques pour surmonter le syndrome de l’imposteur. Ce symptôme a disparu chez moi, dans mon ancienne vie professionnelle, quand j’ai pris conscience de mon potentiel et que j’ai arrêté de me sentir coupable (de ne pas en faire assez, de ne pas être à la hauteur, etc…). La confiance est revenue et a booster mes capacités à m’accomplir dans mon travail. C’est ainsi que j’ai complètement changé de carrière professionnelle ! 😉
Merci pour cet article qui permet d’avancer. Pour ma part, nouveau projet, développement de compétences et dernièrement je me pose la question si je ne suis pas un imposteur. Je crois qu’il y a des phases où il faut dépasser les limites que nous met notre cerveau. Il faut du temps mais grâce à ces conseils, je vais avancer!
S’appuyer sur ses forces et compétences me parle particulièrement. J’aime aussi la solidarité entre femmes. On ne la trouve pas toujours, mais elle est extrêmement importante à mes yeux. Merci pour tes conseils à appliquer sans modération.
Nous avons beaucoup de choses à dire et comme tu le dis si bien il est grand temps de briser la glace pour l’épanouissement future de filles, sœurs ou amies. Je te rejoins sur tellement de points que tu as soulevé. Une anecdote m’a fait sourire, celles des enfants et de la maternité tellement vraie pour ma part aussi. ☺️
Merci Sophie pour ton article sur le syndrome de l’imposteur. J’ai particulièrement apprécié la clarté et la pertinence de tes conseils, notamment l’importance de se rappeler de ses réussites et de cultiver la bienveillance envers soi-même.
Le bonus sur l’ancrage des pensées positives est vraiment un atout supplémentaire. Cet article m’a aidé à identifier des actions concrètes pour mieux gérer ces sentiments et à renforcer ma confiance en moi au quotidien.
A bientôt et au plaisir d’échanger de nouveau ensemble. 🌷