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Pourquoi votre cerveau ne sait pas compter ?

Pourquoi votre cerveau ne sait pas compter ?

Introduction : notre cerveau « buggé » par ses biais cognitifs ne sait pas gérer les probabilités

Notre cerveau nous trompe par manque de capacité

Nous pensons souvent que notre cerveau est une machine bien huilée. Il peut analyser des données complexes et de prendre des décisions éclairées. Pourtant, lorsque nous nous retrouvons confrontés à des situations qui impliquent des chiffres notre cerveau montre rapidement ses limites. Nos biais cognitifs embarqués rendent les probabilités peu lisibles pour notre cerveau. Que ce soit pour évaluer les chances de gagner à la loterie ou prendre une décision d’investissement, nous sommes sujets à des erreurs récurrentes.

Ces erreurs ne sont pas seulement le fruit d’une mauvaise compréhension des chiffres. Elles sont profondément ancrées dans la manière dont notre cerveau est câblé. Conçu pour survivre dans des environnements simples, il est mal adapté à la complexité des probabilités. C’est ainsi que des biais cognitifs s’immiscent dans nos jugements et nous poussent à faire des erreurs de calcul.

Il est important de comprendre que c’est un phénomène en deux temps auquel nous devons faire face :

  1. Notre cerveau ne sait pas “vraiment” compter
  2. mais, en plus, il cherche constamment des axes de rationalisation quitte à nous tromper malgré nous. 

Dans cet article, je vous propose d’explorer plusieurs de ces biais. Ils illustrent à quel point notre cerveau « ne sait pas compter ». Comprenez ces mécanismes. Vous serez mieux armés pour identifier les pièges que ces biais tendent dans vos prises de décisions, personnelles ou professionnelles.

Partie 1. Les biais d’analyse des probabilités

1. Le biais d’évaluation des probabilités

Biais d'évaluation des probabilités

Notre cerveau, contrôlé par ses biais cognitifs, ne sait pas bien évaluer les probabilités des événements. C’est encore plus vrai pour ceux qui déclenchent des émotions fortes comme les accidents ou les événements rares. Ce biais est renforcé par les médias et notre perception intuitive des risques.

1.1. Le meilleur exemple : la probabilité d’un accident d’avion

La probabilité d’être impliqué dans un accident mortel en avion est d’environ 1 sur 12 millions de vols. Cependant, de nombreuses personnes surestiment ce risque. Cela s’explique en partie par la couverture médiatique disproportionnée des accidents d’avion. Celle-ci renforce l’impression que ces événements sont plus fréquents qu’ils ne le sont réellement.

Cette distorsion est un exemple classique de biais d’évaluation des probabilités, où l’émotion prend le pas sur la rationalité.

1.2. La loi de Weber-Fechner et la perception des risques

Notre difficulté à estimer correctement les risques est aussi due à la loi de Weber-Fechner. Celle-ci décrit comment la perception humaine des variations d’intensité n’est pas linéaire. Nous ne percevons pas une augmentation de probabilité de manière proportionnelle.

Par exemple, si vous augmentez le risque de 1 sur 10 à 1 sur 5, cela semble énorme pour notre cerveau. Mais si on passe de 1 sur 10 millions à 1 sur 5 millions, bien que la différence soit proportionnellement identique, notre cerveau ne perçoit pas une telle augmentation comme étant aussi significative. Cette loi psychophysique explique pourquoi nous avons tendance à sous-estimer des événements très improbables (comme une panne d’avion) tout en surestimant des risques émotionnellement marquants (comme les accidents d’avion après un crash médiatisé).

1.3. Biais connexes : Effet d’ancrage et probabilité conditionnelle

L’effet d’ancrage influence également nos jugements probabilistes. Si nous sommes exposés à un premier chiffre erroné, cela influence nos futures estimations. Par exemple, si on vous dit d’abord que le risque d’un crash aérien est de 1 sur 1 000 (ce qui est incorrect), votre évaluation future sera biaisée même après avoir reçu les vraies statistiques.

Nous avons aussi des difficultés à comprendre les probabilités conditionnelles. Par exemple, imaginons un test pour une maladie qui touche 1 % de la population, avec une précision de 90 %. Si le test est positif, la plupart des gens pensent qu’ils ont 90 % de chances d’être malades. La probabilité réelle est bien plus faible car il faut combiner la rareté de la maladie avec la fiabilité du test.

2. La négligence de la taille de l’échantillon

Nous avons tendance à tirer des conclusions hâtives à partir de petits échantillons. Il faudrait pourtant tenir compte de l’importance de la taille « nécessaire » pour obtenir des résultats statistiquement fiables. Ce biais se produit lorsque nous extrapolons des résultats d’un petit groupe à une population plus large. Il conduit à des erreurs de jugement significatives.

Biais de la taille de l'échantillon

2.1. Un exemple significatif : Interpréter les résultats de petites études

Prenons un exemple dans le domaine de la santé publique. Imaginons qu’une petite étude de 30 patients montre qu’un nouveau médicament semble avoir un effet positif. Les médias et le public pourraient sauter à la conclusion que le médicament est efficace. En réalité, un échantillon aussi réduit ne permet pas de tirer des conclusions solides. 

La fiabilité des résultats dépend de la taille de l’échantillon. Une petite taille accroît le risque que les résultats soient dus à la chance plutôt qu’à une véritable corrélation.

De manière similaire, les performances d’une équipe de football sur trois matchs ne suffisent pas à prédire leur performance sur une saison complète. Ce biais est particulièrement dangereux lorsqu’il est appliqué dans des contextes professionnels où des décisions importantes sont prises sur la base de peu de données.

2.2. Les principaux biais connexes à la négligence de la taille de l’échantillon :

  • Le biais de conjonction est l’idée fausse selon laquelle la combinaison de deux événements est plus probable que l’un des deux événements pris séparément. Un exemple classique est de penser qu’une personne est plus susceptible d’être une « banquière féministe » qu’une « banquière ». Or, statistiquement, la probabilité d’un seul événement est toujours plus élevée que celle de la combinaison des deux.
  • L’erreur de la main chaude, souvent observée dans le sport, est la croyance que si une personne réussit plusieurs fois de suite, elle a plus de chances de continuer à réussir. Par exemple, si un joueur de basket marque plusieurs paniers d’affilée, on croit souvent qu’il a plus de chances de réussir son prochain tir, alors que statistiquement, chaque tir est un événement indépendant. Des études ont montré que cette perception est fausse et que les séries sont souvent dues au hasard.
  • L’erreur du parieur (ou illusion des séries) est une autre manifestation du biais de négligence de la taille de l’échantillon. Ce biais se produit lorsque nous croyons que des événements indépendants influencent les résultats futurs. Par exemple, après plusieurs pertes successives au casino, un joueur pourrait croire qu’il est « dû pour gagner », alors qu’en réalité, chaque tour de roulette est indépendant et la probabilité de gagner reste la même à chaque tour.

2.3. Impact du biais de négligence de l’échantillon sur la prise de décision

Dans un cadre professionnel, ce biais peut se manifester de plusieurs façons. Par exemple, une entreprise pourrait décider d’investir dans une stratégie basée sur quelques succès anecdotiques, sans prendre en compte un échantillon plus large et représentatif. Cela peut conduire à des décisions fondées sur des données insuffisantes et à des investissements mal orientés.

Il est essentiel de comprendre que les petits échantillons sont intrinsèquement plus sujets aux variations dues au hasard. En d’autres termes, les petites séries peuvent donner l’impression de tendances significatives alors qu’il ne s’agit que de bruit statistique.

Ces biais montrent combien il est difficile pour notre cerveau de traiter des échantillons de petite taille de manière correcte. D’autant plus lorsque des événements aléatoires ou indépendants entrent en jeu. Une meilleure compréhension de ces phénomènes peut nous aider à éviter les erreurs de jugement dans nos décisions.

Partie 2 : L’impact des biais dans la construction de fausses probabilité 

Pousser par un besoin irrépressible d’aller vite et d’économiser de l’énergie, notre cerveau ne sert souvent que ces intérêts. Pour cela il peut nous imposer des conclusions simplistes et trompeuses. 

1. Illustration de biais “probabilistes”

On recense un certain nombre de biais qui visent à donner à notre cerveau un sentiment de sécurité. Il lui propose des raccourcis mentaux qui lui permettent de ne pas “trop” se poser de question. Dans ces cas, le cerveau cherche à établir une probabilité sans prendre en considération l’ensemble. Je me permets d’appeler ces biais cognitifs « probabilistes » par extension de leur conséquence.

1.1. Le biais du survivant

survivant

Le biais du survivant est un biais cognitif qui consiste à se concentrer uniquement sur les exemples qui ont « survécu » à un processus quelconque. On néglige les autres cas : disparus ou échoués. Cela entraîne une distorsion dans la compréhension des probabilités de succès. Seules les réussites sont prises en compte, alors que les échecs, souvent plus nombreux, sont ignorés.

Exemple : Les startups et le mythe du succès

Prenons l’exemple des startups technologiques. Il est facile de penser que les entreprises qui réussissent, comme Google ou Facebook, sont des modèles que tout le monde peut suivre. Ce que nous oublions souvent, c’est que pour chaque startup qui atteint un succès phénoménal, des milliers d’autres échouent. Se concentrer uniquement sur les startups qui ont « survécu » fausse notre vision de la réalité. Cela nous conduit à surestimer les chances de succès. Ce biais se manifeste souvent lorsque les histoires de réussite sont sur-représentées dans les médias, tandis que les échecs passent sous silence.

Impact du biais du survivant

Le biais du survivant est particulièrement dangereux dans les décisions d’investissement, en stratégie d’entreprise ou en évaluation de performance. Par exemple, se concentrer uniquement sur les employés « survivants » peut conduire à des erreurs dans la gestion des talents. Si les entreprises sous-estiment les facteurs qui mènent à l’échec ou à la démission de certains employés, elles ne progresseront pas.

1.2. L’effet Baader-Meinhof (ou biais de fréquence)

L’effet Baader-Meinhof, également appelé illusion de fréquence, est un biais cognitif qui se manifeste lorsqu’un nouvel élément (idée, mot, concept) que vous venez de découvrir semble soudain apparaître partout autour de vous. Cette illusion résulte d’un mécanisme de sélection cognitive. Votre cerveau accorde plus d’attention à cet élément simplement parce que vous venez de le rencontrer.

Exemple : L’achat d’une nouvelle voiture

Un exemple classique de cet effet est lorsque vous achetez une nouvelle voiture. Immédiatement après l’achat, vous remarquez soudainement le même modèle de voiture partout sur la route. Bien sûr, ces voitures étaient déjà présentes avant. Mais, maintenant que vous y prêtez attention, elles semblent avoir « surgi » de nulle part. Cet effet repose sur la tendance de notre cerveau à repérer des schémas ou des répétitions, même lorsqu’ils ne sont que des coïncidences.

Impact de l’effet Baader-Meinhof

Cet effet peut influencer la prise de décision dans de nombreux domaines, notamment en marketing, en politique ou dans la vie professionnelle. Par exemple, lorsqu’une entreprise introduit une nouvelle marque ou un nouveau produit, les consommateurs qui en entendent parler pour la première fois peuvent avoir l’impression que ce produit est soudainement omniprésent, influençant ainsi leur perception de son succès ou de sa popularité. En politique, un candidat ou un sujet peut sembler dominer les médias après avoir attiré votre attention une première fois, créant une impression biaisée de son importance.

1.3. Le biais régressif (ou biais de régression vers la moyenne)

Le biais régressif ou biais de régression vers la moyenne est un phénomène statistique qui se produit lorsque des événements extrêmes (très positifs ou très négatifs) sont naturellement suivis par des événements plus proches de la moyenne, même si aucune autre variable n’a changé. Cependant, notre cerveau tend à attribuer ces variations naturelles à des facteurs extérieurs ou à nos propres actions, plutôt qu’à la simple fluctuation statistique.

Exemple : Performances sportives et fluctuations naturelles

Un exemple classique du biais régressif se produit dans le domaine du sport. Imaginons un joueur de football qui a marqué de façon exceptionnelle durant plusieurs matchs d’affilée, dépassant largement sa performance habituelle. Les supporters, les analystes ou même le joueur peuvent attribuer cette série de succès à des changements dans son entraînement ou dans sa stratégie. Toutefois, il est fort probable que ces performances exceptionnelles soient suivies par une série de matchs plus proches de sa moyenne habituelle. Cette régression vers la moyenne est un phénomène naturel dans tout système soumis à des variations aléatoires.

Le biais régressif pousse les observateurs à expliquer cette « chute » de performance par des facteurs comme la fatigue, le stress ou une baisse de motivation, alors qu’il s’agit simplement d’un retour vers la normale.

Impact du biais régressif

Ce biais est particulièrement dangereux dans les évaluations de performance, en gestion de crise ou en investissement. Par exemple, dans le monde des affaires, une entreprise qui connaît un succès exceptionnel peut s’attendre à une baisse de régime dans les périodes suivantes. Toutefois, les dirigeants peuvent attribuer ce ralentissement à des erreurs stratégiques, plutôt qu’à la simple régression vers la moyenne.

De même, dans le domaine médical, un traitement qui semble avoir des résultats spectaculaires pour un patient très malade peut être perçu comme un remède miracle, alors qu’il est simplement suivi d’une amélioration naturelle due à la régression vers la moyenne.

2. Les biais servis par les biais “probabilistes” :

Chacun des phénomènes ci-dessus peut être expliqués pour tout ou pour partie par notre besoin de traiter le plus vite et le mieux possible un maximum d’informations. Nos principaux biais sont les gardiens du temps. 

2.1. Le biais de confirmation

Ce biais pousse les individus à rechercher, interpréter et se souvenir des informations qui confirment leurs croyances préexistantes. Par exemple, une entreprise pourrait interpréter des événements récents comme un signe de réussite imminente simplement parce que cela correspond à ses attentes, en ignorant les signaux d’échec potentiels.

2.2. L’effet de récence 

Notre cerveau accorde plus de poids aux informations récentes, ce qui fait que nous remarquons plus facilement un concept que nous venons de rencontrer. C’est plus simple pour lui. C’est pourquoi, par exemple, un fait appris récemment semble réapparaître souvent, alors qu’il s’agit simplement de notre capacité à mieux nous souvenir des événements récents.

2.3. L’heuristique de disponibilité 

Il se réfère à notre tendance à estimer la probabilité d’un événement en fonction de la facilité avec laquelle des exemples nous viennent à l’esprit. Dans le contexte de l’effet Baader-Meinhof, le fait que nous venions de rencontrer un mot ou un concept rend cet exemple facilement disponible en mémoire, nous donnant l’illusion qu’il est plus commun qu’il ne l’est réellement.

2.4. L’illusion de contrôle 

Ce biais est nécessaire à notre besoin de sécurité. Il se produit lorsque les individus surestiment leur capacité à influencer des événements aléatoires ou des fluctuations naturelles. Par exemple, dans un contexte professionnel, un manager pourrait penser que ses décisions ont directement causé l’amélioration ou la baisse des performances d’une équipe, alors que celles-ci résultent en réalité de variations normales autour de la moyenne.

Conclusion : Reprendre le contrôle de vos décisions

Comprendre et maitriser son cerveau

Nous venons de voir comment notre cerveau, bien qu’extraordinaire, n’est pas toujours le meilleur allié lorsqu’il s’agit de comprendre et manipuler les chiffres. Entre la difficulté d’évaluer les probabilités, l’oubli de la taille de l’échantillon, ou encore la tendance à ne voir que les succès, nous tombons dans de nombreux pièges cognitifs qui influencent nos décisions au quotidien.

Mais comprendre ces biais, c’est déjà commencer à les maîtriser. En étant conscient de la manière dont notre cerveau fonctionne, nous pouvons prendre du recul et réagir de façon plus rationnelle dans nos choix personnels et professionnels.

Je vous invite maintenant à appliquer ce que vous venez de découvrir ! La prochaine fois que vous prenez une décision importante – que ce soit au travail, dans vos finances ou même dans votre vie quotidienne – posez-vous ces questions :

  • Est-ce que je suis influencé par un biais de probabilité ?
  • Ai-je pris en compte suffisamment de données ?
  • Suis-je seulement concentré sur les « survivants » ?

Apprenez à maîtriser les mécanismes de votre cerveau pour ne plus subir ses erreurs, et devenez maître de vos décisions dès aujourd’hui !

J’attends vos commentaires avec impatience pour savoir si cet article vous a aidé. 

En savoir plus :

  • Daniel Kahneman, Thinking, Fast and Slow (2011)
  • Amos Tversky – Daniel Kahneman, Judgment under Uncertainty: Heuristics and Biases, 1974
  • The Statistical Research Group Report, 1943
  • The Discovery of the Baader-Meinhof Phenomenon, 1994
  • Langer, E. J. (1975). The Illusion of Control
Notre cerveau : simple à comprendre, difficile à maîtriser

Notre cerveau : simple à comprendre, difficile à maîtriser

Introduction : Nous sommes nos propres saboteurs ! 

Avez-vous déjà eu l’impression de prendre une décision rationnelle, pour ensuite réaliser qu’elle était influencée par une émotion ou un facteur irrationnel ? 

Notre cerveau : un allié...imparfait

Dans notre vie quotidienne comme dans notre carrière, nos choix sont rarement aussi logiques que nous le pensons. Ils sont souvent façonnés par des biais cognitifs. Ces raccourcis mentaux nous font économiser de l’énergie, mais nous trompent également. Comprendre et maîtriser les biais cognitifs de notre cerveau est la clé.

 Je démarre une série d’articles pour révéler la grande variété de ces pièges mentaux. Mon objectif : vous en rendre conscients et vous donner des outils pour les déjouer. Qui que vous soyez comprendre ces mécanismes est essentiel pour éviter de vous saboter vous-même.

Recentrons le débat. Je le présentais déjà dans le résumé du livre : Intelligence Relationnelle et Inclusion. Notre cerveau, ce super-ordinateur biologique, est souvent présenté comme un modèle d’efficacité. Pourtant, il se retrouve fréquemment victime de ses propres raccourcis mentaux. Pourquoi, malgré notre intelligence, faisons-nous des choix qui semblent parfois irrationnels ? La réponse réside dans nos biais cognitifs : ces distorsions mentales qui affectent nos jugements et décisions à notre insu.

Les biais cognitifs ne sont pas un accident, ils sont le produit de l’évolution. À travers cette série, nous explorerons comment notre cerveau est notre pire ennemi quand il s’agit de maîtriser nos décisions. Comprendre ces biais, c’est avancer vers une meilleure maîtrise de soi et de son environnement. Cela s’applique au travail ou dans notre vie personnelle.

Partie 1 : Pourquoi est-ce important de comprendre comment nous fabriquons nos décisions ? 

Pourquoi consacrer du temps à comprendre comment fonctionne votre cerveau ? Tout simplement parce que ces biais cognitifs affectent votre quotidien plus que vous ne le pensez. Les maîtriser est clés. Ils influencent vos décisions professionnelles – en tant que manager, employé, ou entrepreneur – ainsi que vos relations interpersonnelles. Nous croyons tous être rationnels, mais souvent, nous sommes simplement des automates, pilotés par des raccourcis mentaux invisibles. Il est temps de reprendre le contrôle.

Depuis des siècles, l’humanité a progressé grâce à la science, la technologie et l’accès à des quantités phénoménales d’informations. Avec ces avancées, nous pourrions croire que notre capacité de prise de décision est infaillible. Elle ne peut que se fonder que sur la logique et la raison. Pourtant, les erreurs de jugement persistent. 

Pourquoi, malgré notre intelligence et nos outils de plus en plus perfectionnés, sommes-nous encore aussi vulnérables face à des erreurs fondamentales de raisonnement ? La réponse réside dans la manière dont notre cerveau est câblé. Si nous comprenons assez bien le fonctionnement général de notre esprit, il demeure difficile à maîtriser au quotidien. Nos décisions sont souvent biaisées, influencées par des raccourcis mentaux que notre cerveau prend pour économiser de l’énergie cognitive. Ces biais ne sont pas des failles intellectuelles individuelles, mais des erreurs systématiques et collectives. Ils structurent nos processus de pensée.

1.1. Est-ce qu’il y a un problème ? 

  • Au travail : Avez-vous déjà embauché quelqu’un parce qu’il vous ressemblait, même si objectivement un autre candidat était plus qualifié ? Le biais de similarité pourrait en être la cause.
  • Dans vos relations : Avez-vous déjà rejeté une idée simplement parce qu’elle venait d’une personne que vous n’aimez pas, même si elle avait du sens ? C’est peut-être dû au biais de confirmation.
  • Dans vos finances : Combien de fois avez-vous acheté un produit en promotion sans en avoir réellement besoin ? Juste parce qu’il vous paraissait être une bonne affaire ? C’est le biais de cadrage en action.

Est-ce grave ? Non, heureusement, dans l’immense majorité des cas. 🙂 Pour autant, vous pouvez noter que ces biais ne sont pas des concepts abstraits. Ils sont bien des challenges quotidiens à une prise de décision lucide

1.2. Le cerveau : Un allié… imparfait ! 

Nous aimons penser que notre cerveau est notre meilleur allié, un outil puissant conçu pour résoudre les problèmes et naviguer dans la complexité du monde moderne. Mais en réalité, notre cerveau n’a pas été « conçu » pour la logique pure ou la précision parfaite. Il est, avant tout, programmé pour une chose : la survie. Ses mécanismes internes ont évolué pour répondre à des besoins urgents et immédiats dans des environnements souvent hostiles. Par conséquent, ses décisions sont souvent basées sur l’efficacité et la rapidité, plutôt que sur une analyse approfondie et logique.

Cette tendance à privilégier des réponses rapides et intuitives est ce qui nous rend vulnérables aux biais cognitifs. Les biais sont des distorsions systématiques dans notre manière de percevoir et d’interpréter l’information. Notre cerveau n’est pas programmé pour les comprendre et les maîtriser, au contraire. Prenez le biais d’ancrage. Il nous fait accorder une importance excessive à la première information que nous recevons, même si elle est erronée ou peu pertinente. De même, le biais de disponibilité nous amène à exagérer la probabilité d’événements dont les exemples sont plus facilement disponibles dans notre mémoire, comme les accidents d’avion, bien plus rares que les accidents de voiture.

Même les experts, qui possèdent pourtant des connaissances spécialisées et une expérience étendue, ne sont pas à l’abri de ces biais. Des études montrent que les médecins, les juges ou les traders – des professions où la prise de décision rationnelle est cruciale – tombent eux aussi dans ces pièges cognitifs. Cela souligne à quel point les biais sont universels et profondément ancrés dans notre façon de penser.

En somme, bien que notre cerveau soit un allié formidable dans de nombreuses situations, il est loin d’être parfait. Reconnaître ses limites est le premier pas vers une prise de décision plus éclairée.

1.3. Nos biais : une faille exploitable

Ces biais ne sont pas seulement des erreurs innocentes. Ils peuvent être utilisés contre nous, à notre insu, dans des contextes variés allant de la publicité à la politique en passant par notre vie professionnelle. Les manipulateurs de toutes sortes exploitent ces biais cognitifs pour influencer nos choix. Par exemple, le biais de cadrage consiste à présenter une information de manière à influencer notre perception. Une réduction de prix peut sembler bien plus attrayante lorsqu’elle est formulée comme « 50 % de réduction » plutôt que « prix réduit de moitié », alors que le résultat est le même.

Dans le domaine politique, le biais de confirmation est souvent exploité pour renforcer les croyances des électeurs en diffusant des informations qui confortent leurs opinions existantes. Les réseaux sociaux jouent un rôle majeur dans ce phénomène, créant des bulles de filtres où les gens sont exposés à des informations qui confirment leurs points de vue et renforcent ainsi leurs préjugés.

En marketing, des techniques exploitent également l’effet Barnum, en proposant des descriptions suffisamment vagues pour que tout le monde puisse s’y identifier, comme dans les horoscopes ou les tests de personnalité en ligne. Cela conduit les individus à accepter ces descriptions comme étant spécifiquement conçues pour eux, renforçant ainsi leur engagement envers le produit ou le service proposé.

Nos biais cognitifs sont des failles dans notre système de pensée, et ces failles peuvent être exploitées pour manipuler nos comportements. En être conscient, c’est déjà se prémunir contre ces influences extérieures.

Partie 2 : Alors ? Curieux de comprendre comment notre cerveau joue contre nous ?…

Depuis que je m’intéresse à ce sujet, j’ai l’impression de voir le monde autrement et je suis intimement convaincue que cela contribue à une meilleure acceptation de mon quotidien. J’avais un problème, un sentiment flou de malaise : ne pas comprendre mon environnement contribuait à ma surcharge mentale. 

Je vous propose donc un voyage dans les méandres de notre esprit, à la recherche des mécanismes qui nous font trébucher et qui peuvent, si on les comprend mieux, nous permettre de reprendre le contrôle de nos décisions. Ce voyage me semble essentiel, non seulement pour mieux comprendre nos propres choix, mais aussi pour déjouer les manipulations auxquelles nous sommes exposés quotidiennement.

2.1. Breaking News #1: Notre cerveau ne sait pas compter 

Notre cerveau nous trompe par manque de capacité

Le saviez-vous ? Nous avons tous, à un moment donné, pris des décisions basées sur des probabilités mal évaluées. Notre cerveau, bien qu’équipé pour reconnaître des tendances, a du mal à interpréter correctement les statistiques. Le biais de négligence de la taille de l’échantillon en est un parfait exemple : il nous pousse à accorder trop de poids à de petits échantillons, créant des conclusions erronées.

Prenons un exemple simple : les loteries. Les gens dépensent des sommes conséquentes en sachant pertinemment que les chances de gagner sont infimes. Pourtant, notre cerveau préfère se focaliser sur des récits de succès plutôt que sur la probabilité réelle de remporter le gros lot. Cette erreur de jugement est aussi à l’origine du biais d’optimisme, qui nous fait penser que les bonnes choses nous arriveront, contre toute logique probabiliste.

Il ne s’agit pas d’un manque d’intelligence, mais plutôt d’un biais inné. Reconnaître cette limite est la première étape pour prendre des décisions plus éclairées.

2.2. Breaking News #2. Notre cerveau est fainéant 

L’efficacité cognitive est une bénédiction, mais elle peut aussi nous jouer des tours. Notre cerveau est conçu pour économiser de l’énergie, et pour cela, il prend des raccourcis mentaux appelés heuristiques. Si ces raccourcis nous aident souvent à prendre des décisions rapidement, ils sont aussi à l’origine de biais comme le biais de corrélation illusoire ou encore l’effet « pom-pom girl » (où nous attribuons des qualités aux personnes basées uniquement sur l’apparence de leur entourage).

Notre cerveau ne cherche qu'à économiser de l'énergie

Prenons l’exemple du biais de confirmation : notre cerveau préfère traiter des informations qui confortent nos croyances existantes, plutôt que de s’ouvrir à des idées contraires. C’est pourquoi nous avons tendance à rester dans nos « bulles d’information », lisant des contenus qui confirment ce que nous pensons déjà, et écartant ceux qui les remettent en question.

La fainéantise cognitive n’est pas un défaut, mais une stratégie de survie. Quand elle est mal gérée, elle peut limiter notre ouverture d’esprit et notre capacité à faire de meilleurs choix.

2.3. Breaking News #3. Notre cerveau aime être manipulé

Les techniques de manipulation exploitent habilement nos biais cognitifs. Le biais de cadrage en est un exemple frappant. La manière dont une information est présentée influence nos décisions bien plus que l’information elle-même. En marketing, ce biais est souvent exploité pour orienter nos choix en fonction de la façon dont une offre est formulée. Dire « 90% de chance de succès » ou « 10% de risque d’échec » déclenche des réactions différentes, alors que l’information est identique.

Un autre exemple est l’effet Barnum, où les gens se reconnaissent dans des descriptions vagues et générales, pensant qu’elles leur sont spécifiquement adressées. C’est le biais derrière l’efficacité des horoscopes et autres prédictions pseudo-scientifiques.

Enfin, l’effet de vérité illusoire fait que nous croyons qu’une information est vraie simplement parce qu’elle a été répétée plusieurs fois. Les fausses nouvelles exploitent souvent ce biais, rendant difficile pour notre cerveau de distinguer la vérité de la fiction.

Le cerveau est facilement manipulable, et comprendre ces mécanismes permet de se défendre contre des influences extérieures.

Conclusion : Plus de temps à perdre pour passer à l’action

Maintenant que vous avez un aperçu des pièges que nous tend notre esprit, il est temps de passer à l’action. Pour comprendre comment ces biais influencent tous vos choix, ne manquez pas les prochains articles de cette série.

Ils vous aideront à reconnaître ces pièges et à reprendre le contrôle sur vos décisions. Restez connecté(e) pour explorer comment nous pouvons tous, avec quelques outils simples, déjouer les biais cognitifs et maîtriser un peu mieux notre cerveau.

Je vous propose de passer dès aujourd’hui à l’action. Prenez le temps d’analyser vos trois dernières décisions. Nous en prenons des dizaines par jour, importantes ou pas. Notez les et réfléchissez tranquillement à ce qui les a guidé – pour de vrai ! Laissez moi un commentaire, je ferai, pour vous, une recherche pour enrichir votre analyse. 😉

En savoir plus (Mon livre de chevet en ce moment 🙂) Votre cerveau vous mène en bateau – Chris Pavone

 

Quiz : Êtes-vous un bon résilient ou un résilient… créatif ?

Quiz : Êtes-vous un bon résilient ou un résilient… créatif ?

Quel type de résilient êtes-vous ?

Bienvenue dans ce tout nouveau quiz dédié à la résilience !

Comme moi, vous vous demandez peut-être ce qu’est exactement la résilience ? Ce terme qui semble si souvent associé à la force mentale ou à la capacité de rebondir. Eh bien, la résilience est bien plus que cela. C’est la faculté que nous avons tous, à des degrés divers, de surmonter les défis. La faculté de nous adapter aux circonstances imprévues et de continuer à avancer, même quand tout semble aller de travers.

Il est important de se rappeler que, tout comme les biais cognitifs, la résilience est influencée par notre façon de percevoir le monde et par nos schémas de pensée. À travers ce quiz, vous découvrirez non seulement si vous êtes un résilient aguerri, mais aussi comment vos réactions face aux situations difficiles peuvent parfois être dictées par des biais inconscients.

Mais où en êtes-vous vraiment ?

Êtes-vous un expert en résilience ou avez-vous encore des progrès à faire dans ce domaine ?

Chaque question de ce quiz a été pensée pour vous faire réfléchir sur vos réactions naturelles face aux difficultés, mais aussi pour vous amuser un peu. L’humour et la légèreté sont aussi des formes de résilience, n’est-ce pas ? Alors, préparez-vous à explorer différentes situations de la vie courante et à découvrir si vous êtes un résilient organisé, un créatif dans l’âme ou encore un expert en procrastination (car oui, procrastiner peut aussi être une forme de survie face au stress 😉).

Alors vous vous sentez prêt à en apprendre plus sur vous-même ?

Ce quiz est là pour vous aider à découvrir votre style de résilience tout en vous amusant ! 🙂

Et surtout, mémorisez si vous êtes plutôt 1, 2 ou 3 😉

1 / 10

1. Que faites-vous face à une situation imprévue ?

2 / 10

2. Comment gérez-vous le stress dans un projet avec une échéance serrée ?

3 / 10

3. Une difficulté persiste malgré vos efforts, comment réagissez-vous ?

4 / 10

4. Quel est votre état d'esprit face à l'incertitude ?

5 / 10

5. Vous recevez une critique constructive au travail. Comment réagissez-vous ?

6 / 10

6. Vous avez échoué à un projet important, que faites-vous ?

7 / 10

7. Quel est votre mantra personnel en période de crise ?

8 / 10

8. Face à une série de mauvaises nouvelles, quelle est votre première réaction ?

9 / 10

9. Vous avez trop de travail et pas assez de temps. Quelle est votre stratégie ?

10 / 10

10. Comment décririez-vous votre capacité à rebondir après une grande déception ?

0%

Bravo d’avoir terminé ce quiz ! 

Vous êtes désormais un peu plus conscient(e) de votre manière de gérer les défis et les imprévus. Que vous soyez un résilient exemplaire ou un résilient créatif, l’important est de prendre conscience de vos forces et de vos axes d’amélioration. 

La résilience n’est pas une qualité innée que seuls quelques privilégiés possèdent ; elle se cultive et se développe à travers nos expériences de vie. Vous pouvez toujours apprendre à mieux rebondir, à rester calme sous pression, ou à voir les obstacles comme des opportunités de croissance.

Peu importe où vous vous situez sur l’échelle de la résilience, sachez que l’important est de continuer à progresser. 

Curieux d’en savoir plus sur ces liens entre résilience et biais cognitifs ? Je vous invite à lire cet article complet sur le sujet : La résilience : super-pouvoir ou malédiction ? Quel lien avec les biais cognitifs ?

Pour aller plus loin, pourquoi ne pas essayer d’identifier les biais cognitifs qui influencent votre résilience ? Je vous propose de découvrir ce quiz sur les biais inconscients au travail : Reconnaître vos biais inconscients au travail. Vous verrez, ces petits raccourcis mentaux que nous faisons tous peuvent parfois nous empêcher de réagir de façon optimale face aux difficultés.

Et surtout, souvenez-vous : la résilience n’est pas un état fixe, c’est un chemin que l’on parcourt chaque jour. Alors continuez à avancer, apprenez de vos échecs et de vos réussites, et gardez toujours en tête que vous avez en vous toutes les ressources nécessaires pour surmonter les obstacles, même les plus inattendus.

Merci de votre participation à ce quiz, et inscrivez-vous pour recevoir simplement mes articles, autres quiz et réflexions sur les biais cognitifs et la résilience !

Quand la résilience s’invite au cinéma !

Quand la résilience s’invite au cinéma !

Introduction : Un jour sans fin, la comédie qui magnifie la résilience ! 

Le cinéma est un miroir de nos expériences humaines, et la résilience, cette capacité à rebondir face aux épreuves, y est souvent magnifiée. Pourtant, derrière ce terme aux accents héroïques se cache une réalité plus nuancée. Comme je vous le partageais dans mon article : La résilience, super pouvoir ou malédiction ? Cette ambivalence mérite d’être explorée sous l’angle des biais cognitifs. 

Affiche du film Un Jour Sans Fin

Qu’en est-il donc lorsque la résilience s’invite dans une comédie ? Dans “Un jour sans fin” (Groundhog Day avec Bill Murray en 1993), la résilience devient le moteur d’une aventure où l’humour et l’absurde s’entrelacent pour illustrer les défis du quotidien.

À première vue, revivre la même journée semble un cauchemar sans issue, transformant cette capacité à persister en véritable malédiction. Le parcours du héros, Phil Connors, face à l’immuable, illustre les effets néfastes de la résilience lorsqu’elle conduit à l’apathie et au cynisme. Sa résilience, initiale, devient synonyme de renoncement. Au lieu d’une libération, elle piège l’individu dans une répétition sans fin, incapable de sortir de sa situation par un simple effort mental.

Mais, tout comme dans la réalité, l’aspect bénéfique de la résilience finit par émerger. Phil, après maintes tentatives infructueuses, apprend à réévaluer sa situation. Ce tournant montre que la résilience peut aussi être un moteur de transformation positive. En modifiant sa manière de vivre chaque journée, il découvre que la résilience peut devenir une force créatrice, capable de redonner sens à une existence apparemment dénuée d’espoir. 

Le film illustre de façon humoristique et exagérée comment la résilience, mal utilisée, peut enfermer dans une spirale destructrice, mais aussi comment, lorsqu’elle est bien intégrée, elle peut mener à la réinvention de soi et à une nouvelle approche du quotidien.

Partie 1 – Résumé du film

“Un jour sans fin” nous plonge dans la vie de Phil Connors, un présentateur météo sarcastique et désabusé, envoyé contre son gré pour couvrir la célébration annuelle du « Jour de la Marmotte » dans une petite ville. À sa grande surprise, il se retrouve prisonnier d’une boucle temporelle qui le condamne à revivre éternellement la même journée, sans fin ni explication. 

Au début, Phil tente de comprendre la situation, oscillant entre déni et amusement. Il exploite d’abord cette répétition pour satisfaire ses désirs égoïstes, se livrant à des comportements sans conséquences immédiates. En effet, chaque matin, tout est « réinitialisé » et il recommence sa journée exactement comme la veille.

Mais très vite, la lassitude et la frustration prennent le dessus. Ne voyant aucune issue à cette boucle, Phil plonge dans une phase dépressive, tentant même à plusieurs reprises de mettre fin à ses jours, seulement pour se réveiller chaque matin dans le même lit, avec la même chanson à la radio.

Finalement, après une longue période de désespoir, Phil commence à envisager sa situation autrement. Il décide d’utiliser ce temps infini pour améliorer ses compétences, redécouvrir les habitants de la ville et, surtout, repenser ses priorités dans la vie. Ce changement d’état d’esprit marque un tournant dans son parcours : il passe de l’abandon cynique à une résilience active.

Partie 2 – Résilience : Super Pouvoir ou Malédiction ?

Dans le film comme dans mon article, la résilience oscille entre deux pôles : malédiction et super pouvoir 😉

2.1. La résilience comme malédiction

Phil Connors incarne d’abord une résilience passive, prisonnier de cette boucle temporelle infernale. Son incapacité à briser le cycle renforce l’idée que la résilience peut être une malédiction lorsqu’elle nous maintient dans l’inertie et l’acceptation de situations toxiques. Au lieu de chercher à évoluer, Phil sombre dans un cynisme profond, perdant espoir et tentant vainement d’échapper à son sort par des actes destructeurs. Cette phase symbolise une forme de résilience mal orientée, où l’adaptation devient non pas une force, mais une prison qui empêche toute transformation véritable. 

Vue schématique des effets néfastes de la résilience

2.2. La résilience comme super pouvoir

Vue schématiques des effets bénéfiques de la résilience

Cependant, au fil du film, Phil opère un revirement. Plutôt que de subir cette répétition, il commence à exploiter chaque journée pour devenir une meilleure version de lui-même. Il apprend de nouvelles compétences, s’intéresse aux habitants de la ville, et revoit ses priorités. Sa résilience devient active, tournée vers l’amélioration de soi et des autres. Ce passage du renoncement à l’action montre que la résilience, bien utilisée, peut véritablement devenir un super pouvoir. Elle permet à Phil de transcender les limites de son quotidien pour atteindre une forme de libération intérieure. 

Cette dynamique est centrale au film et renvoie à votre réflexion sur la résilience comme un phénomène dual, capable de renforcer ou de piéger, selon la manière dont on l’embrasse.

Partie 3 – Les biais cognitifs représentés à l’écran

Plusieurs biais cognitifs jouent un rôle crucial dans la manière dont Phil perçoit et gère sa situation.

3.1. Biais de négativité

Dès le début, Phil se focalise sur l’aspect insupportable de sa répétition quotidienne, accentuant son mal-être. Ce biais l’empêche de voir les opportunités cachées dans cette expérience unique. En se concentrant uniquement sur les aspects négatifs, il tombe dans une spirale de désespoir et d’inertie.

3.2. Biais d’habitude 

La répétition des événements chaque jour pousse Phil à s’habituer à la situation, rendant ses actions au départ dénuées de sens. Il expérimente différentes approches sans véritable réflexion, entrant dans un cycle d’actions répétitives. C’est uniquement lorsqu’il dépasse cette phase d’habitude qu’il commence à véritablement tirer parti de sa situation.

3.3. Biais d’illusion du contrôle

Phil tente initialement de manipuler les événements de la journée, cherchant à forcer des résultats favorables, notamment dans ses interactions avec Rita. Ce biais révèle une croyance erronée qu’il peut maîtriser entièrement son environnement, alors que la résilience véritable consiste à accepter ce qui ne peut être changé et à ajuster ses actions en conséquence.

Le film démontre comment ces biais cognitifs freinent la progression du héros au début. Mais qu’une fois qu’il dépasse ces limitations, Phil parvient à embrasser pleinement le potentiel de sa situation, illustrant ainsi une résilience plus lucide et proactive.

Partie 4 – Humour et Résilience

L’une des forces d’Un Jour Sans Fin réside dans sa capacité à utiliser l’humour pour explorer les défis de la résilience. Phil Connors passe par des phases comiques de désespoir et d’expérimentation excessive. Qu’il s’agisse de ses tentatives absurdes d’échapper à la situation ou de manipuler les événements à son avantage, chaque situation est exacerbée par l’ironie de revivre la même journée, créant un décalage comique permanent.

Cependant, cet humour n’est pas gratuit. Il sert à montrer que la résilience, même dans des contextes absurdes, n’est pas une simple affaire de répétition ou de survie. Phil doit apprendre, parfois à travers des situations grotesques, que la véritable résilience ne consiste pas seulement à persévérer, mais à transformer et améliorer ce qui semble immuable.

Le comique permet également de rendre la thématique plus accessible, en allégeant des sujets graves comme la dépression, la frustration ou la solitude. Ce traitement humoristique fait de la résilience un processus humain, imparfait, fait d’erreurs et de petits progrès, ce qui permet aux spectateurs de s’identifier au personnage. Ainsi le film montre que la résilience, loin d’être linéaire ou héroïque, peut être ponctuée de moments d’humour, d’auto-dérision, et de légèreté.

Conclusion : Un Jour Sans Fin, illustration brillante de la résilience au cinéma

Le film est une illustration brillante de la résilience oscillant entre malédiction et super pouvoir. Le film montre que la résilience peut d’abord enfermer, comme une répétition vide de sens, avant de devenir une force transformatrice, capable de redonner sens et direction à une vie. À travers l’humour et l’absurde, Phil Connors nous enseigne que la véritable résilience ne consiste pas simplement à survivre aux épreuves, mais à évoluer en apprenant de chaque expérience, aussi répétitive et insignifiante qu’elle puisse paraître.

Le film nous amène à voir la résilience active, celle qui se révèle à mesure que Phil apprend à utiliser cette répétition comme une opportunité de changement. Cela symbolise un basculement vers une résilience positive, où l’individu cesse de subir pour reprendre le contrôle. C’est à travers des actes apparemment anodins que Phil redécouvre une nouvelle façon d’aborder les mêmes défis, renversant la malédiction en un super pouvoir.

Si vous avez aimé cet article, n’hésitez pas à le commenter et à m’indiquer les films qu’il me faut absolument voir également 🙂

Ma première interview… ou comment j’ai surmonté mes propres biais !

Ma première interview… ou comment j’ai surmonté mes propres biais !

Une nouvelle vie, de nouvelles opportunités

Interview Isabelle Mante_Sophie Morth :les biais cognitifs et la sérénité

Bon, soyons honnêtes, si on m’avait dit il y a trois mois que je serais interviewée par la fabuleuse Isabelle Mante, autrice du blog « En route vers lasérénité« , j’aurais probablement éclaté de rire… de ce rire un peu nerveux, celui qui vient quand ton cerveau te souffle des pensées du style : « Quoi, moi, experte des biais cognitifs ? Vraiment ? ».

Mais voilà, c’est bien arrivé ! Et après avoir survécu à l’interview, je me suis dit qu’il fallait que je partage ça avec vous car c’est le parfait exemple de ce que mes biais naturels m’auraient empêché de concevoir il y a quelques mois encore 🙂

Partie 1 – Le plaisir ou la sensation d’avoir fait un grand pas

Tout d’abord, le plaisir. On ne va pas se mentir, parler de biais cognitifs, de préjugés et de comment ils nous empoisonnent subtilement la vie, c’est mon dada. Si vous me lisez déjà vous le savez. Si vous me lisez pour la première fois, Tadaaa 😆 : c’est mon dada !!!

Je vous l’expliquais en détail dans mon premier article : Femmes au travail : percer les secrets et le plafond de verre

Alors, quand Isabelle m’a proposé de discuter de tout ça, c’était un peu comme si j’avais gagné une place pour un concert de rock : excitation totale ! 

Enfin, presque 1… sauf que là, on remplace les guitares électriques par des concepts comme le biais de confirmation et le biais d’ancrage (rock’n’roll, je vous dis ! 😂)

Enfin presque 2… sauf que j’ai d’abord pensé, pourquoi moi ? Est-ce qu’elle sait que je suis l’imposteur par excellence ? Car même si j’ai consacré une série d’articles au syndrome de l’imposteur, j’en suis victime comme tout un chacun et peut-être même 3ème dan 😇 

Bien sûr que les cordonniers sont les plus mal chaussés ! Vous en doutiez ?!

Une fois passée la surprise, la peur et le doute, j’étais dans mon élément dans ce mode conversation entre bonnes copines. Parler de schémas mentaux qui nous font procrastiner (oh, cette bonne vieille amie !), de ce fichu biais du perfectionnisme qui nous fait douter de nous-même, c’était comme déballer une boîte de chocolats : un pur plaisir. 😊 

Partie 2 – Le stress ou comment éviter de boire 3 litres de café avant un podcast

Alors oui, tout n’était pas rose. J’ai été angoissé pendant toute une semaine. 

J’ai connu mille fois, ce moment où tu te dis : « Et si je disais un truc complètement à côté de la plaque ? » Vous savez, cette petite voix insidieuse qui adore débarquer pile au moment où vous êtes censée paraître sûre de vous. « Et si je me mets à bafouiller ? Et si je me rends compte en pleine phrase que j’ai complètement perdu le fil ? »

Spoiler alerte : tout ça ne s’est pas produit. Enfin, pas exactement… J’ai peut-être bien oublié une ou deux choses que je voulais dire, mais Isabelle, avec son sourire bienveillant, a su me rattraper au vol. Ouf. Bref, gros moment de stress avant, mais une fois lancée, c’était comme discuter avec une amie autour d’un thé… (ou d’un café, sans la dose de stress supplémentaire !).

Partie 3 – L’émotion ou le moment où tu réalises que tu as peut-être transmis quelque chose d’important

Puis est venu ce moment magique, celui où tu réalises que tu pourrais vraiment toucher les gens. Vous savez, quand on parle de biais cognitifs, ça peut paraître un peu technique, mais en réalité, ça touche à l’essence même de ce qu’on vit tous au quotidien. Se rendre compte qu’on est nos propres saboteurs, qu’on se freine par peur du jugement ou de l’échec, c’est un vrai déclic. 

Et ce déclic, c’est ce que j’espère apporter aux auditeurs. Quand j’ai vu les réactions positives du post d’Isabelle sur LinkedIn, c’était le bouquet final. La cerise sur le gâteau, la crème brûlée parfaite où tu réussis enfin à casser le caramel d’un coup sec 😁

Conclusion : la première d’une longue série (oups, je m’emballe ?)

En résumé, cette expérience d’interview était à la fois une montée d’adrénaline, une bouffée de plaisir et une bonne dose d’émotion. Si je peux faire passer un seul message, c’est celui-ci : on a tous nos biais cognitifs, mais on peut apprendre à les identifier, à les contourner, et surtout, à ne pas les laisser nous emprisonner dans nos peurs.

Et maintenant, soyons fous, peut-être que la prochaine étape, c’est mon propre podcast ? On ne sait jamais… En tout cas, j’ai pris goût à ce petit frisson de l’interview ! Et puis, si je me plante, ce n’est qu’un biais qui me pousse à douter… Ça tombe bien, j’ai appris à le repérer.

Allez, on se retrouve très vite pour la suite de l’aventure cognitive ! 

J’attends vos commentaires et sur l’article et sur l’interview bien sûr – Je compte sur vous 😊 

Retrouvez le podcast d’Isabelle ici

L’effet Barnum : le biais cognitif qui vous rend spécial !

L’effet Barnum : le biais cognitif qui vous rend spécial !

PRÉAMBULE : Qui êtes-vous ? 

Vous qui lisez cet article, je vous connais bien. J’en veux pour preuve ce que je vais vous révéler ci-dessous : 

Vous avez besoin d’être aimé et apprécié, et pourtant vous savez être critique avec vous-même. Vous avez certes des points faibles dans votre personnalité, mais vous savez généralement les compenser. Vous avez un potentiel considérable que vous n’avez pas encore utilisé à votre avantage. À l’extérieur vous êtes discipliné et vous savez vous contrôler, mais à l’intérieur vous tendez à être préoccupé et pas très sûr de vous-même. Parfois vous vous demandez sérieusement si vous avez pris la bonne décision ou fait ce qu’il fallait. Vous préférez une certaine dose de changement ou de variété, et vous devenez insatisfait si on vous entoure de restrictions et de limitations. Vous n’acceptez l’opinion d’autrui que dûment démontrée. Vous avez trouvé qu’il était maladroit de se révéler trop facilement aux autres. Par moment vous êtes très extraverti, bavard et sociable, tandis qu’à d’autres moments vous êtes introverti, circonspect et réservé. Certaines de vos aspirations tendent à être irréalistes…”

À combien estimez-vous pertinente cette évaluation de vous-même ? 

INTRODUCTION : Tous victimes de l’effet Barnum

Effet Barnum_principale

Si vous vous y retrouver complètement ou en grande partie, c’est que vous être victime de l’effet Barnum 🙂 Pas de panique, c’est normal ! 

Également connu sous le nom d’effet Forer, l’effet Barnum est un biais cognitif qui conduit les gens à croire que des descriptions vagues et générales s’appliquent spécifiquement à eux, alors qu’elles sont en réalité suffisamment floues pour s’appliquer à tout le monde. Ce phénomène est souvent exploité dans les horoscopes, les lectures de voyance, les tests de personnalité, et même certains discours de motivation. Il porte le nom de P.T. Barnum, célèbre pour son approche du spectacle qui incluait l’idée que « chaque minute, un imbécile naît », en référence à la crédulité des gens.

Partie 1 : Tout savoir sur l’effet Barnum :

1.1. Les origines de l’effet Barnum

Le psychologue Bertram Forer a mené une expérience en 1948 pour démontrer cet effet. Il a donné à ses étudiants un test de personnalité et leur a remis le même résultat à chacun, une description générale qu’il avait concoctée en utilisant des phrases provenant de livres d’astrologie. La majorité des participants ont trouvé que le test les décrivait avec une grande précision.

1.2. De nos jours, l’effet Barnum est exploité dans des domaines comme :

  • Les horoscopes : « Vous êtes une personne créative, mais parfois vous manquez de confiance en vous. »
  • Les tests de personnalité gratuits en ligne : « Vous aimez être entouré de personnes, mais vous appréciez aussi vos moments de solitude. »
  • Les coachings motivationnels : « Vous avez un potentiel immense que vous n’avez pas encore complètement découvert. »
Effet Barnum_voyance

1.3. Le mécanisme derrière l’effet : 

Les déclarations qui semblent personnalisées fonctionnent souvent car elles contiennent :

  • Des affirmations vagues,
  • Des phrases qui pourraient s’appliquer à n’importe qui, par exemple : « Vous voulez vous sentir aimé et admiré par ceux qui vous entourent »,
  • Un mélange d’affirmations positives et d’éléments que les gens ont tendance à accepter comme vrais parce qu’ils aiment entendre des compliments ou des points d’amélioration crédibles.

Les 3 facteurs qui garantissent un effet imparable :

  • une description qui met l’accent sur des traits positifs,
  • proposée comme personnalisée,
  • par une personne que l’on se représente comme qualifiée.

Ajoutez-y le mot magique “parfois” comme dans “parfois vous vous sentez très sûr de vous, tandis qu’à d’autres moments, vous n’êtes pas aussi confiant”. Aucun être humain ne peut pas ne pas sentir concerné par cette description 😉

Partie 2 : Les grandes expérimentations de l’effet Barnum

Pour briller à la machine à café vous pourrez citer les grandes expériences qui ont permis de démontrer la puissance de l’effet Barnum et son extraordinaire champ d’actions. 

2.1. L’expérience de Bertram Forer (1948)

Je l’évoquais plus haut, l’expérience la plus célèbre concernant l’effet Barnum a été menée par Bertram Forer, un psychologue américain. Il a réalisé l’une des premières démonstrations de ce biais cognitif :

Forer a soumis ses étudiants à un test de personnalité et, après l’avoir analysé, leur a fourni un retour personnalisé. 

En vérité, tous ont reçu la description que je vous ai proposée en préambule de cet article.  

“Vous avez besoin d’être aimé et apprécié, et pourtant vous savez être critique avec vous-même. Vous avez certes des points faibles dans votre personnalité, mais vous savez généralement les compenser. Vous avez un potentiel considérable que vous n’avez pas encore utilisé à votre avantage. À l’extérieur vous êtes discipliné et vous savez vous contrôler, mais à l’intérieur vous tendez à être préoccupé et pas très sûr de vous-même. Parfois vous vous demandez sérieusement si vous avez pris la bonne décision ou fait ce qu’il fallait. Vous préférez une certaine dose de changement ou de variété, et vous devenez insatisfait si on vous entoure de restrictions et de limitations. Vous n’acceptez l’opinion d’autrui que dûment démontrée. Vous avez trouvé qu’il était maladroit de se révéler trop facilement aux autres. Par moment vous êtes très extraverti, bavard et sociable, tandis qu’à d’autres moments vous êtes introverti, circonspect et réservé. Certaines de vos aspirations tendent à être irréalistes…”

Si vous relisez ce paragraphe attentivement. Vous noterez qu’il s’agit bien d’une succession de phrases très génériques

Lorsque Forer a ensuite demandé à ses étudiants d’évaluer dans quelle mesure cette description reflétait leur personnalité sur une échelle de 0 à 5. En moyenne, ils ont donné une note de 4,26 sur 5, estimant que la description correspondait précisément à leur personnalité.

Cet exercice a prouvé que des descriptions vagues peuvent donner l’illusion d’être spécifiquement adaptées à un individu.

2.2. L’expérience de Snyder et Shenkel (1975)

Effet Barnum_astrologie

Dans cette expérience, Mark Snyder et Richard Shenkel ont étudié l’effet Barnum à travers des lectures astrologiques :

  • Ils ont demandé aux participants de fournir des informations personnelles sur eux-mêmes, puis leur ont donné une analyse astrologique en retour. Cette analyse était en fait une description Barnum générique.
  • La majorité des participants ont trouvé les descriptions extrêmement précises et pertinentes, même si elles étaient totalement standardisées et non basées sur leurs informations réelles.

    2.3. L’expérience de Rogers et Soule (2009)

    Rogers et Soule ont exploré l’effet Barnum dans le domaine du marketing. Leur expérience portait sur la manière dont les consommateurs réagissent à des descriptions de produits :

    • Ils ont constaté que lorsque des publicités ou des descriptions de produits utilisaient des descriptions vagues mais flatteuses (« ce produit est parfait pour les personnes dynamiques et ambitieuses comme vous »), les consommateurs avaient tendance à percevoir ces produits comme spécialement adaptés à leurs besoins, ce qui les incitait davantage à acheter.
    • Cela a montré que l’effet Barnum fonctionne également dans les pratiques commerciales.

    Conclusion des expériences

    Ces expériences montrent que les gens ont tendance à accepter des descriptions vagues et générales comme étant spécifiquement adaptées à eux. Que ce soit dans des contextes psychologiques, astrologiques, ou commerciaux, l’effet Barnum prouve que nous avons tous un biais cognitif qui nous pousse à croire que des énoncés génériques sont « personnalisés », particulièrement lorsqu’ils sont positifs ou flatteurs.

    Ces recherches ont été fondamentales pour comprendre pourquoi des systèmes comme l’astrologie, la voyance, ou les tests de personnalité non scientifiques ont un tel attrait auprès du grand public.

    Partie 3 : les pièges de l’effet Barnum :

    Les situations que vous ne regardez plus comme avant en ayant pris conscience de l’effet Barnum 😁

    3.1. « Je suis spécial… comme tout le monde » : 

    Si après avoir lu votre horoscope ou un test de personnalité, vous vous êtes dit : « Wow, c’est exactement moi », c’est que vous êtes tombé dans le piège classique de l’effet Barnum. Ne vous inquiétez pas, vous n’êtes pas seul… littéralement, tout le monde tombe dedans !

    3.2. La voyante infaillible : 

    Vous connaissez cette voyante qui vous annonce que « vous allez bientôt vivre un changement important dans votre vie » ? Ah oui, ça peut être parce que la vie change tout le temps. D’un jour à l’autre, vos chaussettes préférées peuvent disparaître dans le lave-linge, et hop, voilà un changement majeur !

    3.3. L’effet « astrologie de bureau » : 

    Si vous avez déjà vu votre collègue lever les yeux au ciel après que quelqu’un lui ait dit : « C’est tellement typique des Capricornes », sachez que c’est probablement l’effet Barnum qui parle ici. En réalité, peu importe si vous êtes Balance ou Bélier, on pourrait vous dire la même chose, et ça marcherait tout aussi bien.

    3.4. Les « astuces Barnum » au quotidien :

    Avez-vous remarqué que votre ami vendeur peut toujours trouver une solution à tout ? Il vous dira des phrases comme « Je pense que cette voiture est faite pour vous, elle correspond exactement à votre personnalité unique : dynamique, mais parfois calme et réfléchie. »

    Ou encore les coachs en développement personnel : « Vous avez toujours senti que vous êtes différent, que vous n’êtes pas fait pour le train-train quotidien. Vous êtes un entrepreneur dans l’âme, même si vous ne le réalisez pas encore ! »

    Conclusion : L’effet Barnum, une illusion universelle… mais pas sans charme !

    En fin de compte, l’effet Barnum nous montre à quel point nous avons tous besoin de sentir que nous sommes uniques, même si les descriptions qui nous flattent pourraient aussi bien correspondre à notre voisin. Ce biais cognitif fonctionne parce qu’il tire sur des ficelles psychologiques bien ancrées : nous aimons les compliments, les déclarations positives et cette douce sensation d’être « compris ».

    Mais pas de panique ! Être victime de l’effet Barnum n’est ni un défaut ni une faiblesse. Après tout, si des millions de personnes lisent encore leur horoscope chaque jour ou se laissent séduire par un test de personnalité en ligne, c’est que quelque part, cela nous rassure et nous divertit. 

    Il faut simplement en être conscient, et surtout s’en amuser ! Alors, la prochaine fois que quelqu’un vous dira que « vous avez un potentiel incroyable, mais que vous doutez parfois de vous », souriez, et rappelez-vous que l’effet Barnum est à l’œuvre. 

    Et finalement, que vous soyez Balance, Scorpion, ou que vous préfériez ignorer l’astrologie, vous pourrez continuer à apprécier ces petites descriptions flatteuses… sans vous prendre trop au sérieux. Comme dirait P.T. Barnum lui-même, « Tout le monde aime un bon spectacle », et l’effet Barnum en est sans doute l’un des plus vieux tours de magie cognitive !

    En résumé, il n’y a rien de mal à se reconnaître dans une description Barnum – cela fait partie de notre humanité. Ce qui compte, c’est de garder un œil critique et d’en rire. Alors, continuez à être « spécial »… tout en sachant que tout le monde l’est aussi !

    La résilience : super pouvoir ou malédiction ? Quel lien avec les biais cognitifs ?

    La résilience : super pouvoir ou malédiction ? Quel lien avec les biais cognitifs ?

    Image principale pour illustrer le lien entre biais cognitifs et résilience

    Introduction : Quels sont les liens entre nos biais de pensée et l’émergence des concepts de développement personnel ? 

    Je souhaite ici vous faire part d’une réflexion plus personnelle. 

    Dans le cadre d’un exercice de collecte des retours de mes collègues et amis sur moi, j’ai été qualifiée de “résiliente”. Je cherche depuis à savoir ce qui peut se cacher derrière ce qualificatif et en quoi il peut me formater ? 😉

    Interpellée par ce concept de résilience qui, me semble-t-il, a particulièrement émergé avec la crise COVID, je m’interroge donc. Résilience : atout ou piège ? Quels sont les impact des biais cognitifs sur le développement personnel ? Quels sont les liens entre nos biais de pensée et l’émergence de ces concepts de développement personnel ? 

    J’ai d’ailleurs déjà ouvert la question dans ma sélection des vidéos les plus instructives : Épisode #1 : De résilience” et renoncement, il n’y a qu’un pas !

    Ah, la résilience ! Cette capacité miraculeuse qu’on vous vend comme la clé pour naviguer à travers les tempêtes de la vie. Imaginez un peu : vous êtes comme un roseau, vous pliez mais ne rompez jamais. Plutôt pratique, non ? Mais attendez, regardons ensemble les dessous de cette vertu soi-disant salvatrice.

    La résilience est la capacité d’une personne ou d’un système à s’adapter et à se remettre rapidement des difficultés, des traumatismes ou des changements. Elle permet de faire face aux défis et de revenir à un état de fonctionnement normal, voire d’atteindre un état de fonctionnement amélioré après avoir surmonté des obstacles.

    Partie 1: Effets bénéfiques et néfastes de la résilience – ChatGPT m’a diagnostiquée “résiliente” !

    Je vais vous faire une confidence : j’utilise ChatGPT pour accélérer ma productivité sur ce site 🙂 

    [Nota : Et je vous révélerai bientôt comment bien le faire car nous devons tous nous adapter à ce puissant pouvoir pour le maîtriser progressivement et le rendre plus intelligent 😇]

    Bref, en cherchant de l’inspiration il y a quelques semaines, j’ai posé la question à ChatGPT des effets bénéfiques et néfastes de la résilience. Le retour qu’il me fait spontanément m’a terrifié tant il me ressemble et je vous le livre ici en substance. 

    1. Effets bénéfiques de la résilience

    Vue schématiques des effets bénéfiques de la résilience

    Adaptation au changement :

    • Les individus résilients peuvent mieux s’adapter aux changements dans leur environnement personnel ou professionnel, ce qui les aide à naviguer dans des situations imprévues sans trop de stress.

      Vous et moi, individus résilients, sommes comme des caméléons. Nous nous adaptons si bien que, quand notre patron nous annonce que l’entreprise déménage en Antarctique, nous enfilons immédiatement une doudoune. Pas de stress pour nous, juste de la réadaptation !

      Réduction du stress :

      • La résilience aide à gérer le stress de manière plus efficace, ce qui peut mener à une meilleure santé mentale et physique.

        La résilience est notre Xanax naturel. Nous pourrions perdre notre maison, notre emploi et même notre chien, mais grâce à cette vertu magique, nous continuons à sourire comme si nous venions de gagner à la loterie.

        Amélioration de la santé mentale :

        • Les personnes résilientes ont tendance à avoir des niveaux plus élevés de bien-être émotionnel, réduisant les risques de dépression et d’anxiété.

          En tant que personne résiliente, nous nageons dans un océan de bien-être émotionnel. Dépression, anxiété ? nous ne connaissons pas ! nous avons une armure invisible qui repousse les mauvaises vibes.

          Renforcement des relations sociales :

          • La résilience peut améliorer les relations interpersonnelles en aidant les individus à communiquer de manière plus efficace et à résoudre les conflits de manière constructive.

            Avec la résilience, même une dispute se transforme en un échange constructif. Nous communiquons efficacement, résolvons les conflits et sortons de là bras dessus bras dessous, prêts à conquérir le monde.

            Capacité à rebondir après un échec :

            • Les individus résilients sont plus capables de tirer des leçons de leurs échecs et de continuer à avancer avec une perspective positive.

              Amis résilients, échouer n’est qu’une simple formalité. Nous trébuchons, mais hop ! Nous nous relevons avec un sourire éclatant, prêt à transformer chaque pierre d’achoppement en marchepied vers le succès.

              2. Effets néfastes potentiels de la résilience

              Vue schématique des effets néfastes de la résilience

              Détachement émotionnel :

              • Parfois, une forte résilience peut mener à un détachement émotionnel où une personne peut sembler insensible ou indifférente aux difficultés des autres.

                Mais attention, trop de résilience peut vous transformer en robot sans cœur. Les autres pleurent, se lamentent, et vous, vous restez de marbre, un véritable roc indifférent aux vagues d’émotion humaine.

                Sous-estimation des risques :

                • Une confiance excessive en sa capacité à surmonter les difficultés peut entraîner une sous-estimation des risques et des comportements imprudents.

                  La résilience donne des ailes, mais aussi des illusions. Vous vous croyez invincible, prêt à sauter du haut de la falaise parce que, pourquoi pas ? Rien ne peut vous atteindre !

                  Épuisement :

                  • Être constamment résilient et toujours essayer de surmonter les obstacles sans prendre le temps de se reposer peut mener à l’épuisement ou au burn-out.

                    Être constamment résilient, c’est comme être sous perfusion de caféine. Pas de pause, pas de répit. Vous finissez par vous effondrer comme une marionnette dont on a coupé les fils, à bout de forces et de nerfs.

                    Isolement social :

                    • Une résilience excessive peut parfois amener les individus à penser qu’ils doivent tout affronter seuls, ce qui peut mener à l’isolement social et à un manque de soutien.

                      Les super-héros résilients finissent souvent seuls. Pourquoi demander de l’aide quand on peut tout gérer soi-même ? Résultat : vous êtes seul sur votre île de bravoure, sans personne pour partager la vue.

                      Négation des problèmes :

                      • Certaines personnes très résilientes peuvent éviter de traiter les problèmes profondément enracinés, en se concentrant plutôt sur les solutions à court terme sans aborder les causes sous-jacentes des difficultés.

                        Et puis, il y a ceux qui sont tellement résilients qu’ils préfèrent ignorer les problèmes. Plutôt que d’affronter les vrais enjeux, ils se contentent de mettre des pansements sur des plaies béantes, en espérant que tout finira par passer.

                        Une fois ces bases posées, je pense que, comme moi, un certain nombre d’entre vous se sentent “résilients”. Alors, comment tenir la ligne entre les effets positifs et les effets néfastes de vôtre côté résilient ? Est-ce que le concept même de résilience n’a pas été imaginé pour nous aider à faire passer certaines difficultés comme des opportunités ? 

                        Mon scepticisme naturel m’a conduit à la question suivante 😁 : 

                        Partie 2 : La résilience n’est-elle pas un moyen de faire accepter le renoncement aux individus ? 

                        Ah, le grand débat de la résilience ! Faut-il accepter son sort avec un sourire stoïque ou lever les poings en signe de révolte ? Voici une petite exploration toute personnelle de cette question épineuse 😉

                        1. La résilience : L’art de s’adapter sans faire trop de vagues

                        Qu’il est intéressant de pousser les femmes à adopter la résilience dans le monde professionnel :

                        Illustration résilience sage pour ne pas faire de vague
                        • “Salaire inégal ?” : “Pas de problème”

                        Une femme résiliente sait comment gérer son budget serré, même si elle doit renoncer à quelques luxes comme les vacances ou les soins de santé de qualité.

                        •  Être perçue comme faible ?” : “Bien sûr, pourquoi pas ?” 

                        Être sous-estimée peut être une stratégie brillante pour mieux surprendre ses collègues quand elle finit par sauver le projet de l’année en silence.

                        2. Résilience, acceptation ou renoncement ? 

                        Renoncer et accepter l’injustice 

                          Si la résilience, c’est acceptation. Le risque est important 

                          • Accepter un salaire inégal, c’est accepter de jouer le rôle de la victime et renoncer à se battre pour ses droits
                          • Accepter de se conformer aux stéréotypes de faiblesse, c’est confirmer sa faiblesse intrinsèque, et valider les perceptions sociétales sans faire de vague. 

                          Si l’on n’y prend pas garde, la société peut nous récompenser pour cette acceptation, la rendant de fait positive. Il est tellement plus facile de chercher du positif et de la tranquillité d’esprit. 

                          Et d’acceptation à renoncement, il n’y a qu’un pas !

                            Si la résilience, c’est une forme d’adaptation permanente pour réduire le stress et renforcer les relations sociales, il peut être plus facile de renoncer à s’imposer pour ne pas faire de vague. 

                            Le renoncement consisterait à accepter docilement l’inacceptable. Ne pas élever la voix. Ne pas prendre d’actions concrètes et encore moins chercher à inspirer les autres à faire de même. Comme c’est pratique 🙂

                            Attention donc à ne pas laisser les autres vous convaincre des bienfaits de la résilience silencieuse. Parfois la rébellion bruyante est bien fondée et heureusement que, dans le passé ou aujourd’hui, certains osent prendre la parole. La résilience efficiente s’est peut être aussi influencer pacifiquement mais efficacement sur les situations et pas uniquement s’y adapter !

                            Illustration résilience active et déterminée

                            Et d’ailleurs, si j’en reviens au cœur de mon propos habituel, en quoi la résilience se nourrit-elle de nos biais cognitifs ? Ou les nourrirait-elle ? N’y a-t-il pas un risque ou un remède pour comprendre leurs interactions ? 

                            Partie 3 : Interaction entre résilience et biais cognitifs – attention danger ?

                            Je vous rappelle les postulats 🙂

                            • La résilience est la capacité d’un individu à surmonter les difficultés, à s’adapter positivement face à l’adversité, au stress ou aux traumatismes.
                            • Les biais cognitifs, quant à eux, sont des distorsions de la pensée qui affectent les jugements et les décisions.

                            1. Pour comprendre : exemple de 4 biais cognitifs boostés par la résilience

                            La résilience peut interagir avec les biais cognitifs de plusieurs manières, influençant à la fois la perception des défis et les stratégies adoptées pour les surmonter. Voici comment certains biais cognitifs peuvent interférer ou moduler la résilience :

                            Biais de positivité :

                            C’est la tendance à se concentrer sur les aspects positifs tout en minimisant les négatifs.

                            Ce biais peut renforcer la résilience en aidant les individus à maintenir une attitude optimiste face aux difficultés. Cependant, s’il est excessif, il peut conduire à une sous-estimation des risques ou des problèmes réels, empêchant une préparation adéquate.

                            Biais de confirmation :

                            Cette tendance à rechercher, interpréter et se souvenir des informations qui confirment ses croyances préexistantes.

                            Ce biais peut soit soutenir, soit entraver la résilience. Par exemple, si une personne croit fermement en sa capacité à surmonter les obstacles, elle peut ignorer les signes de détresse, ce qui peut retarder la recherche d’aide nécessaire.

                            Biais d’ancrage :

                            Tendance à s’appuyer trop fortement sur la première information rencontrée (l’ancre) lors de la prise de décision.

                            Si l’ancre est une expérience passée de succès, cela peut renforcer la confiance en sa résilience. À l’inverse, une première expérience négative peut affaiblir cette confiance, même si les circonstances actuelles sont différentes.

                            Effet Dunning-Kruger :

                            Tendance des individus moins compétents à surestimer leurs capacités.

                            Une personne peut croire à tort qu’elle est plus résiliente qu’elle ne l’est réellement, ce qui peut l’empêcher de chercher le soutien nécessaire lors de situations difficiles.

                            2. Pour agir et bien vivre sa résilience

                            Vous l’aurez compris, il est important de maîtriser  les interactions possibles entre la résilience et les biais cognitifs. C’est même la clé pour : 

                            • Développer une résilience équilibrée : Encourager une attitude positive tout en restant conscient des défis réels.
                            • Améliorer la prise de décision : En reconnaissant et en atténuant les biais cognitifs, les individus peuvent mieux évaluer leurs capacités et les ressources nécessaires pour faire face aux adversités.
                            • Promouvoir la santé mentale : Une résilience soutenue par une perception réaliste réduit le risque de surmenage et de burn-out.

                             

                            Conclusion : les différentes pistes pour une bonne “résilience”

                            Illustration de liberté et de puissance de la femme

                            Piste 1 : la résilience éclairée

                            La résilience n’est pas isolée des biais cognitifs ; au contraire, elle est constamment influencée par la manière dont nous percevons et interprétons les événements. En reconnaissant et en comprenant ces biais, il est possible de renforcer la résilience de manière plus efficace et adaptée aux réalités individuelles.

                            Piste 2 : la résilience efficiente 

                            La résilience efficiente, c’est aussi accepter les réalités du monde tout en travaillant dur pour les changer de l’intérieur. Donc, même si le plafond de verre est bien en place, une femme résiliente y apposera des autocollants motivants tout en grignotant lentement ce verre (en espérant que ce soit du sucre).

                            Pourquoi ne pas faire en sorte que votre résilience ne soit pas synonyme d’acceptation passive, mais une stratégie sophistiquée de long terme. On joue le jeu, on encaisse les coups, mais on prépare son ascension en coulisse.

                            Dire non aux injustices et ne pas se contenter du statu quo est une forme de résilience. C’est reconnaître ses limites, mais aussi ses potentiels. C’est se battre pour l’équité, non seulement pour soi mais pour toutes les générations futures.

                            La résilience en puissant stratagème

                            Accepter d’être moins bien payée et perçue comme faible n’est ni une preuve de résilience ni de renoncement. C’est plutôt un reflet ironique d’une société qui a encore du chemin à parcourir. La vraie résilience féminine pourrait bien être cette force tranquille qui, sous couvert d’acceptation, prépare une révolution douce mais implacable. 

                            Quant au renoncement, il pourrait être la voie royale vers une véritable égalité, refusant d’accepter quoi que ce soit de moins qu’un traitement juste et équitable. Alors continuons à défier les attentes avec panache et détermination. Nous sommes bien plus que les stéréotypes ne pourront jamais définir ! 😃

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                            Si vous voulez creuser ce sujet, je vous propose de suivre ces liens

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                            À bientôt sur Les Biais dans le Plat. 

                            J’ai hâte de lire vos commentaires à cet article et surtout n’oubliez pas de vous enregistrer pour recevoir automatiquement toutes les nouvelles publications !

                            Les biais cognitifs, ou comment notre cerveau joue pour lui d’abord.

                            Les biais cognitifs, ou comment notre cerveau joue pour lui d’abord.

                            Sur le chemin du savoir que je souhaite partager avec vous sur ce site, j’ai dévoré le livre : « Intelligence relationnelle et inclusion », de Laurent Depond.

                            Couverture Intelligence relationnelle et inclusion - Laurent Depond

                            Si vous deviez ne retenir que ça : les biais cognitifs sont l’artefact ultime de notre cerveau pour servir ses objectifs.

                            Cet ouvrage vise à repenser la culture organisationnelle pour rendre l’inclusion plus concrète. Il se fonde sur des outils scientifiques pour comprendre les obstacles à un environnement de travail inclusif. 

                            Ancien consultant, ancien VP Diversity & Inclusion chez Orange, Laurent Depond y explore comment les neurosciences et les sciences cognitives peuvent contribuer à développer la diversité et l’inclusion dans les organisations. 

                            Il propose des pistes pour dépasser ces obstacles en s’appuyant sur une meilleure compréhension des mécanismes relationnels humains et de la sécurité psychologique, clés pour une inclusion efficace et durable.

                            En s’appuyant sur les récents apports des neurosciences et des sciences cognitives, ce livre propose une réflexion non stigmatisante. Il nous éclaire sur les fonctionnements humains – souvent mal compris ou simplement ignorés – qui freinent la mise en place d’un environnement de travail inclusif et égalitaire. Il propose de revoir la formation et la place du manager dans les organisations pour faire passer le thème d’inclusion dans une vision de performance durable. 

                            Ouvrage de 208 pages – Collection “Les carnets Soft Skills” chez Dunod.

                            Résumé détaillé de l’ouvrage 

                            Introduction : 

                            En prenant acte que le monde du travail rencontre une crise sans précédent d’engagement depuis la crise sanitaire de 2021, l’auteur est convaincu que l’intelligence relationnelle est une piste sérieuse pour l’optimisation des relations entre individus. 

                            Selon lui, les “soft skills” constituent les compétences comportementales qui favorisent ces relations à l’origine d’un meilleur engagement et d’une meilleure adaptation au stress des collaborateurs. Pour autant, l’injonction faite aux organisations de développer l’inclusion pour des raisons économiques et morales ne peut aboutir qu’en posant les bases d’un management inclusif intégrant les logiques de l’analyse neuro cognitive comportementale. 

                            Partie 1 : Le paradoxe de la diversité

                            Chapitre 1 : Les vrais enjeux de la diversité en entreprise

                            Laurent Depond explique pourquoi et comment, ni l’impulsion uniquement donnée par un dirigeant convaincu, ni celle donnée par un corpus législatif contraignant, ne pourront aboutir à un succès en matière de diversité. La diversité promue comme en priorité, en globalement un échec en entreprise puisqu’elle finit par déformer les véritables opportunités en matière de performance. 

                            À ce stade, ces politiques d’inclusion n’ont généré, selon lui, que frustrations par et contre les personnes promues via ces dispositifs. La source de la performance n’est pas liée à la typologie des profils mais bien à leur variété. “La diversité visible des “décideurs” étudiée en sexe, âge ou origine géographique est moins contributrice de la qualité décisionnelle que leur diversité “fonctionnelle”, celle de leurs modes de raisonnement.” Peu importe le packaging si l’entreprise n’arrive pas à tirer profit de ce qu’il y a à l’intérieur de la boîte crânienne des collaborateurs. C’est la capacité de l’entreprise et de ses managers à bien gérer les diversités qui compte plus que la présence de la diversité elle-même ! 

                            Vers la performance durable :

                            Il invite l’entreprise à viser la performance durable en combinant succès économique et approche éthique, écologique. C’est la qualité de vie au travail (QVT) qui permet aux collaborateurs de livrer cette performance. 

                            À l’heure où l’intelligence artificielle et les conséquences des changements démographiques frappent aux portes des entreprises, faire aboutir leurs politiques de diversité et d’inclusion n’est plus une option. 

                            Les différences générationnelles sont un faux sujet : 

                            • la science a démontré que la plasticité cérébrale n’est pas une question d’âge, 
                            • la construction marketing des fossés générationnelles n’est plus à démontrée

                            Les différences culturelles sont une réalité que l’entreprise doit / peut apprendre à gérer. Mais le monde change vite et le cerveau humain a naturellement peur du changement ! L’entreprise doit se réinventer vite et donc dans la douleur. Éliminer les biais d’analyse pour faire émerger les profils auxquels personne n’aurait penser devient essentiel. 

                            Accepter de recruter différemment, accepter de travailler différemment, seront les grands challenges des prochaines années et même les grandes start-up s’y confrontent. C’est l’exemple d’Elon Musk qui interdit le télétravail pour ses équipes. 

                            Chapitre 2 : Un écosystème peu favorable.

                            Les injonctions pour la diversité ont rendu la cause inaudible 
                            • pour les jeunes, 
                            • pour les femmes, 
                            • pour les seniors, 
                            • pour les personnes issues de milieux défavorisés
                            • etc.

                            “Nous sommes chacun une combinatoire de ces éléments, sans parler de la diversité la plus structurante, celle des profils cognitifs qui fait de nous des individus uniques.”

                            Plus l’approche est fragmentée et plus elle s’affaiblit. 

                            Alors que la dictature de l’image, ouvre chaque jour la voie à des nouveaux lynchages médiatiques, les entreprises doivent apprendre à tout contrôler. 

                            Si la discrimination fait l’objet de contraintes réglementaire forte, il ne faut pas pour autant occulter que l’origine des différences s’ancre dans des cultures et pratiques traditionnelles qui se révèlent sexistes sans conscientisation du sujet. Elles sont le fruit de stéréotypes puissants tel que “le salaire des femmes ne peut pas être au niveau de celui des hommes car (…) ce n’est qu’un salaire d’appoint dans le couple”. 

                            Il est difficile de mettre au jour des pratiques discriminatoires alors que ce sont plus des biais humains et organisationnels qui expliquent ces résultats. Attaquer ces sujets sous un prisme uniquement légal peut se révéler contre-productif. Il faut s’attaquer non pas aux discriminations mais aux biais discriminatoires sinon dès qu’il y aura plusieurs femmes dans un comité de direction, l’illusion de fréquence permettra à notre cerveau, de bonne foi, d’être persuadé que le sujet est clos ! 

                            Il ne faut pas aborder le sujet par le prisme diversité donc mais bien par le prisme “performance durable”. La diversité viendra naturellement si elle prouve qu’elle contribue à la performance et la révision des politiques de recrutement et de formation des managers en sont les clés. 

                            Partie 2 : Prendre conscience de nos “fonctionnements humains”

                            Chapitre 3 : Notre cerveau nous raconte des histoires

                            C’est dans la nature même de notre cerveau que de bloquer l’inclusion et c’est à ce problème que l’entreprise de demain doit s’attaquer. 

                            Le cerveau a pour objectifs

                            • notre sécurité
                            • notre bien-être

                            Le tout en économisant de l’énergie. L’éthique et l’objectivité n’ont pas été sélectionnées comme des finalités à atteindre au cours des milliers d’années qui l’ont façonnées. 

                            Notre cerveau censure, sélectionne, fait des paris statistiques en utilisant biais et préjugés. 

                            Pour lutter contre l’inconfort, le cerveau se comporte comme une machine d’anticipation. Créer l’avenir est probablement la chose la plus importante qu’il fasse. 

                            Puisque l’inquiétude et la peur sont consommatrices d’énergie et potentiellement dangereuses car cela réduit nos capacités d’action en cas de danger avéré, nous avons besoin d’explications. Cela nous donne le sentiment d’avoir le contrôle sur notre environnement. Les rumeurs et complots naissent naturellement de ce besoin impérieux d’explications quitte à générer quantité de biais d’analyse dont la plus impactante est la croyance rassurante d’un “monde juste”. Ce monde juste permet à tout un chacun de se rassurer : toute victime porte une part de responsabilité dans ce qui lui arrive. Le danger est alors lointain pour soi…

                            “En 2015, une étude IPSOS a mis en évidence que 37% des françaises pensaient qu’une femme victime de viol avait une part de responsabilité dans ce qui lui était arrivé du fait de sa tenue, de son comportement ou encore des lieux qu’elle fréquentait.” Notre cerveau, dans sa recherche désespérée d’homéostasie, éloigne de nous le risque de cette façon terrible… Facile donc de tomber dans le biais d’autocomplaisance qui attribue nos succès à nos actions et nos échecs à des facteurs extérieurs. Notre cerveau nous raconte les histoires qui lui permettent de servir ses objectifs primaires. 

                            Pour notre sécurité émerge le biais d’affinité ou tribal. 

                            Nous ne sommes en sécurité qu’entre nous puisque l’étranger représente le danger et le pair est un allié naturel de notre survie. Mais si la recherche de l’entre soi est un conditionnement naturel qu’on peut expliquer et qu’il convient de dédramatiser, l’important c’est de le conscientiser et d’agir. Il n’est pas difficile de créer des groupes affinitaires. C’est un puissant levier d’inclusion. 

                            Il en va de même pour l’effet de halo et l’impact fort du paraître. Si pour la femme, la beauté est un désavantage puisque le préjugé l’associe à la bêtise, pour les hommes, elle est elle associée à la compétence. Encore une fois, la conscientisation de ce biais est le prérequis. Il n’est pas question de juger, juste de l’identifier mais cela touche aussi les “légumes moches” 🙂

                            Chapitre 4 : L’approche neurocognitive et comportementale 

                            La compréhension de nos comportements au travers de la construction de notre cerveau permet de mieux comprendre nos comportements naturels. 

                            Notre cerveau fonctionnent selon deux modalités : 

                            • un système rapide qui utilise des routines de pensée préétablie : le mode mental automatique,
                            • un système lent, analytique : le mode mental adaptatif.

                            Le mode par défaut, adapté à la gestion des situations simples, apparaît fiable, rapide. Il est économe en énergie. Ce sont des processus inconscients (la conduite) ou conscients ( le calcul mental). 

                            Le mode adaptatif c’est comme conduire à l’étranger et devoir être prêt à s’adapter en permanence à l’inconnu. C’est épuisant s’il est mobilisé trop longtemps. 

                            Le mode mental automatique est l’ennemi naturel de la diversité. 

                            Il fonctionne de manière optimale s’il ne gère que ce qu’il connaît. Il est défini par six caractéristiques : 

                            • la routine : un attrait pour les habitudes qui génère la peur de la nouveauté
                            • la persévérance : la capacité à poursuivre sans se laisser déstabiliser par l’imprévu quitte à basculer dans la résistance obstinée au changement,
                            • la simplification : gestion raccourcie des situations courantes qui empêche la gestion nuancée des situations complexes
                            • la certitude : sentiment que notre vision est “toute la vérité” qui peut confiner à l’intolérance ou à des erreurs d’interprétation
                            • l’empirisme : reproduction systématique de ses expériences passées 
                            • l’image sociale : importance exagérée donnée à son image dans le groupe, pourvoyeuse de manque d’initiative par peur du risque. 

                            Le mode mental automatique a largement fait ses preuves. Il nous économise énormément d’énergie et a contribué à la survie de l’humanité avec une faible probabilité d’erreur mais mis bout à bout ses 6 caractéristiques peuvent avoir des conséquences importantes sur l’inclusion en entreprise. 

                            Chapitre 5 : Les barrières anti-diversité du mode mental automatique 

                            Intelligence relationnelle et inclusion - Les quatre pilotes à l'origine de nos comportements

                            Trois des quatre pilotes à l’origine de nos comportements gouvernent notre mode mental automatique : 

                            • deux qui servent l’objectif de sécurité
                              • la gouvernance instinctive, 
                              • la gouvernance grégaire, 
                            • une qui sert l’objectif de bien-être 
                              • la gouvernance émotionnelle. 

                            Ces trois blocs correspondent à des stades d’évolutions successifs. 

                            La gouvernance instinctive relève de nos besoins vitaux : respirer, boire, manger, se reproduire et se mettre en sécurité. 

                            Elle prend les commandes lorsqu’on éprouve peur, colère ou abattement. C’est d’elle que dépendent nos réactions instinctives de rejet ou d’attirance. Elle active nos alertes, notre stress et génère nos comportements de fuite, lutte ou inhibition bien au-delà de notre conscience directe. 

                            La gouvernance grégaire régule nos interactions également au détriment de l’inclusion. 

                            La survie collective s’inscrit dans la logique implacable du “chacun sa place”. Elle est fondée sur un rapport de force instinctif, arme de dissuasion naturelle des conflits mais puissant facteur d’autocensure. On ne parle pas d’une hiérarchie basée sur le mérite ou l’intellect mais bien d’une classification sur la base de la capacité de nuisance potentielle des individus. Elle s’appuie sur des signaux physiques de dominance ET de soumission communs à chaque espèce. Le dominant agit pour sécuriser son pouvoir et il n’est pas remis en question en tant que tel. C’est le biais du chef

                            Ce rapport de force de la gouvernance grégaire n’est pas le fait d’un sexe ou d’une origine. Il est le résultat de nombreux facteurs et de la construction personnelle d’un individu. L’éducation y joue un rôle important et il est simple de comprendre à quel point ce rapport de force, toujours embusqué dans nos rapports humains, n’aide pas à créer un climat inclusif.

                            Les impacts sur le cerveau humain de la sédentarisation

                            Il est intéressant de noter que la sédentarisation des hommes de Néandertal a d’ailleurs contribué fortement à transformer l’étranger en ennemi. La défense collective d’un territoire devenant tout à coup prépondérante. Les sociétés de néandertal ont dû s’organiser autour d’individus dominant : guerriers et prêtres. 

                            Les groupes de chasseurs-cueilleurs nomades du paléolithique n’avaient pas eu besoin de mettre en place ces stratégies de domination et que les croisements inter-espèces n’étaient pas un sujet. Néandertal marque l’arrivée des codes et des croyances pour réguler les sociétés. L’enjeu démographique s’imposant, les femmes sont alors contraintes à un rôle de procréation, de soin aux enfants. La ressemblance devient le ciment de la société. 

                            Dernière pièce du puzzle, la gouvernance émotionnelle émerge pour s’adapter aux effets normatifs de nos codes sociaux. 

                            Elle a une mission de régulation, d’acceptation de la situation. Elle porte en elle les fondements d’un monde juste souvent lié au niveau de religiosité des cultures. “Ne pas respecter l’ordre social c’est rompre l’équilibre.” L’exclusion sociale provoque de la souffrance et pour éviter cette exclusion il faut absolument rentrer dans le moule. 

                            La puissance de cette injonction de notre cerveau est à double tranchant

                            • la société est organisée pour freiner l’expression de la diversité
                            • les impacts de la discrimination sur les individus sont dévastateurs
                            Les préjugés pour renforcer la prédominance des groupes. 

                            C’est la femme “modeste” – l’invisibilité pour ne pas devenir tentatrice. C’est l’homme “fort”, capable de défendre son territoire. C’est le besoin impérieux de réseaux : affinitaires, communautaristes, sociaux. La gouvernance émotionnelle, c’est deux types de cadrage “ce que je dois faire de bien pour agir au sein de mon collectif de vie” ET “ce qui me procure du plaisir”. Autrement dit, un savant mélange d’individuel et de collectif qui ne favorise pas la diversité spontanément. 

                            L’évolution a fait que les expériences négatives ont beaucoup plus de poids que les expériences positives. Cela explique largement notre biais de négativité naturel. Nos codes et nos motivations constituent un socle de valeurs, un référentiel du bien et du mal. Notre construction personnelle a donc un impact direct sur notre capacité à bien vivre les mélanges. L’entreprise – et son manager – devra apprendre à “pacifier” les tensions pour fédérer les énergies si les référentiels des coéquipiers sont particulièrement opposés. Il est très difficile pour tout un chacun de remettre en question les “bases de données” de son cerveau. Le biais de confirmation peut être interprété comme une stratégie du cerveau pour protéger ses convictions. 

                            Chapitre 6 : Stéréotypes, attention danger

                            Le stéréotype est un pari statistique que fait notre cerveau pour savoir plus rapidement comment se comporter. “Les biais inconscients sont des stéréotypes sociaux sur certains groupes de personnes que les individus forment en dehors de leur propre conscience.” Ces stéréotypes ont des impacts évidents sur l’égalité des chances. Pour autant, quand on pense stéréotypes et discrimination, on pense plus sexe, âge, religion mais parfois l’impact est plus insidieux. 

                            En France, votre diplôme initial est communément considéré comme prédictif de votre succès futur. On peut donc inconsciemment vous reprocher de ne pas avoir choisi telle ou telle voie ou encore d’avoir changé de voie. Ce qui n’est pas compris fait peur au cerveau de l’autre… 

                            L’anonymisation pourrait être une voie mais elle présuppose une intention discriminatoire. 

                            On ne peut pour autant pas lui opposer l’objectivité. Nous sommes tous influencés par des stéréotypes profondément ancrés en nous. Pire, les individus portent eux-mêmes sur eux des jugements teintés d’auto-stéréotypes négatifs. Des expériences ont prouvé qu’activer un de vos auto-stéréotypes négatifs diminue vos performances cognitives lors d’une évaluation. Cela crée des pensées parasitent qui vous scotchent dans votre mode mental automatique et génèrent du stress qui vous empêche d’activer votre intelligence adaptative. 

                            L’omniprésence des stéréotypes contribue donc insidieusement à la perte d’opportunités. 

                            Chapitre 7 : Appréhender efficacement la diversité

                            Les initiatives coercitives ont montré leurs limites. Les lois sont difficiles à appliquer. Elles n’ont pas les effets de cascade attendus. Les personnes issues de leur application ne peuvent pas toujours exprimer leur plein potentiel. Elles s’auto-censurent du fait d’auto-stéréotypes négatifs et d’un complexe d’imposture. 

                            Les injonctions trop fortes conduisent à une réaction de rejet qui se traduit par deux niveaux de blocages :

                            • blocages conscients et volontaires de la population qui se sent menacée par la diversité
                            • une manifestation de la préférence naturelle pour son groupe social lorsqu’il est attaqué
                            L’application d’une règle ou d’une loi nous repousse dans notre mécanique de gouvernance grégaire où la force s’impose. 

                            Cela nous pousse à nous repositionner spontanément et inconsciemment sur une échelle d’affirmation de soi. Les dirigeants des entreprises ont vite fait de s’appuyer plus sur une capacité à imposer ses idées que sur une capacité à y faire adhérer par l’explication. Ces mécanismes expliquent empiriquement les modèles traditionnels des organisations. C’est une vision normative et naturellement anti-diversité

                            La piste : passer de la diversité quantifiable à une diversité cognitive.

                            Il faut donc, pour les entreprises, trouver les moyens de s’extraire durablement de cette gouvernance grégaire. Revenir à la qualité du “capital humain” des organisations sera la clé du management inclusif et de la performance durable. Il faut apprendre à raisonner diversité fonctionnelle et dynamique comportementale. 

                            La diversité pour la diversité est devenue clivante. Pour éviter les blocages, il faut bannir l’approche militante. Il faut comprendre les mécanismes naturels de nos cerveaux et s’en servir pour avancer. En provoquant un électrochoc, en se faisant l’avocat du diable, on peut faire sortir l’autre de ces mécanismes automatiques sans pour autant se retrouver bloquer par le biais de l’action unique. Ce biais qui dédouane de l’action et permet de s’autoriser la transgression. Si l’on se dit qu’on a une femme dans l’équipe et que c’est déjà bien comme ça… 

                            Notre cerveau a vite fait également de nous attirer vers le biais de statu quo. Le conformisme constitue un frein si puissant puisqu’il a contribué longtemps à la survie de l’espèce humaine. 

                            Maîtriser les biais pour challenger le processus décisionnel.

                            Mais la compréhension des biais de toute nature et de leurs mécanismes s’est développée depuis quelques années aussi bien pour en limiter les impacts dans nos décisions que pour les influencer. 

                            Ainsi, le biais de désirabilité peut devenir un levier de l’inclusion. Faire comme les autres mais aussi “être quelqu’un de bien” est inscrit dans notre ADN.  Mais attention, la manipulation de nos mécanismes inconscients, aussi vertueuse soit-elle, peut vite s’avérer dangereuse. L’apparition des nudges tel que la mouche dans l’urinoir de l’aéroport d’Amsterdam qui a significativement réduit les coûts de nettoyage des toilettes pour hommes (🙂) démontre combien ils peuvent être des coups de pouce à l’action. La tentative d’écriture inclusive s’est, elle, révélée totalement contre-productive. Nos biais individuels peuvent ainsi bloquer le mouvement vers l’inclusion ou l’accompagner quand les nudges qui les utilisent sont bien “pensés”. 

                            Il est essentiel de challenger les processus décisionnels qui ont un impact sur l’inclusion. Puisque notre mental automatique, aussi puissant soit-il, est un obstacle naturel à la diversité, il faut apprendre à le déconnecter pour passer en mode adaptatif. 

                            Partie 3 : Faire émerger le management inclusif 

                            Chapitre 8 : La sécurité psychologique et l’intelligence relationnelle

                            Pour que les collaborateurs puissent exprimer leur plein potentiel en mobilisant les ressources de leur construction personnelle, leurs compétences techniques (hard skills), mais aussi leurs compétences comportementales (soft-skills), il faut mettre en œuvre un management inclusif. Ce type de management doit créer les conditions de sécurité psychologique nécessaires à la pleine expression des collaborateurs. 

                            Le sentiment de se sentir protéger si on prend des risques, de pouvoir s’exprimer librement est la clé de voûte de la performance inclusive et durable. 

                            Le manager inclusif doit savoir construire des rapports de confiance. 

                            Il doit être en mesure de cartographier les personnalités de ses coéquipiers, d’identifier les positionnements grégaires spontanés pour mieux les neutraliser. Il doit faire preuve d’intelligence relationnelle pour individualiser son management en fonction du positionnement grégaire de chacun des membres de l’équipe. 

                            Ce constat impose deux règles pour l’entreprise : 

                            • la taille des équipes doit être limitée
                            • tout le monde ne peut pas devenir un manager inclusif ou tout simplement un manager. 
                            Un manager doit être assertif. 

                            Il doit savoir naturellement s’exprimer et défendre ses droits sans empiéter sur ceux des autres. Il doit aussi exprimer une envie claire de devenir manager. 

                            Un manager inclusif sait reconnaître et gérer les émotions. Il doit savoir détecter les signaux de stress chez ses coéquipiers pour les résoudre.

                            Rappelons que le stress est un signal d’alarme qui nous avertit que le mode mental que nous utilisons n’est pas adapté à la situation rencontrée. Nous sommes en face d’une situation dangereuse, inconnue ou complexe qui requiert notre mode mental adaptatif. Pourtant nous sommes restés bloqués dans notre mode mental automatique. C’est le même principe que la douleur qui nous oblige à réagir pour notre propre bien. 

                            Un coéquipier confronté à une situation inconfortable pourra réagir de trois façons : la fuite, la lutte ou l’inhibition. Le manager devra détecter les signaux et les traiter d’autant que chaque individu aura sa propre échelle de “stressabilité”. 

                            Un manager inclusif sait capitaliser sur les motivations intrinsèques des individus. 

                            Il doit donc être en capacité d’identifier ces motivations qui donnent de l’énergie et sont inconditionnelles puisque succès ou échec n’ont pas de prises sur elles. Elles sont les leviers de l’engagement des individus. 

                            Un manager qui veut stimuler l’engagement au sein de son équipe doit s’assurer que chacun accomplit des missions et des tâches qu’il aime, du moins, les faits d’une façon qui lui correspond. Mais il lui faut aussi anticiper les signes d’un surinvestissement émotionnel, principale cause des RPS (risques psychosociaux). Il lui faut pouvoir s’appuyer sur des qualités de communication particulièrement neutres et ouvertes. Il faut aider l’autre à faire la bascule naturellement entre son mode mental automatique et son mode mental adaptatif. La reformulation est au cœur du dispositif. On doit éduquer les managers de sorte qu’ils développent une intelligence relationnelle forte au service de l’amplification du potentiel des individus. 

                            Chapitre 9 : Le puissant levier de l’intelligence adaptative

                            Sur la base des 6 dimensions du mode mental automatique, la réponse du mode mental adaptatif serait : 

                            • la curiosité : “qu’est-ce qui nous fait vraiment atteindre nos objectifs ?”
                            • la souplesse : “et si nous tentions une autre approche ?”
                            • la nuance : “il y a des avantages et des inconvénients dans chaque situation ?”
                            • la relativité : “ si l’on tient compte du contexte, lequel est le plus adapté ?”
                            • l’opinion personnelle : “ quels sont les facteurs explicatifs et rationnels pour convaincre ?”
                            Intelligence relationnelle et inclusion - mobiliser son intelligence adaptative
                            L’intelligence adaptative : anti-virus au service d’une vision positive de la diversité

                            En empruntant un chemin logique qui n’a pas besoin de rester dans ce qu’il connaît, notre mode mental adaptatif peut s’extraire de toutes les programmations anti-diversité qui se nichent dans notre mode mental automatique. 

                            L’entraînement mental pour modifier les schémas d’activité du cerveau pour renforcer empathie, compassion, optimisme et sensation de bien-être. 

                            Bascule mentale et intelligence collective

                            De management inclusif à intelligence collective il n’y a donc plus qu’un pas à franchir. Le manager inclusif permettra le développement de l’intelligence adaptative de ses coéquipiers. Il rassurera face à la transformation, stimulera l’apprenance tout en augmentant l’’engagement durable et performant. 

                            L’intelligence relationnelle n’est rien si elle ne parvient pas à créer de l’intelligence collective. C’est la force des regards croisés qui crée la performance durablement. C’est ce que prône l’IME avec le “talent matching” 

                            Faire émerger la divergence constructive pour éviter les angles morts et la pensée de groupe. L’intelligence collective d’une équipe repose sur la mobilisation du mode mental adaptatif de ses membres. Il faut toutefois savoir économiser son cerveau autant que faire se peut. Le mode adaptatif est surconsommateur d’énergie et il faut admettre que, même musclé, nous avons le droit de repasser en mode automatique de temps en temps. Il faut juste le conscientiser. 

                            Conclusion : L’apport des neurosciences dans la chasse aux biais 

                            Ce livre invite les organisations à prendre conscience des ressorts qui font obstacles au développement de l’inclusion et à s’outiller pour repenser leur culture et leurs processus grâce à l’apport des neurosciences cognitives.

                            Pour aller plus loin :

                            • Retrouvez le livre sur Amazon pour consulter ses critiques.
                            • Découvrez cette interview de l’auteur également.

                            Si vous êtes arrivés au bout de cet article et de ce résumé, c’est que, comme moi, le sujet vous passionne 🙂

                            N’hésitez pas à me laisser un commentaire et pourquoi pas, si vous ne l’avez pas encore fait, à répondre à ce quiz pour vous détendre : Quiz : Reconnaître les biais inconscients au travail 😉

                             

                            Épisode#4 : Les biais inconscients jusque dans la presse

                            Épisode#4 : Les biais inconscients jusque dans la presse

                            Et si on posait les mêmes questions aux femmes qu’aux hommes

                            L’agence Mots Clés a publiée le jeudi 24 mars 2022, une étude commandée par le collectif Sista et le fonds de dotation Mirova Forward. Celle-ci révèle la récurrence du sexisme vis-à-vis des femmes dirigeantes d’entreprise dans la presse française. Elle a analysé un corpus de 118 articles (interviews et portraits de dirigeants et dirigeantes) provenant de 19 titres de presse généraliste, économique et financière, et féminine.

                            La publication de ses résultats a été accompagnée d’une interview choc de dirigeants français. Des hommes a qui sont posées les principales questions faites aux femmes dirigeantes. La surprise et l’incongruité des questions met en visibilité le problème soulevé dans l’étude.

                            La voici :

                            Nous n’en saurons pas plus sur la « morning routing » de Xavier Niel ou de François-Henri Pinot malheureusement 🥹

                            Interrogée sur ces résultat, la directrice générale de Mirova Forward, Anne-Claire Roux, a expliqué : « Les biais inconscients sont très difficiles à désamorcer et sont un frein redoutable à la promotion des femmes dans le milieu professionnel. Nous sommes convaincus que la presse peut jouer un rôle majeur dans la correction de ces biais, c’est pourquoi nous avons souhaité accompagner une prise de conscience et inciter les journalistes à aller vers des questions moins stéréotypées ou, à l’inverse, posées de manière égale à toutes et tous »

                            Et la France ne fait pas figure d’exception dans ce domaine 🥹

                            Vous trouverez ici la version suisse, en trois langues, de cette vidéo :

                            Source : www.watson.ch

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                            À bientôt sur Les Biais dans le Plat !

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                            Épisode#3 : Quand l’humour rencontre les stéréotypes de genre

                            Épisode#3 : Quand l’humour rencontre les stéréotypes de genre

                            Cerveau et préjugés

                            La notion de la « nothing box » (boîte à rien) est une idée popularisée par le conférencier et auteur américain Mark Gungor dans son séminaire « Laugh Your Way to a Better Marriage ». Cette idée fait partie de sa théorie humoristique sur stéréotype de genre et, en particulier, les différences entre les cerveaux masculins et féminins. Selon Gungor, la « nothing box » est un compartiment mental particulier auquel les hommes peuvent accéder, où ils ne pensent à rien de spécifique et se détendent complètement. 

                            Il explique que le cerveau masculin est compartimenté, avec des boîtes pour chaque sujet (travail, famille, sports, etc.). La « nothing box » est une de ces boîtes où les hommes peuvent se retirer mentalement pour se détendre. Il insiste également sur le fait que les compartiments du cerveau masculin sont étanches ! « Il y a la boite pour la voiture, la boite pour l’argent,… »

                            En contraste, il décrit le cerveau féminin comme un ensemble de fils interconnectés, où tout est relié à tout. Selon lui, les femmes trouvent plus difficile de « ne penser à rien » car leur pensée est toujours active et interconnectée. « Le cerveau des femmes c’est comme de l’internet haut débit relié par des émotions. »

                            La « nothing box » est une métaphore humoristique 🙂 bien sûr basée sur des stéréotypes de genre ! Cette idée pour ouvrir des discussions sur les différentes manières dont les individus gèrent le stress et se relaxent. La clé est de reconnaître ces différences et de trouver des moyens de les respecter et de les intégrer harmonieusement dans les relations et la vie quotidienne.

                            (Nota : désolée pour la qualité de cette vidéo exclusivement en anglais mais je ne pouvais pas ne vous la partager 😉)

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